PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
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Charles
muzzo
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PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
RUE DES ARCADES
En entrant dans cette longue galerie ce fut comme un flash ! Brusque come back ! Combien d’années en arrière ? Dix ? vingt ? Sûrement plus ! Mais, pas d’erreur, c’était bien ici ! Des changements, sans doute ; il n’eut pas vraiment le loisir de les définir tant les souvenirs fulgurèrent en sa mémoire soudain survoltée. A gauche, sous la deuxième arcade, c’était là, il en était certain : « Le New Blue Note »…
….Il poussa la porte à tourniquet et fut tout de suite subjugué, avant même d’apercevoir la scène, par le chorus que Ben Webster était en train de créer. Il alla s’asseoir au plus près de l’orchestre : il avait toujours été fasciné par les musiciens de jazz, le regard plongé à l’intérieur d’eux-mêmes, l’air presque ailleurs, déchirant l’espace de leurs cris jaillis du cœur.
L’œil rivé sur Ben Webster, il le regardait et l’écoutait avec tous ses sens ; les sons tantôt rauques, tantôt feutrés, joués « dans le souffle », étaient « visibles », sensibles et perçus par tout le corps. Mado, une habituée, qui agrémentait ses soirées et celle de rares élus triés au feeling de quelques passes non tarifées, avait la larme au bord de ses longs faux-cils.Il faut dire que l’exposé du thème de « I surrender dear… » aurait attendri même un kamikaze : il devait avoir une anche en velours sur son sax ténor. Soudain, après un appel de la batterie, la rythmique doubla le tempo et Ben attaqua un chorus à l’opposé de ce qu’il venait de jouer… ; quel swing, quelles inventions, quelle aisance ! Même les spectateurs éloignés cessèrent leurs bavardages et s’immobilisèrent, le cigare figé entre les doigts. Après le feutré de l’exposé du thème, le pavillon du sax s’était mis à déverser des éclats de cuivre, des copeaux d’acier et tout l’orchestre transfiguré apportait au chorus un soutien à la fois précis, puissant et léger ; magique ! Un frisson le parcourut ! Il eut besoin de prendre une bouffée d’air et sortit sous les arcades…
…. Les échoppes qui envahissaient les anciennes galeries avaient bel et bien disparu. Gigi et ses cageots de fruits et légumes, ses fiaschi de Chianti tressés comme des oignons, Maria la bouchère avec ses cris qui ameutaient le chaland : « Salami…prosciutto…agnello fresco …, et Marcus Schweiger, l’apothicaire toujours prêt à rendre service aux jeunes filles en difficulté…
Il sentait encore l’odeur de la corne brûlée provenant du fond de la courette, là-bas, où Arthur, le Frenchie, ferrait les quelques chevaux toujours en usage chez les livreurs de pains de glace en été et de charbon en hiver.
Au milieu de cet espace maintenant désert, sur les pavés couverts des détritus du jour, s’agitait un monde de gosses excités, vociférants et joyeux, jouant avec des chiens de toutes races. Les professionnelles n’attendaient pas la nuit pour exhiber leurs charmes ; de temps en temps un couple disparaissait, happé par une porte cochère… Bon dieu ! Quelle vie !c’était toute la rue couverte qui swinguait !...
- Ouvre les yeux Mackie ! Regarde ce qu’ils en on fait de ton monde, de ton univers : c’est clean, grandiose, mais froid, désert, presque mort ! Demande à ce vieux Louis de faire résonner les voutes de son « New Orleans function » ou de son « West end Blues »… Rideau. Requiem in pace, Street of the Arches !
P.S : Sur le site DEEZER on peut écouter Ben Webster (entre autres) tout en lisant ces lignes.
En entrant dans cette longue galerie ce fut comme un flash ! Brusque come back ! Combien d’années en arrière ? Dix ? vingt ? Sûrement plus ! Mais, pas d’erreur, c’était bien ici ! Des changements, sans doute ; il n’eut pas vraiment le loisir de les définir tant les souvenirs fulgurèrent en sa mémoire soudain survoltée. A gauche, sous la deuxième arcade, c’était là, il en était certain : « Le New Blue Note »…
….Il poussa la porte à tourniquet et fut tout de suite subjugué, avant même d’apercevoir la scène, par le chorus que Ben Webster était en train de créer. Il alla s’asseoir au plus près de l’orchestre : il avait toujours été fasciné par les musiciens de jazz, le regard plongé à l’intérieur d’eux-mêmes, l’air presque ailleurs, déchirant l’espace de leurs cris jaillis du cœur.
L’œil rivé sur Ben Webster, il le regardait et l’écoutait avec tous ses sens ; les sons tantôt rauques, tantôt feutrés, joués « dans le souffle », étaient « visibles », sensibles et perçus par tout le corps. Mado, une habituée, qui agrémentait ses soirées et celle de rares élus triés au feeling de quelques passes non tarifées, avait la larme au bord de ses longs faux-cils.Il faut dire que l’exposé du thème de « I surrender dear… » aurait attendri même un kamikaze : il devait avoir une anche en velours sur son sax ténor. Soudain, après un appel de la batterie, la rythmique doubla le tempo et Ben attaqua un chorus à l’opposé de ce qu’il venait de jouer… ; quel swing, quelles inventions, quelle aisance ! Même les spectateurs éloignés cessèrent leurs bavardages et s’immobilisèrent, le cigare figé entre les doigts. Après le feutré de l’exposé du thème, le pavillon du sax s’était mis à déverser des éclats de cuivre, des copeaux d’acier et tout l’orchestre transfiguré apportait au chorus un soutien à la fois précis, puissant et léger ; magique ! Un frisson le parcourut ! Il eut besoin de prendre une bouffée d’air et sortit sous les arcades…
…. Les échoppes qui envahissaient les anciennes galeries avaient bel et bien disparu. Gigi et ses cageots de fruits et légumes, ses fiaschi de Chianti tressés comme des oignons, Maria la bouchère avec ses cris qui ameutaient le chaland : « Salami…prosciutto…agnello fresco …, et Marcus Schweiger, l’apothicaire toujours prêt à rendre service aux jeunes filles en difficulté…
Il sentait encore l’odeur de la corne brûlée provenant du fond de la courette, là-bas, où Arthur, le Frenchie, ferrait les quelques chevaux toujours en usage chez les livreurs de pains de glace en été et de charbon en hiver.
Au milieu de cet espace maintenant désert, sur les pavés couverts des détritus du jour, s’agitait un monde de gosses excités, vociférants et joyeux, jouant avec des chiens de toutes races. Les professionnelles n’attendaient pas la nuit pour exhiber leurs charmes ; de temps en temps un couple disparaissait, happé par une porte cochère… Bon dieu ! Quelle vie !c’était toute la rue couverte qui swinguait !...
- Ouvre les yeux Mackie ! Regarde ce qu’ils en on fait de ton monde, de ton univers : c’est clean, grandiose, mais froid, désert, presque mort ! Demande à ce vieux Louis de faire résonner les voutes de son « New Orleans function » ou de son « West end Blues »… Rideau. Requiem in pace, Street of the Arches !
P.S : Sur le site DEEZER on peut écouter Ben Webster (entre autres) tout en lisant ces lignes.
muzzo- Nombre de messages : 618
Age : 90
Localisation : Va savoir...!
Date d'inscription : 13/07/2008
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
je m'en vais essayer d'écouter Ben Webster et je relirai ensuite.
A la 1ère lecture, je dirai que j'ai aimé ta façon de poser les ambiances. peut être une rupture un peu trop abrupte, même si c'était sans doute l'effet désiré, une sorte de flahback cinématographique.
une réserve sur le "fulgurèrent" qui s'il est correct m'a "accroché" à la lecture ...
A la 1ère lecture, je dirai que j'ai aimé ta façon de poser les ambiances. peut être une rupture un peu trop abrupte, même si c'était sans doute l'effet désiré, une sorte de flahback cinématographique.
une réserve sur le "fulgurèrent" qui s'il est correct m'a "accroché" à la lecture ...
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
Tu m'as fait douter; j'ai consulté Trésor:Charles a écrit:je m'en vais essayer d'écouter Ben Webster et je relirai ensuite.
une réserve sur le "fulgurèrent" qui s'il est correct m'a "accroché" à la lecture ...
B.− Au fig. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Présenter avec soudaineté un éclat particulier. Une volonté superbe fulgurait dans ses yeux, pareille à la flamme d'un sacrifice (Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 160). Newton vit tomber une pomme; entendez bien, il vit réellement une pomme qui tombait; de ce centre rayonna et fulgura une pensée immense (Alain, Propos, 1924, p. 609).
muzzo- Nombre de messages : 618
Age : 90
Localisation : Va savoir...!
Date d'inscription : 13/07/2008
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
Tu aurais dû l'appeler The Archers ce texte ! (private joke...)
Ah ! Ce "fulgurèrent" m'a stoppée dans ma lecture aussi. Enfin, surtout la construction "fulgurèrent en sa mémoire"... Mais si notre Trésor à tous donne pour exemple : Une volonté superbe fulgurait dans ses yeux, on n'est pas loin avec "fulgurer dans" de "fulgurer en"... Sûrement correct donc mais chiffonnant quand même...
Ah ! Ce "fulgurèrent" m'a stoppée dans ma lecture aussi. Enfin, surtout la construction "fulgurèrent en sa mémoire"... Mais si notre Trésor à tous donne pour exemple : Une volonté superbe fulgurait dans ses yeux, on n'est pas loin avec "fulgurer dans" de "fulgurer en"... Sûrement correct donc mais chiffonnant quand même...
Invité- Invité
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
pas mal du tout cette description du jazz band, très visuelle, sonore, presque, pas besoin de réel accompagnement
bravo pour ce nouvel essai, transformé
tu m'as l'air d'avoir été le plus inspiré de tous par cette photo, dis ;-)
bravo pour ce nouvel essai, transformé
tu m'as l'air d'avoir été le plus inspiré de tous par cette photo, dis ;-)
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
À la première lecture, j'ai cru à un bon en arrière loin très loin pour retrouver des musiciens comme Bach.
Ton inspiration génère une lecture dynamique, brève, légère, voire insouciante.
Les mots qui accrochent ressemblent à ces faux piliers de décor de cinéma, autour desquels les enfants des figurants tournent autour en riant.
Et si tu as pour que les acteurs de ta Cour des miracles aient disparu, ouvre les portes l'une après l'autre, tu t'apercevras qu'ils sont présents, mais endormis.
Ton inspiration génère une lecture dynamique, brève, légère, voire insouciante.
Les mots qui accrochent ressemblent à ces faux piliers de décor de cinéma, autour desquels les enfants des figurants tournent autour en riant.
Et si tu as pour que les acteurs de ta Cour des miracles aient disparu, ouvre les portes l'une après l'autre, tu t'apercevras qu'ils sont présents, mais endormis.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
Merci à tous; j'aime bien connaître vos réactions, quelles qu'elles soient!
Bonne journée; je retourne à mes fourneaux.
Bonne journée; je retourne à mes fourneaux.
muzzo- Nombre de messages : 618
Age : 90
Localisation : Va savoir...!
Date d'inscription : 13/07/2008
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
Je viens de saisir l'astuce: come back! Bravo! c'est moi qui roupille ce matin!bertrand-môgendre a écrit:À la première lecture, j'ai cru à un bon en arrière loin très loin pour retrouver des musiciens comme Bach.
muzzo- Nombre de messages : 618
Age : 90
Localisation : Va savoir...!
Date d'inscription : 13/07/2008
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
Joli, oui, un bel équilibre dans la rédaction. Pas ennuyeux pour un sou.
Au plaisir de te lire encore dans ce registre.
Au plaisir de te lire encore dans ce registre.
Invité- Invité
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
O.K Panda.et merci d'avoir pris le temps de lire.
muzzo- Nombre de messages : 618
Age : 90
Localisation : Va savoir...!
Date d'inscription : 13/07/2008
Re: PHOTO COMMUNE : Street of the Arches
Musical et sympathique, oui, même si je n'arrive pas vraiment à saisir les notes de musique et à les ressentir. Il y a là un potentiel qui pourrait être retravaillé, développé, pour donner quelque chose de meilleur, de plus libre dans sa structure et ses tonalités. Un bon point de départ en tout cas et une manière agréable de revisiter cette photo en lui apportant une fraîcheur bienvenue.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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