Pont de Normandie.

Le Havre, malade, s’accrochait encore un peu aux bras amples de la seine.
C’était une ville de brumes, une expérience grise.
Sa gueule ouverte, éclaboussée des couleurs sales, toussait des bouts d’asphaltes.
Partout du béton, en pleine chute, s’écroulant en volutes sous un ciel titubant.
Le Havre… ou quand la lumière vomie.

Au bout des fumées, dans la rouillure opaque d’un nuage,
comme un sourcil posé à l’œil des marées, était un pont.
Un pont salvateur, un chemin second, planté, là, dans l’iris de Honfleur.

Et me voici, chétif, pendu à ses épaules gigantesques; étourdi par l’espace vertigineux me séparant des vagues.
En bas, l’océan gonfle et se rétracte, comme un muscle.
Et le vent…le vent, puissant, qui bat les nuques, transperce les tissus pour ne toucher qu’un seul nerf.
J’ai l’échine à vif, les pupilles renversées
Je me noies dans la hauteur.


Dans la masse presque hilare des raisons en partance,
comme on fait le silence sous le cri d’un homme fort, je me suis tu.
Bousculé par le roulis bruyant des pensées vagues, je laissais exploser ma petitesse. cette lâcheté odorante que je porte comme un pagne, en mon torse.

« Ici, mes jours ont la teinte des premières couleurs de la nuit. »

Sourire joli, La couleur du tabac dans le blanc des canines.
La douleur s’habille de soi, petit manteau de chair bleuie vautré dans le gris de Seine-Maritime.
Cela fait six mois maintenant que tu es morte.
Opération à cœur ouvert, la solitude est une maladie. Et elle crie dans chaque souffle que ma peau est orpheline.
La vie est faite de vide.
Mon corps en porte les stigmates, bien au-delà de quelques rides.

Bam-bam… bam-bam…
Je sens ton pouls en décalé battre le glas dans mon aorte. Tout tremble, palpite jusque sous les ongles;
J’ai un peu peur.


Papa m’a dit que tous les hommes avaient peur.


Frisson.


« Ici, mes jours ont la teinte des premières couleurs de la nuit. »

Alors, J’ai rendu au vide
sa part de .p
..................e
..................t
..................i
..................t
.................e

.................c
.................h
.................a
.................i
.................r




http://fr.youtube.com/watch?v=9aRKZFR5imM

C'est très beau. Je ne t'ennuierai pas avec les fautes ou les babioles de pseudo critique littéraire, très subjectives, qui n'écorchent pas, de toute façon, ton émouvant poème.

Ton écriture suscite l'émotion, bravo !

Quelques remarques, en vrac :
Surveille quand même ta grammaire, tes verbes notamment.
« comme un pagne, en mon torse » Le « en » m’étonne.
Beaucoup de belles images, fortes ; et quelques une « téléphonées », qui gâchent les autres, forcément.

???
Je dois être un peu "bœu", j'ai eu du mal à suivre.
J'ai d'abord cru que c'est au Havre que tu avais mal.
Beaucoup de belles images, et la désespérance est bien rendue ; une belle manière d'être perdu suspendu entre le ciel et l'eau, d'être infime et infirme de l'autre.
Mais je t'avoue qu'à un moment j'ai cru que tu allais nous parler de saut à l'élastique !
Je crois que c'est un écrit profond, qui gagnerait à être dégraissé, réorganisé.
Dégraissé, la première fois qu'on m'a dit le mot, ça m'a presque vexé, mais on avait raison.
Ça veut pas obligatoirement dire que tu doives m'écouter, mais je suis sûr que ça peut être meilleur. Et en triturant tes images, tu peux en trouver d'autres, mieux ajustées, un travail de couturécriture (mais je crois que ça fait déjà deux fois que je le place).
C'est déjà pas mal.
La coquetterie calligrammatique finale me semble parfaitement superflue.
Keep walking !

Je ne suis pas allé voir la vidéo, je croyais qu'il avait jeté les cendres de la morte !

J'ai beaucoup aimé ce vertige au bord du vide, sa couleur, son mouvement de bête monstrueuse, ses nerfs à vifs...mais la fin me déçoit, j'attendais le saut. Je peux l'imaginer bien sûr, mais le lire m'aurait comblée, vraiment!

« Ici, mes jours ont la teinte des premières couleurs de la nuit. »
C'est une citation? De qui?

Il y a du grand:

Le Havre… ou quand la lumière vomie.

Il y a des boulettes phénoménales:

je me noies

Je te rappelle que Bon patron accepte aussi la poésie.
C'est bien tout ça, il y a un vrai désir d'écrire vrai et bien.
Pense à dégraisser, tes textes ont une forte connotation "auteurs du début du XXeme" .
Encouragements.

Et aussi ta "petite" de fin est mal alignée, il faut soigner cela, même si c'est un casse-tête.

J'aime tout, et surtout :

"Partout du béton, en pleine chute, s’écroulant en volutes sous un ciel titubant"
"Dans la masse presque hilare des raisons en partance, "
"La douleur s’habille de soi, petit manteau de chair bleuie vautré dans le gris de Seine-Maritime"
"Je sens ton pouls en décalé battre le glas dans mon aorte"



J'aime l'espèce de travelling de la ville du Havre, au pont, à la souffrance si personnelle. C'est sobre, c'est sensible, c'est beau.

Et puis, si en plus, tu nous régales de Lenny ....

Lu, et beaucoup aimé, sans parler de la parfaite adéquation entre le texte et la chanson de léonard !

J'étais un peu réticent sur ton précédent texte, mais sur celui-ci, je suis vraiment emballé !

J'aime cette approche de communiquer du sensible pour faire passer du sentiment. Quelques petites fautes notées par les camarades:-).

Mais le style me plait beaucoup, structure de phrase élégante et efficace, tu crées des images qui fonctionnent. Et surtout, pour le tout, il y a une vraie démarche littéraire (ou poétique).

J'aime beaucoup moi aussi !

pandaworks a écrit:Et aussi ta "petite" de fin est mal alignée, il faut soigner cela, même si c'est un casse-tête.

non non! Il te suffit de mettre avant chaque lettre de "petite" un nombre égal de caractères, identiques d'une lignes à l'autre. Ensuite tu sélectionnes ces caractères et tu leur donnes la couleur blanche.

Il y a des éléments que j'aime moins que d'autres, comme le bam bam bam, comme la lumière vomie, comme l'aorte et les ongles.
Et il y en a d'autres que j'aime beaucoup, les lumières, les bruits et les silences, ces douleurs que tu retranscris d'élégante manière, avec des tournures poétiques et révoltées à la fois.
Cet échelonnement, disposition d'étapes, permet la fragmentation du récit en autant de morceaux de chair et d'âme qui témoignent avec justesse du ressenti de cet homme/garçon qui hurle sa peine.

L'image du corps, dont les muscles et les nerfs semblent soumis à rudes épreuves, sera celle qui je garde de ce texte.
Jolie chute.

Pour ma part, il me manque un peu plus de ressenti physique. Plus de chose comme le papam, avec le vent etr le vertige. Mais je ne suis pas très clair là ?...

C'est beau.