Le sang des tours

Un passant stupéfait, s’égosille : oh shit ! !
Face à la faucheuse qui fusille et s’invite.

Dans la poussière diffuse,
Fuites confuses ,
Au trépas se refusent,
Le poète et sa muse.

Courses aveuglées, effrénées,
Corps décapités, découpés.
Marionnettes inanimées,
Poupées chiffonnées,
Papiers mâchés,
Pépés , mémés.
Le feu, les flammes , l’enfer,
Les vieux, les femmes, les pères.

A perdre haleine,
Cours, cours petit mortel !
Au sacrifice sur l’autel,
Ta course est vaine.
Jour de déveine.
Sous le joug de la haine.

Tout brûle,
Tous hurle.

Le sang coule,
Les larmes roulent.

Dans une lave démente les morts capitulent ,
Les flammes lèchent les corps et brûlent.

Sous le voile blanc de la cendre,
Les yeux vers l’éternel,
Scrutent l’antre du ciel,
Dans la crémation du 11 Septembre.

Le ciel n’existe plus,
La terre non plus.

Nuage rouge et noir,
De particules composites,
La poussière volatile s’invite,
En robe du soir.

Cours, cours plus vite, et évite,
La mort que nul ne mérite.
Des peaux sous ton pied,
Dépôts dans le nez,
La poussière par tous les pores,
Ton sang se mêle à la mort.
De ruse en ruse,
La faucheuse s’amuse.
De toi, elle se rit,
De ta foi elle fait fi,
Ton Dieu prend feu,
Dans le foyer de l’adieu.

Les semences se déciment,
La sentence se dessine.

Les pleurs, le néant, l’aurevoir , le drame,
Le beur, le blanc, le noir, le quidam.

Vers le brouillard rouge, lève les yeux,
Dans l’ultime liberté,
Le jumper fait un dernier vœux,
Un oiseau suicidaire,
Vient de se balancer,
Dans les bras de sa mère.

Des sacrifices en ruines,
Des fils et des gamines.
L’horreur de la chair,
Des sœurs et leurs frères.

Sous les tours écroulées,
Pleure humanité violée.