See you in hell - roman
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See you in hell - roman
Excusez du titre anglais, je trouvais que malheureusement la traduction en français manquait de charme. Si quelque, au hasard de la lecture trouve un meilleur titre, sachez que je suis preneur !
Une petite introduction peut-être auparavant. Il s'agit d'un roman en cours d'écriture. J'ai pour l'instant déjà une vingtaine de pages à mon actif, et selon le peu de lecteur je m'améliore au fur et à mesure (ce qui est une façon agréable de dire que le début est nul sans doute). Je ne suis pas un crack de l'orthographe et il m'arrive - j'en ai honte - de laisser parfois une faute immonde. Relire dix fois le même texte ne m'empêche pas de ne pas réussir à les voir en général ^-^
Le thème principale est tourné autour du pacte avec le diable, une sorte de révision moderne de Faust. L'idée n'est pas des plus originales à la base. Toutefois, j'espère que le développement vous plaira. J'accueille plus que volontiers les critiques. Je ne peux que poster un chapitre à la fois, au vu de leurs longueurs respectives. Si cela vous plait, et même si ca vous plait pas, j'en suis au quatrième chapitre. Bonne lecture !
Prélude : Sur la rive de l'enfer.
“ L'enfer existe-t-il ?
C'est une question épineuse, aux nuances aussi variées que les cultures, et parfois même contradictoires. Pourtant ancré dans notre culture judéo-chrétienne, l'enfer reste un lieu énigmatique. Beaucoup d'historiens datent sa création du moyen-âge pour faire peur aux foules, et exercer une influence sur les masses. Pour d'autre, c'est un lieu imaginaire et imagé, symbole d'une souffrance sans limite. On retrouve toutefois la première trace écrite de ce lieu dans le nouveau testament, selon les interprétations.
L'enfer est la contre-partie du Paradis, de l'Eden. Et si ce dernier est habité par des esprits qu'on nomme anges, alors l'enfer est aussi habité par leurs opposants. Les anges déchus.
Le mot déchu est déjà en lui-même porteur de sens, à forte connotation péjorative. C'est une mauvaise interprétation de l'hébreu – nephilim veut dire géant. Il n'y a pas de déchéance en soi, c'est juste une descente du royaume des cieux sur terre. Ce dualisme existe mais ne se combat pas, c'est en équilibre. Selon certaines croyances, ils sont autorisés à tester l'humanité, et leurs tentations seraient donc justifiées.
Pourquoi sont-ils descendus ?
Les interprétations sont nombreuses et variés. Une rébellion aurait en tout cas eu lieu au sein de l'empire céleste. Lucifer, littéralement le porteur de lumière en latin, se serait révolté contre l'Autorité. Une partie des anges l'ont suivis. Cette bataille n'est pas très connue du grand publique. Toutefois, Lucifer échoua. Lui et les autres rebelles furent chassés d'en Haut pour arriver en Bas. D'après certaines traditions, ces nephilim parcouront la terre jusqu'au jugement dernier, semant la terreur sur leur sillage.
S'ils habitent la terre, est-ce que cela fait-il d'elle l'enfer ? Force est de constater que l'homme n'a pas besoin d'aide pour rendre la terre sinistre. Ils semblent tout aussi présents que leur contre-partie céleste. S'il existe une lutte manichéene, elle reste discrète. Elle a sans doute lieu dans un monde spirituel inaccessible bien qu'omniprésent.
Les nephilims parcourent peut-être la terre dans le coeur des gens, soufflant des idées noires, pactisant avec les bas instincts et incitant à la folie. L'enfer existerait alors en chacun d'entre nous, lorsque nous signons avec notre partie mauvaise un pacte à la Faust. Lorsque l'homme perd de son humanité. La seule lutte manichéenne, c'est celle de la conscience contre l'instinct et la perversion. En chacun d'entre nous vit un diable, comme dans les dessins animés. C'est paradoxale, et cruel, qu'une image aussi simpliste puisse si bien se rapprocher de la réalité des choses. Le seul test que l'être humain subit, c'est dans ses décisions. Dans ses choix.
Sarte avait tord, au fond.
L'Enfer, ce n'est pas les autres. L'Enfer c'est soi.” Extrait du mémoire de N. Gourile, étudiant en théologie.
Premier enfer : les regrets
Le matin même, monsieur Gourile se dirigea à son habitude au restaurant-cantine au village pour un copieux déjeuner « A la française » : croissants, pains au chocolat et confiture. Il avait sa place réservée, en bon client, à côté de la fenêtre qui donnait vue sur l’immensité de la mer d’Andaman. Il vivait, de par un leg paternel des plus confortables, dans une coquette maison de bois au sommet de l’unique falaise de l’île paradisiaque. N’ayant point besoin de s’occuper de problèmes bassement matériels qu’imposaient l’argent à la majorité des gens. Il coulait des jours tranquilles à lire et à étudier de grands auteurs.
En fait, en y réfléchissant, c’étaient des jours tranquilles, mais pas heureux. Il lui manquait quelque chose. Sans doute trouvait-il cette vie trop monotone, trop régulière. C’était dans ces pensées qu’il se perdait lorsque le bleu de ses yeux rencontrait le bleu de l’océan. Il mangea lentement, dégustant la nourriture. Son meilleur ami, et le seul avec lequel il avait gardé contact, passait le voir aujourd’hui. Son travail lui permettait de beaucoup voyager et même cette île merveilleuse, comme séparée de la réalité si désagréable, ne lui était pas inaccessible.
Son ami s’appelait Luc, et il avait été présent pour lui depuis la tragique mort de son père et les crises de folies qui sapèrent ensuite la santé mentale de sa mère. La pauvre ne s’était jamais remise du choc. Elle hurlait partout, en tout temps, que ce n’était pas un homme qui avait assassiné son mari. Elle croyait dure comme faire que c’était un suppôt de Satan. Quel dommage… De son vivant intellectuel elle était assez reconnue.
Luc avait été un frère, voir même un second père. Ses conseils étaient toujours avisées et sages, bien qu’il n’agissait que très rarement en personne. Il préférait enseigner qu’agir. Il se comparait souvent à un spectateur du monde, un observateur. Il laissait les jeunes héros en être les acteurs. Sans lui, Gourile aurait certainement été écrasé par le fardeau qui lui incombait.
Il fit signe à la jolie serveuse eurasienne de mettre le repas sur sa note puis il se leva dignement, remit consciencieusement sa chaise à sa place et se dirigea vers la sortie tout en resserrant son nœud de cravate rouge. Il tenait à être impeccable, le plus parfait possible, devant son tuteur et ami de toujours. Heureusement, il avait pensé à mettre son beau costard blanc ce matin.
Le rendez-vous avait lieu loin des regards indiscrets, à la lisière de la petite forêt de l’île. Il remarqua rapidement le chapeau de paille antique qui ne se séparait jamais de Luc. Il reconnaissait cet immonde couvre-chef poussiéreux et troué par endroit entre mille. Luc, vêtu d’une très voyante chemise hawaïenne, était assis sur un banc de bois, en train de feuilleter d’un air absent un journal anglais du continent.
‘Luc !’ Cria-t-il. ’Comment vas-tu vieux frère ?
- Le Dow Jones a chuté de deux pourcents hier. C’est l’apocalypse …’ Répliqua-t-il d’une voix absolument neutre malgré la soi-disant gravité de la situation. Son ami vint s’asseoir à son côté. Le banc soupira sa peine d’un craquement sonore.
‘… et puis Alina Kroukovitch sort avec James Isaac Burton. Tu sais, le joueur de basquet qui s’est reconvertit en acteur… Te rends-tu compte de l’ampleur de la catastrophe ?’ Continua Luc avec le même ton, le visage en apparence scandalisé.
‘ Pas vraiment, non.’ Répondit Gourile avec un sourire. La tête de Luc prit un ton rougeâtre. ‘Et tes affaires Luc, ça marche bien ?’
Luc haussa la tête de son journal. ‘Ah ça… Je suis sur quelques gros coups là. Des pigeons pas possibles. Ils vendraient père et mère pour se procurer mes services. Je vais les embobiner royalement.’ Déclara-t-il avec un petit sourire malfaisant. Ils en rirent de bon cœur. Puis Luc reprit sa lecture des résultats sportifs tandis que monsieur Gourile s’informait distraitement des nouvelles en première page. Luc reprit la parole.
‘ Au fait Napoléon, j’ai passé ton bonjour à ta mère...’
Napoléon se figea soudainement. Un sombre voile obscurcit sa face.
‘… Elle se porte comme un charme, à part ses délires. Elle t’a même tricoté une écharpe.’ Luc croisa le regard inquiet de son ami. ‘Tu ne devrais pas t’en faire pour elle, néanmoins je t’ai épargné d’apporter son tricot. Par cette chaleur.’
Napoléon ne l’écouta pas. Prit d’une passion subite, et pour le moins incompréhensible ; il lui arracha le journal des mains. Il regardait furieusement la première page. Sa mère ne semblait vraiment pas être son souci principal.
‘Oui je sais, James Burton est vraiment moche. Je ne sais pas ce qu’Alina, la beauté des Balkans, lui trouve.
- C’est lui.’ Murmura Napoléon en pointant une photo d’un article annexe. ‘J’en mettrais ma main au feu.’ Il serra les poings, abimant le papier qu’il tenait entre les mains.
‘ C’est lui qui quoi ?...’ Demanda nerveusement Luc, intrigué de ces agissements bizarroïdes.
Napoléon prit la photo et la mit devant Luc.
‘Dis moi tu ce que tu sais de lui. Vite.
- Il s’appelle Romain Geudes. Cinquante ans, célibataire. Il est portugais et richissime. Il est assez paranoïaque pour ne jamais quitter le bunker qu’il s’est construit il y a une vingtaine d’année. L’article parle d’une convocation au tribunal en tant que témoin à charge. On le dit très lié aux milieux maffieux.’ Napoléon se leva, et lui fit signe de continuer.
‘… On le surnomme le Dragon parce qu’il est passé maitre dans les effets pyrotechniques. Des gens sont mêmes persuadés qu’il peut réellement cracher du feu. Néanmoins, il ne faut pas y prêter attent…
- Arrête-toi.’ Naopéleon, croisa les bras et réfléchit quelques instants. Puis il demanda, un peu anxieux ‘ Il joue avec le feu ?
- Il était artificier avant de devenir riche. On ne sait pas trop comment il a fait fortune. D’étranges rumeurs circulent sur lui. Enfin, moi je ne m’approche plus des fous furieux, j’ai déjà eu le poil roussi à cause d’eux. Je ne plume plus que des pigeons en réalisant leur rêve de grandeur, que ce soit un palais de marbre rose ou une piscine olympique en forme de lapin. Ces types n’ont pas de rêves. Ils n’ont que des cauchemars et des remords. C’est pas sain de s’intéresser à lui.’ Il y avait une intonation presque maternelle dans sa voix.
‘Luc’ Commença Napoléon ‘C’est lui que j’ai vu la nuit où mon père est mort, où une grande partie de notre fortune s’est volatilisé.’ Il avait le regard fiévreux, les mains tellement crispées que les jointures étaient plus blanches que neiges. ‘Je ressasse cette maudite journée encore et encore, chaque nuit, chaque cauchemar y est dédié. Et cet homme… Il… J’ai entendu quelqu’un frapper à la porte dans la matinée. J’ai ouvert. Il était là. Il…’ Il respira un bon coup. ‘… m’a demandé si mon père habitait bien ici. Je lui ai dit que oui et que j’allais le chercher. Il a rigolé. Non, ce n’était pas vraiment un rire. C’était plus un cri de guerre. Et, il me répondit que non, il préférait lui faire une surprise ce soir et...’
Napoléon lâcha un sanglot. Luc l’interrompit et le prit par les épaules. ‘ Bloody Hell ! Ecoute-moi bien, fiston, même si c’est réellement lui le meurtrier tu ne pourras rien faire. Ce gars là a la conscience assez tranquille pour dormir avec plus de cent gardes du corps sous cinq mètres de béton armé. Je comprends que tu puisses être remué… c’est même normal. Le contraire eut été étonnant de la part d’un homme normalement constitué. Toutefois, des sections d’assaut entières du GIGN pourraient attaquer cette forteresse qu’ils risqueraient encore d’y laisser leur peau. Seul la Faucheuse ou le Diable en personne peut choper ce salopard là où il est.’
Napoléon se rassit sur le banc, désormais beaucoup plus calme. Il semblait avoir reprit ses esprits. Il y avait même une lueur dans son regard, comme une idée derrière la tête.
‘ A croire ma mère, c’est le Diable en personne qui a tué mon père. S’il se retranche c’est qu’il a peur d’un autre démon.
- Ta mère est folle. Tu te souviens de sa déclaration aux gendarmes ? Pas étonnant qu’elle fut internée. Bon…’ Il jeta un coup d’œil à sa montre, une fausse Rolex. Imitation thaïlandaise. ‘ C’est pas tout mais je dois prendre le dernier ferry pour le continent. J’ai du boulot pour ce soir. Ne fais pas de bêtise. Et à la prochaine !’ Il se leva et rajusta son chapeau de paille. Pour toute réponse, il n’eut qu’un murmure porté par le vent à ses oreilles.
‘Jusqu'à ce matin, je te croyais folle. Excuse-moi maman…’
Luc soupira. Il regarda une dernière fois son ami et jura mentalement qu’il avait un sourire au coin des lèvres. Instinctivement, Luc sourit aussi avant de disparaître dans la sombre forêt.
Napoléon se souvint de la fameuse déclaration. Une histoire hallucinante d’homme cracheur de feu et d’éclair. Elle parlait d’un pacte qu’elle avait vu dans le tiroir de son mari. Un parchemin écrit avec du sang. Un contrat avec le Diable en personne, comme dans Faust de Goethe. Et que c’était ce dernier qui était venu chercher son dû en emportant son mari aux portes des neufs enfers dans un torrent de lave.
‘… C’était moi qui fus trop fou pour ne pas te croire. Ce n’est heureusement plus le cas. Maintenant, je commence à comprendre.’
Il passa une main dans ses cheveux, remodelant sa chevelure. Puis il resserra sa cravate avant de crier au ciel assombrit de noirs nuages le poing levé.
‘Je vais nous venger, tous les deux. Je donnerais mon monde, ma vie, mon âme pour m’assurer que ce gars ne connaisse pas le repos éternel.’
Comme une colère divine, des éclairs éclatèrent dans un bruit assourdissant et des trombes d’eau tombèrent sur lui. Il resta stoïque et rajouta à l’attention de lui-même.
‘Ainsi soit-il.’
Une petite introduction peut-être auparavant. Il s'agit d'un roman en cours d'écriture. J'ai pour l'instant déjà une vingtaine de pages à mon actif, et selon le peu de lecteur je m'améliore au fur et à mesure (ce qui est une façon agréable de dire que le début est nul sans doute). Je ne suis pas un crack de l'orthographe et il m'arrive - j'en ai honte - de laisser parfois une faute immonde. Relire dix fois le même texte ne m'empêche pas de ne pas réussir à les voir en général ^-^
Le thème principale est tourné autour du pacte avec le diable, une sorte de révision moderne de Faust. L'idée n'est pas des plus originales à la base. Toutefois, j'espère que le développement vous plaira. J'accueille plus que volontiers les critiques. Je ne peux que poster un chapitre à la fois, au vu de leurs longueurs respectives. Si cela vous plait, et même si ca vous plait pas, j'en suis au quatrième chapitre. Bonne lecture !
Prélude : Sur la rive de l'enfer.
“ L'enfer existe-t-il ?
C'est une question épineuse, aux nuances aussi variées que les cultures, et parfois même contradictoires. Pourtant ancré dans notre culture judéo-chrétienne, l'enfer reste un lieu énigmatique. Beaucoup d'historiens datent sa création du moyen-âge pour faire peur aux foules, et exercer une influence sur les masses. Pour d'autre, c'est un lieu imaginaire et imagé, symbole d'une souffrance sans limite. On retrouve toutefois la première trace écrite de ce lieu dans le nouveau testament, selon les interprétations.
L'enfer est la contre-partie du Paradis, de l'Eden. Et si ce dernier est habité par des esprits qu'on nomme anges, alors l'enfer est aussi habité par leurs opposants. Les anges déchus.
Le mot déchu est déjà en lui-même porteur de sens, à forte connotation péjorative. C'est une mauvaise interprétation de l'hébreu – nephilim veut dire géant. Il n'y a pas de déchéance en soi, c'est juste une descente du royaume des cieux sur terre. Ce dualisme existe mais ne se combat pas, c'est en équilibre. Selon certaines croyances, ils sont autorisés à tester l'humanité, et leurs tentations seraient donc justifiées.
Pourquoi sont-ils descendus ?
Les interprétations sont nombreuses et variés. Une rébellion aurait en tout cas eu lieu au sein de l'empire céleste. Lucifer, littéralement le porteur de lumière en latin, se serait révolté contre l'Autorité. Une partie des anges l'ont suivis. Cette bataille n'est pas très connue du grand publique. Toutefois, Lucifer échoua. Lui et les autres rebelles furent chassés d'en Haut pour arriver en Bas. D'après certaines traditions, ces nephilim parcouront la terre jusqu'au jugement dernier, semant la terreur sur leur sillage.
S'ils habitent la terre, est-ce que cela fait-il d'elle l'enfer ? Force est de constater que l'homme n'a pas besoin d'aide pour rendre la terre sinistre. Ils semblent tout aussi présents que leur contre-partie céleste. S'il existe une lutte manichéene, elle reste discrète. Elle a sans doute lieu dans un monde spirituel inaccessible bien qu'omniprésent.
Les nephilims parcourent peut-être la terre dans le coeur des gens, soufflant des idées noires, pactisant avec les bas instincts et incitant à la folie. L'enfer existerait alors en chacun d'entre nous, lorsque nous signons avec notre partie mauvaise un pacte à la Faust. Lorsque l'homme perd de son humanité. La seule lutte manichéenne, c'est celle de la conscience contre l'instinct et la perversion. En chacun d'entre nous vit un diable, comme dans les dessins animés. C'est paradoxale, et cruel, qu'une image aussi simpliste puisse si bien se rapprocher de la réalité des choses. Le seul test que l'être humain subit, c'est dans ses décisions. Dans ses choix.
Sarte avait tord, au fond.
L'Enfer, ce n'est pas les autres. L'Enfer c'est soi.” Extrait du mémoire de N. Gourile, étudiant en théologie.
Premier enfer : les regrets
Le matin même, monsieur Gourile se dirigea à son habitude au restaurant-cantine au village pour un copieux déjeuner « A la française » : croissants, pains au chocolat et confiture. Il avait sa place réservée, en bon client, à côté de la fenêtre qui donnait vue sur l’immensité de la mer d’Andaman. Il vivait, de par un leg paternel des plus confortables, dans une coquette maison de bois au sommet de l’unique falaise de l’île paradisiaque. N’ayant point besoin de s’occuper de problèmes bassement matériels qu’imposaient l’argent à la majorité des gens. Il coulait des jours tranquilles à lire et à étudier de grands auteurs.
En fait, en y réfléchissant, c’étaient des jours tranquilles, mais pas heureux. Il lui manquait quelque chose. Sans doute trouvait-il cette vie trop monotone, trop régulière. C’était dans ces pensées qu’il se perdait lorsque le bleu de ses yeux rencontrait le bleu de l’océan. Il mangea lentement, dégustant la nourriture. Son meilleur ami, et le seul avec lequel il avait gardé contact, passait le voir aujourd’hui. Son travail lui permettait de beaucoup voyager et même cette île merveilleuse, comme séparée de la réalité si désagréable, ne lui était pas inaccessible.
Son ami s’appelait Luc, et il avait été présent pour lui depuis la tragique mort de son père et les crises de folies qui sapèrent ensuite la santé mentale de sa mère. La pauvre ne s’était jamais remise du choc. Elle hurlait partout, en tout temps, que ce n’était pas un homme qui avait assassiné son mari. Elle croyait dure comme faire que c’était un suppôt de Satan. Quel dommage… De son vivant intellectuel elle était assez reconnue.
Luc avait été un frère, voir même un second père. Ses conseils étaient toujours avisées et sages, bien qu’il n’agissait que très rarement en personne. Il préférait enseigner qu’agir. Il se comparait souvent à un spectateur du monde, un observateur. Il laissait les jeunes héros en être les acteurs. Sans lui, Gourile aurait certainement été écrasé par le fardeau qui lui incombait.
Il fit signe à la jolie serveuse eurasienne de mettre le repas sur sa note puis il se leva dignement, remit consciencieusement sa chaise à sa place et se dirigea vers la sortie tout en resserrant son nœud de cravate rouge. Il tenait à être impeccable, le plus parfait possible, devant son tuteur et ami de toujours. Heureusement, il avait pensé à mettre son beau costard blanc ce matin.
Le rendez-vous avait lieu loin des regards indiscrets, à la lisière de la petite forêt de l’île. Il remarqua rapidement le chapeau de paille antique qui ne se séparait jamais de Luc. Il reconnaissait cet immonde couvre-chef poussiéreux et troué par endroit entre mille. Luc, vêtu d’une très voyante chemise hawaïenne, était assis sur un banc de bois, en train de feuilleter d’un air absent un journal anglais du continent.
‘Luc !’ Cria-t-il. ’Comment vas-tu vieux frère ?
- Le Dow Jones a chuté de deux pourcents hier. C’est l’apocalypse …’ Répliqua-t-il d’une voix absolument neutre malgré la soi-disant gravité de la situation. Son ami vint s’asseoir à son côté. Le banc soupira sa peine d’un craquement sonore.
‘… et puis Alina Kroukovitch sort avec James Isaac Burton. Tu sais, le joueur de basquet qui s’est reconvertit en acteur… Te rends-tu compte de l’ampleur de la catastrophe ?’ Continua Luc avec le même ton, le visage en apparence scandalisé.
‘ Pas vraiment, non.’ Répondit Gourile avec un sourire. La tête de Luc prit un ton rougeâtre. ‘Et tes affaires Luc, ça marche bien ?’
Luc haussa la tête de son journal. ‘Ah ça… Je suis sur quelques gros coups là. Des pigeons pas possibles. Ils vendraient père et mère pour se procurer mes services. Je vais les embobiner royalement.’ Déclara-t-il avec un petit sourire malfaisant. Ils en rirent de bon cœur. Puis Luc reprit sa lecture des résultats sportifs tandis que monsieur Gourile s’informait distraitement des nouvelles en première page. Luc reprit la parole.
‘ Au fait Napoléon, j’ai passé ton bonjour à ta mère...’
Napoléon se figea soudainement. Un sombre voile obscurcit sa face.
‘… Elle se porte comme un charme, à part ses délires. Elle t’a même tricoté une écharpe.’ Luc croisa le regard inquiet de son ami. ‘Tu ne devrais pas t’en faire pour elle, néanmoins je t’ai épargné d’apporter son tricot. Par cette chaleur.’
Napoléon ne l’écouta pas. Prit d’une passion subite, et pour le moins incompréhensible ; il lui arracha le journal des mains. Il regardait furieusement la première page. Sa mère ne semblait vraiment pas être son souci principal.
‘Oui je sais, James Burton est vraiment moche. Je ne sais pas ce qu’Alina, la beauté des Balkans, lui trouve.
- C’est lui.’ Murmura Napoléon en pointant une photo d’un article annexe. ‘J’en mettrais ma main au feu.’ Il serra les poings, abimant le papier qu’il tenait entre les mains.
‘ C’est lui qui quoi ?...’ Demanda nerveusement Luc, intrigué de ces agissements bizarroïdes.
Napoléon prit la photo et la mit devant Luc.
‘Dis moi tu ce que tu sais de lui. Vite.
- Il s’appelle Romain Geudes. Cinquante ans, célibataire. Il est portugais et richissime. Il est assez paranoïaque pour ne jamais quitter le bunker qu’il s’est construit il y a une vingtaine d’année. L’article parle d’une convocation au tribunal en tant que témoin à charge. On le dit très lié aux milieux maffieux.’ Napoléon se leva, et lui fit signe de continuer.
‘… On le surnomme le Dragon parce qu’il est passé maitre dans les effets pyrotechniques. Des gens sont mêmes persuadés qu’il peut réellement cracher du feu. Néanmoins, il ne faut pas y prêter attent…
- Arrête-toi.’ Naopéleon, croisa les bras et réfléchit quelques instants. Puis il demanda, un peu anxieux ‘ Il joue avec le feu ?
- Il était artificier avant de devenir riche. On ne sait pas trop comment il a fait fortune. D’étranges rumeurs circulent sur lui. Enfin, moi je ne m’approche plus des fous furieux, j’ai déjà eu le poil roussi à cause d’eux. Je ne plume plus que des pigeons en réalisant leur rêve de grandeur, que ce soit un palais de marbre rose ou une piscine olympique en forme de lapin. Ces types n’ont pas de rêves. Ils n’ont que des cauchemars et des remords. C’est pas sain de s’intéresser à lui.’ Il y avait une intonation presque maternelle dans sa voix.
‘Luc’ Commença Napoléon ‘C’est lui que j’ai vu la nuit où mon père est mort, où une grande partie de notre fortune s’est volatilisé.’ Il avait le regard fiévreux, les mains tellement crispées que les jointures étaient plus blanches que neiges. ‘Je ressasse cette maudite journée encore et encore, chaque nuit, chaque cauchemar y est dédié. Et cet homme… Il… J’ai entendu quelqu’un frapper à la porte dans la matinée. J’ai ouvert. Il était là. Il…’ Il respira un bon coup. ‘… m’a demandé si mon père habitait bien ici. Je lui ai dit que oui et que j’allais le chercher. Il a rigolé. Non, ce n’était pas vraiment un rire. C’était plus un cri de guerre. Et, il me répondit que non, il préférait lui faire une surprise ce soir et...’
Napoléon lâcha un sanglot. Luc l’interrompit et le prit par les épaules. ‘ Bloody Hell ! Ecoute-moi bien, fiston, même si c’est réellement lui le meurtrier tu ne pourras rien faire. Ce gars là a la conscience assez tranquille pour dormir avec plus de cent gardes du corps sous cinq mètres de béton armé. Je comprends que tu puisses être remué… c’est même normal. Le contraire eut été étonnant de la part d’un homme normalement constitué. Toutefois, des sections d’assaut entières du GIGN pourraient attaquer cette forteresse qu’ils risqueraient encore d’y laisser leur peau. Seul la Faucheuse ou le Diable en personne peut choper ce salopard là où il est.’
Napoléon se rassit sur le banc, désormais beaucoup plus calme. Il semblait avoir reprit ses esprits. Il y avait même une lueur dans son regard, comme une idée derrière la tête.
‘ A croire ma mère, c’est le Diable en personne qui a tué mon père. S’il se retranche c’est qu’il a peur d’un autre démon.
- Ta mère est folle. Tu te souviens de sa déclaration aux gendarmes ? Pas étonnant qu’elle fut internée. Bon…’ Il jeta un coup d’œil à sa montre, une fausse Rolex. Imitation thaïlandaise. ‘ C’est pas tout mais je dois prendre le dernier ferry pour le continent. J’ai du boulot pour ce soir. Ne fais pas de bêtise. Et à la prochaine !’ Il se leva et rajusta son chapeau de paille. Pour toute réponse, il n’eut qu’un murmure porté par le vent à ses oreilles.
‘Jusqu'à ce matin, je te croyais folle. Excuse-moi maman…’
Luc soupira. Il regarda une dernière fois son ami et jura mentalement qu’il avait un sourire au coin des lèvres. Instinctivement, Luc sourit aussi avant de disparaître dans la sombre forêt.
Napoléon se souvint de la fameuse déclaration. Une histoire hallucinante d’homme cracheur de feu et d’éclair. Elle parlait d’un pacte qu’elle avait vu dans le tiroir de son mari. Un parchemin écrit avec du sang. Un contrat avec le Diable en personne, comme dans Faust de Goethe. Et que c’était ce dernier qui était venu chercher son dû en emportant son mari aux portes des neufs enfers dans un torrent de lave.
‘… C’était moi qui fus trop fou pour ne pas te croire. Ce n’est heureusement plus le cas. Maintenant, je commence à comprendre.’
Il passa une main dans ses cheveux, remodelant sa chevelure. Puis il resserra sa cravate avant de crier au ciel assombrit de noirs nuages le poing levé.
‘Je vais nous venger, tous les deux. Je donnerais mon monde, ma vie, mon âme pour m’assurer que ce gars ne connaisse pas le repos éternel.’
Comme une colère divine, des éclairs éclatèrent dans un bruit assourdissant et des trombes d’eau tombèrent sur lui. Il resta stoïque et rajouta à l’attention de lui-même.
‘Ainsi soit-il.’
Prometheus- Nombre de messages : 4
Age : 36
Date d'inscription : 29/07/2008
Re: See you in hell - roman
Je vais quand même vous laissez le deuxième chapitre parce que je trouve que c'est le plus aboutit pour l'instant
Deuxième enfer : les droits et les devoirs
Il esquissa un sourire, puis accueilli son infernal visiteur.
‘Bonsoir, je vous attendais.’
Un humanoïde à la peau d’un rouge sombre lui faisait face. L’horloge sonna dramatiquement les douze coups de minuit. Le démon, légèrement cornu et particulièrement bien habillé en costard noir et chemise blanche, dévoila des dents carnassières dans une étrange grimace. Napoléon baissa le son de la télévision, devant laquelle il s’était abrutit en attendant la visite nocturne. Le film, trait assez ironique de la vie, avait pour tout titre « See you in Hell ».
‘Tu m’as appelé, mortel ?’ La voix gronda comme un tonnerre, gutturale, profonde d’un abyme, caverneuse au-delà du possible.
‘Si l’on considère que souhaiter ta présence est un appel alors … oui je t’ai invoqué. J’avoue que jusqu’à ce matin je doutais encore de ton existence. Je trouvais abstrait le concept de personnification du mal absolu. Depuis, j’ai relu mes fiches…’ Il désigna une bible posée sur le bureau. Le démon tressailli. Cela fit plaisir à Napoléon. L’être en face de lui était vulnérable. Il continua ‘Je vous sers un verre monsieur ?
- Vodka. Lucifer ira très bien pour toi, petit vermisseau.’
Napoléon se leva et prit du bar une vieille bouteille poussiéreuse, à peine entamée. La vodka n’était pas son truc à lui, et cela expliquait pourquoi il n’y avait plus touché depuis longtemps, la poussière en témoignait. Il tendit le verre à son hôte qui s’en empara d’une main presque humaine, si l’on omettait la couleur et des plaques brunes qui glissaient sur la peau comme de l’huile sur de l’eau. Une terrible odeur de souffre, suffocante, se dégageait de tout son être. Elle n’était pas tellement dérangeante si l’ont faisait fi des envies alternantes entre vomir et gerber.
‘Lucifer, du latin « porteur de lumière ». Ange déchu. Vous aimez vous rappeler de votre passé céleste ?
- Pas tout à fait. Je n’approuve pas tout ce qui c’est passé, notamment ma défaite. Toutefois, j’aime rappeler qu’avant de régner en maitre absolu sur les abysses insondables des neufs enfers, j’étais un séraphin second en puissance qu’à un seul...’
Il soupira et leva son index en direction du plafond. Puis il termina ‘… d’ailleurs ce fut une des causes de mon bannissement.
- A ce sujet… j’ai entendu plusieurs versions. Certains parlent d’une grande rébellion que vous avez menée, une bataille épique contre les autres anges. Bataille que vous avez perdue. D’autres sources disent que c’est parce que vous avez refusez orgueilleusement de vous agenouiller devant Adam, ultime création divine, qu’on vous a déchu de vos droits. Certains théologiens vont même jusqu'à dire que c’était par respect envers un des dix commandements...
- J’aime bien entretenir un brin de mystère autour de ma personne. Et puis ca épate les filles.’
Une langue fourchue se glissa subitement entre ses dents pour vibrer dans l’air telle une corde de guitare. Napoléon posa prudemment l’hypothèse que c’était une blague. Il reprit légèrement la conversation sur une flatterie, une idée derrière la tête.
‘En tout cas il n’est nulle part mention de votre bon goût vestimentaire. Vos représentations sont souvent nues, ou piteusement habillées d’oripeaux voir de peau de bête.
- Je suis customisé pour le client...’ La langue ne sortit pas de son noir antre. Ce n’était pas une blague. ‘J’ai un intendant pour ma garde robe personnelle. J’apparais aux mortels tel qu’ils m’imaginent.’ Il se regarda un peu. Il tira sur son col d’un air satisfait. ‘ Ce qui dans ton cas est très flatteur. Je suis, pour toi, civilisé et distingué. Un peu businessman. Et comble de bonheur, je ne porte pas cet infâme bouc qu’on m’attribue que trop souvent.
- Content que mon imagination vous plaise. N’y a-t-il que la garde robe qui est personnalisée ? Ou est-ce que le service clientèle est encore plus complexifié ?
- Tu poses beaucoup de question, gamin. Pour la plupart des mortels, un petit démon mineur suffit. Moi, je ne me déplace que pour les grandes occasions.
- Qu’est ce qui fait de moi une grande occasion ?’ Demanda Napoléon, inquisiteur.
Il cherchait la logique derrière les paroles mielleuses. Il pensait que de par son ancien statut d’ange, Lucifer ne pouvait pas mentir. Il ne pouvait qu’omettre de parler de certaines choses, d’éluder les questions embarrassantes. Marchander avec le diable était dangereux. Il avançait avec précaution sur un terrain vraiment glissant.
Le visiteur se rapprocha de lui. Enfin, plutôt translater. Il se rapprochait sans marcher, comme s’il glissait sur un tapis roulant.
‘Ce que je te propose fera de toi une grande occasion, quoique tu en fasses.
- Nous y voilà n’est ce pas ? Le fameux pacte…
-C’est de cela dont il est question. En effet, contrairement aux petits diables je suis roi des enfers. A ce titre, je t’offre la possibilité de combler les gouffres de tes manques, de t’élever à la hauteur de tes désir, d’accomplir ton ambition la plus secrète. Dis moi, signe le pacte et j’exauce ton souhait le plus intime.
- Et quel en est le prix ? Mon âme ?’ Napoléon rit un peu à cette évocation. Il ne croyait pas aux contes de fée. Encore moins lorsque la fée en question était loin d’être sortie d’une histoire pour enfants. La contrepartie existait. La langue de Lucifer fourcha. Napoléon se demanda s’il venait de dire une blague.
‘Voyons, voyons ! C’est la même rengaine à chaque fois depuis que Goethe à écrit Faust. Tout le monde figure que ca marche comme ça. Un peu d’originalité que Diable !’
Il fut parcourut de spasmes tandis que sa langue ondulait à quelques centimètre de monsieur Gourile. Ce dernier ne bougea pas d’un sourcil. Il continua. ‘Je te demande juste une signature de ton sang à l’aide…’ La main droite de Lucifer tira d’une poche intérieur de sa veste une énorme plume d’oie, noire comme la nuit et pourtant impénétrable. Un artefact réellement malfaisant, il le sentait. ‘…de cette plume sur…’ Sa main gauche tira de son oreille un rouleau qui se révéla être un parchemin de vélin. Il avait l’air fraichement découpé, encore saignant de l’agneau et pourtant il avait déjà l’aspect séché d’un parchemin fini.’…ceci. Voilà, formule ton vœu et il s’écrira sur le papier. Avec une jolie signature tous tes rêves seront à toi. Tous.
- Pour quelqu’un qui vient de me demander de faire preuve d’imagination je trouve cela très classique. Vous venez de vous contredire.
- Je ne suis que contradiction. Je ne suis que vérité. Maintenant prends ce parchemin et signe. Je n’ai que faire de tes remarques. Le temps presse, j’ai d’autres occupations.’
Napoléon prit le papier entre ses mains. Il était glacé. Une sourde pulsation en sortait, tel un battement de cœur. Napoléon frissonna d’horreur lorsqu’il réalisa que c’était SON cœur qu’il entendait. Et son rythme cardiaque s’accélérait à cette pensée. Le contrat était vierge, à part une ligne et un symbole étrange, inconnu et pourtant si familier.
‘Qu’est-ce ?’ Demanda-t-il.
‘Ma co-signature. C’est un bail rédigé dans les règles de l’art, mon cher ! C’est du sérieux, le nec-plus-ultra. Giga-top méga funky cool man !’Lucifer lui fit un clin d’œil appuyé, assez grossier, avant de presser Napoléon à écrire d’un geste de la tête un rien insistant.
‘Il est aussi marqué, d’une jolie petite écriture de patte de mouche, que, je cite : « Le parti intéressé doit accepter les conditions d’utilisations. » Pourrais-je en prendre connaissance ?
- Oh des broutilles. Des limitations pour ne pas demander la lune. Bien qu’elle serait du plus bel effet sur ta cheminée, en l’occurrence. C’est surtout pour pas qu’il y ait de petits malins qui souhaitent avoir trois vœux de plus ou d’autre niaiserie. Si j’attrape celui qui a écrit le conte des milles et une nuit…’
Il détournait du sujet initial. La question le gênait. Napoléon décida d’enfoncer le clou.
‘Avant de signer un contrat je préfère lire toutes les conditions qui s’y rapportent. Ais-je le droit de demander son intégralité ?’
L’infernal visiteur grommela.’ On joue au plus fin avec moi ? Très bien… Oui tu en as le droit. Voici TOUTES les règles d’utilisation.’
Des tours entières d’ouvrage apparurent dans la pièce. Des centaines, peut-être même des milliers, de livres poussiéreux comblaient la salle. Napoléon fut naturellement très surpris. Il était hors de question de commencer à tout lire. Pourtant, mut par une étrange intuition il prit le livre le plus proche et l’ouvrit en son milieu. C’était écrit dans un anglais correct. Toutefois, les tournures de phrases étaient complexifiées de façon intentionnelle. Et la règle qu’il lut ne voulait strictement rien dire. La suivante, qui s’étala sur plusieurs pages, déclarait qu’on ne pouvait demander de changer la couleur de truffe des animaux à sang chaud si leur population était d’un nombre pair.
Napoléon réfléchit un moment, perturbé par cette dernière règle. Elle était vraiment absurde, parce qu’une population était une variable. Et de toute façon il doutait que quelqu’un prendrait le risque de marchander avec les neufs enfers pour juste changer la couleur de son caniche. Puis il eut comme une illumination, un éclair de clarté et de compréhension globale.
Cette règle n’en était pas vraiment une. On l’avait rajouté aux règles essentielles. Ce n’était qu’un camouflage habile pour protéger les vraies règles, perdues dans la masse, celles qui comptaient réellement. Aucun homme normal ne passerait un quart de sa vie comme moine bénédictin juste pour trouver ces règles, d’autant plus qu’elles étaient probablement crypté ou codifié. La masse gargantuesque d’information suffisait à préserver le mystère.
Or, cette protection n’était pas l’œuvre du hasard. C’était comme un jeu d’échec. Par un mouvement habile, Lucifer se protégeait. C’était un duel d’esprit, et Napoléon devait trouver un moyen de défoncer cette défense en béton. Il ne pouvait pas tout lire. C’était exclu.
Il ne pouvait pas abandonner non plus. Il se devait de trouver une faille. Elle devait exister, parce que Lucifer, lui aussi, faisait des erreurs.
Il leva les yeux vers ce dernier. Il souriait jusqu’aux oreilles. Une grimace impertinente, lourde de sens. Il pensait avoir gagné la partie. Sans doute que quelqu’un avait déjà demandé à voir les règles de par le passé et que, depuis, il avait développé sa méthode.
Un autre flash. Evidemment, pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Si les diables vivaient en phase avec le monde matériel, ils possédaient une dimension temporelle. Ils pouvaient, par conséquent, évoluer. S’adapter. Le fond restait le même mais la démarche se complexifiait. Napoléon sourit. Il l’avait trouvé.
La parade. (suite au prochain poste, c'était trop long ^-^')
Deuxième enfer : les droits et les devoirs
Il esquissa un sourire, puis accueilli son infernal visiteur.
‘Bonsoir, je vous attendais.’
Un humanoïde à la peau d’un rouge sombre lui faisait face. L’horloge sonna dramatiquement les douze coups de minuit. Le démon, légèrement cornu et particulièrement bien habillé en costard noir et chemise blanche, dévoila des dents carnassières dans une étrange grimace. Napoléon baissa le son de la télévision, devant laquelle il s’était abrutit en attendant la visite nocturne. Le film, trait assez ironique de la vie, avait pour tout titre « See you in Hell ».
‘Tu m’as appelé, mortel ?’ La voix gronda comme un tonnerre, gutturale, profonde d’un abyme, caverneuse au-delà du possible.
‘Si l’on considère que souhaiter ta présence est un appel alors … oui je t’ai invoqué. J’avoue que jusqu’à ce matin je doutais encore de ton existence. Je trouvais abstrait le concept de personnification du mal absolu. Depuis, j’ai relu mes fiches…’ Il désigna une bible posée sur le bureau. Le démon tressailli. Cela fit plaisir à Napoléon. L’être en face de lui était vulnérable. Il continua ‘Je vous sers un verre monsieur ?
- Vodka. Lucifer ira très bien pour toi, petit vermisseau.’
Napoléon se leva et prit du bar une vieille bouteille poussiéreuse, à peine entamée. La vodka n’était pas son truc à lui, et cela expliquait pourquoi il n’y avait plus touché depuis longtemps, la poussière en témoignait. Il tendit le verre à son hôte qui s’en empara d’une main presque humaine, si l’on omettait la couleur et des plaques brunes qui glissaient sur la peau comme de l’huile sur de l’eau. Une terrible odeur de souffre, suffocante, se dégageait de tout son être. Elle n’était pas tellement dérangeante si l’ont faisait fi des envies alternantes entre vomir et gerber.
‘Lucifer, du latin « porteur de lumière ». Ange déchu. Vous aimez vous rappeler de votre passé céleste ?
- Pas tout à fait. Je n’approuve pas tout ce qui c’est passé, notamment ma défaite. Toutefois, j’aime rappeler qu’avant de régner en maitre absolu sur les abysses insondables des neufs enfers, j’étais un séraphin second en puissance qu’à un seul...’
Il soupira et leva son index en direction du plafond. Puis il termina ‘… d’ailleurs ce fut une des causes de mon bannissement.
- A ce sujet… j’ai entendu plusieurs versions. Certains parlent d’une grande rébellion que vous avez menée, une bataille épique contre les autres anges. Bataille que vous avez perdue. D’autres sources disent que c’est parce que vous avez refusez orgueilleusement de vous agenouiller devant Adam, ultime création divine, qu’on vous a déchu de vos droits. Certains théologiens vont même jusqu'à dire que c’était par respect envers un des dix commandements...
- J’aime bien entretenir un brin de mystère autour de ma personne. Et puis ca épate les filles.’
Une langue fourchue se glissa subitement entre ses dents pour vibrer dans l’air telle une corde de guitare. Napoléon posa prudemment l’hypothèse que c’était une blague. Il reprit légèrement la conversation sur une flatterie, une idée derrière la tête.
‘En tout cas il n’est nulle part mention de votre bon goût vestimentaire. Vos représentations sont souvent nues, ou piteusement habillées d’oripeaux voir de peau de bête.
- Je suis customisé pour le client...’ La langue ne sortit pas de son noir antre. Ce n’était pas une blague. ‘J’ai un intendant pour ma garde robe personnelle. J’apparais aux mortels tel qu’ils m’imaginent.’ Il se regarda un peu. Il tira sur son col d’un air satisfait. ‘ Ce qui dans ton cas est très flatteur. Je suis, pour toi, civilisé et distingué. Un peu businessman. Et comble de bonheur, je ne porte pas cet infâme bouc qu’on m’attribue que trop souvent.
- Content que mon imagination vous plaise. N’y a-t-il que la garde robe qui est personnalisée ? Ou est-ce que le service clientèle est encore plus complexifié ?
- Tu poses beaucoup de question, gamin. Pour la plupart des mortels, un petit démon mineur suffit. Moi, je ne me déplace que pour les grandes occasions.
- Qu’est ce qui fait de moi une grande occasion ?’ Demanda Napoléon, inquisiteur.
Il cherchait la logique derrière les paroles mielleuses. Il pensait que de par son ancien statut d’ange, Lucifer ne pouvait pas mentir. Il ne pouvait qu’omettre de parler de certaines choses, d’éluder les questions embarrassantes. Marchander avec le diable était dangereux. Il avançait avec précaution sur un terrain vraiment glissant.
Le visiteur se rapprocha de lui. Enfin, plutôt translater. Il se rapprochait sans marcher, comme s’il glissait sur un tapis roulant.
‘Ce que je te propose fera de toi une grande occasion, quoique tu en fasses.
- Nous y voilà n’est ce pas ? Le fameux pacte…
-C’est de cela dont il est question. En effet, contrairement aux petits diables je suis roi des enfers. A ce titre, je t’offre la possibilité de combler les gouffres de tes manques, de t’élever à la hauteur de tes désir, d’accomplir ton ambition la plus secrète. Dis moi, signe le pacte et j’exauce ton souhait le plus intime.
- Et quel en est le prix ? Mon âme ?’ Napoléon rit un peu à cette évocation. Il ne croyait pas aux contes de fée. Encore moins lorsque la fée en question était loin d’être sortie d’une histoire pour enfants. La contrepartie existait. La langue de Lucifer fourcha. Napoléon se demanda s’il venait de dire une blague.
‘Voyons, voyons ! C’est la même rengaine à chaque fois depuis que Goethe à écrit Faust. Tout le monde figure que ca marche comme ça. Un peu d’originalité que Diable !’
Il fut parcourut de spasmes tandis que sa langue ondulait à quelques centimètre de monsieur Gourile. Ce dernier ne bougea pas d’un sourcil. Il continua. ‘Je te demande juste une signature de ton sang à l’aide…’ La main droite de Lucifer tira d’une poche intérieur de sa veste une énorme plume d’oie, noire comme la nuit et pourtant impénétrable. Un artefact réellement malfaisant, il le sentait. ‘…de cette plume sur…’ Sa main gauche tira de son oreille un rouleau qui se révéla être un parchemin de vélin. Il avait l’air fraichement découpé, encore saignant de l’agneau et pourtant il avait déjà l’aspect séché d’un parchemin fini.’…ceci. Voilà, formule ton vœu et il s’écrira sur le papier. Avec une jolie signature tous tes rêves seront à toi. Tous.
- Pour quelqu’un qui vient de me demander de faire preuve d’imagination je trouve cela très classique. Vous venez de vous contredire.
- Je ne suis que contradiction. Je ne suis que vérité. Maintenant prends ce parchemin et signe. Je n’ai que faire de tes remarques. Le temps presse, j’ai d’autres occupations.’
Napoléon prit le papier entre ses mains. Il était glacé. Une sourde pulsation en sortait, tel un battement de cœur. Napoléon frissonna d’horreur lorsqu’il réalisa que c’était SON cœur qu’il entendait. Et son rythme cardiaque s’accélérait à cette pensée. Le contrat était vierge, à part une ligne et un symbole étrange, inconnu et pourtant si familier.
‘Qu’est-ce ?’ Demanda-t-il.
‘Ma co-signature. C’est un bail rédigé dans les règles de l’art, mon cher ! C’est du sérieux, le nec-plus-ultra. Giga-top méga funky cool man !’Lucifer lui fit un clin d’œil appuyé, assez grossier, avant de presser Napoléon à écrire d’un geste de la tête un rien insistant.
‘Il est aussi marqué, d’une jolie petite écriture de patte de mouche, que, je cite : « Le parti intéressé doit accepter les conditions d’utilisations. » Pourrais-je en prendre connaissance ?
- Oh des broutilles. Des limitations pour ne pas demander la lune. Bien qu’elle serait du plus bel effet sur ta cheminée, en l’occurrence. C’est surtout pour pas qu’il y ait de petits malins qui souhaitent avoir trois vœux de plus ou d’autre niaiserie. Si j’attrape celui qui a écrit le conte des milles et une nuit…’
Il détournait du sujet initial. La question le gênait. Napoléon décida d’enfoncer le clou.
‘Avant de signer un contrat je préfère lire toutes les conditions qui s’y rapportent. Ais-je le droit de demander son intégralité ?’
L’infernal visiteur grommela.’ On joue au plus fin avec moi ? Très bien… Oui tu en as le droit. Voici TOUTES les règles d’utilisation.’
Des tours entières d’ouvrage apparurent dans la pièce. Des centaines, peut-être même des milliers, de livres poussiéreux comblaient la salle. Napoléon fut naturellement très surpris. Il était hors de question de commencer à tout lire. Pourtant, mut par une étrange intuition il prit le livre le plus proche et l’ouvrit en son milieu. C’était écrit dans un anglais correct. Toutefois, les tournures de phrases étaient complexifiées de façon intentionnelle. Et la règle qu’il lut ne voulait strictement rien dire. La suivante, qui s’étala sur plusieurs pages, déclarait qu’on ne pouvait demander de changer la couleur de truffe des animaux à sang chaud si leur population était d’un nombre pair.
Napoléon réfléchit un moment, perturbé par cette dernière règle. Elle était vraiment absurde, parce qu’une population était une variable. Et de toute façon il doutait que quelqu’un prendrait le risque de marchander avec les neufs enfers pour juste changer la couleur de son caniche. Puis il eut comme une illumination, un éclair de clarté et de compréhension globale.
Cette règle n’en était pas vraiment une. On l’avait rajouté aux règles essentielles. Ce n’était qu’un camouflage habile pour protéger les vraies règles, perdues dans la masse, celles qui comptaient réellement. Aucun homme normal ne passerait un quart de sa vie comme moine bénédictin juste pour trouver ces règles, d’autant plus qu’elles étaient probablement crypté ou codifié. La masse gargantuesque d’information suffisait à préserver le mystère.
Or, cette protection n’était pas l’œuvre du hasard. C’était comme un jeu d’échec. Par un mouvement habile, Lucifer se protégeait. C’était un duel d’esprit, et Napoléon devait trouver un moyen de défoncer cette défense en béton. Il ne pouvait pas tout lire. C’était exclu.
Il ne pouvait pas abandonner non plus. Il se devait de trouver une faille. Elle devait exister, parce que Lucifer, lui aussi, faisait des erreurs.
Il leva les yeux vers ce dernier. Il souriait jusqu’aux oreilles. Une grimace impertinente, lourde de sens. Il pensait avoir gagné la partie. Sans doute que quelqu’un avait déjà demandé à voir les règles de par le passé et que, depuis, il avait développé sa méthode.
Un autre flash. Evidemment, pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Si les diables vivaient en phase avec le monde matériel, ils possédaient une dimension temporelle. Ils pouvaient, par conséquent, évoluer. S’adapter. Le fond restait le même mais la démarche se complexifiait. Napoléon sourit. Il l’avait trouvé.
La parade. (suite au prochain poste, c'était trop long ^-^')
Prometheus- Nombre de messages : 4
Age : 36
Date d'inscription : 29/07/2008
Re: See you in hell - roman
(chapitre deux, suite et fin)
Lucifer se vantait d’être moderne. Et bien, en vertu des lois modernes…
‘J’exige un avocat.’
Son visiteur avala de travers. Visiblement surpris, et désorienté l’espace d’un instant. Il jetait des coups d’œil dans la pièce, apeuré. Il craignait peut-être une éminente catastrophe. Il se retourna brusquement.
La cheminée, purement décorative sous ces latitudes, brillait d’un rouge intense. Des volutes grisâtres en sortaient. Napoléon se demanda un instant quels démons il avait invoqué dans son inconscience. Une silhouette humaine, cornue, en sortit.
‘Et merde. Pas lui…’ Murmura Lucifer, visiblement irrité.
L’inconnu, en toge noir de juriste et portant une perruque blanche d’où sortaient deux cornes recourbées, ressemblait presqu’entièrement à un être humain. Seule sa tête de bouc était, et c’est le moins qu’on pouvait dire, anormale. Il se présenta, toutefois, d’une belle voix.
‘Adramalech, ancienne divinité Sumérienne souvent associée au Moloch-Baal, Président du Sénat Infernal, Chancelier des Limbes…’ Lucifer murmurait tout seul, dans son coin, d’étranges insultes inaudibles bien que fortement compréhensible. ‘…Ecuyer de L’Ordre du Chaos, second rang bien sûr…’ Ajouta-t-il avec un large sourire à un public invisible. ‘… suite à des actions de bravoure, Intendant de la garde robe de Lucifer le Perfide…’
Mortel échange de regard. Napoléon devina aisément une haine entre les deux entités. Puis, il l’a constata. Nul besoin de rester aux suppositions lorsque Lucifer fit « le signe de la victoire à un doigt ».
‘… et avocat du Diable à ses heures.’ Et devant le regard un peu inquiet de Napoléon il lui ajouta ‘Exceptionnellement chargé de la défense bien sûr. La règle 54 678.a bis de la troisième version éditée autorise la présence d’un avocat des enfers si ce dernier est consentant. Il est alors commis d’office.
- Je le savais que j’aurais du faire plus attention à ces foutues règles. Toutefois, à l’époque, je ne savais pas que ce zouave avait pris des cours du soir, entre deux actes non-bénévole. C’est le seul avocat d’en bas. La règle était inutile tant qu’il n’y avait pas d’avocat. Mais non ! Non ! Monsieur le chancelier de troisième ordre des chaussettes pourries dont je m’en contrefous voulait absolument s’opposer à moi et s’est incarné sur terre pour suivre une formation de juriste. En plus, il est nul comme avocat.
- J’accuse la partie adverse de propos calomnieux. J’accuse la partie adverse de cacher à mon client ses droits. J’accuse…
- Ca va aller le Zola… Non vraiment j’apprécie mais…’ L’interrompit brusquement Napoléon. ‘… j’aimerais qu’on retourne à notre affaire. Dans l’immédiat c’est ce qui m’intéresse au plus haut point. La littérature des enfers pourra attendre un petit siècle de plus. J’aimerais connaître mes droits.
- Très bien…’ L’avocat, un peu malheureux de n’avoir pas put terminer son réquisitoire longuement préparé continua sur un ton très professionnel. ‘ J’ai passé trente ans à potasser ces règles. Je peux en faire un résumé assez concret. En passant un pacte avec un des princes des enfers, dont Lucifer fait partie, vous vous exposez surtout à un changement d’état. Vous n’êtes plus considéré comme humain. Vous devenez, en quelques sortes, un « Faucheur ». Toutes les personnes que vous tuerez iront droit aux enfers. De même, le temps aura moins d’impact sur votre corps, allongeant votre longévité et votre vitalité. C’est la première règle.
La deuxième règle est l’octroi d’un pouvoir à votre personne afin de servir votre but. Le choix du pouvoir est entièrement laisser sous l’autorité du prince avec qui le pacte est passé.
La troisième règle oblige les enfers à accepter des conditions exigées par l’invocateur du prince. La quatrième et ultime règle donne le plein pouvoir au prince sur une personne « Fauché ».’
Après ce monologue, Napoléon resta un moment sans voix. Il réfléchissait. Il se leva et fit les cents pas.
Puis il posa une question au Prince Lucifer. ‘Combien de contrats avez-vous signé ? Avez-vous une limite à leur nombre ?’
L’interrogé haussa les épaules.
L’homme-chèvre prit les devants et répondit à sa place. ‘Lucifer ne peut proposer que sept pactes, la même nuit, et ce tous les treize ans.
- Ce qui fait sept faucheurs potentiels, n’est-ce pas ?
- Absolument ! Vous êtes vraiment futé monsieur. Vous savez, vous n’êtes que le second à m’avoir appelé depuis que je suis avocat. Peu de personnes ont réussi à berner le prince aussi loin. Et votre analyse est la plus poussée que j’ai pu rencontrée personnellement.’ répondit Adramalech, exultant de la déconfiture de son prince. Les démons étaient divisées, à Napoléon de régner. Le chancelier continua ‘ Si vous voulez un pouvoir particulier, vous pouvez vous arranger pour l’obtenir si les clauses du contrat sont suffisamment bien restrictives.
- Merci mais… non merci. En fait…’ Il afficha un sourire audacieux et malfaisant. ‘je n’ai pas besoin de ça. Cher prince des ténèbres, au lieu du pacte, nous allons faire, tous les deux, un pari.’
Les deux démons firent des yeux ronds devant cette étrange proposition.
‘ Toutefois, avant de le formuler, je veux qu’il soit marqué comme clause que ni vous, ni aucun démon, diable, possédé, créature inhumaine n’interviennent directement lors de la prochaine année si je ne l’autorise pas préalablement personnellement, pleinement conscient de mes actes et pensées et agissant par ma seule et unique volonté. Compris ?
Alors écoute attentivement, Hérault des enfers, ce que je désire le plus au monde…’
Lucifer se vantait d’être moderne. Et bien, en vertu des lois modernes…
‘J’exige un avocat.’
Son visiteur avala de travers. Visiblement surpris, et désorienté l’espace d’un instant. Il jetait des coups d’œil dans la pièce, apeuré. Il craignait peut-être une éminente catastrophe. Il se retourna brusquement.
La cheminée, purement décorative sous ces latitudes, brillait d’un rouge intense. Des volutes grisâtres en sortaient. Napoléon se demanda un instant quels démons il avait invoqué dans son inconscience. Une silhouette humaine, cornue, en sortit.
‘Et merde. Pas lui…’ Murmura Lucifer, visiblement irrité.
L’inconnu, en toge noir de juriste et portant une perruque blanche d’où sortaient deux cornes recourbées, ressemblait presqu’entièrement à un être humain. Seule sa tête de bouc était, et c’est le moins qu’on pouvait dire, anormale. Il se présenta, toutefois, d’une belle voix.
‘Adramalech, ancienne divinité Sumérienne souvent associée au Moloch-Baal, Président du Sénat Infernal, Chancelier des Limbes…’ Lucifer murmurait tout seul, dans son coin, d’étranges insultes inaudibles bien que fortement compréhensible. ‘…Ecuyer de L’Ordre du Chaos, second rang bien sûr…’ Ajouta-t-il avec un large sourire à un public invisible. ‘… suite à des actions de bravoure, Intendant de la garde robe de Lucifer le Perfide…’
Mortel échange de regard. Napoléon devina aisément une haine entre les deux entités. Puis, il l’a constata. Nul besoin de rester aux suppositions lorsque Lucifer fit « le signe de la victoire à un doigt ».
‘… et avocat du Diable à ses heures.’ Et devant le regard un peu inquiet de Napoléon il lui ajouta ‘Exceptionnellement chargé de la défense bien sûr. La règle 54 678.a bis de la troisième version éditée autorise la présence d’un avocat des enfers si ce dernier est consentant. Il est alors commis d’office.
- Je le savais que j’aurais du faire plus attention à ces foutues règles. Toutefois, à l’époque, je ne savais pas que ce zouave avait pris des cours du soir, entre deux actes non-bénévole. C’est le seul avocat d’en bas. La règle était inutile tant qu’il n’y avait pas d’avocat. Mais non ! Non ! Monsieur le chancelier de troisième ordre des chaussettes pourries dont je m’en contrefous voulait absolument s’opposer à moi et s’est incarné sur terre pour suivre une formation de juriste. En plus, il est nul comme avocat.
- J’accuse la partie adverse de propos calomnieux. J’accuse la partie adverse de cacher à mon client ses droits. J’accuse…
- Ca va aller le Zola… Non vraiment j’apprécie mais…’ L’interrompit brusquement Napoléon. ‘… j’aimerais qu’on retourne à notre affaire. Dans l’immédiat c’est ce qui m’intéresse au plus haut point. La littérature des enfers pourra attendre un petit siècle de plus. J’aimerais connaître mes droits.
- Très bien…’ L’avocat, un peu malheureux de n’avoir pas put terminer son réquisitoire longuement préparé continua sur un ton très professionnel. ‘ J’ai passé trente ans à potasser ces règles. Je peux en faire un résumé assez concret. En passant un pacte avec un des princes des enfers, dont Lucifer fait partie, vous vous exposez surtout à un changement d’état. Vous n’êtes plus considéré comme humain. Vous devenez, en quelques sortes, un « Faucheur ». Toutes les personnes que vous tuerez iront droit aux enfers. De même, le temps aura moins d’impact sur votre corps, allongeant votre longévité et votre vitalité. C’est la première règle.
La deuxième règle est l’octroi d’un pouvoir à votre personne afin de servir votre but. Le choix du pouvoir est entièrement laisser sous l’autorité du prince avec qui le pacte est passé.
La troisième règle oblige les enfers à accepter des conditions exigées par l’invocateur du prince. La quatrième et ultime règle donne le plein pouvoir au prince sur une personne « Fauché ».’
Après ce monologue, Napoléon resta un moment sans voix. Il réfléchissait. Il se leva et fit les cents pas.
Puis il posa une question au Prince Lucifer. ‘Combien de contrats avez-vous signé ? Avez-vous une limite à leur nombre ?’
L’interrogé haussa les épaules.
L’homme-chèvre prit les devants et répondit à sa place. ‘Lucifer ne peut proposer que sept pactes, la même nuit, et ce tous les treize ans.
- Ce qui fait sept faucheurs potentiels, n’est-ce pas ?
- Absolument ! Vous êtes vraiment futé monsieur. Vous savez, vous n’êtes que le second à m’avoir appelé depuis que je suis avocat. Peu de personnes ont réussi à berner le prince aussi loin. Et votre analyse est la plus poussée que j’ai pu rencontrée personnellement.’ répondit Adramalech, exultant de la déconfiture de son prince. Les démons étaient divisées, à Napoléon de régner. Le chancelier continua ‘ Si vous voulez un pouvoir particulier, vous pouvez vous arranger pour l’obtenir si les clauses du contrat sont suffisamment bien restrictives.
- Merci mais… non merci. En fait…’ Il afficha un sourire audacieux et malfaisant. ‘je n’ai pas besoin de ça. Cher prince des ténèbres, au lieu du pacte, nous allons faire, tous les deux, un pari.’
Les deux démons firent des yeux ronds devant cette étrange proposition.
‘ Toutefois, avant de le formuler, je veux qu’il soit marqué comme clause que ni vous, ni aucun démon, diable, possédé, créature inhumaine n’interviennent directement lors de la prochaine année si je ne l’autorise pas préalablement personnellement, pleinement conscient de mes actes et pensées et agissant par ma seule et unique volonté. Compris ?
Alors écoute attentivement, Hérault des enfers, ce que je désire le plus au monde…’
Prometheus- Nombre de messages : 4
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Date d'inscription : 29/07/2008
Re: See you in hell - roman
Si c'est une parodie ou une comédie, il faudrait que tu y injecte plus d'humour. Je m'ennuie ferme à te lire, avis tout personnel bien entendu.
L'écriture est agréable.
L'écriture est agréable.
Invité- Invité
Re: See you in hell - roman
ça me semble bien laborieux tout ça
l'intro ne me paraît pas très utile
quant à l'idée, bon, ok, c'est un peu différent de ce qu'on a déjà pu lire, mais du coup je trouve ça un peu "déséquilibré" car ça oscille entre du vrai déjanté et des phases presque trop sérieuses, tu vois ?
mais je ne saurais guère te conseiller plus que ça pour améliorer, non, je ne vois pas trop
en tout cas, tu prends plaisir à écrire, ça transpire du texte
l'intro ne me paraît pas très utile
quant à l'idée, bon, ok, c'est un peu différent de ce qu'on a déjà pu lire, mais du coup je trouve ça un peu "déséquilibré" car ça oscille entre du vrai déjanté et des phases presque trop sérieuses, tu vois ?
mais je ne saurais guère te conseiller plus que ça pour améliorer, non, je ne vois pas trop
en tout cas, tu prends plaisir à écrire, ça transpire du texte
Re: See you in hell - roman
Le prélude ressemble davantage à un essai avorté qu'à un préambule de roman; il me semble qu'il faudrait qu'il présente la suite ou en tout cas donne quelques lignes afin d'apprécier ce qui suivra. Mais là, ça ressemble à un énoncé de quelques idées déjà trop souvent vues et pas forcément bien développées.
Ensuite, je ne suis pas fan de ce mode narratif, trop détaillé, trop descriptif, qui raconte une ou plusieurs scènes sur un mode linéaire qui empêche le lecteur de vraiment s'imprégner des lieux et des personnages.
Je n'arrive pas à palper ces gens, à leur trouver une âme ou une émotion, il y a quelque chose qui sonne faux, notamment dans ces dialogues entre deux êtres présentés comme de bons amis.
Pas mal de pistes ouvertes, d'idées abordées ou esquissées mais très peu d'aboutissement en fait; ce manque d'achèvement induit une confusion certaine qui ne me permet pas d'apprécier sa texte à la valeur qui est peut-être la sienne.
Sans parler de la caricature qui pointe le bout de son nez de ci de là et aussi un peu d'ennui de temps à autre.
Tu navigues entre humour (pas réussi) et sérieux (pas réussi non plus) sans trouver la place de ce texte.
Je repense à "Dialogues avec Satan" de Coudray, lu récemment, qui devrait peut-être t'inspirer.
PS: à défaut de trouver les fautes toi-même quand tu te relis (c'est le cas de tout le monde, souvent), ça vaudrait la peine que quelqu'un d'autre te relise, histoire d'évacuer avant postage un tas de coquilles :-)
Ensuite, je ne suis pas fan de ce mode narratif, trop détaillé, trop descriptif, qui raconte une ou plusieurs scènes sur un mode linéaire qui empêche le lecteur de vraiment s'imprégner des lieux et des personnages.
Je n'arrive pas à palper ces gens, à leur trouver une âme ou une émotion, il y a quelque chose qui sonne faux, notamment dans ces dialogues entre deux êtres présentés comme de bons amis.
Pas mal de pistes ouvertes, d'idées abordées ou esquissées mais très peu d'aboutissement en fait; ce manque d'achèvement induit une confusion certaine qui ne me permet pas d'apprécier sa texte à la valeur qui est peut-être la sienne.
Sans parler de la caricature qui pointe le bout de son nez de ci de là et aussi un peu d'ennui de temps à autre.
Tu navigues entre humour (pas réussi) et sérieux (pas réussi non plus) sans trouver la place de ce texte.
Je repense à "Dialogues avec Satan" de Coudray, lu récemment, qui devrait peut-être t'inspirer.
PS: à défaut de trouver les fautes toi-même quand tu te relis (c'est le cas de tout le monde, souvent), ça vaudrait la peine que quelqu'un d'autre te relise, histoire d'évacuer avant postage un tas de coquilles :-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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