Jeanne et le nouveau roman
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Jeanne et le nouveau roman
J'ai comme un fourmillement du stylo, Parkinson d'un jour, Parkinson toujours .
Les grands scientifiques vous diront qu'il y a toujours l'élément déclencheur. Une hypothèse. La perturbation qui modifie les conditions atmosphériques.
Je suis figuratif comme un poteau télégraphique France-Telecom. En somme, j'ai de la chance. En voulant m’échapper du pire, je me suis échappé du meilleur.
« Je suis venu au monde », dit-il. Mais non connard, tu n’es pas venu au monde, c’est le monde qui est venu à toi.
Je vais où me mène le gouffre et bientôt je craquerai comme une allumette qui souffre.
L’asphyxie rode.
Au sommet des arbres, les corps tombent.
– Un geste d’amour ! Un geste d’amour !
Je découpais ma soif en deux et les bulles, la mousse, détruisaient le lichen.
« Sa nausée.
Coeur obèse.
Q.G de la peine.
Seul en Lol. Le geste
D’amour est le seul lien
Qui nous relie à nous-mêmes.
Sol en Il. Soleil. Sierra madre. Mon île
De poussière. Le geste d’amour est le seul
Lien qui nous relie à nous-mêmes. Discours
Anatomique de la faiblesse. 78 tours qui s’en
Vont. Et puis reviennent. Lollipop = Salol. Cerceau
Bercé. Tangue ma liberté. Libertad ! Effacement de l’enserré.… »
Jeanne lit par-dessus mon épaule. J’ai horreur de cette façon qu’elle a de venir m’espionner. J’écrirai un livre, en avant, en avant ! Je l’écrirai avec les mains, je l’écrirai surtout avec mes dents. Avec mes mots, je vais leur faire bouffer du caviar.
Mes mains frappent le clavier. A toute vitesse, presque sans réfléchir. Cette sensation fumeuse, signe d’un drame métaphysique pousse les phrases jusque dans leurs derniers retranchements, l’aspect équivoque prend la parole, on dirait un divorce immobile, un repas de fleurs qui accompagne le dimanche. Des phrases jetées comme des titres de films à la figure d’on ne sait qui.
– Je suis prête. Je vais y aller. Tu devrais venir. Tu sais, le préfet c’est un homme comme les autres, tu pourrais te faire des relations là-bas.
Elle continue de m’observer par derrière.
– Et comment déjà…? Marie-Christine elle vient avec toi ?
– Oui, c’est une gentille fille, elle est sympa, un peu paumée.
Marie-Christine, ah ! Marie-Christine. Marie, ce prénom couche-toi là.
Faut avoir des parents pourris pour t’affubler d’un prénom pareil.
Cri-Cri. Marie écrit. Marie se couche, se mouche, Marie par-ci, Marie par-là.
De la maison de repos de laquelle je sortis le vingt décembre, je venais d’avoir trente ans de longs souvenirs.
Enfin ! Pas trop tôt. J’entends la porte qui claque. Jeanne vient de partir. C’est chouette une porte qui se referme et qui claque. J’adore le bruit des claques, des gifles qui partent.
Une maison de repos avec tout ce qui va bien avec. La pelouse, les arbres. Les arbres, la pelouse. Tout ce qui va bien avec moi ne va jamais avec. Défense de pisser contre un arbre. Ne pas fumer dans les couloirs.
Une atmosphère convulsive, n’était la malédiction qui me frappait, je restai là, assis, sous les branchages, comme un mythe.
J’entends le bruit du moteur. Même pas regardé comment elle s’est fringuée pour aller à cette sauterie. Préfecture. Préfet. Préfectoral.
Monsieur, Madame, le saviez-vous ? Non. Eh bien, en 20.., l’Europe va supprimer toutes les aides à l’agriculture. Remarquez, tous ces paysans qui ne vivent que d’aides…
J’ouvre le tiroir du bureau. Je vais au goulot direct. Quatre ou cinq lampées, disons histoire de m’échauffer le gosier. Les mots. Le chantage.
Je ne pèse plus que cinquante-huit kilos.
Le vin des cendres.
Vous n’irez jamais où vous voudrez, a dit le docteur. C’est ainsi. Cinquante-huit et vingt.
Ma vieille Olympia fatigue. Toutes les feuilles que je déchire s’envolent.
Je sais, Jeanne s’occupe bien de moi. D’ailleurs, je ne sais pas. Puisse t-elle un jour faire semblant pour me rendre plus heureux.
Jeanne : « bébé , viens on va jouer. »
A quoi on joue ? A rien. Viens là entre mes cuisses, ta tête. Là. Posée indéfiniment. Je suis là Paul, viens me chercher. Où ça ? Près de toi. Allez, on compte jusqu’à dix et je me cache. Tu es où bébé?
Le préfet est socialiste comme certains l’ont dit et décrit. Elle a fait son devoir. Son numéro. Elle a parlé de moi. Et de lui. Mon père, ce héros que la vie n’a pas connu, était en poste à la préfecture de…ah oui, se dit-il, tout le monde ne peut pas avoir été le fils d’un collabo. Il faudrait lui trouver quelque chose qui lui aille, il est si fragile. Un vrai métier.
Marie-Christine s’est enfoncée lourdement dans un fauteuil. J’imagine qu’elle a trop bu.
Une autre fois à Collioure, nous sommes montés sur les galets et nous les avons observés. Tu te souviens, papa avec son autre dame. Le soir, il nous avait emmenés au manège.
Sa main glissait sur sa cuisse, le souffle chaud, tu te souviens, il voulait l’embrasser mais elle ne voulait pas.
Pas devant eux, t’es fou ! T’es fou, hein ?
18h28, gorgée après gorgée. Le Jack Daniels est entreprenant. Persuadé que je viens de réussir là où certains hésitent.
La rigueur, c’est-ce qui compte. Il disait ça papa. Il disait que je possédais un grand avenir. Arrête de regarder ta sœur comme ça ! On dirait que vous êtes amoureux.
Et puis merde, Jeanne, arrête d’appeler ton frère bébé…!
Finalement, ça ne doit servir à rien les mots.
Vous dites Monsieur ? Derrière moi en haut, une immense ombre.
Avec les mêmes yeux d’autrefois. Les bras sur le fauteuil, la tête qu’elle penche en avant.
Trop de sommeil. Le Jack Daniels. Un café devrait m’éclaircir la soirée mais le raidillon qui monte jusqu’aux WC…c’est une feinte, elle a fait exprès, j’en suis sûr.
Bébé, tu veux qu’on la déshabille ? Tu veux ?
Jeanne, s’il te plaît, laisse-moi tranquille. C’est une enfant.
C’est ça la tendresse. Ne t’inquiète pas, je suis là, je changerai ses jambes de place et toi tu pourras changer de position.
Je la ramènerai dans la voiture. J’ai déjà tout préparé.
Et toi , tu crois que les moines, ils sont contents de se faire marcher sur le dos, d’être battus ?
Mystérieux. La radio gueule. Je titube.
Encore une idée à elle. Le magnéto, vas-y. Dis-lui des gros mots !
Je peux pas. Mais si, dis- lui ! Bébé, dis-lui !
Un attroupement de coussins m’émerveille. D’éléments en éléments, la rédemption de mon rêve me contente.
Dans la salle de bains, on dirait qu’elle prépare sa tâche.
« Je l’ai abordé dans la cour. Je dirais cinquante six. C’était royal. Il en a mis partout et après il a tout avalé, mais comme papa, après il m’a causé une grande peine…un petit mot à l’oreille, vorsicht… »
Personne ne prendra le dessus sur Jeanne. Cri-Cri dort. Regarde, j’ai mis mes bottes blanches. Je suis belle, non ?
Je suis par terre. Elle me lèche le creux de l’oreille. Vichy. La femme du médecin écarte inconsciemment les cuisses.
On lui enverra des lettres, bébé, on lui dira qu’on l’a aimée.
Royan, il ne s’en accommodait pas. Salut publique, infortune. La côte Atlantique.
« DIEU PROTEGERA LES DEFENSEURS DE LA CIVILISATION CHRETIENNE »
Tu as fais ce qu’il fallait ? OUI. Alors, je la ramène. Fais semblant ou arrête de boire. Mais fais ce que je dis. Ta Cri-Cri, je la ramène et m’occupe d’elle.
Je t’ai pris rendez-vous avec le préfet pour ton livre.
Attends-moi. Dans l’attente que les spectateurs passent et qu’ils te voient.
Je rejoins le lit. A quatre pattes je l’immobilise.
Une loi de la nature qui n’a de cesse de meurtrir davantage.
Jeanne a mis deux ou trois jours avant que je ne me réveille complètement.
Laval nous a expliqués qu’une paix convenable ne serait pas pire.
Papa à table, maman en fuite. Vous avez mis le couvert ? Oui. Et qu’est-ce que je veux dire ? Demain, je ne serai pas là. Je fais l’aller-retour à Limoges, je fais partie de la délégation. Y aura le ministre. On va voir ce qu’on va voir.
Un rire. Cela vient de la salle de bains. Je prends un intérêt vital à me vêtir.
– Café ?
– Oui.
– Et cigarette ?
– Et cigarette.
Je souris.
Quand elle vient m’embrasser dans le cou le matin, je sais que ce n’est pas ma sœur.
- Marie Cri-Cri ?
– Disons que je l’ai ramenée chez elle.
– Et son mari ?
– Je m’en occupe.
Jeanne s’occupe de tout. De moi, des autres, elle s’est occupé de papa aussi. Elle le faisait manger. Elle le lavait. Comme une mère poule, elle me disait d’être gentil avec lui.
Cette pourriture de sous-préfet, c’est moi mes enfants qui lui ai dit comment il fallait faire. Déat, ce Déat, cette putain borgne de la république ! Je savais qu’il nous emmènerait dans le mur … Tais-toi papa, tu fais peur à bébé. D’abord c’est quoi cette connerie ? Au trou, au trou, laissez-moi enfants de putain !
Jeanne fait l’infirmière, une main sous le drap et l’autre sous la tête.
Le vieux vient de s’endormir. Pourquoi tu ne te déshabilles pas devant moi ? Mais parce que je suis ta sœur.
Ah bon ! Pourtant on l’a déjà fait avant !
Ah bon ?
Elle se relève, me donne un verre d’eau.
– Tu as oublié tes cachets.
La tête sur le côté, elle m’endort. Un amour en toute collaboration.
Je lui ai montré tes feuillets. Mes feuillets ? Mon livre, pas mes feuillets. Ce con , même pas sûr qu’il connaisse Déat. On s’en fiche, il a de bonnes relations avec moi. Avec les éditions ..?
Je voudrais un autre café. Jeanne, tu m’as acheté des cigarettes ?
Avec mes mains j’en fais ce que je veux. Comme avec moi ? S’il te plaît bébé, s’il te plaît…
Je viens de te préparer la machine. Tu veux ta bouteille de Whisky ?
– Va faire tes excuses à cette Marie-Christine !
Mais …mais rien. La porte claque. J’ai envie d’une autre cigarette. Elle a oublié son sac à main. Pourquoi ne me dit-elle pas le temps qu’il fait dehors ? Il pleut, et alors ?
Le jour m’effraie, je me rendors.
Le marché à Arcachon avec ta mère. Un vélo roulait dans tous les sens.
T’as vu, est-ce que t’as vu, il fait le fou, il va se faire mal à force. Hé ! bébé ? Quoi ? Non rien…
[…]
A suivre
Les grands scientifiques vous diront qu'il y a toujours l'élément déclencheur. Une hypothèse. La perturbation qui modifie les conditions atmosphériques.
Je suis figuratif comme un poteau télégraphique France-Telecom. En somme, j'ai de la chance. En voulant m’échapper du pire, je me suis échappé du meilleur.
« Je suis venu au monde », dit-il. Mais non connard, tu n’es pas venu au monde, c’est le monde qui est venu à toi.
Je vais où me mène le gouffre et bientôt je craquerai comme une allumette qui souffre.
L’asphyxie rode.
Au sommet des arbres, les corps tombent.
– Un geste d’amour ! Un geste d’amour !
Je découpais ma soif en deux et les bulles, la mousse, détruisaient le lichen.
« Sa nausée.
Coeur obèse.
Q.G de la peine.
Seul en Lol. Le geste
D’amour est le seul lien
Qui nous relie à nous-mêmes.
Sol en Il. Soleil. Sierra madre. Mon île
De poussière. Le geste d’amour est le seul
Lien qui nous relie à nous-mêmes. Discours
Anatomique de la faiblesse. 78 tours qui s’en
Vont. Et puis reviennent. Lollipop = Salol. Cerceau
Bercé. Tangue ma liberté. Libertad ! Effacement de l’enserré.… »
Jeanne lit par-dessus mon épaule. J’ai horreur de cette façon qu’elle a de venir m’espionner. J’écrirai un livre, en avant, en avant ! Je l’écrirai avec les mains, je l’écrirai surtout avec mes dents. Avec mes mots, je vais leur faire bouffer du caviar.
Mes mains frappent le clavier. A toute vitesse, presque sans réfléchir. Cette sensation fumeuse, signe d’un drame métaphysique pousse les phrases jusque dans leurs derniers retranchements, l’aspect équivoque prend la parole, on dirait un divorce immobile, un repas de fleurs qui accompagne le dimanche. Des phrases jetées comme des titres de films à la figure d’on ne sait qui.
– Je suis prête. Je vais y aller. Tu devrais venir. Tu sais, le préfet c’est un homme comme les autres, tu pourrais te faire des relations là-bas.
Elle continue de m’observer par derrière.
– Et comment déjà…? Marie-Christine elle vient avec toi ?
– Oui, c’est une gentille fille, elle est sympa, un peu paumée.
Marie-Christine, ah ! Marie-Christine. Marie, ce prénom couche-toi là.
Faut avoir des parents pourris pour t’affubler d’un prénom pareil.
Cri-Cri. Marie écrit. Marie se couche, se mouche, Marie par-ci, Marie par-là.
De la maison de repos de laquelle je sortis le vingt décembre, je venais d’avoir trente ans de longs souvenirs.
Enfin ! Pas trop tôt. J’entends la porte qui claque. Jeanne vient de partir. C’est chouette une porte qui se referme et qui claque. J’adore le bruit des claques, des gifles qui partent.
Une maison de repos avec tout ce qui va bien avec. La pelouse, les arbres. Les arbres, la pelouse. Tout ce qui va bien avec moi ne va jamais avec. Défense de pisser contre un arbre. Ne pas fumer dans les couloirs.
Une atmosphère convulsive, n’était la malédiction qui me frappait, je restai là, assis, sous les branchages, comme un mythe.
J’entends le bruit du moteur. Même pas regardé comment elle s’est fringuée pour aller à cette sauterie. Préfecture. Préfet. Préfectoral.
Monsieur, Madame, le saviez-vous ? Non. Eh bien, en 20.., l’Europe va supprimer toutes les aides à l’agriculture. Remarquez, tous ces paysans qui ne vivent que d’aides…
J’ouvre le tiroir du bureau. Je vais au goulot direct. Quatre ou cinq lampées, disons histoire de m’échauffer le gosier. Les mots. Le chantage.
Je ne pèse plus que cinquante-huit kilos.
Le vin des cendres.
Vous n’irez jamais où vous voudrez, a dit le docteur. C’est ainsi. Cinquante-huit et vingt.
Ma vieille Olympia fatigue. Toutes les feuilles que je déchire s’envolent.
Je sais, Jeanne s’occupe bien de moi. D’ailleurs, je ne sais pas. Puisse t-elle un jour faire semblant pour me rendre plus heureux.
Jeanne : « bébé , viens on va jouer. »
A quoi on joue ? A rien. Viens là entre mes cuisses, ta tête. Là. Posée indéfiniment. Je suis là Paul, viens me chercher. Où ça ? Près de toi. Allez, on compte jusqu’à dix et je me cache. Tu es où bébé?
Le préfet est socialiste comme certains l’ont dit et décrit. Elle a fait son devoir. Son numéro. Elle a parlé de moi. Et de lui. Mon père, ce héros que la vie n’a pas connu, était en poste à la préfecture de…ah oui, se dit-il, tout le monde ne peut pas avoir été le fils d’un collabo. Il faudrait lui trouver quelque chose qui lui aille, il est si fragile. Un vrai métier.
Marie-Christine s’est enfoncée lourdement dans un fauteuil. J’imagine qu’elle a trop bu.
Une autre fois à Collioure, nous sommes montés sur les galets et nous les avons observés. Tu te souviens, papa avec son autre dame. Le soir, il nous avait emmenés au manège.
Sa main glissait sur sa cuisse, le souffle chaud, tu te souviens, il voulait l’embrasser mais elle ne voulait pas.
Pas devant eux, t’es fou ! T’es fou, hein ?
18h28, gorgée après gorgée. Le Jack Daniels est entreprenant. Persuadé que je viens de réussir là où certains hésitent.
La rigueur, c’est-ce qui compte. Il disait ça papa. Il disait que je possédais un grand avenir. Arrête de regarder ta sœur comme ça ! On dirait que vous êtes amoureux.
Et puis merde, Jeanne, arrête d’appeler ton frère bébé…!
Finalement, ça ne doit servir à rien les mots.
Vous dites Monsieur ? Derrière moi en haut, une immense ombre.
Avec les mêmes yeux d’autrefois. Les bras sur le fauteuil, la tête qu’elle penche en avant.
Trop de sommeil. Le Jack Daniels. Un café devrait m’éclaircir la soirée mais le raidillon qui monte jusqu’aux WC…c’est une feinte, elle a fait exprès, j’en suis sûr.
Bébé, tu veux qu’on la déshabille ? Tu veux ?
Jeanne, s’il te plaît, laisse-moi tranquille. C’est une enfant.
C’est ça la tendresse. Ne t’inquiète pas, je suis là, je changerai ses jambes de place et toi tu pourras changer de position.
Je la ramènerai dans la voiture. J’ai déjà tout préparé.
Et toi , tu crois que les moines, ils sont contents de se faire marcher sur le dos, d’être battus ?
Mystérieux. La radio gueule. Je titube.
Encore une idée à elle. Le magnéto, vas-y. Dis-lui des gros mots !
Je peux pas. Mais si, dis- lui ! Bébé, dis-lui !
Un attroupement de coussins m’émerveille. D’éléments en éléments, la rédemption de mon rêve me contente.
Dans la salle de bains, on dirait qu’elle prépare sa tâche.
« Je l’ai abordé dans la cour. Je dirais cinquante six. C’était royal. Il en a mis partout et après il a tout avalé, mais comme papa, après il m’a causé une grande peine…un petit mot à l’oreille, vorsicht… »
Personne ne prendra le dessus sur Jeanne. Cri-Cri dort. Regarde, j’ai mis mes bottes blanches. Je suis belle, non ?
Je suis par terre. Elle me lèche le creux de l’oreille. Vichy. La femme du médecin écarte inconsciemment les cuisses.
On lui enverra des lettres, bébé, on lui dira qu’on l’a aimée.
Royan, il ne s’en accommodait pas. Salut publique, infortune. La côte Atlantique.
« DIEU PROTEGERA LES DEFENSEURS DE LA CIVILISATION CHRETIENNE »
Tu as fais ce qu’il fallait ? OUI. Alors, je la ramène. Fais semblant ou arrête de boire. Mais fais ce que je dis. Ta Cri-Cri, je la ramène et m’occupe d’elle.
Je t’ai pris rendez-vous avec le préfet pour ton livre.
Attends-moi. Dans l’attente que les spectateurs passent et qu’ils te voient.
Je rejoins le lit. A quatre pattes je l’immobilise.
Une loi de la nature qui n’a de cesse de meurtrir davantage.
Jeanne a mis deux ou trois jours avant que je ne me réveille complètement.
Laval nous a expliqués qu’une paix convenable ne serait pas pire.
Papa à table, maman en fuite. Vous avez mis le couvert ? Oui. Et qu’est-ce que je veux dire ? Demain, je ne serai pas là. Je fais l’aller-retour à Limoges, je fais partie de la délégation. Y aura le ministre. On va voir ce qu’on va voir.
Un rire. Cela vient de la salle de bains. Je prends un intérêt vital à me vêtir.
– Café ?
– Oui.
– Et cigarette ?
– Et cigarette.
Je souris.
Quand elle vient m’embrasser dans le cou le matin, je sais que ce n’est pas ma sœur.
- Marie Cri-Cri ?
– Disons que je l’ai ramenée chez elle.
– Et son mari ?
– Je m’en occupe.
Jeanne s’occupe de tout. De moi, des autres, elle s’est occupé de papa aussi. Elle le faisait manger. Elle le lavait. Comme une mère poule, elle me disait d’être gentil avec lui.
Cette pourriture de sous-préfet, c’est moi mes enfants qui lui ai dit comment il fallait faire. Déat, ce Déat, cette putain borgne de la république ! Je savais qu’il nous emmènerait dans le mur … Tais-toi papa, tu fais peur à bébé. D’abord c’est quoi cette connerie ? Au trou, au trou, laissez-moi enfants de putain !
Jeanne fait l’infirmière, une main sous le drap et l’autre sous la tête.
Le vieux vient de s’endormir. Pourquoi tu ne te déshabilles pas devant moi ? Mais parce que je suis ta sœur.
Ah bon ! Pourtant on l’a déjà fait avant !
Ah bon ?
Elle se relève, me donne un verre d’eau.
– Tu as oublié tes cachets.
La tête sur le côté, elle m’endort. Un amour en toute collaboration.
Je lui ai montré tes feuillets. Mes feuillets ? Mon livre, pas mes feuillets. Ce con , même pas sûr qu’il connaisse Déat. On s’en fiche, il a de bonnes relations avec moi. Avec les éditions ..?
Je voudrais un autre café. Jeanne, tu m’as acheté des cigarettes ?
Avec mes mains j’en fais ce que je veux. Comme avec moi ? S’il te plaît bébé, s’il te plaît…
Je viens de te préparer la machine. Tu veux ta bouteille de Whisky ?
– Va faire tes excuses à cette Marie-Christine !
Mais …mais rien. La porte claque. J’ai envie d’une autre cigarette. Elle a oublié son sac à main. Pourquoi ne me dit-elle pas le temps qu’il fait dehors ? Il pleut, et alors ?
Le jour m’effraie, je me rendors.
Le marché à Arcachon avec ta mère. Un vélo roulait dans tous les sens.
T’as vu, est-ce que t’as vu, il fait le fou, il va se faire mal à force. Hé ! bébé ? Quoi ? Non rien…
[…]
A suivre
Re: Jeanne et le nouveau roman
sympa ! ;-)lol47 a écrit:C'est fait Mentor.
c'est mieux, nettement
Allô ? Chako ? :-))
Re: Jeanne et le nouveau roman
Heu !!! comment dire ?
– Va faire tes excuses à cette Marie-Christine !
– Va faire tes excuses à cette Marie-Christine !
Re: Jeanne et le nouveau roman
Si c'est pour un format roman, je vous dirai carrément que, à mon avis, rares sont les lecteurs qui apprécieront sur la distance : trop décousu, trop égocentrique, aussi (le narrateur, à vue de pied, paraît odieux). Je n'en ferai hélas pas partie, de ceux qui peuvent lire trois ou quatre cents pages de ce tonneau en y prenant plaisir...
Invité- Invité
Re: Jeanne et le nouveau roman
Il fait le fier devant cette femme. Mais cette femme, c’est ta mère, non ? Viens, on va rentrer, je te raccompagne, allez viens. Non, s’il te plaît, pas maintenant, pas encore, je voudrais cueillir des moules. Mais on ne dit pas « cueillir », on dit ramasser. Je t’aime trop mon petit bébé, je t’aime.
« Jacques Chancel : Lucien Rebatet, vous avez choisi Hitler, ce qui, pour les Français, était une trahison. Vous avez été condamné à mort, et peut-être vous êtes-vous renié. Vous avez été gracié et peut-être avez-vous été surpris. Ma première question va peut-être vous surprendre : avez-vous honte de tout ce qui s’est passé ?
Lucien Rebatet : Ah ! pas le moins du monde ! Si j’avais honte, je ne serais pas à ce micro. Je me suis battu pour la cause que je croyais bonne [...] A partir de 1934, j’ai vu les choses tourner très mal. A tort ou à raison, je n’en sais rien. Enfin, plus exactement, les événements de 1940 m’ont donné raison à bien des titres.»
Jeanne dit que le préfet a de bonnes relations avec le curé. Il n’a pu être pris par la LVF à cause de sa mauvaise dentition. Il a basculé de la gauche vers l’extrême-droite mais ça ne fait rien, hein ? Non, ça fait rien. Il est dégingandé ce préfet, très pressé, si tu veux chaque jour à 11h30, quand il le peut, il descend boire l’apéritif au « Coin de Gaillou », tu dis que tu es le frère de Jeanne et tu n’auras qu’à lui offrir un pastis. Il a de très belles mains, on dirait des mains de femmes, avec de longs doigts.
Les yeux fermés, mes rêves s’ouvrent. Elle tapait fort, qu’est-ce qu’on pouvait rigoler ! Le fouet sur les cuisses, oui, oui, non dans l’autre sens, frappe plus fort ! Et nous on rigolait derrière la porte. Ils ne se même pas compte du bruit qu’ils faisaient. Ah oui ! Frappe encore, ce connard de Déat, bourricot, espèce d’enflure, tas de merde, frappe-moi ma belle !
Alors Jeanne, nous avons beaucoup trop ri, ça suffit, viens au lit.
Quelle heure il est ? Pas rentrée, une vraie gamine. Je vais attendre. J’ai pas envie de lire.
Une feuille dans l’Olympia, encore une feuille, un verre, il me le faut ce verre de trop. Je vais écrire à cette Cri-Cri, je vais m’excuser. Je t’en foutrai des excuses ! Nous irons avec Jeanne lui rendre visite. Nous l’étendrons sur la pelouse. Un drap blanc. On la mettra dessus. Jeanne, tiens-lui la tête. Mais non, bébé, pas de cette manière-là, de la douceur, voyons. Bébé, tu es une fille et quand deux filles se rencontrent, elles se tiennent par la main, ce n’est qu’ensuite qu’elles s’embrassent sur la bouche.
[…] A suivre
« Jacques Chancel : Lucien Rebatet, vous avez choisi Hitler, ce qui, pour les Français, était une trahison. Vous avez été condamné à mort, et peut-être vous êtes-vous renié. Vous avez été gracié et peut-être avez-vous été surpris. Ma première question va peut-être vous surprendre : avez-vous honte de tout ce qui s’est passé ?
Lucien Rebatet : Ah ! pas le moins du monde ! Si j’avais honte, je ne serais pas à ce micro. Je me suis battu pour la cause que je croyais bonne [...] A partir de 1934, j’ai vu les choses tourner très mal. A tort ou à raison, je n’en sais rien. Enfin, plus exactement, les événements de 1940 m’ont donné raison à bien des titres.»
Jeanne dit que le préfet a de bonnes relations avec le curé. Il n’a pu être pris par la LVF à cause de sa mauvaise dentition. Il a basculé de la gauche vers l’extrême-droite mais ça ne fait rien, hein ? Non, ça fait rien. Il est dégingandé ce préfet, très pressé, si tu veux chaque jour à 11h30, quand il le peut, il descend boire l’apéritif au « Coin de Gaillou », tu dis que tu es le frère de Jeanne et tu n’auras qu’à lui offrir un pastis. Il a de très belles mains, on dirait des mains de femmes, avec de longs doigts.
Les yeux fermés, mes rêves s’ouvrent. Elle tapait fort, qu’est-ce qu’on pouvait rigoler ! Le fouet sur les cuisses, oui, oui, non dans l’autre sens, frappe plus fort ! Et nous on rigolait derrière la porte. Ils ne se même pas compte du bruit qu’ils faisaient. Ah oui ! Frappe encore, ce connard de Déat, bourricot, espèce d’enflure, tas de merde, frappe-moi ma belle !
Alors Jeanne, nous avons beaucoup trop ri, ça suffit, viens au lit.
Quelle heure il est ? Pas rentrée, une vraie gamine. Je vais attendre. J’ai pas envie de lire.
Une feuille dans l’Olympia, encore une feuille, un verre, il me le faut ce verre de trop. Je vais écrire à cette Cri-Cri, je vais m’excuser. Je t’en foutrai des excuses ! Nous irons avec Jeanne lui rendre visite. Nous l’étendrons sur la pelouse. Un drap blanc. On la mettra dessus. Jeanne, tiens-lui la tête. Mais non, bébé, pas de cette manière-là, de la douceur, voyons. Bébé, tu es une fille et quand deux filles se rencontrent, elles se tiennent par la main, ce n’est qu’ensuite qu’elles s’embrassent sur la bouche.
[…] A suivre
Re: Jeanne et le nouveau roman
Non, décidément, Lol, c'est pas ma tasse de thé. Trop d'esbrouffe pour raconter quoi, en définitive ? Des circonvolutions autour d'un nombril ?
Je dois passer à côté d'un génie sans m'en apercevoir mais je n'ai pas la patience de m'imposer l'ennui d'une lecture tristement nauséabonde pour en extirper une ou deux trouvailles qui me font sourire. Désolée mais il y a sûrement des avis différents qui ne vont pas tarder à s'exprimer.
Je dois passer à côté d'un génie sans m'en apercevoir mais je n'ai pas la patience de m'imposer l'ennui d'une lecture tristement nauséabonde pour en extirper une ou deux trouvailles qui me font sourire. Désolée mais il y a sûrement des avis différents qui ne vont pas tarder à s'exprimer.
Re: Jeanne et le nouveau roman
J'ai l'impression que ça s'éparpille, que ça part dans tous les sens. Le lecteur voudra forcément suivre un semblant de trame, qui n'apparaît pas encore. Ce qui passe bien, est plaisant et même séduisant dans un texte court ne fait pas le même effet sur la longueur. Canaliser, l'écriture et les idées.
Invité- Invité
Re: Jeanne et le nouveau roman
Salut Lol
Cette fois-ci, j'ai à nouveau trouvé du grain à moudre dans ton texte. Question style, c'est du Lol et du bon Lol, pas à revenir là-dessus. Je partage certaines remarques qui ont été faites quant à l'éparpillement et à la nécessécité de donner une certaine linéarité à un texte conçu sur la durée. Je t'en pense tout à fait capable.
Ce qui m'intéresse, en revanche, ce sont les références à certaines figures, disons, pour le moins douteuses, de l'Histoire récente, à savoir, pour le moment, Déat, Laval et Rebatet. Je ne suis pas certain que la majorité de tes lecteurs sachent qui sont ces personnages. Passe encore pour Laval, qui est en quelque sorte la figure emblématique de la Collaboration, mais je crains que les deux autres n'évoquent pas grand chose pour eux. Peut-être faudrait-il, dans la suite de ton récit, apporter quelques précisions sur leur parcours et leurs idées.
D'autre part, et l'on rejoint là les remarques qui ont déjà été faites, on ne comprend pas bien, pour l'instant en tous cas, à quelle époque se déroule l'action, et c'est cela qui me gêne avec la référence à ces personnages. Si cela se déroule de nos jours, on sait que ces gens ont été mis hors d'état de nuire et envoyés aux poubelles de l'Histoire. En revanche, si cela se passse à l'époque où ils sévissaient encore, c'est tout différent.
La suite devrait nous apporter quelques éclaircissements...
Gobu
Cette fois-ci, j'ai à nouveau trouvé du grain à moudre dans ton texte. Question style, c'est du Lol et du bon Lol, pas à revenir là-dessus. Je partage certaines remarques qui ont été faites quant à l'éparpillement et à la nécessécité de donner une certaine linéarité à un texte conçu sur la durée. Je t'en pense tout à fait capable.
Ce qui m'intéresse, en revanche, ce sont les références à certaines figures, disons, pour le moins douteuses, de l'Histoire récente, à savoir, pour le moment, Déat, Laval et Rebatet. Je ne suis pas certain que la majorité de tes lecteurs sachent qui sont ces personnages. Passe encore pour Laval, qui est en quelque sorte la figure emblématique de la Collaboration, mais je crains que les deux autres n'évoquent pas grand chose pour eux. Peut-être faudrait-il, dans la suite de ton récit, apporter quelques précisions sur leur parcours et leurs idées.
D'autre part, et l'on rejoint là les remarques qui ont déjà été faites, on ne comprend pas bien, pour l'instant en tous cas, à quelle époque se déroule l'action, et c'est cela qui me gêne avec la référence à ces personnages. Si cela se déroule de nos jours, on sait que ces gens ont été mis hors d'état de nuire et envoyés aux poubelles de l'Histoire. En revanche, si cela se passse à l'époque où ils sévissaient encore, c'est tout différent.
La suite devrait nous apporter quelques éclaircissements...
Gobu
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Jeanne et le nouveau roman
Vais te répondre sur un autre fil : là : https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-prose-f1/reponses-aux-commentaires-t2779.htm
Re: Jeanne et le nouveau roman
Il y a des parties que j'aime vraiment beaucoup, d'autres moins. Rien d'anormal en soi, ceci dit.
Et puis il y a cette impression mi-dérangeante mi-réconfortante que tu es en train de nous livrer là quelque chose de foncièrement intime, un cri qui sort de tes entrailles avec des messages codés et des émotions que tu canalises de la sorte parce que, peut-être, elles t'effraient.
Mais je fais encore là ma psychologue à deux balles et je m'égare, je m'égare...
Et puis il y a cette impression mi-dérangeante mi-réconfortante que tu es en train de nous livrer là quelque chose de foncièrement intime, un cri qui sort de tes entrailles avec des messages codés et des émotions que tu canalises de la sorte parce que, peut-être, elles t'effraient.
Mais je fais encore là ma psychologue à deux balles et je m'égare, je m'égare...
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Jeanne et le nouveau roman
J'aime toujours ce style d'écriture, un peu "aérien". J'ai toujours un peu de mal à saisir tout le sens mais je le trouve quand même plus accessible que tes autres textes Lol, peut-être que les références sont plus évidentes ou ou plus connues.
Le personnage principal est interessant et un peu déroutant.
Le personnage principal est interessant et un peu déroutant.
Yaäne- Nombre de messages : 614
Age : 34
Date d'inscription : 11/04/2008
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