Exo "SPLIT" : le texte
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Exo "SPLIT" : le texte
Pièce à plusieurs mains. Acteurs répertoriés :
1 - Le psychothérapeute : PCP
2 - nouga, la poissonnière de Marseille : So-Back
3 - Rodolf Valentino, le psychopathe : Narbah
4 - Jean, le gamin de 9 ans : Éclaircie
5 - Armelle Gredin, la femme aux tocs : seyne
6 - Le curé : seyne
7 - NicyBlush, Youtubeuse influenceurs beauté : Aire__Azul
Thème : un psychothérapeute possède plusieurs personnalités correspondant à des personnages distincts, il va tenter de les analyser afin de se déparasiter lui-même de ces intrus. Bon courage...
– Chef chef ! On vous en amène un bizarre, ça a l’air d’être un cas particulier !
– Bon ben si c’est un IVP vous le faites souffler dans le ballon, si c’est un CEA vous le faites souffler dans le ballon, salle de dégrisement direct, si c’est un SKP vous le mettez au violon, on n’a pas que ça à foutre ici hein, en plus va falloir appeler le proc !
– Heu, chef, j’ai pas tout bien saisi ce que vous disez, suis pas encore habitualisé avec les trigrammes…
– Vous êtes dans la police depuis combien de temps Laverrue ? Trois minutes ? Savez pas ce que c’est un Ivresse sur Voie Publique, un Conduite sous Empire Alcoolique, ou un Serial Killer Patenté ?
– Ben…
– Emmenez-le au bureau de l’inspecteur Dartichaut, et enlevez-lui les pinces.
------------------
– Hé ho Monsieur ! Vous m’entendez ? Hou hou, réveillez-vous !
– Où suis-je ?
– Au village
– Qu'est ce que vous voulez ?
– Des renseignements.
– Dans quel camp êtes-vous ?
– Vous le saurez en temps utile... Nous voulons des renseignements, des renseignements, des renseignements...
– Vous n'en aurez pas !
– De gré ou de force, vous parlerez
– Qui êtes-vous ?
– Je suis le nouveau Numéro 2.
– Qui est le Numéro 1 ?
– Vous êtes le Numéro 6.
– Je ne suis pas un numéro, JE SUIS UN HOMME LIBRE !
– HÉ HO ! Arrêtez votre monologue dialogué, vous êtes au commissariat, je suis l’inspecteur Dartichaut ; savez-vous pourquoi vous êtes ici ?
– Heu non…
– On vous a retrouvé dans la rue complètement hystérique gesticulant comme un singe en frappant sur un camembert à coup de pelle, souvenez pas de ça ?
– Ben…
– Bon, montrez-moi vos papiers d’identité ! … Perrault, comme le chanteur du zizi là ? Pierre Perrault ? Ha ha, petite blague, on se détend hein, hé dans la police on n’est pas des gros bœufs hein, on sait aussi rigoler, bien Pascal-Claude donc. Ça existe comme prénom ça ? Et qu’est-ce qu’il fait comme métier le PCP ?
– Je suis psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute. On use souvent à mon endroit du diminutif PCP, ce qui nous renvoie à la phéncyclidine ou PCP, un psychotrope hallucinogène naturellement sécrété par mon cerveau, qui a pour effet de produire des biais cognitifs, et ainsi d’engendrer des troubles du comportement et de la conscience de soi.
– Ha ben on commence à comprendre le pourquoi du comment.
– La conséquence de cette originalité est que je vis avec plusieurs personnes dans mon esprit. Jusqu’à présent j’en ai dénombré une vingtaine. Je ne suis pas en mesure de les contrôler systématiquement, parfois ils prennent le pas sur ma propre personnalité car ils ont chacun la leur.
– Et en ce moment vous êtes qui ?
– Le docteur Pascal-Claude Perrault comme sur ma carte d’identité ; j’ai eu comme un blanc quelques instants mais ça va mieux maintenant
– Ah bon, vous me rassurez parce qu’on n’a pas bien pigé votre déchaînement hargneux sur un fromage et ça fait peur aux enfants.
– Mes hôtes ont un trouble en commun, une forme d’affectation psychopathogène à propos de la fable Le Corbeau et le renard.
– Ben voyons !
– Je compte les recevoir à mon cabinet afin d’entreprendre avec eux une thérapie susceptible d’atténuer ce trouble. Il semblerait que certains développent une phobie, d’autres une résistance, ou encore une attirance irrationnelle à l’égard de cette histoire. Je dois donc éclaircir cette situation et démêler cet imbroglio en forme de méandres. Mais j’ignore lequel d’entre eux peut se manifester à tout moment…
– Ouais ben pour l’instant vous êtes libre, mais si on vous retrouve en train de croasser dans la rue avec un fromage dans l’bec, comme vous êtes déjà perché – ha ha ! maître Corbeau sur un arbre perché, ha ! Suis impayable, – c’est direct le HP ! Circulez !
-----------------------
– Entrez Monsieur Valentino, Rodolf Valentino, c’est bien ça ? Hum ! Alors ? Où en sommes-nous aujourd’hui ? Psychopathe un jour, psychopathe toujours ?
– J’ai pris conscience de choses très graves cette semaine, Docteur.
– Vous vous prenez pour Narbah, c'est ça ? Racontez-moi un peu voulez-vous ?
– Quand j’étais petit, j’étais déjà un singe. Il paraît que c’est le genre de chose qui est irréversible. En revanche, quand j’étais petit, je ne savais pas que j’étais un singe. Je savais juste que j’étais sacré, comme les vaches et comme tous les enfants. Car j’étais un enfant avant tout. Tout le monde s’extasiait lorsque je faisais des galipettes et tout ça.
– Ah !… C’est vous que la police a arrêté dans la rue, en pleine crise d’hystérie ? Ils ont dit que vous gesticuliez comme un singe… Je n’ai eu conscience d’être un animal que plus tard, au contact des Anglais. J’ai appris que j’étais un singe dans des circonstances qui m’ont beaucoup marqué. Comprenez-moi bien. Je n’ai pas voulu vous en parler avant. Tout ça s’est passé cette semaine, vous comprenez ?
– …
– Attendez, qui parle là, c’est vous ou c’est moi ?
– Ben c’est moi
– Qui ça vous ?
– Rodolf Perrault…
(Nous interrompons momentanément la diffusion de cet épisode pour cause de confusion mentale, allons boire un verre d’eau et faire une tite sieste…)
----------------------
– Je savais d’autant moins ce que j’étais que, encore plus petit que petit, j’ai été capturé par un petit d’homme nommé Kangaht Parshing qui m’a mis sur son épaule, attaché par une ficelle. Je l’ai mordu plusieurs fois, mais ensuite il est devenu gentil.
– Hum…
– C’est vrai ! Lui-même, ce petit homme, ne savait pas très bien qu’il était un petit d’homme et nous avons été capturés tous les deux par une vieille dame anglaise nommée Miss Pretty ; bien qu’en vérité, elle soit depuis plusieurs générations laide et ridée comme une guenon. Car ce n’est pas le visage qui est beau chez les guenons, vous savez ?
– Ok, mais quand vous étiez sur l’arbre, vous n’avez pas vu un renard ?
– Je sais, vous devez trouver que je suis bien confus. C’est pour cela que je viens vous voir Pandi Raabaa. Il faut que vous m’aidiez. Pouvez-vous m’aider à retrouver mon état d’innocence ?
– Docteur, pas Pandi. Dites seulement Docteur… Et qu’en est-il du fromage ? Hum ?
– Laissez-moi parler. Vous allez mieux comprendre tout à l’heure. Dès que j’évoque le cercle rouge cuivré, je suis envahi par la sensation bizarre d’être brusquement plongé dans l’idiotie la plus crasse. Le monde devient illisible. Je suis confus, quoi. Mais pas confus comme ces gens qui se trouvent gênés lorsqu’ils se rendent compte que ce qu’ils viennent de dire ou de faire les rendent ridicules aux yeux de leur entourage, non. Vous savez bien, moi, lorsqu’on m’embête, je mords. Vous le savez bien n’est-ce pas ? Non, non : confus au sens d’embrouillé : je me mélange les idées, je ne comprends plus la suite logique des événements, je perds le sens de la réalité : toute ma machine est dans un désordre inconcevable.
– C’est du Jean-Jacques Rousseau ça… Mais autrement, ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? Bien, revenons à notre corbeau.
– Je continue ?
– C’est ça, c'est ça Armelle, hé comme vous êtes jolie, comme vous me semblez belle... Sans mentir si votre...
Driing…
– Euh… Docteur, c’est Armelle Gredin, excusez-moi, est-ce que je peux encore avoir ma consultation ? Je suis tellement désolée d’être en retard, 5h30 c’est beaucoup je sais, et du coup il est tard, 22h30 c’est tard pour une consultation… Mais j’ai tellement besoin de votre aide…
– Ah, bonjour Armelle, prenez un balai, heu prenez une chaise et asseyez-vous par terre.
– Pourtant j’avais pris de l’avance, mais tout est tellement compliqué de nos jours, et j’ai mes idées qui m’embêtent. Par exemple quand je pars de chez moi j’ai toujours peur d’avoir oublié de fermer la fenêtre de la cuisine, rapport à mon canari, qu’un chat pourrait venir embêter, et même tuer, et ce serait de ma faute...alors je remonte vérifier, et alors en même temps il faut je redonne aussi un petit coup d’aspirateur parce que je ne voudrais pas que ce soit négligé chez moi si jamais j’avais un accident et que j’aille à l’hôpital et que ma voisine vienne nourrir le canari…
– Vous avez un corbeau ?
– Il a fallu que je vérifie 23 fois ce coup-ci. Et puis comme je n’aime pas toucher les boutons de l’ascenseur je descends les 12 étages à pied, mais des fois la lumière s’arrête et comme je ne Veux pas toucher les boutons il faut que j’attende que quelqu’un la rallume.
– Est-ce qu’il vous arrive d’attendre, perchée sur un arbre ?
– J’attends assise sur les marches parce que je ne voudrais pas trébucher dans le noir et aller à l’hôpital... Alors bien sûr 12 étages 23 fois c’est long.
– Ben oui, en plus y a des branches…
– Et puis votre cabinet est quand même loin de chez moi et j’ai été obligée de prendre le bus, et j’ai une espèce d’idée que quand il y a plus de 13 personnes dans le bus il risque plus d’y avoir un malade du covid, surtout que les gens ont des masques qu’ils réutilisent plusieurs fois, alors je les compte, et j’ai dû laisser passer beaucoup de bus.
– Souvent les gens portent un fromage en guise de masque, surtout dans la rue.
– Dans la rue, je ne dois pas marcher sur des fissures de trottoir parce les germes des crottes de chien s’y incrustent. Quand ça m’arrive, je dois enlever mes chaussures et nettoyer les semelles très soigneusement avec la solution hydro-alcoolique, c’est long, c’est fatiguant...
– L’autre jour un homme s’est fait arrêter par la police parce qu’il frappait sur un fromage et il y en avait plein les fissures de trottoir.
– Je sais que je ne devrais pas vous dire tout ça dans l’interphone, mais j’ai beau sonner vous ne répondez pas, peut-être vous êtes déjà rentré chez vous, je vous embête... Ah si ! J’entends le déclic de la porte, je vais essayer d’entrer sans toucher la poignée... Je ne voudrais pas vous contaminer. Merci, merci !
– Ah, ok j’ai cru que vous étiez dans l’interphone, ce qui est étonnant car je suis un interphone…
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1 - Le psychothérapeute : PCP
2 - nouga, la poissonnière de Marseille : So-Back
3 - Rodolf Valentino, le psychopathe : Narbah
4 - Jean, le gamin de 9 ans : Éclaircie
5 - Armelle Gredin, la femme aux tocs : seyne
6 - Le curé : seyne
7 - NicyBlush, Youtubeuse influenceurs beauté : Aire__Azul
Thème : un psychothérapeute possède plusieurs personnalités correspondant à des personnages distincts, il va tenter de les analyser afin de se déparasiter lui-même de ces intrus. Bon courage...
– Chef chef ! On vous en amène un bizarre, ça a l’air d’être un cas particulier !
– Bon ben si c’est un IVP vous le faites souffler dans le ballon, si c’est un CEA vous le faites souffler dans le ballon, salle de dégrisement direct, si c’est un SKP vous le mettez au violon, on n’a pas que ça à foutre ici hein, en plus va falloir appeler le proc !
– Heu, chef, j’ai pas tout bien saisi ce que vous disez, suis pas encore habitualisé avec les trigrammes…
– Vous êtes dans la police depuis combien de temps Laverrue ? Trois minutes ? Savez pas ce que c’est un Ivresse sur Voie Publique, un Conduite sous Empire Alcoolique, ou un Serial Killer Patenté ?
– Ben…
– Emmenez-le au bureau de l’inspecteur Dartichaut, et enlevez-lui les pinces.
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– Hé ho Monsieur ! Vous m’entendez ? Hou hou, réveillez-vous !
– Où suis-je ?
– Au village
– Qu'est ce que vous voulez ?
– Des renseignements.
– Dans quel camp êtes-vous ?
– Vous le saurez en temps utile... Nous voulons des renseignements, des renseignements, des renseignements...
– Vous n'en aurez pas !
– De gré ou de force, vous parlerez
– Qui êtes-vous ?
– Je suis le nouveau Numéro 2.
– Qui est le Numéro 1 ?
– Vous êtes le Numéro 6.
– Je ne suis pas un numéro, JE SUIS UN HOMME LIBRE !
– HÉ HO ! Arrêtez votre monologue dialogué, vous êtes au commissariat, je suis l’inspecteur Dartichaut ; savez-vous pourquoi vous êtes ici ?
– Heu non…
– On vous a retrouvé dans la rue complètement hystérique gesticulant comme un singe en frappant sur un camembert à coup de pelle, souvenez pas de ça ?
– Ben…
– Bon, montrez-moi vos papiers d’identité ! … Perrault, comme le chanteur du zizi là ? Pierre Perrault ? Ha ha, petite blague, on se détend hein, hé dans la police on n’est pas des gros bœufs hein, on sait aussi rigoler, bien Pascal-Claude donc. Ça existe comme prénom ça ? Et qu’est-ce qu’il fait comme métier le PCP ?
– Je suis psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute. On use souvent à mon endroit du diminutif PCP, ce qui nous renvoie à la phéncyclidine ou PCP, un psychotrope hallucinogène naturellement sécrété par mon cerveau, qui a pour effet de produire des biais cognitifs, et ainsi d’engendrer des troubles du comportement et de la conscience de soi.
– Ha ben on commence à comprendre le pourquoi du comment.
– La conséquence de cette originalité est que je vis avec plusieurs personnes dans mon esprit. Jusqu’à présent j’en ai dénombré une vingtaine. Je ne suis pas en mesure de les contrôler systématiquement, parfois ils prennent le pas sur ma propre personnalité car ils ont chacun la leur.
– Et en ce moment vous êtes qui ?
– Le docteur Pascal-Claude Perrault comme sur ma carte d’identité ; j’ai eu comme un blanc quelques instants mais ça va mieux maintenant
– Ah bon, vous me rassurez parce qu’on n’a pas bien pigé votre déchaînement hargneux sur un fromage et ça fait peur aux enfants.
– Mes hôtes ont un trouble en commun, une forme d’affectation psychopathogène à propos de la fable Le Corbeau et le renard.
– Ben voyons !
– Je compte les recevoir à mon cabinet afin d’entreprendre avec eux une thérapie susceptible d’atténuer ce trouble. Il semblerait que certains développent une phobie, d’autres une résistance, ou encore une attirance irrationnelle à l’égard de cette histoire. Je dois donc éclaircir cette situation et démêler cet imbroglio en forme de méandres. Mais j’ignore lequel d’entre eux peut se manifester à tout moment…
– Ouais ben pour l’instant vous êtes libre, mais si on vous retrouve en train de croasser dans la rue avec un fromage dans l’bec, comme vous êtes déjà perché – ha ha ! maître Corbeau sur un arbre perché, ha ! Suis impayable, – c’est direct le HP ! Circulez !
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– Entrez Monsieur Valentino, Rodolf Valentino, c’est bien ça ? Hum ! Alors ? Où en sommes-nous aujourd’hui ? Psychopathe un jour, psychopathe toujours ?
– J’ai pris conscience de choses très graves cette semaine, Docteur.
– Vous vous prenez pour Narbah, c'est ça ? Racontez-moi un peu voulez-vous ?
– Quand j’étais petit, j’étais déjà un singe. Il paraît que c’est le genre de chose qui est irréversible. En revanche, quand j’étais petit, je ne savais pas que j’étais un singe. Je savais juste que j’étais sacré, comme les vaches et comme tous les enfants. Car j’étais un enfant avant tout. Tout le monde s’extasiait lorsque je faisais des galipettes et tout ça.
– Ah !… C’est vous que la police a arrêté dans la rue, en pleine crise d’hystérie ? Ils ont dit que vous gesticuliez comme un singe… Je n’ai eu conscience d’être un animal que plus tard, au contact des Anglais. J’ai appris que j’étais un singe dans des circonstances qui m’ont beaucoup marqué. Comprenez-moi bien. Je n’ai pas voulu vous en parler avant. Tout ça s’est passé cette semaine, vous comprenez ?
– …
– Attendez, qui parle là, c’est vous ou c’est moi ?
– Ben c’est moi
– Qui ça vous ?
– Rodolf Perrault…
(Nous interrompons momentanément la diffusion de cet épisode pour cause de confusion mentale, allons boire un verre d’eau et faire une tite sieste…)
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– Je savais d’autant moins ce que j’étais que, encore plus petit que petit, j’ai été capturé par un petit d’homme nommé Kangaht Parshing qui m’a mis sur son épaule, attaché par une ficelle. Je l’ai mordu plusieurs fois, mais ensuite il est devenu gentil.
– Hum…
– C’est vrai ! Lui-même, ce petit homme, ne savait pas très bien qu’il était un petit d’homme et nous avons été capturés tous les deux par une vieille dame anglaise nommée Miss Pretty ; bien qu’en vérité, elle soit depuis plusieurs générations laide et ridée comme une guenon. Car ce n’est pas le visage qui est beau chez les guenons, vous savez ?
– Ok, mais quand vous étiez sur l’arbre, vous n’avez pas vu un renard ?
– Je sais, vous devez trouver que je suis bien confus. C’est pour cela que je viens vous voir Pandi Raabaa. Il faut que vous m’aidiez. Pouvez-vous m’aider à retrouver mon état d’innocence ?
– Docteur, pas Pandi. Dites seulement Docteur… Et qu’en est-il du fromage ? Hum ?
– Laissez-moi parler. Vous allez mieux comprendre tout à l’heure. Dès que j’évoque le cercle rouge cuivré, je suis envahi par la sensation bizarre d’être brusquement plongé dans l’idiotie la plus crasse. Le monde devient illisible. Je suis confus, quoi. Mais pas confus comme ces gens qui se trouvent gênés lorsqu’ils se rendent compte que ce qu’ils viennent de dire ou de faire les rendent ridicules aux yeux de leur entourage, non. Vous savez bien, moi, lorsqu’on m’embête, je mords. Vous le savez bien n’est-ce pas ? Non, non : confus au sens d’embrouillé : je me mélange les idées, je ne comprends plus la suite logique des événements, je perds le sens de la réalité : toute ma machine est dans un désordre inconcevable.
– C’est du Jean-Jacques Rousseau ça… Mais autrement, ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? Bien, revenons à notre corbeau.
– Je continue ?
– C’est ça, c'est ça Armelle, hé comme vous êtes jolie, comme vous me semblez belle... Sans mentir si votre...
Driing…
– Euh… Docteur, c’est Armelle Gredin, excusez-moi, est-ce que je peux encore avoir ma consultation ? Je suis tellement désolée d’être en retard, 5h30 c’est beaucoup je sais, et du coup il est tard, 22h30 c’est tard pour une consultation… Mais j’ai tellement besoin de votre aide…
– Ah, bonjour Armelle, prenez un balai, heu prenez une chaise et asseyez-vous par terre.
– Pourtant j’avais pris de l’avance, mais tout est tellement compliqué de nos jours, et j’ai mes idées qui m’embêtent. Par exemple quand je pars de chez moi j’ai toujours peur d’avoir oublié de fermer la fenêtre de la cuisine, rapport à mon canari, qu’un chat pourrait venir embêter, et même tuer, et ce serait de ma faute...alors je remonte vérifier, et alors en même temps il faut je redonne aussi un petit coup d’aspirateur parce que je ne voudrais pas que ce soit négligé chez moi si jamais j’avais un accident et que j’aille à l’hôpital et que ma voisine vienne nourrir le canari…
– Vous avez un corbeau ?
– Il a fallu que je vérifie 23 fois ce coup-ci. Et puis comme je n’aime pas toucher les boutons de l’ascenseur je descends les 12 étages à pied, mais des fois la lumière s’arrête et comme je ne Veux pas toucher les boutons il faut que j’attende que quelqu’un la rallume.
– Est-ce qu’il vous arrive d’attendre, perchée sur un arbre ?
– J’attends assise sur les marches parce que je ne voudrais pas trébucher dans le noir et aller à l’hôpital... Alors bien sûr 12 étages 23 fois c’est long.
– Ben oui, en plus y a des branches…
– Et puis votre cabinet est quand même loin de chez moi et j’ai été obligée de prendre le bus, et j’ai une espèce d’idée que quand il y a plus de 13 personnes dans le bus il risque plus d’y avoir un malade du covid, surtout que les gens ont des masques qu’ils réutilisent plusieurs fois, alors je les compte, et j’ai dû laisser passer beaucoup de bus.
– Souvent les gens portent un fromage en guise de masque, surtout dans la rue.
– Dans la rue, je ne dois pas marcher sur des fissures de trottoir parce les germes des crottes de chien s’y incrustent. Quand ça m’arrive, je dois enlever mes chaussures et nettoyer les semelles très soigneusement avec la solution hydro-alcoolique, c’est long, c’est fatiguant...
– L’autre jour un homme s’est fait arrêter par la police parce qu’il frappait sur un fromage et il y en avait plein les fissures de trottoir.
– Je sais que je ne devrais pas vous dire tout ça dans l’interphone, mais j’ai beau sonner vous ne répondez pas, peut-être vous êtes déjà rentré chez vous, je vous embête... Ah si ! J’entends le déclic de la porte, je vais essayer d’entrer sans toucher la poignée... Je ne voudrais pas vous contaminer. Merci, merci !
– Ah, ok j’ai cru que vous étiez dans l’interphone, ce qui est étonnant car je suis un interphone…
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Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Exo "SPLIT" : le texte
Le Père André (seyne)
− Bonjour mon fils, je vous remercie infiniment d’avoir accepté de me recevoir...
− Je vous en prie mon père
− Je me suis ouvert de ce qui m’arrive à mon directeur de conscience, le père François de la Sainte Table, qui me guide depuis maintenant 33 ans dans ma vie spirituelle
− C’est vous qui étiez dans l’interphone avec moi ?
− Mais il m’a dit que cela dépassait ses capacités. Il m’a enjoint bien entendu de redoubler d’ardeur dans mes prières mais m’a également dit avec le franc-parler vigoureux qui le caractérise : « Là, mon fils, la Providence y perd son latin, faut aller voir un psy… »
− Parce que dans l’interphone on est serré si on est deux…
− Je suis bien entendu très au fait du secret sacré de la confession, mais avant de poursuivre je voudrais m’assurer que le secret médical est tout aussi imperméable… oui ? Bien, je continue.
− Vous pouvez accrocher votre imperméable au porte-manteau, mais vous savez, dans cette église il pleut rarement.
− Si j’ai eu besoin de m’assurer de votre discrétion, c’est parce que ce que je vais vous confier pourrait avoir des conséquences bouleversantes pour Notre Sainte Mère l’Église.
− Auriez-vous croisé un renard ?
− A vrai dire je ne comprends pas très bien pourquoi mon confesseur m’a dit d’aller chercher le secours d’un psychothérapeute, au lieu d’en référer immédiatement à notre évêque.
− Vous savez, ce renard me nargue, il se prend pour un seigneur, tente de me faire chanter ; je sais bien que j’ai de la voix, mais elle est impénétrable !
− Si les voies du Seigneur sont impénétrables, celles de ses serviteurs le sont souvent aussi. Mais j’ai prêté serment d’obéissance il y a bien longtemps et j’ai toujours respecté de mon mieux cet engagement, alors j’obéis, je ne discute pas.
− Je vais préparer un thé… à la vache qui rit, c’est thérapeutique. Mais venez-en au fait voulez-vous !
− Les faits que je vais vous rapporter remontent à une quinzaine de jours : j’étais dans la sacristie, après l’office du dimanche des Rameaux, je tentais de mettre en bottes les brins de buis bénis mais non distribués... Tout le monde était parti depuis une bonne heure. J’ai entendu une voix très douce, ineffable, qui venait de l’église dont la porte était entr’ouverte : « André, André, viens donc ici... »
− Hum, encore ce renard…
− Je suis entré dans l’église, et là j’ai vu une lumière dorée qui tombait de la voûte (pas des vitraux, de la voûte)…
− Un fromage sans doute…
− Et qui frappait directement le grand christ accroché derrière l’autel. « Approche André, j’ai un secret à te dire ».
− Allons donc, c’est vraiment un malin celui-là, toujours prêt à flatter autrui !
− Je me suis approché et le Christ parlait, je voyais sa bouche qui bougeait…
− Tenait-il un fromage en son bec ?
− Non, il m’a dit : « André, j’apprécie ton obéissance aux commandements de mon Père, j’apprécie aussi ta discrétion, mais il y a des vérités qui ne peuvent plus longtemps rester sous le boisseau… »
− Ou sous la boisson, il est visiblement bourré ! Poursuivez.
− « Je t’ai choisi car aujourd’hui, en ce jour où on se remémore mon grand triomphe à l’entrée de Jérusalem, avec âne, rameaux, foule en délire et tutti quanti, j’ai décidé de faire mon coming-out et je n’ai que toi sous la main :
Eh oui, il est temps de le dire, j’aimais beaucoup Jean le petit blondinet qui posait toujours sa tête sur mon épaule à table. Et c’est parce que mon Père ne supportait pas cela qu’il a décidé de me faire crucifier, ce vieux réac homophobe !... ».
− Je vous le dis que c’est un malin, il ferait n’importe quoi pour un morceau de Brie !
− Comme vous l’imaginez, j’étais effaré de cette confidence, et je ne savais quoi répondre. Mais le Christ m’a dit : « Va, et transmets ma parole ». Puis il s’est tu
− Rlututu
− Il et est redevenu tout aussi plâtreux qu’avant.
− Mouais, c’est pas du coulant donc, un calendos pas trop fait apparemment.
− J’ai demandé une entrevue rapide à mon directeur de conscience et... me voilà.
− Oui je vois ça, vous voilà… Mais jusqu’à quand hein ? D’un moment à l’autre on bascule, dans un interphone, dans un curé, dans un corbeau, que sais-je… Et c’est tout ce qu’il a dit ce renard ?
− Sans doute pensait-il que vous deviez m’aider à surmonter le traumatisme de cette révélation…
− Ben, c’est-à-dire que c’est au moment où vous chantez que la révélation arrive.
− Avant d’envisager comment je dois répandre la vérité qui m’a été confiée, dans mon indignité. Mais, entre nous, qu’en pensez-vous ? Est ce que c’est risqué de tout raconter à la face du Monde ? Parce qu’il a le bras long le Père éternel...
− Ouvrez un large bec, faites tomber votre proie, le renard s’en saisira et vous déclamera une sentence, ça ne fait pas un pli, ça s’est déjà vu.
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Le psychopathe (Narbah)
− Miss Pretty m’a longtemps appelé "Mon Lémurien". Je n’ai jamais su ce que signifiait ce mot. J’ai d’abord cru que j’étais originaire de Lémurie, ou bien que c’était mon type physique, ou bien mon langage, qui me valait ce sobriquet étrange. Je ne saurai jamais ce qu’est un lémurien car c’était une erreur. Peut-être que ce n’est rien au fond.
− Ah, vous êtes revenu vous, excusez-moi mais faut sortir de ma tête et de mon corps deux secondes, j’attends d’autres patients.
− Il faut peut-être que j’explique cette histoire ; cette histoire de langue, je veux dire.
− Oui mais plus tard !
− J’ai toujours parfaitement compris ce que raconte Kangaht Parshing qui s’exprime en tamoul car il vient du sud.
− Comme Michel Sardou ?
− Même chose pour l’indi, l’ourdou, le penjàbî, etc. Je comprends également tout ce que dit Miss Pretty qui parle anglais.
− Vous comprenez le corbeau ?
− Vous aussi je comprends ce que vous dites en français.
− Savez-vous que le renard qui est en vous tient un drôle de langage ?
− Mais eux ne sont jamais parvenus à apprendre un traître mot de lémurien,
− Vous vous prenez pour un lémurien, mais la vérité c’est que vous êtes un fromage.
− Enfin de ce que j’ai longtemps cru être du lémurien et qui en fin de compte s’est avéré être du langage de singe basique.
− Non non, c’est du langage de Roquefort là en l’occurrence. Ah, scusez, j’ai le crâne qui se met en ébullition, c’est une autre entité qui cherche à se manifester, je sens comme une odeur de marée, c’est la première fois, franchement ça puire !
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Nouga, la poissonnière de Marseille (So-Back)
− Entrez Madame, asseyez-vous sur les crevettes, je suis le docteur PCP, vous n’avez rien à craindre, c’est vous Nouga ?
− Oui, j’arrive de la mer morte, tous les poissons d’avril sont sur le dos
une catastrophe…
− C’est un drôle de nom pour une huître, je m’attendais à un Maroilles…
− Morts d’embouligue, que vais-je devenir docteur ?
− Ben, un Maroilles qui sent le poisson, c’est pas commun ! Et les poissons ?
− Déjà qu’à Marseille plus degun m’en achète, sous prétexte que j’ai des visions, oui des visions, je vois des sardines copuler avec des mérous…
− Ben c’est normal entre poissons, ce qui n’est pas normal c’est entre un renard et un corbeau, voire entre un corbeau et un fromage. Bon, et qu’en pense votre entourage ?
− Alors les gensss pensent que je fume de longue la canne à bis, répétita, non mais vous le croyez thé rat peute, si ça continue je vais me neguer au Frioul parce que moi je vé vous dire, je picole mais je me drogue pas, alors leur joint et cie, c'est pas ma vie !
− Je vois je vois, mieux vaut ne pas en rajouter c’est vrai.
− Et puis aussi depuis qu'ils sont farcis d’oméga 3 mes poissons et ben ils se la pètent, ils me méprisent, pourtant je leur ai construit un palace en verre avec jets multifonctions, mais rien n'y fait, ils en veulent toujours plus, ils vont me faire devenir fada complet ! Alors monsieur le vétérinaire je vous le dis si vous ne me soignez pas je vous fais fumer par un loup qui me reste !
− Bon, résumons : vous êtes une huître et vous vendez du Maroilles qui sent le poisson à Frioul avec des mérous qui copulent avec des sardines et du Nouga… J’suis pas sorti de l’auberge moi…
--------------------
(Après ces séances éprouvantes, le docteur PCP rêve de se faire analyser par un candidat à l’érection présidentielle).
Homme politique un jour. Homme politique toujours (Sahkti)
− Français, Françaises, je vous ai compris !
− Pourquoi ? Compris quoi ?
− Je ne sais pas, j'ai toujours rêvé de dire ça, un truc du genre, qui resterait après ma mort.
− Oui mais pour ça, il faut avoir compris quelque chose. Vous auriez compris quoi ?
− Je ne sais pas.
− Alors comment voulez-vous qu'on vous comprenne si vous-même ne comprenez pas ?
− Je ne sais pas. Mais y a-t-il quelque chose à comprendre ?
− Ha ça, c'est vous qui avez commencé, vous avez dit que vous aviez compris.
− Oui... Je crois que c'était juste pour faire une belle phrase. Parce qu'en fait, je m'en fous.
− Vous vous en fichez de quoi ?
− D'être compris.
− C'est pourtant la clé d'un homme politique, non, d'être compris ?
− Mais pas du tout mon bon ami. L'homme politique ne doit pas être compris, il doit faire croire qu'il a compris.
− Je ne comprends rien.
− C'est pourtant simple. Allez, je vous explique. Les gens, ils aiment quoi de nos jours ? Le foot, les Kardashian, les meurtres d'enfants et le clonage des petits chats.
− Pourquoi des chats ?
− Parce que d'un minable gouttière, vous pouvez faire un Bengale ou un Maine Coon, l'envoyer dans les concours, faire de la reproduction.
− Et ?
− Le fric mon ami, le fric ! Toujours le fric ! Un joueur de foot, ça gagne des millions. Faire la p... en téléréalité, ça rapporte des millions.
− Oui mais pas un meurtre d'enfant tout de même ?!
− Mais si ! Vous vendez vos droits à un éditeur et à TF1, on fait une émission de merde sur vous. Parent de victime, vous faites pleurer, vous empochez. Tueur de victime, vous vous faites détester et vous empochez encore plus. Y a que le fric qui compte dans la vie.
− C'est dur à entendre de la part de quelqu'un qui brigue le poste de Premier Ministre.
− Ha parce que vous pensez que je fais ça pour l'amour de mon prochain ? Ou pire, de la France ?!
− Oui.
− Alors vous êtes encore plus idiot que je ne le pensais mon ami.
Ma carrière pourrait être de courte durée ; il faut que j'en tire le maximum. Rentabiliser la popularité, vous comprenez ça ?
− Heu oui... Jusque là, ça va.
− Donc je fais une campagne bling-bling, je paie du champagne à tous les beaufs de service dans une brasserie de m'as-tu-vu, je m'affiche avec ces footeux qui ne gagnent que grâce aux autogoals, je nique au moins deux des sœurs Kardaschian et hop ! Tout le monde m'adore, tout le monde parle de moi, tout le monde est jaloux de moi, tout le monde me déteste. J'existe !
− Oui mais... et le meurtre d'enfant ?
− Ha ça... C'est si ma popularité redescend et que je repasse en page 15 du « Courrier du Midi libéré ».
− Vous n'y pensez pas sérieusement ?!
− A quoi ? Tuer un enfant ? Dites-moi, vous les enregistrez vos séances ?
− …
− Est-ce que du fond de ma confusion, je commence à faire apparaître une lumière de compréhension dans votre esprit humain terriblement réfractaire aux langues étrangères ?
− C’est encore vous Monsieur Valentino ?
− J’ai bien peur que non !
− J’ai bien peur que oui, vous jouez vraiment l’incrustre vous, faut prévenir mon ami, mon esprit n’est pas un hall de gare !
− Même entre les différentes langues humaines vous n’arrivez pas à vous entendre, sauf au prix d’un long et difficile apprentissage, n’est-ce pas ?
− Vous insistez !
− Tandis que nous les singes, nous sommes en communication directe non seulement avec les autres singes, mais aussi avec toutes les autres variétés d’animaux. Je comprends les mangoustes, les crocodiles, les tigres, les éléphants, les chats ; les humains, tout le monde !
− Les corbeaux et les renards aussi ? Ça m’intéresse car j’ai un peu de mal en ce moment à me faire comprendre d’un volatile au lait cru.
− Enfin, c’est comme ça, vous n’y pouvez rien. Tout ce que j’ai appris auprès des hommes, c’est la confusion. Je voudrais retrouver mon innocence.
− C’est ça, ben à la prochaine séance alors, parce que là j’ai l’impression qu’il y a quelqu’un d’autre qui sonne à la porte de mon citron !
--------------------
Madame Irma the sweet, la voyante anglaise (PCP)
− Est-il quelqu’un ici ?
− Oui Madame, entrez, où êtes vous ?
− Aow, I'm stuck in your ear, je suis dans votre oreille coincée, so stupid !
− Je vais chercher un coton tige, ne bougez pas…
− Attendre je peux.
− Ah voilà, vous êtes sortie, c’était cette boule de cristal qui avait du mal à passer.
− I see, voyante je suis.
− Que puis-je pour vous
− Aow, vous ne peuve rien pur moi, but I can pour vous faire je peux une chose.
− And what chose donc ?
− Je crois vous amez les cheveux.
− Les chevaux, voulez-vous dire
− Oui Da, hum, Auf Wiedersehen, aow ! I'm stuck in your ear !
− Again ?
− Yes indeed, charmant êtes-vous, but vous beaucoup bouscule au portillon
− Ben nous sommes plusieurs, c’est vrai.
− Je voir dans ma cristal bowl, vous gentil garçon with terribeule perturbaicheune.
− Yes indeed aussi.
− Je suis proche découverté you move in your bed prochaine semaine
− Ah bon ?
− Je voir… a cheese
− My tailor is rich
− But sorry, aow a crow too ! Étonnante !
− With le fromage ?
− Please no parle, I’m focused… A fox ici être aussi. He says : “And hello, Monsieur du Corbeau. How pretty êtes-vous ! You look so gorgeous pour moi ! Without lying, si votre prattling relates to your plumage, vous être the Phoenix of the hosts of these woods.” Il dit, dit-il.
− Ouais il a la tchatche.
− Mais est de peur des sourires.
− Que voulez-vous dire ?
− Les sourires, little animal, ame le fromage je croire.
− Les souris ?!
− Yes les sourires. Aow, je retourné dans votre oreille, I do, je vous souhaité bon chemin, je dis.
− Merci, c’était un pleasure.
--------------------
− Bonjour mon fils, je vous remercie infiniment d’avoir accepté de me recevoir...
− Je vous en prie mon père
− Je me suis ouvert de ce qui m’arrive à mon directeur de conscience, le père François de la Sainte Table, qui me guide depuis maintenant 33 ans dans ma vie spirituelle
− C’est vous qui étiez dans l’interphone avec moi ?
− Mais il m’a dit que cela dépassait ses capacités. Il m’a enjoint bien entendu de redoubler d’ardeur dans mes prières mais m’a également dit avec le franc-parler vigoureux qui le caractérise : « Là, mon fils, la Providence y perd son latin, faut aller voir un psy… »
− Parce que dans l’interphone on est serré si on est deux…
− Je suis bien entendu très au fait du secret sacré de la confession, mais avant de poursuivre je voudrais m’assurer que le secret médical est tout aussi imperméable… oui ? Bien, je continue.
− Vous pouvez accrocher votre imperméable au porte-manteau, mais vous savez, dans cette église il pleut rarement.
− Si j’ai eu besoin de m’assurer de votre discrétion, c’est parce que ce que je vais vous confier pourrait avoir des conséquences bouleversantes pour Notre Sainte Mère l’Église.
− Auriez-vous croisé un renard ?
− A vrai dire je ne comprends pas très bien pourquoi mon confesseur m’a dit d’aller chercher le secours d’un psychothérapeute, au lieu d’en référer immédiatement à notre évêque.
− Vous savez, ce renard me nargue, il se prend pour un seigneur, tente de me faire chanter ; je sais bien que j’ai de la voix, mais elle est impénétrable !
− Si les voies du Seigneur sont impénétrables, celles de ses serviteurs le sont souvent aussi. Mais j’ai prêté serment d’obéissance il y a bien longtemps et j’ai toujours respecté de mon mieux cet engagement, alors j’obéis, je ne discute pas.
− Je vais préparer un thé… à la vache qui rit, c’est thérapeutique. Mais venez-en au fait voulez-vous !
− Les faits que je vais vous rapporter remontent à une quinzaine de jours : j’étais dans la sacristie, après l’office du dimanche des Rameaux, je tentais de mettre en bottes les brins de buis bénis mais non distribués... Tout le monde était parti depuis une bonne heure. J’ai entendu une voix très douce, ineffable, qui venait de l’église dont la porte était entr’ouverte : « André, André, viens donc ici... »
− Hum, encore ce renard…
− Je suis entré dans l’église, et là j’ai vu une lumière dorée qui tombait de la voûte (pas des vitraux, de la voûte)…
− Un fromage sans doute…
− Et qui frappait directement le grand christ accroché derrière l’autel. « Approche André, j’ai un secret à te dire ».
− Allons donc, c’est vraiment un malin celui-là, toujours prêt à flatter autrui !
− Je me suis approché et le Christ parlait, je voyais sa bouche qui bougeait…
− Tenait-il un fromage en son bec ?
− Non, il m’a dit : « André, j’apprécie ton obéissance aux commandements de mon Père, j’apprécie aussi ta discrétion, mais il y a des vérités qui ne peuvent plus longtemps rester sous le boisseau… »
− Ou sous la boisson, il est visiblement bourré ! Poursuivez.
− « Je t’ai choisi car aujourd’hui, en ce jour où on se remémore mon grand triomphe à l’entrée de Jérusalem, avec âne, rameaux, foule en délire et tutti quanti, j’ai décidé de faire mon coming-out et je n’ai que toi sous la main :
Eh oui, il est temps de le dire, j’aimais beaucoup Jean le petit blondinet qui posait toujours sa tête sur mon épaule à table. Et c’est parce que mon Père ne supportait pas cela qu’il a décidé de me faire crucifier, ce vieux réac homophobe !... ».
− Je vous le dis que c’est un malin, il ferait n’importe quoi pour un morceau de Brie !
− Comme vous l’imaginez, j’étais effaré de cette confidence, et je ne savais quoi répondre. Mais le Christ m’a dit : « Va, et transmets ma parole ». Puis il s’est tu
− Rlututu
− Il et est redevenu tout aussi plâtreux qu’avant.
− Mouais, c’est pas du coulant donc, un calendos pas trop fait apparemment.
− J’ai demandé une entrevue rapide à mon directeur de conscience et... me voilà.
− Oui je vois ça, vous voilà… Mais jusqu’à quand hein ? D’un moment à l’autre on bascule, dans un interphone, dans un curé, dans un corbeau, que sais-je… Et c’est tout ce qu’il a dit ce renard ?
− Sans doute pensait-il que vous deviez m’aider à surmonter le traumatisme de cette révélation…
− Ben, c’est-à-dire que c’est au moment où vous chantez que la révélation arrive.
− Avant d’envisager comment je dois répandre la vérité qui m’a été confiée, dans mon indignité. Mais, entre nous, qu’en pensez-vous ? Est ce que c’est risqué de tout raconter à la face du Monde ? Parce qu’il a le bras long le Père éternel...
− Ouvrez un large bec, faites tomber votre proie, le renard s’en saisira et vous déclamera une sentence, ça ne fait pas un pli, ça s’est déjà vu.
--------------------
Le psychopathe (Narbah)
− Miss Pretty m’a longtemps appelé "Mon Lémurien". Je n’ai jamais su ce que signifiait ce mot. J’ai d’abord cru que j’étais originaire de Lémurie, ou bien que c’était mon type physique, ou bien mon langage, qui me valait ce sobriquet étrange. Je ne saurai jamais ce qu’est un lémurien car c’était une erreur. Peut-être que ce n’est rien au fond.
− Ah, vous êtes revenu vous, excusez-moi mais faut sortir de ma tête et de mon corps deux secondes, j’attends d’autres patients.
− Il faut peut-être que j’explique cette histoire ; cette histoire de langue, je veux dire.
− Oui mais plus tard !
− J’ai toujours parfaitement compris ce que raconte Kangaht Parshing qui s’exprime en tamoul car il vient du sud.
− Comme Michel Sardou ?
− Même chose pour l’indi, l’ourdou, le penjàbî, etc. Je comprends également tout ce que dit Miss Pretty qui parle anglais.
− Vous comprenez le corbeau ?
− Vous aussi je comprends ce que vous dites en français.
− Savez-vous que le renard qui est en vous tient un drôle de langage ?
− Mais eux ne sont jamais parvenus à apprendre un traître mot de lémurien,
− Vous vous prenez pour un lémurien, mais la vérité c’est que vous êtes un fromage.
− Enfin de ce que j’ai longtemps cru être du lémurien et qui en fin de compte s’est avéré être du langage de singe basique.
− Non non, c’est du langage de Roquefort là en l’occurrence. Ah, scusez, j’ai le crâne qui se met en ébullition, c’est une autre entité qui cherche à se manifester, je sens comme une odeur de marée, c’est la première fois, franchement ça puire !
--------------------
Nouga, la poissonnière de Marseille (So-Back)
− Entrez Madame, asseyez-vous sur les crevettes, je suis le docteur PCP, vous n’avez rien à craindre, c’est vous Nouga ?
− Oui, j’arrive de la mer morte, tous les poissons d’avril sont sur le dos
une catastrophe…
− C’est un drôle de nom pour une huître, je m’attendais à un Maroilles…
− Morts d’embouligue, que vais-je devenir docteur ?
− Ben, un Maroilles qui sent le poisson, c’est pas commun ! Et les poissons ?
− Déjà qu’à Marseille plus degun m’en achète, sous prétexte que j’ai des visions, oui des visions, je vois des sardines copuler avec des mérous…
− Ben c’est normal entre poissons, ce qui n’est pas normal c’est entre un renard et un corbeau, voire entre un corbeau et un fromage. Bon, et qu’en pense votre entourage ?
− Alors les gensss pensent que je fume de longue la canne à bis, répétita, non mais vous le croyez thé rat peute, si ça continue je vais me neguer au Frioul parce que moi je vé vous dire, je picole mais je me drogue pas, alors leur joint et cie, c'est pas ma vie !
− Je vois je vois, mieux vaut ne pas en rajouter c’est vrai.
− Et puis aussi depuis qu'ils sont farcis d’oméga 3 mes poissons et ben ils se la pètent, ils me méprisent, pourtant je leur ai construit un palace en verre avec jets multifonctions, mais rien n'y fait, ils en veulent toujours plus, ils vont me faire devenir fada complet ! Alors monsieur le vétérinaire je vous le dis si vous ne me soignez pas je vous fais fumer par un loup qui me reste !
− Bon, résumons : vous êtes une huître et vous vendez du Maroilles qui sent le poisson à Frioul avec des mérous qui copulent avec des sardines et du Nouga… J’suis pas sorti de l’auberge moi…
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(Après ces séances éprouvantes, le docteur PCP rêve de se faire analyser par un candidat à l’érection présidentielle).
Homme politique un jour. Homme politique toujours (Sahkti)
− Français, Françaises, je vous ai compris !
− Pourquoi ? Compris quoi ?
− Je ne sais pas, j'ai toujours rêvé de dire ça, un truc du genre, qui resterait après ma mort.
− Oui mais pour ça, il faut avoir compris quelque chose. Vous auriez compris quoi ?
− Je ne sais pas.
− Alors comment voulez-vous qu'on vous comprenne si vous-même ne comprenez pas ?
− Je ne sais pas. Mais y a-t-il quelque chose à comprendre ?
− Ha ça, c'est vous qui avez commencé, vous avez dit que vous aviez compris.
− Oui... Je crois que c'était juste pour faire une belle phrase. Parce qu'en fait, je m'en fous.
− Vous vous en fichez de quoi ?
− D'être compris.
− C'est pourtant la clé d'un homme politique, non, d'être compris ?
− Mais pas du tout mon bon ami. L'homme politique ne doit pas être compris, il doit faire croire qu'il a compris.
− Je ne comprends rien.
− C'est pourtant simple. Allez, je vous explique. Les gens, ils aiment quoi de nos jours ? Le foot, les Kardashian, les meurtres d'enfants et le clonage des petits chats.
− Pourquoi des chats ?
− Parce que d'un minable gouttière, vous pouvez faire un Bengale ou un Maine Coon, l'envoyer dans les concours, faire de la reproduction.
− Et ?
− Le fric mon ami, le fric ! Toujours le fric ! Un joueur de foot, ça gagne des millions. Faire la p... en téléréalité, ça rapporte des millions.
− Oui mais pas un meurtre d'enfant tout de même ?!
− Mais si ! Vous vendez vos droits à un éditeur et à TF1, on fait une émission de merde sur vous. Parent de victime, vous faites pleurer, vous empochez. Tueur de victime, vous vous faites détester et vous empochez encore plus. Y a que le fric qui compte dans la vie.
− C'est dur à entendre de la part de quelqu'un qui brigue le poste de Premier Ministre.
− Ha parce que vous pensez que je fais ça pour l'amour de mon prochain ? Ou pire, de la France ?!
− Oui.
− Alors vous êtes encore plus idiot que je ne le pensais mon ami.
Ma carrière pourrait être de courte durée ; il faut que j'en tire le maximum. Rentabiliser la popularité, vous comprenez ça ?
− Heu oui... Jusque là, ça va.
− Donc je fais une campagne bling-bling, je paie du champagne à tous les beaufs de service dans une brasserie de m'as-tu-vu, je m'affiche avec ces footeux qui ne gagnent que grâce aux autogoals, je nique au moins deux des sœurs Kardaschian et hop ! Tout le monde m'adore, tout le monde parle de moi, tout le monde est jaloux de moi, tout le monde me déteste. J'existe !
− Oui mais... et le meurtre d'enfant ?
− Ha ça... C'est si ma popularité redescend et que je repasse en page 15 du « Courrier du Midi libéré ».
− Vous n'y pensez pas sérieusement ?!
− A quoi ? Tuer un enfant ? Dites-moi, vous les enregistrez vos séances ?
− …
− Est-ce que du fond de ma confusion, je commence à faire apparaître une lumière de compréhension dans votre esprit humain terriblement réfractaire aux langues étrangères ?
− C’est encore vous Monsieur Valentino ?
− J’ai bien peur que non !
− J’ai bien peur que oui, vous jouez vraiment l’incrustre vous, faut prévenir mon ami, mon esprit n’est pas un hall de gare !
− Même entre les différentes langues humaines vous n’arrivez pas à vous entendre, sauf au prix d’un long et difficile apprentissage, n’est-ce pas ?
− Vous insistez !
− Tandis que nous les singes, nous sommes en communication directe non seulement avec les autres singes, mais aussi avec toutes les autres variétés d’animaux. Je comprends les mangoustes, les crocodiles, les tigres, les éléphants, les chats ; les humains, tout le monde !
− Les corbeaux et les renards aussi ? Ça m’intéresse car j’ai un peu de mal en ce moment à me faire comprendre d’un volatile au lait cru.
− Enfin, c’est comme ça, vous n’y pouvez rien. Tout ce que j’ai appris auprès des hommes, c’est la confusion. Je voudrais retrouver mon innocence.
− C’est ça, ben à la prochaine séance alors, parce que là j’ai l’impression qu’il y a quelqu’un d’autre qui sonne à la porte de mon citron !
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Madame Irma the sweet, la voyante anglaise (PCP)
− Est-il quelqu’un ici ?
− Oui Madame, entrez, où êtes vous ?
− Aow, I'm stuck in your ear, je suis dans votre oreille coincée, so stupid !
− Je vais chercher un coton tige, ne bougez pas…
− Attendre je peux.
− Ah voilà, vous êtes sortie, c’était cette boule de cristal qui avait du mal à passer.
− I see, voyante je suis.
− Que puis-je pour vous
− Aow, vous ne peuve rien pur moi, but I can pour vous faire je peux une chose.
− And what chose donc ?
− Je crois vous amez les cheveux.
− Les chevaux, voulez-vous dire
− Oui Da, hum, Auf Wiedersehen, aow ! I'm stuck in your ear !
− Again ?
− Yes indeed, charmant êtes-vous, but vous beaucoup bouscule au portillon
− Ben nous sommes plusieurs, c’est vrai.
− Je voir dans ma cristal bowl, vous gentil garçon with terribeule perturbaicheune.
− Yes indeed aussi.
− Je suis proche découverté you move in your bed prochaine semaine
− Ah bon ?
− Je voir… a cheese
− My tailor is rich
− But sorry, aow a crow too ! Étonnante !
− With le fromage ?
− Please no parle, I’m focused… A fox ici être aussi. He says : “And hello, Monsieur du Corbeau. How pretty êtes-vous ! You look so gorgeous pour moi ! Without lying, si votre prattling relates to your plumage, vous être the Phoenix of the hosts of these woods.” Il dit, dit-il.
− Ouais il a la tchatche.
− Mais est de peur des sourires.
− Que voulez-vous dire ?
− Les sourires, little animal, ame le fromage je croire.
− Les souris ?!
− Yes les sourires. Aow, je retourné dans votre oreille, I do, je vous souhaité bon chemin, je dis.
− Merci, c’était un pleasure.
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Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
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