Pont perdu
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Frédéric Prunier
Annie
post scriptum
7 participants
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Pont perdu
La peur me prit, je pris la route,
Ses garde-fous, sa flèche suite,
Et telle roue rouler sans doutes,
Borne nouvelle et neuve fuite.
Je survole, longe à ma perte,
Le pont promis, l’espoir désert.
Cahots, Volvo, vitres ouvertes,
Vont ressentir au vent des airs,
Fossés dorés, tendres mamelles,
Prague ou Tolède et jours nouveaux,
Ombre couchée, branches dentelles.
Libre trajet, libre tempo
Croise une femme pouce levée.
Freine l’élan, dans le rétro :
Rire élevé, Lou enlevée !
Deux passagers au creux courant
S’en vont couler au pont perdu.
Ses garde-fous, sa flèche suite,
Et telle roue rouler sans doutes,
Borne nouvelle et neuve fuite.
Je survole, longe à ma perte,
Le pont promis, l’espoir désert.
Cahots, Volvo, vitres ouvertes,
Vont ressentir au vent des airs,
Fossés dorés, tendres mamelles,
Prague ou Tolède et jours nouveaux,
Ombre couchée, branches dentelles.
Libre trajet, libre tempo
Croise une femme pouce levée.
Freine l’élan, dans le rétro :
Rire élevé, Lou enlevée !
Deux passagers au creux courant
S’en vont couler au pont perdu.
post scriptum- Nombre de messages : 252
Age : 43
Date d'inscription : 18/11/2011
Re: Pont perdu
"pont perdu" m'a immédiatement fait penser à "pain perdu" ensuite à "pas perdus"
en tout cas le morceau est savoureux.
en tout cas le morceau est savoureux.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Pont perdu
à chaque nouveau texte, je me dis que ton écriture trouve de plus en plus bel équilibre
entre sens et ressentir, la musique
funambule devenir
bravo à toi !
et bon voyage derrière ce pont à l'horizon
;-)
entre sens et ressentir, la musique
funambule devenir
bravo à toi !
et bon voyage derrière ce pont à l'horizon
;-)
Re: Pont perdu
Ce qui saute aux yeux à la première lecture est l'économie de moyens pour raconter une histoire qui commence par "je" et se termine sur un distique "voilà"... mystérieuse cette fin, mauvaise augure ce "pont" qui revient comme l'ombre du freesby, c'est trop tard tu l'as pris dans la gueule... et ce verbe "couler", ce "creux courant" qui semble connu comme le loup blanc pour emporter les jeunes gens de l'autre côté de la rive...
Belle musique, dommage, il y a si peu, pas suffisant pour en faire une chanson, la lecture de la troisième strophe me pose problème...
***
"La peur me prit, je pris la route, / jeu sur le verbe prendre, on frise l'anadiplose, très bien écrit,
Ses garde-fous, sa flèche suite, / tout est sécurisé
Et telle roue rouler sans doutes,/ jeu sur roue/rouler, l'objet/le verbe et le mobile du départ... inconnu ?
Borne nouvelle et neuve fuite."/ première fois, route inconnue, fugue, l'on pourrait même inter-changer les deux mots rime : route/fuite
"Je survole, longe à ma perte, / beaucoup de « e »,
Le pont promis, l’espoir désert." / "je" va s'abîmer, c'est sûr, c'est écrit, et pourtant la première strophe s'ouvre sur un jour nouveau, une évasion :
"Borne nouvelle"/ bonne nouvelle...
"Cahots, Volvo, vitres ouvertes, / "je" est dans une voiture, ça cabote dur,
Vont ressentir au vent des airs, / pourquoi poser "Cahots" sur la même ligne que "Volvo" ?
qui ressent quoi ? La voiture, les "vitres ouvertes" ressentent les "cahots", les "fossés dorés"... je comprends le jeu des sonorités et des lettres qui se croisent mais je me perds un peu... mais pas grave... que sont ces "tendres mamelles"... ?
Fossés dorés, tendres mamelles,
Prague ou Tolède et jours nouveaux,
Ombre couchée, branches dentelles."
"Libre trajet, libre tempo" / "je" est tranquille et pourtant il a pris la route la peur au ventre, retour : La peur me prit, je pris la route... et plus loin : Je survole, longe à ma perte, / Le pont promis, l’espoir désert.
Ça sent pas le tranquillou, bras gauche sur la vitre ouverte de la Volvo...
"Croise une femme pouce levée." / "je" est pris au piège... se serait-il arrêté si le pouce était velu ?
"Freine l’élan, dans le rétro :
Rire élevé, Lou enlevée !" / lou-en..., lou-ange...
"Deux passagers au creux courant
S’en vont couler au pont perdu." / c'est la fin de la route, c'est la fin de l'histoire qui pour moije ne fait aucun doute... côté musique, c'est superbe !
J'ai bien aimé ce texte, son roulé, les incohérences que je relève ne sont peut-être qu'incompréhension.
Je ne suis pas fan du centrage, à moins que... la forme doit épouser le sens du texte et moije pleins de virages et d'arrêt stop, de saut de ligne en saut de pont j'aurais bien vu...
à bientôt de te lire,
Belle musique, dommage, il y a si peu, pas suffisant pour en faire une chanson, la lecture de la troisième strophe me pose problème...
***
"La peur me prit, je pris la route, / jeu sur le verbe prendre, on frise l'anadiplose, très bien écrit,
Ses garde-fous, sa flèche suite, / tout est sécurisé
Et telle roue rouler sans doutes,/ jeu sur roue/rouler, l'objet/le verbe et le mobile du départ... inconnu ?
Borne nouvelle et neuve fuite."/ première fois, route inconnue, fugue, l'on pourrait même inter-changer les deux mots rime : route/fuite
"Je survole, longe à ma perte, / beaucoup de « e »,
Le pont promis, l’espoir désert." / "je" va s'abîmer, c'est sûr, c'est écrit, et pourtant la première strophe s'ouvre sur un jour nouveau, une évasion :
"Borne nouvelle"/ bonne nouvelle...
"Cahots, Volvo, vitres ouvertes, / "je" est dans une voiture, ça cabote dur,
Vont ressentir au vent des airs, / pourquoi poser "Cahots" sur la même ligne que "Volvo" ?
qui ressent quoi ? La voiture, les "vitres ouvertes" ressentent les "cahots", les "fossés dorés"... je comprends le jeu des sonorités et des lettres qui se croisent mais je me perds un peu... mais pas grave... que sont ces "tendres mamelles"... ?
Fossés dorés, tendres mamelles,
Prague ou Tolède et jours nouveaux,
Ombre couchée, branches dentelles."
"Libre trajet, libre tempo" / "je" est tranquille et pourtant il a pris la route la peur au ventre, retour : La peur me prit, je pris la route... et plus loin : Je survole, longe à ma perte, / Le pont promis, l’espoir désert.
Ça sent pas le tranquillou, bras gauche sur la vitre ouverte de la Volvo...
"Croise une femme pouce levée." / "je" est pris au piège... se serait-il arrêté si le pouce était velu ?
"Freine l’élan, dans le rétro :
Rire élevé, Lou enlevée !" / lou-en..., lou-ange...
"Deux passagers au creux courant
S’en vont couler au pont perdu." / c'est la fin de la route, c'est la fin de l'histoire qui pour moije ne fait aucun doute... côté musique, c'est superbe !
J'ai bien aimé ce texte, son roulé, les incohérences que je relève ne sont peut-être qu'incompréhension.
Je ne suis pas fan du centrage, à moins que... la forme doit épouser le sens du texte et moije pleins de virages et d'arrêt stop, de saut de ligne en saut de pont j'aurais bien vu...
à bientôt de te lire,
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Pont perdu
Merci à vous trois pour ces commentaires.
Pussicat, je te rejoins sur la brièveté de ce poème. Je souhaitais poursuivre l'écriture mais je n'y arrivais pas. J'avais peur de trahir l'unité sonore et onirique de ces quelques vers. La concision permet davantage l'évocation et évite la redondance des tropes. Je tombe trop souvent dans le lieu commun poétique. J'ai essayé de l'éviter dans ce poème en écoutant la petite voix qui nous dit :"Arrête de broder !".
Pour la troisième strophe, il est vrai qu'elle est surprenante sur un plan syntaxique. J'ai pris le risque d'énumérer trois synecdoques particularisantes : "Cahots, Volvo, vitres ouvertes" mêlant route et véhicule qui désignent le "je".
L'adjectif "perdu" dans "pont perdu" n'est pas dysphorique. De même le verbe "couler" ne souhaite pas suggérer un destin tragique. j'ai privilégié la phonétique à la sémantique.
J'ai juste tenté d'écrire une désillusion affective, un pont promis mais impossible, un lien frustré (strophes 1 et 2), qui provoque une errance hédoniste (strophes 1,3) puis une rencontre qui permet de retrouver le pont perdu ou au moins de retrouver sa direction (strophes 4, 5, 6) ... Voyage à suivre ...
Frédéric, j'ai souri en lisant :"et bon voyage derrière ce pont à l'horizon". Le but idéal et donc moins grivois du "je" est d'aller sur et non pas derrière le pont.
Je ne me promènerai pas derrière ce pont avec toi (tu as certainement le pouce trop velu ...) mais c'est un réel plaisir de te retrouver ainsi qu'Annie et Pussicat sur le pont poétique ... ;-)
Amitié
Pussicat, je te rejoins sur la brièveté de ce poème. Je souhaitais poursuivre l'écriture mais je n'y arrivais pas. J'avais peur de trahir l'unité sonore et onirique de ces quelques vers. La concision permet davantage l'évocation et évite la redondance des tropes. Je tombe trop souvent dans le lieu commun poétique. J'ai essayé de l'éviter dans ce poème en écoutant la petite voix qui nous dit :"Arrête de broder !".
Pour la troisième strophe, il est vrai qu'elle est surprenante sur un plan syntaxique. J'ai pris le risque d'énumérer trois synecdoques particularisantes : "Cahots, Volvo, vitres ouvertes" mêlant route et véhicule qui désignent le "je".
L'adjectif "perdu" dans "pont perdu" n'est pas dysphorique. De même le verbe "couler" ne souhaite pas suggérer un destin tragique. j'ai privilégié la phonétique à la sémantique.
J'ai juste tenté d'écrire une désillusion affective, un pont promis mais impossible, un lien frustré (strophes 1 et 2), qui provoque une errance hédoniste (strophes 1,3) puis une rencontre qui permet de retrouver le pont perdu ou au moins de retrouver sa direction (strophes 4, 5, 6) ... Voyage à suivre ...
Frédéric, j'ai souri en lisant :"et bon voyage derrière ce pont à l'horizon". Le but idéal et donc moins grivois du "je" est d'aller sur et non pas derrière le pont.
Je ne me promènerai pas derrière ce pont avec toi (tu as certainement le pouce trop velu ...) mais c'est un réel plaisir de te retrouver ainsi qu'Annie et Pussicat sur le pont poétique ... ;-)
Amitié
post scriptum- Nombre de messages : 252
Age : 43
Date d'inscription : 18/11/2011
Re: Pont perdu
Quelque chose de primesautier, de libéré, de pétillant affleure dans ce texte, un de tes plus gais!
Ici tu réussis fort bien une très poétique distorsion de la réalité: la machine à rêver...
Tu pars de l'anecdotique, du vécu au passé simple pour atterrir dans un présent étal et terminer dans un futur proche: très très fort!
Cela m'évoque ces astucieux tableaux dont le personnage découpé agit sur son cadre lui-même.
Ici tu réussis fort bien une très poétique distorsion de la réalité: la machine à rêver...
Tu pars de l'anecdotique, du vécu au passé simple pour atterrir dans un présent étal et terminer dans un futur proche: très très fort!
Cela m'évoque ces astucieux tableaux dont le personnage découpé agit sur son cadre lui-même.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Pont perdu
j'avoue ne pas bien voir ou est la désillusion, j'ai plutot le sentiment d'un parti pris de la légereté affirmé. pont perdu est une belle (re)trouvaille qui conjugue bien l'idée de deuil et de reconstruction, du pont d'avignon faisons table rase et dansons dessus. (pas dessous, c tabou)
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Pont perdu
v,v,v... ! c'est court mais c'est bon...Condremon a écrit:
Venu, lu, souri
Vive les vacances ... et les voyages
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Pont perdu
Tout a déjà été - joliment - dit ou presque, qu'ajouter sinon des platitudes... :-)
L'apparente légèreté du ton, subtilement conjuguée à la gravité sous-entendue au début, est dosée avec une belle justesse, évitant ainsi de sombrer dans un texte essentielelment basé sur les alliances sonores. C'est bien plus que cela ici, les mots se chevauchent au rythme des kilomètres avalés, chacun trouvant son emplacement, faisant avancer la machine de bien belle manière. J'apprécie également que ne soit point trop détaillée la perte, prétexte à ce voyage, et que l'accent soit davantage porté sur cette forme de résilience.
L'apparente légèreté du ton, subtilement conjuguée à la gravité sous-entendue au début, est dosée avec une belle justesse, évitant ainsi de sombrer dans un texte essentielelment basé sur les alliances sonores. C'est bien plus que cela ici, les mots se chevauchent au rythme des kilomètres avalés, chacun trouvant son emplacement, faisant avancer la machine de bien belle manière. J'apprécie également que ne soit point trop détaillée la perte, prétexte à ce voyage, et que l'accent soit davantage porté sur cette forme de résilience.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Pont perdu
merci Sahkti d'avoir fait remonter ce texte... il le mérite !
et ta lecture m'a fait lire ce poème autrement, je veux dire
comme des fenêtres s'ouvrant à la relecture...
et ta lecture m'a fait lire ce poème autrement, je veux dire
comme des fenêtres s'ouvrant à la relecture...
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
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