Deux ou trois choses qui me tarabustent
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Deux ou trois choses qui me tarabustent
Ma chère sœur et néanmoins amie,
Je suis dans la mouise, dans la purée, dans la mélasse. Ça ne t’étonnes pas, je sais, c’est toujours dans ces moments-là que je prends la peine de te filer une bafouille.
Je t’énumère trois des questions qui me tarabustent :
1.Toutes les robes de mariée que j’ai essayées jusqu’ici —au moins trois douzaines— me vont comme une capote à un radis.
Oui, vulgaire je suis et je le reste.
2. Lundi matin Maman m’a demandé si je ne pouvais pas « une bonne fois pour toutes », je cite, « prendre le taureau par les cornes et décider du sort des meubles et des effets qui se trouvent encore dans ta (ma) chambre ». Bon, la mort dans l’âme, j’ai commencé à trier… puis il a fallu que je retombe sur des photos et j’ai pleuré pendant des heures. Pour finir, je me suis endormie avec la photo de nous quatre, le dernier été, Pam, dans la maison jaune…
3. Il y a aussi cette autre chose qui me chiffonne depuis le premier jour de ma rencontre avec Pierre. Sais-tu seulement comment nous nous sommes rencontrés ? Que je te raconte : c’était en juillet 2007, le 21, je crois, il va y avoir un an. Je rentrais tout juste du Portugal et j’avais encore deux-trois jours de rab avant de reprendre le boulot. Alors comme j’avais rien à foutre, cet après midi-là, je suis passée voir Olga à son restaurant. Je présumais qu’elle m’accueillerait avec joie vu qu’elle se trouve toujours débordée comme un vase et même comme une baignoire. Et vrai, y’avait un paquet d’oignons à éplucher pour des conserves à la grecque, du tzaziki et tout. Et donc elle m’a filé un tablier et on s’est installées sur la terrasse de devant, à l’aise pisqu’y aurait pas de clients avant 19h. Je lui racontais comme j’avais aimé Lisbonne et bien sûr elle disait que Athènes était mieux et tout, que les baignades en Méditerranée étaient mille fois plus agréables que celles dans le Tage ou l’Océan, que les Portugais étaient tous des hommes laids au teint olivâtres qui parlaient cette langue ridicule et chuintante tandis que, au contraire, les mâles grecs étaient tous canons comme des dieux grecs, ben voyons. Bon tu vois, Pam, le tralala habituel d’Olga ! Elle en pleurait. Moi aussi. C’était la faute aux oignons et peut-être un peu au vin grec, supérieur au portugais, tu t’en doutes. Vers les 18h 30, voilà un client qui se pointe et qui s’installe à une table et Olga me dit de ranger vite fait tout le bazar , ce que je fais. Elle va prendre la commande et revient dans la cuisine où elle me dit texto : « Tamara, ton destin vient de s’asseoir table 7, va lui servir un ouzo, je lui réchauffe la moussaka ». Voilà. C’était Pierre.
Il m’a dit : « vous avez du chagrin ? Je vois des traces de larmes sur votre beau visage. » Et, tu sais, j’ai raconté des tas de conneries pour me faire consoler… J’ai menti pendant toute la soirée.
Alors je te le demande : peut-on fonder quoi que ce soit sur des bases aussi bancales et malhonnêtes ?
Tout ceci pour te dire que ma décision est prise :
Je t’embrasse, Pam, et aussi mon filleul adoré,
Ta Tamara rare.
PS : Bergman est rentré des States samedi à ce qu’il parait ! Il a toujours mon cd de Jean- Louis Murat. Faudra bien que je passe chez lui un de ces quatre…
Je suis dans la mouise, dans la purée, dans la mélasse. Ça ne t’étonnes pas, je sais, c’est toujours dans ces moments-là que je prends la peine de te filer une bafouille.
Je t’énumère trois des questions qui me tarabustent :
1.Toutes les robes de mariée que j’ai essayées jusqu’ici —au moins trois douzaines— me vont comme une capote à un radis.
Oui, vulgaire je suis et je le reste.
2. Lundi matin Maman m’a demandé si je ne pouvais pas « une bonne fois pour toutes », je cite, « prendre le taureau par les cornes et décider du sort des meubles et des effets qui se trouvent encore dans ta (ma) chambre ». Bon, la mort dans l’âme, j’ai commencé à trier… puis il a fallu que je retombe sur des photos et j’ai pleuré pendant des heures. Pour finir, je me suis endormie avec la photo de nous quatre, le dernier été, Pam, dans la maison jaune…
3. Il y a aussi cette autre chose qui me chiffonne depuis le premier jour de ma rencontre avec Pierre. Sais-tu seulement comment nous nous sommes rencontrés ? Que je te raconte : c’était en juillet 2007, le 21, je crois, il va y avoir un an. Je rentrais tout juste du Portugal et j’avais encore deux-trois jours de rab avant de reprendre le boulot. Alors comme j’avais rien à foutre, cet après midi-là, je suis passée voir Olga à son restaurant. Je présumais qu’elle m’accueillerait avec joie vu qu’elle se trouve toujours débordée comme un vase et même comme une baignoire. Et vrai, y’avait un paquet d’oignons à éplucher pour des conserves à la grecque, du tzaziki et tout. Et donc elle m’a filé un tablier et on s’est installées sur la terrasse de devant, à l’aise pisqu’y aurait pas de clients avant 19h. Je lui racontais comme j’avais aimé Lisbonne et bien sûr elle disait que Athènes était mieux et tout, que les baignades en Méditerranée étaient mille fois plus agréables que celles dans le Tage ou l’Océan, que les Portugais étaient tous des hommes laids au teint olivâtres qui parlaient cette langue ridicule et chuintante tandis que, au contraire, les mâles grecs étaient tous canons comme des dieux grecs, ben voyons. Bon tu vois, Pam, le tralala habituel d’Olga ! Elle en pleurait. Moi aussi. C’était la faute aux oignons et peut-être un peu au vin grec, supérieur au portugais, tu t’en doutes. Vers les 18h 30, voilà un client qui se pointe et qui s’installe à une table et Olga me dit de ranger vite fait tout le bazar , ce que je fais. Elle va prendre la commande et revient dans la cuisine où elle me dit texto : « Tamara, ton destin vient de s’asseoir table 7, va lui servir un ouzo, je lui réchauffe la moussaka ». Voilà. C’était Pierre.
Il m’a dit : « vous avez du chagrin ? Je vois des traces de larmes sur votre beau visage. » Et, tu sais, j’ai raconté des tas de conneries pour me faire consoler… J’ai menti pendant toute la soirée.
Alors je te le demande : peut-on fonder quoi que ce soit sur des bases aussi bancales et malhonnêtes ?
Tout ceci pour te dire que ma décision est prise :
JE NE ME MARIE PAS
Je t’embrasse, Pam, et aussi mon filleul adoré,
Ta Tamara rare.
PS : Bergman est rentré des States samedi à ce qu’il parait ! Il a toujours mon cd de Jean- Louis Murat. Faudra bien que je passe chez lui un de ces quatre…
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Deux ou trois choses qui me tarabustent
Catalogue, Pili ?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Deux ou trois choses qui me tarabustent
Oui, merci Sahkti.Sahkti a écrit:Catalogue, Pili ?
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Deux ou trois choses qui me tarabustent
Je trouve ce texte beaucoup plus banal que ce que vous savez faire... Pour tout dire, j'ai eu l'impression de lire de la chick-lit ; je n'ai pas reconnu votre ton si personnel, votre manière, avec sobriété et élégance, de faire entrer le lecteur dans un univers bien à vous.
Invité- Invité
Re: Deux ou trois choses qui me tarabustent
Chick-lit, oui, plutôt, mais pourquoi pas ? Je n'ai rien contre de temps en temps, et le texte ne m'a pas déplu s'il ne m'a pas emballée, un peu plat... je ne sais pas, on s'attend à quelque chose de plus percutant dans le ton... Une lettre couleur rose passé plutôt que rose bonbon...
Ce texte fait partie de quelque chose de plus long ? Je crois reconnaître les noms de certains personnages ?
NB : "Ça ne t’étonne pas" et "les Portugais étaient tous des hommes laids au teint olivâtre "
Ce texte fait partie de quelque chose de plus long ? Je crois reconnaître les noms de certains personnages ?
NB : "Ça ne t’étonne pas" et "les Portugais étaient tous des hommes laids au teint olivâtre "
Invité- Invité
Re: Deux ou trois choses qui me tarabustent
moins de ressenti, d'émotions qu'à la lecture d'autres de tes textes. peut être un souci dans le ton aussi. Tamara ne se marie pas, Tamara pleure devant les photos et pourtant, je l'ai ressenti plutôt "gaie", bavarde sans être triste ou véritablement "tarabustée" par ces problèmes.
pris de manière isolé, me semble qu'il manque un p'tit quelque chose. peut être que ça semble plus juste au lecteur connaissant mieux Tamara, Pam ...
pris de manière isolé, me semble qu'il manque un p'tit quelque chose. peut être que ça semble plus juste au lecteur connaissant mieux Tamara, Pam ...
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Deux ou trois choses qui me tarabustent
Pas très emballée...je trouve le texte un peu plat, surtout s'il n'est pas intégré à autre chose.
Par contre, je trouve que l'expression familière est bien utilisée.
Par contre, je trouve que l'expression familière est bien utilisée.
Yaäne- Nombre de messages : 614
Age : 34
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: Deux ou trois choses qui me tarabustent
Pili nous a habitués, depuis déjà un moment, à des textes "remarquables", ciselés, profonds et bien écrits. Des textes "aboutis", finis.
Là il s'agit à l'évidence d'un petit fragment d'un ensemble à venir.
Le style, la tournure, sont donc forcément liés intimement au personnage créé par l'auteure.
il peut être donc tout à fait normal qu'on puisse le trouver sans grand relief, le texte
pour ma part je le prends comme une sorte de monologue - prétexte à une lettre - dans lequel le personnage fait montre d'une (fausse ?) légèreté dans sa description des choses et évènements qui le "tarabustent"
et à mon avis cela atteint le but qui me semble être de camper une personne mal dans sa peau à un moment important de sa vie et qui prend une décision forte tout en laissant croire, par son style, à un truc pas bien grave, alors que, peut-être elle écrit en pleurant abondamment
bref, ça m'a plu
;-)
suis verbeux aujourd'hui
Là il s'agit à l'évidence d'un petit fragment d'un ensemble à venir.
Le style, la tournure, sont donc forcément liés intimement au personnage créé par l'auteure.
il peut être donc tout à fait normal qu'on puisse le trouver sans grand relief, le texte
pour ma part je le prends comme une sorte de monologue - prétexte à une lettre - dans lequel le personnage fait montre d'une (fausse ?) légèreté dans sa description des choses et évènements qui le "tarabustent"
et à mon avis cela atteint le but qui me semble être de camper une personne mal dans sa peau à un moment important de sa vie et qui prend une décision forte tout en laissant croire, par son style, à un truc pas bien grave, alors que, peut-être elle écrit en pleurant abondamment
bref, ça m'a plu
;-)
suis verbeux aujourd'hui
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