Avec 10 mots

Nous sommes d'accord Polixène!
1 Pour moi, tout est poésie au sens étymologique du terme: poïen : faire, façonner et je me fiche des étiquettes mais visiblement, puisqu'il y a des catégories et des étiquettes, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Aussi, je préfère prévenir.
2 Il y a cinq ans , presque jour pour jour, tu commentais "Salam" et me demandais pourquoi je "déguis[ais] [m]a prose en poème"!! C'est bien la preuve que pour toi il y a une différence? ;-)

Moi j'écris comme les choses viennent. Presque toujours, c'est de la prose mais parfois ça vient sous forme de vers (toujours libres) et je ne sais pas pourquoi.
Merci pour la "proésie" : je prends!

idem

2 Il y a cinq ans , presque jour pour jour, tu commentais "Salam" et me demandais pourquoi je "déguis[ais] [m]a prose en poème"!! C'est bien la preuve que pour toi il y a une différence? ;-)

Moi j'écris comme les choses viennent. Presque toujours, c'est de la prose mais parfois ça  vient sous forme de vers (toujours libres) et je ne sais pas pourquoi.
Merci pour la "proésie" : je prends! [/quote]


ouh là ! 5 ans! ça m'impressionne ce genre descente à la cave...je réagissais à ta remarque, parce que tout ce que je lis de toi ici est proésique.
(oui, pour moi il existe une différence...je n'ai pas le courage de développer ce soir, et ne suis pas sûre de le faire un jour)
je réagissais sur

obi a écrit:Je n'écris pas en poésie . Aussi je crains fort que ce soit ma dernière participation...

Ce serait dommage.
Le fil était mixte, comme l'a dit seyne, dont tu peux poster de la prose ici sans soucis.

Merci Sahkti,



              La tache de lubrifiant sur le siège de son S.U.V de location allait encore lui coûter bonbon. " Tu as deux mains gauches et pas de tête!" disait autrefois sa mère, au comble de l'exaspération. À l'aéroport, hier, il avait manqué le fameux représentant de "l'oligarchie financière européenne". Pourtant ses copains l'avaient prévenu :"Ne te loupe pas sur ce coup-là! Tu as du bol, un entretien avec lui, même quelques minutes, ça se décroche pas comme ça!"
               Incompréhensible....Une simple erreur de terminal ! Mais une erreur quand même. "Ce sera pour une autre fois Monsieur Louze. Suis attendu à Bruxelles en tout début d'après-midi." Un simple texto! L'autre avait refusé de le prendre au téléphone! Et tous ces ânes pérorant qui pestaient contre l'état -providence.... Sans le prêt Covid-19 garanti, il n'aurait même pas pu envisager d'aller faire le lèche – cul à Charles de Gaulle. Avait-il tout à fait touché le fond? Un peu plus tôt, un peu plus tard, qu'est-ce que ça changerait? L' U.R.S.S.A.F était une louve attachée à ses basques : plus il la secouait pour lui faire lâcher prise, plus elle serrait la mâchoire.
              Il songea aux infos passant à la radio lorsqu'il avait claqué la porte de chez lui ce matin : "Une secousse tellurique d'une magnitude de 4,7 degrés sur l'échelle de Richter a été enregistrée la nuit dernière...." Sa vie entière n'était qu'un amas monstrueux de secousses telluriques. L'image de la gigantesque faille envahit sa conscience. Depuis un insondable fond, le niveau de l'eau continuait à monter, silencieusement. Effondré derrière le volant du ridicule engin, il épousseta machinalement, sur son pantalon, quelques miettes de pain laissées par l'enfant. Avala  sa salive avec difficulté. Encore cette fichue pharyngite qui le faisait passer pour une tire-au-flanc perpétuel! Il tâta sa poche à la recherche de lysopaïne et comprit trop tard son erreur. Le tube!! Ouvert....!! Les deux pastilles Vichy, octogonales, étaient encore là, elles.
               Il revit, dans la cuisine, le petit se traînant à ses pieds : " Kekchose bon! Kekchose Papa donne...!
- Tu peux regarder dans la poche de ma veste : un bonbon et c'est tout. Tu suces seulement, tu n'avales pas."
Si jamais ça rendait le gamin malade, il trouverait ce soir la mère dans tous ses états, pleurant comme une madeleine:
" Victor, tu le sais qu'il ne faut pas l'utiliser chez les enfants de moins de six ans, tu le sais pourtant! Ça ne t'a pas servi de leçon la dernière fois?"
               Victor coupa nerveusement le contact et les octaves virtuoses de Balavoine. Sortant du véhicule, il s'excusa auprès de la martienne qui le fusillait du regard : une mamie à casque de cheveux violets dont il avait failli écraser le chihuahua. "Wouaf" protesta encore le mexicain poilu et indigné depuis l'abri des doigts tordus d'arthrose. Il était déjà neuf heures bien passées mais, avec un sourire contrit, Victor prit le temps de se confondre une nouvelle fois en excuses tandis qu'à l'intérieur, du tréfonds de la faille, remontait à tue-tête le S.O.S d'un terrien en détresse.