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Après une hésitation, un tour de piste...

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Message  mirabelle Dim 5 Oct 2008 - 14:41

Il était un début de roman écrit en 2004 et d'un homme amoureux qui tomba dessus et pria son auteur de continuer l'histoire. L'auteur en question avait abandonné la plume et se remit à la tâche.
L'auteur en question écrit à la mitrailleuse et a encore un peu de mal, réveillée après un si long sommeil. Bon, est-ce que l'homme amoureux a raison de vouloir que je continue mon histoire ?



Devant elle, des kilomètres.. La prochaine sortie sera la bonne. Arrivée à destination.

L’immensité de la route l’avale, elle, toute entière. Elle éprouve une sorte de vertige, en y repensant. Toute sa vie tient dans deux males et une valise. Elle s’est limitée à l’essentiel, le strict minimum, pour pouvoir revenir dès qu’elle le pourra.

D’ailleurs, elle sait quand elle reviendra au point de départ, là bas, à 1200 kms. Lorsqu’ils auront terminé la tournée. Et puis, elle reprendra, elle, peut-être. Elle ne sait plus. Les paysages qui défilent ne lui répondent pas.

Elle connaît la peur au ventre. Elle se souvient des départs en urgence, des réveils en sursaut à la sonnerie du téléphone, les rêves semi-éveillés, allongée sur une banquette de fortune, dans le hall d’un aéroport…

Elle sourit. Au moment où la pression atteignait le summum, elle se sentait portée, invincible, la clé de voûte de tout cela, celle qui allait propager la douce rumeur. Et lorsque le combat était perdu d’avance, elle rameutait les troupes, en promettant d’autres victoires, en les rassurant sur leurs forces, sur la bataille féroce, et le dernier match, le prochain, celui qui suit qui sera encore meilleur . Elle promettait ce discours aux gagnants également.

Elle n’était plus journaliste dans un stade, elle ne relatait plus les faits, elle devenait anthropologue, sociologue, arbitre puisque son statut lui interdisait de prendre parti. Autant piper les dés. Et même s’il lui arrivait d’établir des pronostics, elle se laissait porter, emporter, par l’enthousiasme, par les minutes d’angoisse qui précèdent le coup de sifflet final, par l’apothéose.

Y a-t-il une apothéose au cirque ? Y a-t-il deux bonshommes qui se rongent les ongles sur un banc ?

Elle y était sur le banc, c’est pour cette raison qu’elle avait décrété un beau matin le congé sabbatique, après l’attentat. Elle en avait marre de passer du sourire aux larmes, de voir au milieu de la foule un voile se dessiner, comme un regret, et de deviner dans le regard de ses interlocuteurs habituels la même phrase « la pauvre… »

L’attentat. Elle n’a pas envie d’en parler, pas envie de s’en souvenir. Seules les cicatrices sur son corps en témoignent, cicatrices qui cohabitent avec ses tatouages, quelques tribaux sur ses avant-bras et surtout un dragon dont la tête est lovée entre ses omoplates. L’attentat atteinte à son intégrité, à cette vie si bien rangée, réglée comme une partition qui n’attendait que d’être jouée. L’attentat, date de sa renaissance psychique.

Elle a pris le cirque, comme d’autres le maquis. Ou le large. Sans doute les deux. Surtout pour que ses rêves ne se teintent plus de sang, elle y croit, à la thérapie de l’éloignement, contrairement au psy qu’elle avait consulté, suite au désastre et à son mutisme de quelques jours, abasourdie et assommée par l’explosion du colis piégé dans le Strassenbahn qui devait la ramener chez elle.

Le silence, sa boîte de Pandore. Silence de mort. Ce voyage au bout de la nuit, au bout d’elle-même. Ce n’est plus le véhicule qui emprunte la route, mais sa pensées, sa mémoire qui conduit. Elle interroge les arbres, les pancartes, image les « et si » et les « si j’avais su ». D’ailleurs, pourquoi elle, pourquoi ce jour-là en ce lieu ?

De temps en temps, elle s’arrête pour dormir. Les sens sont aux aguets, comme dans les premiers temps, après l’apocalypse. Esquisse esquive, pour ne pas céder à la folie, à la violence. Prendre la route. Au bout, l’attend une toile ouverte à tous les vents.

Est-ce la fin du chemin ? Douce agonie que puisse offrir un cirque.
Juste une fin de cycle. Un tour de piste et ce sera balayé, aspiré, oublié. Elle sera au cœur de l’arène. Plus question de se faire la malle, elle ouvre la route, elle aura un tour d’avance sur la piste aux étoiles. Elle prépare le terrain.

Avant-courrier, avant-garde, avant-centre. Peu importe. Cela lui convient.
Les errances qui l’ont conduite ici, elle compte les enterrer avec la sédentaire qu’elle est. Se construire une nouvelle identité, avec les restes de la précédente.

D’ailleurs, Schérazade, quel drôle de prénom, surtout quand les apparences sont si trompeuses ! Elle tenait ce prénom de sa mère, fidèle lectrice des mille et une nuits, et de son père, qui ne l’étant pas, avait déformé le prénom originel en la déclarant à l’Etat Civil Berlinois, là où sa famille à lui était installée depuis 12 générations.
Elle n’a rien d’une princesse, pas de fées penchées sur son berceau, pas d’histoires plein la tête. Une môme ordinaire. Une douce petite fille perdue dans un monde d’adulte. Poupée au teint de porcelaine armée pour la vie. Elle a grandi à proximité de la caserne où officiait son père, elle a le souvenir des vastes couloirs, dédales sans fin. Elle en gardait un goût particulier pour l’action, l’ordre et les sports de combat, elle aimait un peu moins l’idée de hiérarchie, c’était la tête brûlée du duo familial, son père et elle, sa mère ayant déserté dès sa naissance.

Elle se retrouve à des kilomètres de là, 30 ans plus tard, en pleine nuit, sur une route inconnue.
Suivre son chemin. Tracer sa route. L’héritage calviniste de la branche paternelle, sans doute.
Se perdre…Le sentiment d’errance, entre deux eaux, à la suite de l’attentat. Elle balance entre ciel et terre, entre haine et dédain, entre crainte et joie. La folie douce de sentir encore le soleil caresser sa joue, de se mouvoir dans un décor, de jouer à vivre et de s’immobiliser, tout d’un coup, sans raisons apparentes.



L’histoire s’était passée en deux temps.

Echouée sur un quai, un matin de mai. Un printemps si paisible, au cœur de la capitale, à proximité de la porte de Brandebourg. Venait de s’achever une rencontre magistrale, l’événement de la saison, entre les deux leaders du championnat, deux sœurs ennemies, et la vague l’avait submergée dans les vestiaires. Elle était fière. Fière de son métier.

Et puis la claque. Le chaos. Le caractère imprévisible de l’attaque. L’éternité la submerge durant quelques secondes, elle hésite entre se croire immortelle ou déjà partie. Et puis, l’incompréhension, qui se remplace vite par le dénis, l’interdit. Comment y croire ? Comment se persuader qu’on restait vivante après avoir connu cela ? Ce n’était pas possible, ce n’est pas vrai, elle n‘avait pas pu connaître cela, pas ici, pas en plein cœur de Berlin.

Son corps paraissait si solide, comme celui des gymnastes qu’elle côtoyait dans le cadre de son boulot, mais son cœur rompait sous le poids de la culpabilité. Coupable d’être vivante. Peine à perpétuité. C’est ce qu’elle a de gravé dans son cœur et dans sa chair, peint à l’encre indélébile. Elle avait commencé par un tatouage maori, à sa sortie de l ‘hôpital, puis elle avait continué. Drôle de thérapie pensait le psy qui la suivit pendant quelques semaines.

Puis vient cette proposition de sa vieille amie Eliza, une gymnaste de l’Equipe de France qu’elle avait connue il y a près de 10 ans, lors des championnats du monde de Budapest. Elle lui demandait d’assurer le rôle d’attachée de presse du cirque familial dont elle venait d’hériter. Elle n’avait pas longtemps hésité entre les murs gris berlinois et les couleurs chatoyantes d’un tableau de Georges Seurat.

Elle s’arrête au point de rendez-vous. Elle laisse sa voiture à l’orée du chemin bordé de platanes, elle n’est pas sûre d’être arrivée au bon endroit. Une pancarte indique un lieu-dit « le vallon ». Elle contacte Eliza sur son portable, lui laisse un message tout en marchant.
Ce qu’elle voit dans un champs à 200 mètres de là lui confirme qu’elle y est. Une bulle géante, blanche, dont on voyait les acteurs par transparence, comme un théâtre d‘ombres chinoises géant.

Un cirque. Elle était restée sur le chapiteau rouge et bleu de son enfance, un truc qui passait près du Kindergarten et où on avait emmené les marmots voir la ménagerie et le spectacle. Elle se souvient avoir colorié un lion en bleu. Pourquoi bleu ? lui avait demandé l’institutrice. Elle avait haussé les épaules et répondu dans son babil d’enfant « parce que c’est comme ça ». A vrai dire, le lion n’était pas vraiment jaune, pas vraiment orange, pas vraiment brun, le bleu résolvait la totalité de son dilemme. Elle ne se souvenait plus de la ménagerie, hormis des chevaux, ce qui l’avait marqué, c’était les acrobates et les costumes. Son père date de cette visite la passion de Schérazade pour le sport.
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Message  Invité Dim 5 Oct 2008 - 15:17

Surtout je ne voudrais pas vous décourager... Si vous avez envie de continuer à écrire, il faut le faire ! J'ai remarqué un goût pour la langue et une écriture maîtrisée.

Cela dit, le sujet ne m'intéresse pas et la manière de le présenter ne m'a pas permis de surmonter ce manque d'intérêt ; le côté "éclaté" de la narration notamment m'a gênée, ce passage continuel d'un moment à un autre dans la vie de la narratrice. Mais je reconnais que c'est adapté au sujet, puisqu'on va assister, ai-je l'impression, à la reconstruction d'une femme.

Par ailleurs, je trouve que parfois vous ne résistez pas à des maniérismes un peu faciles qui ont tendance à m'agacer quand je les remarque dans un texte (mais cela m'est tout personnel) :
"elle se laissait porter, emporter"
"Ce voyage au bout de la nuit, au bout d’elle-même"
"Esquisse esquive"
"C’est ce qu’elle a de gravé dans son cœur et dans sa chair"

"Elle tenait ce prénom de sa mère, fidèle lectrice des mille et une nuits, et de son père, qui ne l’étant pas, avait déformé le prénom originel en la déclarant à l’Etat Civil Berlinois, là où sa famille à lui était installée depuis 12 générations." (ça, honnêtement, je m'en fiche ; à mon avis l'information n'est pas bien amenée)

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Message  mentor Lun 6 Oct 2008 - 21:03

Une belle écriture, du vocabulaire, presque un style
un peu ampoulé parfois, surtout dans la première moitié, après ça devient plus "simple" sans être simplet loin de là
Difficile dans ce début d'histoire de vraiment s'attacher à l'héroîne, et à l'histoire elle-même. Il manque quelque chose, je ne sais pas bien quoi
Mais il serait dommage d'interrrompre là car visiblement tu prends plaisir à écrire, alors si tu as la suite en tête, n'hésite pas !

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Message  Invité Mar 7 Oct 2008 - 13:47

Le début patine un peu je trouve ; condensé ça serait plus agréable, pour ne pas avoir à ressentir cette overdose de "elle" qui se suivent en trop grand nombre et de bien trop près. Pourquoi vouloir en dire tant sur "elle" dès le départ, pourquoi ne pas distiller les infos au fur et à mesure du récit ?
J'aime assez l'idée du cirque, ça change, à condition de ne pas verser dans les clichés liés à ce milieu. Très joli ce passage :
Elle se souvient avoir colorié un lion en bleu. Pourquoi bleu ? lui avait demandé l’institutrice. Elle avait haussé les épaules et répondu dans son babil d’enfant « parce que c’est comme ça ». A vrai dire, le lion n’était pas vraiment jaune, pas vraiment orange, pas vraiment brun, le bleu résolvait la totalité de son dilemme.

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Message  Sahkti Lun 20 Oct 2008 - 8:59

Déjà plus là Mirabelle?

Ton écriture me paraît soignée et travaillée (difficile de se faire une idée précise avec ce texte). Cependant, cette volonté de proposer quelque chose de nickel fait que certaines de tes tournures semblent lourdes, voire empruntées et ça ne bouge pas beaucoup dans ton texte. Je ne parle pas ici d'action ou de rebondissements, mais de quelque chose qui rendrait tout cela plus vivant et palpable.
C'est bien sûr un avis perso mais voilà, ces lignes ne m'ont pas vraiment convaincue, même si je leur trouve des qualités. J'ai vu que tu avais posté un autre texte, je vais voir :-)
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