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Dans le petit café où on s’est installés, frais et sombre
il y avait sur le mur cette même photo, mais vieille de
100 ans, en noir et blanc bien sûr. Rien n’avait changé :
la maison semblable à un masque de théâtre ou à un visage
effaré, au regard double, les pavés gris, l’église blanche aux colonnes
sculptées (plus décatie sur la photo ancienne), les maisons lézardées, la fontaine.
La ville nous avait attirés encore cette fois, alors que nous l’
avions oubliée. Nous avons encore traversé sur le vieux pont de pierre
long et trop étroit pour les voitures, nous sommes assis au milieu -
sur les banquettes qui le bordent, dans la lumière baignant le fleuve
caillouteux. Un homme âgé, plus loin un jeune homme solitaires étaient installés
là, immobiles et penchés dans le soleil, désoeuvrés. L’eau serpente lentement
vers la mer proche, et la vallée, large et plate s’ouvre
vers le sud, vers la mer bleue, l’horizontale invisible d’ici.
Nous avons à nouveau contemplé les grands jardins en contrebas, qui bordent
son lit de chaque côté. Arbres fruitiers, légumes alignés de toutes sortes :
beaucoup de soin, une riche fertilité. Comme pour en témoigner, un immense
cerisier porte ses fleurs candides. C’est un soir frais d’avril .
Les jardins si beaux et vivants, la vieille cité où le soleil
pénètre peu, avec sa rue aux arcades profondes ; les portes des « palais »,
transformés en immeubles de location, restent toujours puissantes et closes : cuir clouté
ou bois peints en noir, armoiries presque effacées. C’est l’Italie.
Aucun pays ne m’étreint si étrangement, par cette manière de vivre
dans un tissage serré du passé et du présent. Les gloires anciennes
sont là, comme en veilleuse, mais belles avec leur réseau de fissures,
un peu crasseuses. Une autre vie y circule désormais, le temps prend
parfois un rythme étrange, on est en décalage, boitant dans le passé.
Pourtant il y a tout ce qu’il faut pour être maintenant.
Très haut au-dessus de nous, un peu plus au nord, comme
un rêve de science-fiction grisâtre, l’autoroute enjambe ce monde éternel.
il y avait sur le mur cette même photo, mais vieille de
100 ans, en noir et blanc bien sûr. Rien n’avait changé :
la maison semblable à un masque de théâtre ou à un visage
effaré, au regard double, les pavés gris, l’église blanche aux colonnes
sculptées (plus décatie sur la photo ancienne), les maisons lézardées, la fontaine.
La ville nous avait attirés encore cette fois, alors que nous l’
avions oubliée. Nous avons encore traversé sur le vieux pont de pierre
long et trop étroit pour les voitures, nous sommes assis au milieu -
sur les banquettes qui le bordent, dans la lumière baignant le fleuve
caillouteux. Un homme âgé, plus loin un jeune homme solitaires étaient installés
là, immobiles et penchés dans le soleil, désoeuvrés. L’eau serpente lentement
vers la mer proche, et la vallée, large et plate s’ouvre
vers le sud, vers la mer bleue, l’horizontale invisible d’ici.
Nous avons à nouveau contemplé les grands jardins en contrebas, qui bordent
son lit de chaque côté. Arbres fruitiers, légumes alignés de toutes sortes :
beaucoup de soin, une riche fertilité. Comme pour en témoigner, un immense
cerisier porte ses fleurs candides. C’est un soir frais d’avril .
Les jardins si beaux et vivants, la vieille cité où le soleil
pénètre peu, avec sa rue aux arcades profondes ; les portes des « palais »,
transformés en immeubles de location, restent toujours puissantes et closes : cuir clouté
ou bois peints en noir, armoiries presque effacées. C’est l’Italie.
Aucun pays ne m’étreint si étrangement, par cette manière de vivre
dans un tissage serré du passé et du présent. Les gloires anciennes
sont là, comme en veilleuse, mais belles avec leur réseau de fissures,
un peu crasseuses. Une autre vie y circule désormais, le temps prend
parfois un rythme étrange, on est en décalage, boitant dans le passé.
Pourtant il y a tout ce qu’il faut pour être maintenant.
Très haut au-dessus de nous, un peu plus au nord, comme
un rêve de science-fiction grisâtre, l’autoroute enjambe ce monde éternel.
Re: retour à Taggia
J'ai beaucoup aimé. Tout fonctionne, je note notamment :
Un homme âgé, plus loin un jeune homme solitaires étaient installés
là, immobiles et penchés dans le soleil, désoeuvrés.
pour dire tout de suite
L’eau serpente lentement
vers la mer proche, et la vallée, large et plate s’ouvre
vers le sud, vers la mer bleue, l’horizontale invisible d’ici.
Et évidemment :
Très haut au-dessus de nous, un peu plus au nord, comme
un rêve de science-fiction grisâtre, l’autoroute enjambe ce monde éternel.
J'ai pris l'habitude de toujours te lire chère Seyne, et je crois que maintenant ça me fait l'effet de ces peut être deux ou trois auteurs dont j'ai tout lu, on comprend et ensuite on ressent les abords. L'Italie, c'est ailleurs, c'est comme chez nous, et c'est un tremplin vers le soleil, c'est l'ailleurs avec les petites odeurs de bois qu'on retrouve chez nous, au dessus, dans notre réalité non fictionnelle, non rêvée, enjambée de tous nos apprentissages d'adultes.
J'ai vraiment beaucoup aimé, merci.
Un homme âgé, plus loin un jeune homme solitaires étaient installés
là, immobiles et penchés dans le soleil, désoeuvrés.
pour dire tout de suite
L’eau serpente lentement
vers la mer proche, et la vallée, large et plate s’ouvre
vers le sud, vers la mer bleue, l’horizontale invisible d’ici.
Et évidemment :
Très haut au-dessus de nous, un peu plus au nord, comme
un rêve de science-fiction grisâtre, l’autoroute enjambe ce monde éternel.
J'ai pris l'habitude de toujours te lire chère Seyne, et je crois que maintenant ça me fait l'effet de ces peut être deux ou trois auteurs dont j'ai tout lu, on comprend et ensuite on ressent les abords. L'Italie, c'est ailleurs, c'est comme chez nous, et c'est un tremplin vers le soleil, c'est l'ailleurs avec les petites odeurs de bois qu'on retrouve chez nous, au dessus, dans notre réalité non fictionnelle, non rêvée, enjambée de tous nos apprentissages d'adultes.
J'ai vraiment beaucoup aimé, merci.
Jand- Nombre de messages : 306
Age : 27
Date d'inscription : 05/04/2016
Re: retour à Taggia
Merci Jand, tu m'encourages, et tu sais que les choses vont dans les deux sens : j'aime beaucoup ce que tu écris, qui par touches aériennes s'adresse à des ressentis profonds, mystérieux.
L'Italie, c'est un pays où je vais souvent, parce que j'habite pas loin (à Toulon). Mais justement c'est comme une énigme ; sentir ce qui diffère, sentir le génie particulier de ce pays, ce qui fait qu'on se sent en une fraction de seconde loin, ailleurs, et en même temps dans un chez-soi ancien lié aux lectures, aux apprentissages du lycée, à l'histoire etc...
J'ai revu les texte, je le poste ici, il y a peu de différences, travail de polissage.
L'Italie, c'est un pays où je vais souvent, parce que j'habite pas loin (à Toulon). Mais justement c'est comme une énigme ; sentir ce qui diffère, sentir le génie particulier de ce pays, ce qui fait qu'on se sent en une fraction de seconde loin, ailleurs, et en même temps dans un chez-soi ancien lié aux lectures, aux apprentissages du lycée, à l'histoire etc...
J'ai revu les texte, je le poste ici, il y a peu de différences, travail de polissage.
Re: retour à Taggia
Dans le petit café où on s’est installés, froid et sombre
il y avait sur un mur cette même photo, mais vieille de
100 ans, en noir et blanc bien sûr. Rien n’avait changé :
la maison semblable à un masque de théâtre ou à un visage
effaré, au regard dédoublé, les pavés gris, l’église blanche aux chapiteaux
sculptés (plus décatie sur la photo ancienne), les maisons penchées...la fontaine.
La ville nous avait attirés encore une fois, alors que nous l’
avions presque oubliée. Et nous avons retraversé l’antique pont de pierre,
si long, trop étroit pour les voitures - nous sommes assis au milieu
sur les banquettes qui le bordent, dans la lumière baignant le fleuve
caillouteux. Un homme âgé solitaire, plus loin un jeune homme, étaient installés
là, immobiles et penchés dans le soleil, désoeuvrés. L’eau serpente lentement
vers la côte proche, et la vallée, large et plate s’ouvre
au sud, devant la mer bleue, l’horizontale invisible d’ici.
Penchés sur le parapet nous avons regardé les grands jardins en contrebas
qui bordent chaque côté de son lit. Arbres fruitiers, légumes alignés de
toutes sortes , soins patients, riche fertilité. Comme pour en témoigner, un immense
cerisier porte ses fleurs candides. C’est un soir frais d’avril .
Les jardins si beaux et vivants, la vieille cité où le soleil
pénètre peu, avec sa rue aux arcades profondes ; les portes des « palais » -
transformés en immeubles de location - semblent toujours puissantes et closes : cuir clouté
ou bois peints en noir, armoiries presque effacées. C’est l’Italie.
Aucun pays ne m’étreint si étrangement, par cette manière de vivre
dans un tissage serré du passé et du présent. Les vieilles gloires
sont là, comme en veilleuse, mais belles avec leur réseau de fissures
un peu crasseuses. Une autre vie circule là désormais, le temps prend
parfois un rythme particulier, on est en décalage, boitant dans le passé.
Pourtant, il y a tout ce qu’il faut pour être maintenant.
Très haut au-dessus de nous, un peu plus au nord, comme
un rêve de science-fiction grisâtre, l’autoroute enjambe ce monde éternel.
(en vers de 12 mots)
il y avait sur un mur cette même photo, mais vieille de
100 ans, en noir et blanc bien sûr. Rien n’avait changé :
la maison semblable à un masque de théâtre ou à un visage
effaré, au regard dédoublé, les pavés gris, l’église blanche aux chapiteaux
sculptés (plus décatie sur la photo ancienne), les maisons penchées...la fontaine.
La ville nous avait attirés encore une fois, alors que nous l’
avions presque oubliée. Et nous avons retraversé l’antique pont de pierre,
si long, trop étroit pour les voitures - nous sommes assis au milieu
sur les banquettes qui le bordent, dans la lumière baignant le fleuve
caillouteux. Un homme âgé solitaire, plus loin un jeune homme, étaient installés
là, immobiles et penchés dans le soleil, désoeuvrés. L’eau serpente lentement
vers la côte proche, et la vallée, large et plate s’ouvre
au sud, devant la mer bleue, l’horizontale invisible d’ici.
Penchés sur le parapet nous avons regardé les grands jardins en contrebas
qui bordent chaque côté de son lit. Arbres fruitiers, légumes alignés de
toutes sortes , soins patients, riche fertilité. Comme pour en témoigner, un immense
cerisier porte ses fleurs candides. C’est un soir frais d’avril .
Les jardins si beaux et vivants, la vieille cité où le soleil
pénètre peu, avec sa rue aux arcades profondes ; les portes des « palais » -
transformés en immeubles de location - semblent toujours puissantes et closes : cuir clouté
ou bois peints en noir, armoiries presque effacées. C’est l’Italie.
Aucun pays ne m’étreint si étrangement, par cette manière de vivre
dans un tissage serré du passé et du présent. Les vieilles gloires
sont là, comme en veilleuse, mais belles avec leur réseau de fissures
un peu crasseuses. Une autre vie circule là désormais, le temps prend
parfois un rythme particulier, on est en décalage, boitant dans le passé.
Pourtant, il y a tout ce qu’il faut pour être maintenant.
Très haut au-dessus de nous, un peu plus au nord, comme
un rêve de science-fiction grisâtre, l’autoroute enjambe ce monde éternel.
(en vers de 12 mots)
Re: retour à Taggia
C'est étonnant comme on n'est (je ne suis) pas assez attentif. J'ai le temps et je remonte le fil et je retrouve des textes m'émerveillant, des écritures et des signatures que je connais ou que je ne connais pas, des gens dont les absences et mes passages se sont croisés. J'ai le temps que je ne prenais pas. On dirait une ancienne librairie, un bouquiniste.
Alors ce texte-ci, j'en relève une phrase, mais ce n'est pas pour sa qualité littéraire, c'est parce qu'elle vient se ficher là, stratégiquement. Au milieu des autres. Je vais la recopier quelque part, encore oublier qui l'a écrite, plus tard me demander si c'est moi ou quelqu'un d'autre. "Pourtant il y a tout ce qui faut pour être maintenant"
Alors ce texte-ci, j'en relève une phrase, mais ce n'est pas pour sa qualité littéraire, c'est parce qu'elle vient se ficher là, stratégiquement. Au milieu des autres. Je vais la recopier quelque part, encore oublier qui l'a écrite, plus tard me demander si c'est moi ou quelqu'un d'autre. "Pourtant il y a tout ce qui faut pour être maintenant"
'toM- Nombre de messages : 287
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
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