Coup de Flamme

Parce que tu penses qu’avec des points
entre les lettres les voyelles
l’accroché du frotti-frotta
qui te fait du collé-serré
dans le métro aux heures de pointe
va cesser ses manières sans nom

Parce que tu penses qu’avec des points
entre les lettres les voyelles
les consonnes et leurs sœurs aigries
l’acculé du collé-serré
dans le métro aux heures de pointe
cessera ses manières sans nom
parce que les cris inclus : Zyva !

Parce que tu penses avec des points
entre les lettres début et fin
laisse-moi dire qu’avec mes poings
ma rage mes douleurs monstruelles
je prends à revers ton discours
pour conférenciers de balcon
sur la pente averse
..........................restons agile et
................................................inventif

Tu lis bien ami camarade
je m’adresse à l’une et à l’un
sans distinction genre défini
ma langue n’a ni adresse ni maître
elle se donne à qui je veux
elle se donne à qui je veux

Elle est d’un monde sans frontière
elle est née folle éparpillée
elle est depuis les pointillés
l’esquif empaillée à tous vents
marquant l’espoir sur le devant
d’un chemin bordé de rouquins
aux oreilles coupées bien tranchées
dessinées comme une silhouette
que René charrie dans l’écueil
d’un aphorisme à bile souffrante

Georges féru de pêche aux sandres
Virginie seule filant sa laine
Marguerite priant sous les cendres
Donne à Dieu ses amours défuntes

Sur le col es-tu bien ainsi ?
mon e si ravi de beau voir
le délice en rêve assouvi
je pense avec la langue aussi
comme vous belles emmerdeuses
dont la langue pensez-vous donc
changera la couleur l’odeur
de l’étron coulant de leur bouche
- Parce qu’il faut bien réchauffer une féminité frileuse ?

..............Chœur des flammes

Changeons mes ami point e point s camarades
l’orthographe et la langue aux ordres
signons aux maux des mots dits fiables
une ordonnance en e vaillant
tranchons ces arguments saillants
- chaque jour quémandant prière -
nous sommes légion sœurs et mères
nous sommes filles du printemps
nous sommes le nombre et la force
nous sommes l’ombre et la lumière
dans la foi la flamme s’amorce
pierre frappée
...................s’enflamme et
.......................................brûlent
« nos cœurs insoumis ».

Je souscris à ce réquisitoire, les bla-blateries sur les points sont tout au plus des vœux pieux.
Sortons les poings et chargeons la novlangue.

Bref, ayons au moins la hardiesse d'utiliser le mot camarade.

(Je ne comprends pas l'allusion à René et aux rouquins aux oreilles coupées.)

Annie a écrit:Je souscris à ce réquisitoire, les bla-blateries sur les points sont tout au plus des vœux pieux.
Sortons les poings et chargeons la novlangue.

Bref, ayons au moins la hardiesse d'utiliser le mot camarade.

(Je ne comprends pas l'allusion à René et aux rouquins aux oreilles coupées.)

Je ne m'attendais pas à ce que ce texte soulève l'enthousiasme, il est si loin de ce que j'offre à lire sur VE, mais pas tant à bien y regarder...
Un coup de Flamme qui me démangeait, et continue, depuis que s'impose ces c... de points et de "novlangue" comme tu l'écris si bien, que je refuse d'utiliser, jusqu'à mes activités professionnelles : ce sera sans moi, pas question !
Pour René et les rouquins, comme le quatrain "Georges féru de...", je me suis laissée aller à faire du hors piste contrôlé : instiller des références ; René Char, Van Gogh pour ce chemin bordé de rouquins aux oreilles coupées bien tranchées, tous les rouquins comme toutes personnes n'entrant pas dans les normes ; alors pourquoi rouquins, parce qu'elles ont été moquées, bannies et plus pendant longtemps, peut-être... ou parce que cela sonne bien, comme Simone de Beauvoir, cachée, assise sur un e, cela résonne en moi, et si cela résonne chez le lecteur aussi, alors j'en suis ravie.
Grand merci à toi Annie

c'est la main au cul qui passe
elle s'appelle baladeuse, çà fait lampe
alors la main insiste, on the ass
la baffe part dans la tempe

Je partage votre avis, chères camarades, foin de cucuteries imprononçables, la vie est ailleurs.

Le débat autour de l'écriture inclusive ne soulève pas chez moi autant de passion (comme je ne me suis jamais vraiment renseignée sur la question, j'avoue qu'il me laisserait presque indifférente) mais ça ne m'a pas empêché d'apprécier grandement le texte grâce à l'écriture bien menée, aux références diverses tout en subtilité qu'il faut découvrir sous les mots et à quelques images qui m'ont bien parlé.
J'ai juste eu un peu du mal avec la disposition: la césure d'une ligne à l'autre me paraissait tout à fait adéquate, d'un paragraphe à l'autre aussi mais les vers en décalé m'ont un peu coupée dans ma lecture, comme le vers isolé et je n'ai pas réellement compris leur raison d'être...