Balade nocturne...

Il fallait l'admettre, j'étais vieux, j'avais jamais rien fait d'extraordinaire. Tout ce que je savais faire c'était dormir, lire, écrire et encore pas très bien et puis dormir à nouveau. Ca pour dormir, j'étais doué, la journée surtout, la nuit j'aimais mieux rester éveillé, les gens ils trouvaient ça bizarre, ils n'ont probablement jamais regardé un ciel la nuit. Et un beau de ciel ! J'y passais des heures à le regarder moi, avec ses petites lumière qui clignotaient, comme pour me faire un clin-d'oeil à moi qui restait là, les yeux posés sur lui, pendant que les autres étaient au fin fond de leur lit à lui faire la gueule au ciel. C'était la nuit que tout paraissait moins moche, je l'avais compris bien avant les autres ça moi, quand il fait noir la misère on la voit pas, ou alors éclairée par la lune et ça lui donne une drôle de couleur à la misère, bleutée, ça donnerait presque envie de sourire à la voir belle comme ça, assise sur un bout de carton,
la main tendue, qu'elle était la misère...

J'avais envie d'écrire un soir, je me suis dit qu'à mon âge, je pouvais peut-être faire mon autobiographie... mais avec la vie que j'avais eue j'ai tout de suite changé d'avis, j'ai pris la feuille sur laquelle j'avais commencé à écrire, et je l'ai balancée dans la cheminée... une bonne chose de faite ! que je me suis dis.

Ensuite, j'ai été prendre l'air, mais j'ai fini dans un bar je sais plus trop comment. " Comme d'habitude ?" qu'il me demande le barman. J'étais un client régulier ici, c'est là que j'allais, quand les nuages cachaient les clin-d'oeil qu'il me faisait le ciel, histoire de voir un peu de lumière et du monde, et puis encore des lumières par dessus... Elles étaient de toutes les couleurs les lumières, des néons qu'on aurait dit, ça donnait une drôle d'ambiance qui me faisait me sentir comme détaché de moi-même. On aurait dit que mon cerveau, peureux qu'il était, il s'était mis en retrait pour me regarder passivement, un peu comme s'il se cachait derrière moi pour éviter d'être éblouï par tous ces néons. Ce soir là j'ai pris mon verre, j'ai bu cul-sec, j'ai payé et je suis parti, bien content d'avoir impressioné les autres accoudés à leur comptoir, ils ont dû en rester béats quand ils ont vu comment j'étais parti, je les imaginais bien leur tête, tout con qu'ils avaient du rester, ils s'y attendaient pas à ça... "Ah dis donc" que je me disais, avec un petit sourire, je leur en avais mis plein la vue, partir comme ça sans prévenir, sans même savoir où j'allais, il en fallait du courage c'est ce que je me disais, et puis du culot par dessus ça.

Alors je me suis mis à errer, de rue en rue, à regarder les devantures qui brillaient dans l'obscurité, j'y ai passé 10 ans à errer. A manger ce que je trouvais, à vivre comme je pouvais, à survivre en fait... mais j'allais pas m'en plaindre, j'avais choisit moi-même de tout quitter d'un coup, sans rien emporter avec moi, il me fallait au moins ça pour remplir une vie. Là je pouvais dire que j'avais vécu, et un beau de vécu, un vrai, un dur, un pour lequel on t'admire, pas un vécu de bourgeois gâté qui doit pas avoir grand chose à raconter, si ce n'est les 1001 manières de poser ses fesses dans de la soie recouverte d'or, ça ils peuvent en faire des encyclopédie, et des mignones avec des belles couvertures dorées sur les 1001 manières... Moi avec le vécu que je m'étais créé, je pouvais en parler de la merde, la violence, la bouteille, le froid... et j'en passe ! J'ai même finit par l'aimer la rue, même si elle me faisait cocu. Et joliment ! Avec la moitié de la population, du moins c'est l'impression que j'avais...

Aujourd'hui encore j'y suis resté dans la rue, tranquilement, sans qu'on vienne jamais me déranger, faut dire que les gens qui posent leurs fesses sur de la soie dorée, ils aiment pas trop nous regarder nous qui avons un vrai vécu, ils passent comme si ils nous avaient pas vu, ça m'arrange bien d'ailleurs. Pépère que je suis, à dormir toute la journée, et à regarder les clin-d'oeil qu'on continue à me faire de là-haut, la nuit... "Ah dis donc !" que je me répète tout le temps en souriant, " Ah... dis donc...".

Joli ! Des choses à revoir, notamment sur le plan de l'orthographe, mais un ton frais, une certaine naïveté du personnage et de la dérision aussi, qui n'est pas sans rappeler C. Oster par exemple.
J'aime beaucoup ton ciel à clins d'oeil dans le 1er paragraphe.

Ce que j'aime c'est que t'es un jeune de cité, et t'écris pas n'importe quoi, il faut montrer aux gens que les cités c'est des jardins aux milles couleurs où poussent beaucoup de belle fleurs.

Ce que j'aime c'est que t'es un jeune de cité, et t'écris pas n'importe quoi, il faut montrer aux gens que les cités c'est des jardins aux milles couleurs où poussent beaucoup de belle fleurs.

Jeune de cité, et "issu de l'immigration" comme ils disent, par dessus le marché...
et tout a fait d'accord avec toi =)

J’aime vraiment bien ce texte. J’aime bien ce qu’il raconte. J’aime bien sa poésie.
J’aime le style aussi. Un style parlé. Forcément… un monologue intérieur, ça ressemble à ça. Seulement, je crois que ce genre d’écriture est ce qu’il y a de plus difficile à réussir. Ça a l’air d’un style spontané, parlé, mais en fait, ça doit être énormément travaillé. Et quelquefois, dans ton texte, il y a des phrases qui doivent être reprises, qui ne coulent pas assez bien.
Voilà pour la critique que j’espère constructive.
Sinon, bravo.
(Et puis, je sais, c’est bête, mais je suis enseignante et ça me fait toujours plaisir de voir que des gens jeunes écrivent si bien…)

Anne Veillac :

Et quelquefois, dans ton texte, il y a des phrases qui doivent être reprises, qui ne coulent pas assez bien.

C'est vrai, j'ai tendance à livrer le texte "brut", comme il est sorti, le premier jet quoi... je vais tenter de travailler là-dessus.

Voilà pour la critique que j’espère constructive.

Trés constructive... merci d'ailleurs ^^

Et puis, je sais, c’est bête, mais je suis enseignante et ça me fait toujours plaisir de voir que des gens jeunes écrivent si bien…)

Et merci de nouveau ^^ je sais pas si j'écris bien, en tout cas j'essaye...

Je pense que ce texte mériterait d'être retravaillé pour corriger certaines maladresses et tournures bancales.
J'aime la naïveté du ton, mais ce côté maladroit au fil des lignes finit par prendre le dessus sur cette fraîcheur d'écriture. On sent que c'est "brut" en effet, sorti tout droit de l'esprit et posé tel quel. Quelques corrections ne pourraient qu'améliorer l'ensemble, dont j'aime bien la sincérité.

Mehdi-L tu t'es trouvé une couverture, un personnage avec lequel tu peux extérioriser tes pensées. J'espère qu'il va rencontrer prochainement un autre individu qui l'entrainera loin de cette situation difficile. Une nouvelle aventure vers d'autres lieux. Là, commence l'écriture. Tu es sur la bonne voie.

quelques trucs à corriger effectivement, par exemple :
j'ai été prendre l'air, mais j'ai fini dans un bar je sais plus trop comment
le "j'ai été" est un peu bof, non -->"je suis allé"
le fait qu'il finisse par hasard dans un bar cadre peu avec ce qui suit où tu nous dit qu'il est un habitué de ce bar.

beaucoup de "reprises" dans ton texte, certaines sont biens et contribuent à donner un rythme, un style de narration, d’autres sont peut être à éliminer :
mon cerveau, peureux qu'il était, il s'était mis

un peu simpliste, le cliché « sdf » = celui qu’a un vrai vécu, les autres non … mais bon, c’est le personnage qui parle, alors pourquoi pas, il peut penser ça …


bref, tout ça, c'est du détail et globalement, j'ai bien aimé ton texte. Tu arrives à créer une ambiance qui fonctionne bien, qui sonne sincère et juste. Le style peut toujours être améliorer mais le fond est là et pas mal du tout ! Si tu essayais de nous raconter une histoire plus longue, une petite nouvelle avec pour toile de fond l'univers de ce texte ou de ton/tes précédents ...

J'essayerai de faire quelque chose de plus long la prochaine fois, pour le moment pas trop le temps, c'est les vacances, donc forcément j'passe mon temps à bosser ! =(
Des que j'ai un peu de temps...

J'ai un peu tiqué au début, je me suis dit "ah, encore un ton casse-gueule..."
Et puis non finalement tu le manies plutôt bien. J'aime les dernières ligne du premier paragraphe, bien rythmées, belles à entendre. Le "clin d'oeil" du ciel, je ne sais pas si c'était la peine d'y revenir, l'image n'est pas hors du commun, donc abordée une fois au début je pense que cela suffisait au texte.
J'aime l'image de la rue qui le fait cocu.
Dans l'ensemble c'est un beau texte, il pourrait cependant être un peu amélioré, retravaillé, mais ça m'a plu !