MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
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MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Des vaches sacrées de Toualou, nul n'est censé s'en occuper, car nul n'est censé les posséder.
Depuis l'aube, Toualou restait étendu au sol. Son bétail déjà en route, errait sans surveillance entre le village de Courma et celui des pêcheurs. Plusieurs jours durant, un homme âgé, uniquement vêtu d'un vilain pagne, suivait de loin Toualou le berger dormeur. Le vieil homme s'accroupit près de lui :
« - Tout va bien ?
- Eh toi ! Si tu as soif, sers toi. Si tu as faim, utilise mon filet et passe ton chemin.
- Toualou, lui dit le vieil homme, regarde moi un peu.”
Fatigué, souffrant, Toualou ouvrit les yeux pour les refermer aussitôt.
“ - Que me veux-tu étranger ? Tu me surveilles, je ne te connais pas. Tu n'es pas de ce côté du fleuve. Qui t'a donné mon nom ?
- Entre eux, les gardiens se reconnaissent. Je suis d'Ambaka, la ville derrière le pont neuf.
- Les habitants d'Ambaka tuent notre bétail. Es-tu venu jusqu'ici pour me voler ?
- Toualou, tes bêtes ne sont plus à voler. Tu les as laissées partir, confiant. Ecoute plutôt ce que je te propose comme marché.
- Mes vaches, comme mes chèvres connaissent le chemin. Personne ne prend les animaux de Toualou, car chacun respecte celui qui est malade. Ton esprit est curieux. Je ne veux plus te parler.
- J'ai à te dire ceci, Toualou. J'ai une fille Mariama. Elle est pure et bonne marcheuse. Si tu le souhaites Toualou, je peux te marier avec elle.
- Ta fille est ta seule richesse pauvre homme ?
- C'est une perle rare qui saura porter tes enfants, garder ta maison propre. Belle parmi les belles, ses prétendants la surnomment « plus jolie fleur de tout l'Est du Fleuve Niger »
- Ta proposition me séduit étranger. Si la fille que tu me décris est celle à qui je pense, je connais ta fille. Que veux-tu en échange ?
- La chamelle et sa suite. Nous conviendrons de la date de la cérémonie après le repas que je t'offrirai dès ton rétablissement.
- Malade je suis tout le jour. Malade je demeure la nuit qui suit. Bientôt je viendrai te rendre visite avec ce qu'il convient pour sceller notre accord.
- Voilà qui est bien parlé Koualou. Mélange cette herbe avec le lait de chèvre et bois dès que le besoin se fait sentir. Tu seras sur pied très vite. »
Quelques semaines plus tard, Toualou voulut vérifier la qualité de la chose susceptible de remplacer sa fidèle chamelle suitée. La conduite du troupeau l'emmena plusieurs fois du côté d'Ambaka. Il eut donc les plus grandes facilités pour observer à son aise l'objet qui attirait de plus en plus son attention. Quoique le coeur ne fût pas muet, il ne parlait pas néanmoins assez haut pour lui causer de trop grandes distractions. Toualou n'était qu'attaché superficiellement à sa promise et l'était surtout par les qualités aimables et estimables qu'il découvrait en elle chaque jour.
La famille respectable dans laquelle Toualou entra par son mariage était noble et populaire. Mariama élevée dans la pure tradition de bienfaisance, s'activait sans compter pour ouvrir sa demeure à bien des nécessiteux.
Toualou n'était pas proprement amoureux de sa compagne, car s'il existe un milieu entre l'amour et l'amitié, ce milieu vous donnera la situation de l'âme de Toualou. Il lui semblait acquérir un nouvel être, une sorte d'existence double qui le faisait respirer dans un autre lui-même.
De son côté son épouse exprimait les mêmes sentiments. Lorsque par jeux, l'être aimant ne laissait échapper aucune impression agréable, leurs sensibilités réciproque les saisissaient jusqu'aux plus légères attentions, jusqu'aux plus discrètes complicités. Regroupés, ces moments infimes de jouissance minuscules, gagnèrent en intensité.
La compagne que le vieil homme s'était déterminé à donner à Toualou, après avoir reconnu la beauté de son âme et toutes les excellentes qualités de son coeur et de son esprit, leur assura une augmentation de bonheur, dont la durée fut égale à celle des jours de sa fille Mariama et de son gendre Toualou.
Réflexion : si tu t'abrites du vent et de la pluie, il ne te reste que la terre pour déguster la vie.
Des vaches sacrées de Toualou, nul n'est censé s'en occuper, car nul n'est censé les posséder.
Depuis l'aube, Toualou restait étendu au sol. Son bétail déjà en route, errait sans surveillance entre le village de Courma et celui des pêcheurs. Plusieurs jours durant, un homme âgé, uniquement vêtu d'un vilain pagne, suivait de loin Toualou le berger dormeur. Le vieil homme s'accroupit près de lui :
« - Tout va bien ?
- Eh toi ! Si tu as soif, sers toi. Si tu as faim, utilise mon filet et passe ton chemin.
- Toualou, lui dit le vieil homme, regarde moi un peu.”
Fatigué, souffrant, Toualou ouvrit les yeux pour les refermer aussitôt.
“ - Que me veux-tu étranger ? Tu me surveilles, je ne te connais pas. Tu n'es pas de ce côté du fleuve. Qui t'a donné mon nom ?
- Entre eux, les gardiens se reconnaissent. Je suis d'Ambaka, la ville derrière le pont neuf.
- Les habitants d'Ambaka tuent notre bétail. Es-tu venu jusqu'ici pour me voler ?
Aïe et hi
Ils mangent la nuit
Aïe et ho,
Mes fidèles animaux.
Ils mangent la nuit
Aïe et ho,
Mes fidèles animaux.
- Toualou, tes bêtes ne sont plus à voler. Tu les as laissées partir, confiant. Ecoute plutôt ce que je te propose comme marché.
- Mes vaches, comme mes chèvres connaissent le chemin. Personne ne prend les animaux de Toualou, car chacun respecte celui qui est malade. Ton esprit est curieux. Je ne veux plus te parler.
- J'ai à te dire ceci, Toualou. J'ai une fille Mariama. Elle est pure et bonne marcheuse. Si tu le souhaites Toualou, je peux te marier avec elle.
- Ta fille est ta seule richesse pauvre homme ?
- C'est une perle rare qui saura porter tes enfants, garder ta maison propre. Belle parmi les belles, ses prétendants la surnomment « plus jolie fleur de tout l'Est du Fleuve Niger »
- Ta proposition me séduit étranger. Si la fille que tu me décris est celle à qui je pense, je connais ta fille. Que veux-tu en échange ?
- La chamelle et sa suite. Nous conviendrons de la date de la cérémonie après le repas que je t'offrirai dès ton rétablissement.
- Malade je suis tout le jour. Malade je demeure la nuit qui suit. Bientôt je viendrai te rendre visite avec ce qu'il convient pour sceller notre accord.
- Voilà qui est bien parlé Koualou. Mélange cette herbe avec le lait de chèvre et bois dès que le besoin se fait sentir. Tu seras sur pied très vite. »
Quelques semaines plus tard, Toualou voulut vérifier la qualité de la chose susceptible de remplacer sa fidèle chamelle suitée. La conduite du troupeau l'emmena plusieurs fois du côté d'Ambaka. Il eut donc les plus grandes facilités pour observer à son aise l'objet qui attirait de plus en plus son attention. Quoique le coeur ne fût pas muet, il ne parlait pas néanmoins assez haut pour lui causer de trop grandes distractions. Toualou n'était qu'attaché superficiellement à sa promise et l'était surtout par les qualités aimables et estimables qu'il découvrait en elle chaque jour.
La famille respectable dans laquelle Toualou entra par son mariage était noble et populaire. Mariama élevée dans la pure tradition de bienfaisance, s'activait sans compter pour ouvrir sa demeure à bien des nécessiteux.
Toualou n'était pas proprement amoureux de sa compagne, car s'il existe un milieu entre l'amour et l'amitié, ce milieu vous donnera la situation de l'âme de Toualou. Il lui semblait acquérir un nouvel être, une sorte d'existence double qui le faisait respirer dans un autre lui-même.
De son côté son épouse exprimait les mêmes sentiments. Lorsque par jeux, l'être aimant ne laissait échapper aucune impression agréable, leurs sensibilités réciproque les saisissaient jusqu'aux plus légères attentions, jusqu'aux plus discrètes complicités. Regroupés, ces moments infimes de jouissance minuscules, gagnèrent en intensité.
La compagne que le vieil homme s'était déterminé à donner à Toualou, après avoir reconnu la beauté de son âme et toutes les excellentes qualités de son coeur et de son esprit, leur assura une augmentation de bonheur, dont la durée fut égale à celle des jours de sa fille Mariama et de son gendre Toualou.
Réflexion : si tu t'abrites du vent et de la pluie, il ne te reste que la terre pour déguster la vie.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
J'ai beaucoup aimé ce ton de conte africain (si je ne m'abuse)... Ce texte m'a fait voyager, que demander de plus ? Et j'ai trouvé chouette le p'tit bout de poème !
(Et que l'union entre Toualou et Mariama ne soit pas basée sur un amour fou, ça me plaît vraiment !)
(Et que l'union entre Toualou et Mariama ne soit pas basée sur un amour fou, ça me plaît vraiment !)
Invité- Invité
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Le texte est très beau et les images sont superbes. Doit-on ajouter hélas, que ce qui en fait la magie, c'est justement ce qui nous le rendrait intolérable à vivre, au réel, mariage de survie, "échange de bestiaux", dans un monde hostile où ces choses là se font par nécessaire et non par consentement pas par appel du coeur (ce que je dis par coeur...se situe bien sûr ailleurs).
Ca nous rappelle aussi à quel point nos épousailles à nous sont luxueuses au sens où l'on ne les conçoit plus pour la survie, mais pour le pur plaisir, celui de vivre ensemble avec une personne qu'on aime et qui nous fait plaisir.
Le texte par lui même, vue la façon puissante dont-il écrit , ça me ferait presque pleurer dessus, si c'est ça la condition humaine..., ailleurs.
Ca nous rappelle aussi à quel point nos épousailles à nous sont luxueuses au sens où l'on ne les conçoit plus pour la survie, mais pour le pur plaisir, celui de vivre ensemble avec une personne qu'on aime et qui nous fait plaisir.
Le texte par lui même, vue la façon puissante dont-il écrit , ça me ferait presque pleurer dessus, si c'est ça la condition humaine..., ailleurs.
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Beaucoup de plaisir à retrouver Toualou dans ses aventures que tu impègnes d'une curieuse ambiance africaine mâtinée de philosophie hindoue qui les rend inimitables.
Mais cet épisode du mariage me laisse un arrière-goût désenchanté. Petits arrangements avec le bonheur et le confort pour s'éviter de grandes douleurs...est-ce celà la morale du conte en définitive?
Mais cet épisode du mariage me laisse un arrière-goût désenchanté. Petits arrangements avec le bonheur et le confort pour s'éviter de grandes douleurs...est-ce celà la morale du conte en définitive?
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Très très agréable lecture, dépaysante, convaincante, un p'tit côté "connaissance du monde", assis autour du griot.
Je me demande s'il n'y a pas une erreur dans la construction de cette dernière phrase, qui me semble caffouilleuse :
je suis preneur d'une autre formulation
Quant à cette appendice :
Je me demande s'il n'y a pas une erreur dans la construction de cette dernière phrase, qui me semble caffouilleuse :
Qui fait quoi ? C'est Toualou qui reconnaît les qualitétsétéra, et c'est au père de Mariama que ça assure une longue vie ?bertrand-môgendre a écrit:La compagne que le vieil homme s'était déterminé à donner à Toualou, après avoir reconnu la beauté de son âme et toutes les excellentes qualités de son coeur et de son esprit, leur assura une augmentation de bonheur, dont la durée fut égale à celle des jours de sa fille Mariama et de son gendre Toualou.
je suis preneur d'une autre formulation
Quant à cette appendice :
il est parfait.Réflexion : si tu t'abrites du vent et de la pluie, il ne te reste que la terre pour déguster la vie.
à tchaoum- Nombre de messages : 612
Age : 75
Date d'inscription : 06/05/2007
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Joli conte qui se lit avec plaisir. vers la fin du texte, j'ai eu un peu de mal avec certaines tournures de phrases que j'ai dû relire pour être sûr s'avoir bien compris.
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
J'ai eu beaucoup de mal avec les dialogues, ne discernant pas bien lequel des deux personnages parlait. Dans l'ensemble j'ai trouvé ce texte embrouillé et un peu indigeste. Mais c'est peut-être moi et d'autres textes de toi m'avaient beaucoup plu.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Chapeau pour le chant et la morale de fin.
Belle histoire.
Belle histoire.
la tournure est vraiment lourde.
La compagne que le vieil homme s'était déterminé à donner à Toualou,
Invité- Invité
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Un beau texte Bertrand, joli raconté comme souvent chez toi et puis j'aime cette moralité où on se marie sans s'aimer, où on apprend à vivre ensemble et à fonder quelque chose de solide basé sur autre chose que la passion. Ça me plaît bien.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Le ton et l'ambiance y sont, le genre me semble impeccablement respecté.
La lecture est agréable, mais ne m'emporte pas, sans doute je manque un peu de goût pour le genre.
Dans le détail, quelques questions que je me pose :
Je suis un peu mitigé sur la façon dont tu distilles et mets en valeur l'information du texte (par exemple, la façon d'apprendre que Toualou est souffrant, et de quoi il souffre, et si c'est chronique ou passager par exemple).
Il y a quelques difficultés à "identifier" les personnages, ou leurs caractéristiques, par exemple par la façon de parler, par un petit détail auquel on s'attache.
Je ne propose pas de solution à ces questions à mon avis compliquées, mais comme le texte a de la qualité, ça peut éventuellement te donner des axes de réflexion pour la suite...
J'ai passé un fort bon moment de lecture !
La lecture est agréable, mais ne m'emporte pas, sans doute je manque un peu de goût pour le genre.
Dans le détail, quelques questions que je me pose :
Je suis un peu mitigé sur la façon dont tu distilles et mets en valeur l'information du texte (par exemple, la façon d'apprendre que Toualou est souffrant, et de quoi il souffre, et si c'est chronique ou passager par exemple).
Il y a quelques difficultés à "identifier" les personnages, ou leurs caractéristiques, par exemple par la façon de parler, par un petit détail auquel on s'attache.
Je ne propose pas de solution à ces questions à mon avis compliquées, mais comme le texte a de la qualité, ça peut éventuellement te donner des axes de réflexion pour la suite...
J'ai passé un fort bon moment de lecture !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
Je me suis un peu emberlificoté au début. Par contre, après c'est un vrai regal. C'est plus ambiance de l'Afrique du Nord que Centrale, j'ai trouvé. Au centre, les contes sont plus métaphoriques avec comme personnages des animaux.mais ce n'est qu'une petite remarque en passant.
ninananere- Nombre de messages : 1010
Age : 49
Localisation : A droite en haut des marches
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: MARIAGE : avec l'âge, ton mari donne bon mariage.
C'est très très joli, tu m'as fait passé un moment agréable, j'avais l'impréssion d'être sur place tellement c'est bien décrit.
Merci
Merci
Numériplume- Nombre de messages : 543
Age : 53
Localisation : Au-delà des dunes
Date d'inscription : 31/10/2007
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