Soir d'été

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Le long du trottoir de l'été
Je parle et je parle et je parle
Et je te regarde
M'écouter parler

Le ciel enfin si bleu
Vire au bleu nuit
Et la voie lactée
Brille sous nos pieds
Tu parles enfin tu parles et puis surtout tu ris
Tu ris alors je suis heureux je ris du fond du coeur
Du fond du bonheur

Et la terre est molle et dure l'assise
D'où nous rêvons enfin en lisant les nuages
En disant de la poésie enfin

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J'aime bien ce poème, simple, frais... Il s'en dégage une joie sereine.

Il ne m'a pas fait beaucoup d'effet ce poème à la première lecture, j'ai plutôt eu alors une impression de remplissage, les mots pour les mots. Puis en relisant, j'ai commencé à ressentir une espèce de mouvement bondissant, une jolie pétillance ponctuée par le contentement de la dernière strophe.

Comme Socque.
C'est tendre, joli, rafraîchissant.
J'aime en particulier la voûte céleste sous les pieds.

Efficace et émouvant. premier texte que je lis de toi. J'aime cette simplicité dans les sentiments...

Il y a de la fraîcheur, une musicalité, un charme certain et pourtant, je ressens malgré tout une impression de maladresse. Le ton n'est pourtant pas trop léger, ceci ne saurait expliquer cela, mais voilà, le rythme ne me paraît pas des plus réussis. Question d'oreille perso, bien sûr.

C'est dans le nuage que se lit au mieux le marc de voyage.

Bonjour Homosun,

Le poème n'est pas traumatisant, c'est vrai, j'ai du mal à adhérer à la béatitude que j'y lis, c'est tout. Ça m'évoquerait plutôt la révolte, même contre le bonheur.

Tiens ! c'est rudement intéressant.
Et pourquoi décider d'emblée qu'y voir de la révolte serait trahir le texte ?

Amicalement

c'est peut être le vers : la terre est molle et dure l'assise, cette partie est l'axe pour moi

je trouve qu'il y à souvent un "vers axe" dans les bons textes, il faut le trouver et pour chacun il est différent ..

ca ne vous aidera pas beaucoup, mais bon..

J'aime beaucoup la phrase que cite Loic :

la terre est molle et dure l'assise

Mais dans des vers comme

Et la voie lactée
Brille sous nos pieds

j'ai l'impression que tu t'es dis "tiens, pourquoi pas, ça fera de vers de plus".

Une facilité dommage dans certaines images, je trouve.

Evanescent a écrit:j'ai l'impression que tu t'es dis "tiens, pourquoi pas, ça fera de vers de plus".

des*

J'aime beaucoup.

Et pourquoi décider d'emblée qu'y voir de la révolte serait trahir le texte ?

Homosun la révolte c'est ce que j'éprouvais par rapport à ma lecture de ton poème.

Je ne craignais pas d'être infidèle au poème, c'était pour expliquer le rejet que j'en avais. Rejet/Adhèsion, c'est plutôt pour qualifier une lecture, c'est différent de j'aime pas/j'aime : un bon rejet vaut mieux qu'une pâle adhésion... enfin, pour un poème.

Maintenant je pense à ces tests où un sujet voit défiler des noms de couleurs peint d'une autre couleur, et où il doit donner, de façon cadencé (d'emblée), la couleur des lettres qui n'est pas celle que désigne le mot.

Voilà, ton poème écrit "bleu" et je me suis dit, non, c'est en rouge.

Dans la forme, la répétition du second vers, les deux vers suivant aussi, ou bien le 10e et 11e, il y a une insistance, une naïveté, qui peut être lu de façon touchante ou dérangeante, la béatitude ou la folie, ou autre...

Le poème n'est pas didactique, il ne prêche pas le bonheur, mais il l'écrit, l'évoque aussi assez clairement quand même : "Tu ris alors je suis heureux" par exemple, La révolte pourrait être simplement non, "tu ris" n'est pas égale à "je suis heureux", d'emblée bien sûr, instinctivement.

Après on peut écrire pour voir ce que ça fait, on peut écrire avec une intention, on peut écrire avec l'intention de laisser le choix au lecteur, mais je ne m'en suis pas préoccupé, c'était bien "d'emblée", enfin, un peu moins là, forcément, mais je rebondissais sur ton commentaire, si ça peut éclairer ta curiosité

David,

Je te remercie pour ce développement.
Pour l'heure, je n'ai pas le temps de me pencher en profondeur sur l'ensemble de ce qu'il dit, mais dans un premier temps je me permets de rebondir à mon tour sur cette excellente image des mots colorés, dont je n'ignorais pas le principe.

Le mot : BLEU me parait emblématique, du moins dans une certaine mesure, de l'essence même du travail poétique.

Encore une fois, je réponds à la hâte pour l'instant, mais je reviendrai réfléchir sur ce sujet.


Pour tous, je rappelle qu'un texte comme celui-ci ne peut certainement pas en lui-même faire l'objet d'analyes poétiques très avancées.

Amicalement

David énonce fort judicieusement :

un bon rejet vaut mieux qu'une pâle adhésion

Un aphorisme à méditer ;-)