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La marche

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Romane
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Loreena Ruin
Charly_Owl
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Message  Lonely Dim 28 Juin 2009 - 17:49

Charly_Owl a écrit:
Lonely : Quelle joie, mon cercle restreint de lecteurs et lectrices s’agrandit ! Je n’ai pas la prétention de qualifier cette histoire de grandiose, loin de là, mais si vous avez apprécié votre lecture vous ne m’en voyez que mille fois réjoui. J’apprécierais également si vous pourriez élaborer sur « la souffrance épisodique » de la chose ? Ça m’intéresserait grandement de voir votre point de vue sur ça.

Et bien, je n'ai pas le verbe de Silene mais j'ai du mal à saisir cette question en fait.

Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'en lisant tout d'une seule traite, je gardais sans doute en mémoire un fil conducteur. Mais ceux qui arrivent pour lire le dernier chapitre, des jours après avoir lu l'avant dernier (ou pire, n'ayant jamais lu le début et jetant un œil curieux sur ce sujet qui remonte), seront sans doute perdus. C'est là que votre histoire risque de souffrir de son aspect "feuilleton". Et c'est dommage, vu la qualité.

De plus, en développant l'histoire au fur et à mesure et en multipliant les personnages, on risque aussi de manquer d'un cadre plus solide à tout ça , où nous puissions avoir des repères, connaitre au moins quelques liens entre des protagonistes principaux (le "background" que j'avais évoqué, fut-il à travers une mise en situation antérieure au récit proposé sur lequel nous puissions nous reposer). Sinon ça peut donner une sensation d'errer d'une scène à l'autre, prendre une ampleur qui nous échappe ( que Loreena ruin a très justement indiqué plus haut).


Bon, c'est ce que j'en dis, hein ? :-)

Parce que je ne me sens absolument aucune légitimité à juger ce genre de travail littéraire, c'est au delà de mes compétences. Je voulais juste exprimer mes impressions, mais elles peuvent tout aussi bien être maladroites ou hors de propos.
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Message  Loreena Ruin Dim 28 Juin 2009 - 18:40

La phrase soulignée par Silene est en effet... incompréhensible.

Sinon concernant Camélie/Dollard je les soupçonne de cacher leur véritable identité, une identité noble probablement, sinon le mépris de Camélie serait... presque injustifié... Je suis même en train de chercher des indices reliant Dollard et Frontenac... enfin bref, je m'avance peut-être trop, mais au moins, le doute plane, et ça, c'est bien !
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Message  Charly_Owl Lun 29 Juin 2009 - 2:41

Lonely: Ah mais c'est très pertinent, au contraire! Il n'y a aucune gêne à émettre son opinion, bien au contraire. Plus de variété, plus de richesse dans ce que j'ai à changer.

Loreena: Laisse tomber pour la phrase. Je voulais juste comprendre ce que "la faiblesse du format feuilleton épisodique" voulait dire. J'ai également fait quelques modifs que j'aimerais bien te montrer un de ces quatre, quand tu auras le temps (quitte à ce que ce soit dans 2 mois ^^ ).

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Message  Charly_Owl Mer 1 Juil 2009 - 17:06

Passage plus court, heum, je saurais pas trop comment le qualifier, mais bon. Ce chapitre V est plus long que prévu (divisé en 3 parties au lieu de 2 comme je l'avais initiallement prévu).

Sur ce, bonne lecture en ce mercredi ensoleillé.

***
-Chapitre V-
-Partie II-



- Creux-au-Grisou-


Les mines de Creux-au-Grisou n’étaient plus noires. Noir, ce n’était qu’une couleur, qu’un mot, qu’une absence de lumière. Lord Rougeous York y voyait quelque chose de plus noir encore : le néant.

L’écho caverneux des pas de la troupe de soldats était le seul son qui eut pu troubler le silence mortifiant des tunnels. Étaient-ils dix, quinze ou vingt à escorter le général ? L’obscurité était telle qu’il semblât impossible de le déterminer. À la file indienne, les manteaux d’ébène suivaient leur Lord à-travers le dédale de poutrelles rouillées, de cordes pendantes au plafond, de wagons renversés grouillant de coquerelles et de crevasses invisibles qui, au moindre faux pas, avaleraient quelque imprudent. Une odeur de moisi et d’urine flottait dans l’air lourd et malade, ainsi que de muets souvenirs surgissant du passé de Rougeous.

Une voix enfantine tinta dans l’inconscient du grand Lord; la sienne. Elle susurrait des choses horribles, tourments tirés d’une jeunesse que l’Angle enterrait sous toujours plus de préoccupations. Les mystérieuses horreurs de Castlemoore, le château familial, déclenchèrent une série de flashs rouges et criards dans la tête du général, exhortant une légion de souvenirs lacérés d’aveuglants éclairs et tonnant au grondement du tonnerre. Sa respiration s’accéléra, émettant un léger sifflement nerveux. Au prix d’un grand effort, il hocha la tête en tentant de ne pas trop laisser son malaise paraître, puis il emprunta une passerelle faite de planches empilées et chambranlantes. Le groupe progressa quelques minutes, enjambant pelles tordues et autres outils abandonnés de leurs maîtres. Creux-au-Grisou remplissait Rougeous d’une crainte indicible, sans qu’il puisse en déterminer la raison avec certitude.

Lord York suivait les traces de craie blanche sur les murs, comme des étoiles maladroitement gribouillées sur un ciel d’encre.
— Nous arrivons bientôt, informa l’officier à ses subalternes.
Enfin, on aperçut une lumière dans la pénombre. Une silhouette bossue se dessina sur le halo de lumière.
— Vous… soldats de Terre-Anglée? brailla l’ombre d’un anglois très approximatif.
— Oui, Monsieur Grégeois, lui répondit York d’un franc impeccable.
— Approchez, approchez, lui fit signe l’homme qui se révéla être un vieillard dans la soixantaine avancée.

Il n’avait plus que deux dents en bouche, une crinière grise et des jambes désarticulées. Le mineur —car c’était bien d’un ouvrier qu’il s’agissait— portait une salopette poussiéreuse et tenait à la main une lanterne vitrée dans laquelle brûlait une flamme alimentée par un petit réservoir à naphte.
— Puis-je savoir pourquoi vous nous avez interdit d’amener avec nous des torches? demanda insolemment un sergent au mineur. Vous avez bien une lanterne, vous!
— Ah, jeunesse… rit ce dernier. Sachez, vous autres, que dans le métier on appelle cette lampe la Lumière Divine. Elle seule peut vous permettre de voir les profondeurs de Creux-au-Grisou.
— Et pourquoi elle seule? l’interrogea à voix-basse Lord York.
— Parce que le gouffre du Grisou n’admet que ceux qui possèdent cette lanterne. Le feu ne doit jamais toucher l’air, sinon l’air vous tue. C’est le châtiment du diable, là en bas. Je vous y emmène, mais je vous rappelle que c’est vous qui m’y forcez.
— Et comment…
— Quant à ce qui recouvre le verre, c’est le secret des mineurs, interrompit Grégeois. Ce filtre purifie des impuretés de l’air qui alimente le feu, c’est ce qui nous a permis à nous, soldats des pierres, d’atteindre le gouffre du Grisou sans y laisser notre vie. L’air est mauvais ici, il est maudit. C’est notre science, notre secret, et je vous mènerai bien vers le gouffre si vous voulez, mais je mourrai avant de vous révéler quoi que ce soit d’autre.

Alors, Grégeois pointa un doigt crochu vers une corniche bordant un précipice.
— J’espère que vous aimez le sport, lança le vieillard.
Et ils se dirigèrent vers une plate-forme en bois pourvue d’une panoplie d’engrenages complexes et de chaînes, le tout retenu au plafond par une structure croisée de poutres de fer rouillées. La main osseuse du mineur agrippa la manette de cette plaque de dix mètres de long par cinq mètres de large. On embarqua de longues caisses d’explosifs à son bord, que plusieurs soldats avaient transportées avec précaution depuis le début de l’expédition. Lorsque tous furent enfin installés à leur aise, soit assis sur des caissons en bois ou confortablement appuyés contre les barrières les gardant d’une chute mortelle, Rougeous fit un signe de la tête au mineur.

Celui-ci enclencha la manette : clac! Les chaînes crissèrent, les engrenages cliquetèrent et la plate-forme s’enfonça lentement dans les profondeurs du précipice menant au fond du gouffre du Grisou.

Il régnait une étrange atmosphère chez l’escorte angle. Les soldats parlaient à voix basse, certains avaient encore quelques histoires à raconter, d’autres jouaient discrètement aux dés à la lueur de la « mythique » lanterne du Franc que l’on disait sénile. Après tout, il n’y avait que cela à faire car Grégeois avait prédit une descente d’environ une heure.

— Vous faites vraiment confiance en un Franc pour nous guider, mon général? s’enquit un sergent Angle.
— Ambrose, mon cher Ambrose, répondit Lord York à voix basse, il y a des choses dans le monde qu’il ne faut pas chercher à expliquer ni à comprendre.
— Que voulez-vous dire, Sir?
— Vous avez déjà connu un mineur, Ambrose?
— Je ne crois pas, milord.
— Vous… En fait non, je vais te parler d’homme-à-homme. Écoute, tu verrais briller dans leurs yeux les trésors qu’ils espèrent trouver en creusant jusqu’aux enfers, et tu comprendrais. Il ne leur faut qu’un peu d’or, et, leur soif de richesse apaisée, ils n’ont plus de patrie que celle qui puisse satisfaire leur obsession pour quelques temps.
— Ah, donc vous l’avez soudoyé. Mais ma foi, les Francs sont-il donc tous des croquants de la sorte?
Rougeous hocha de la tête, puis se permit un sourire inhabituellement amical.
— Disons que je considère l’amour des métaux nobles comme universel. Bon. Assez discuté, sergent, il nous regarde.

Une longue heure plus tard, la plate-forme finit par atteindre le niveau d’une entrée caverneuse. Néanmoins, cette entrée était directement creusée dans la paroi rocailleuse qui plongeait toujours vers un sans-fond vertigineux.
— Nous arrivons bientôt, seigneur York, l’informa Grégeois. Les fondations du Fort Épicentrée ne sont plus bien loin, il n’y a plus que ce couloir à traverser.
— Bien, fit Rougeous. Je veux la moitié des hommes pour décharger les caisses d’explosifs, et l’autre avec moi. Soyez sur vos gardes; peut-être ne sommes-nous pas seuls.
Puis, après une marche d’un temps indéfinissable, quelques culs-de-sacs contournés, un pont en pierre traversé et une montée sculptée dans du granit charbonneux escaladée, Grégeois finit par faire signe aux Angles de s’arrêter. Il fit précisément cinq pas en sortant du couloir, puis déposa sa lanterne sur le sol. Il s’agenouilla sans piper mot, garda un moment le silence, puis murmura sans se retourner :
— Vous allez maintenant voir pourquoi j’appelle ma lanterne la lumière de dieu.

Tout d’abord, il ne se produisit rien, mais ensuite…

— Incroyable! contemplèrent les soldats qui peinaient à contenir leur émerveillement.
Ils ne nageaient plus dans une mer d’obscurité, mais dans une nappe gazeuse et luminescente rappelant les aurores boréales du nord reculé de Terre-Anglée. Ils n’étaient plus dans ces espaces renfermés et étroits des mines, mais dans une gigantesque galerie souterraine au plafond haut de plusieurs centaines de mètres et large d’un bon kilomètre. C’était le cœur du Roc Sanglant, du Mont de la Vie, du Grand-Plongeon, de cette montagne aux mille noms qui façonnait le visage de l’Épicentrée entière. L’air y était lourd et ferrailleux, comme si quelque poison hasardeux y flottait. Plusieurs étaient pris de vertige, alors que d’autres fixaient avec horreur ce lieu qui évoquait les grandes citadelles du Pandémonium de l’Enfer de par ses lueurs cinabrines. L’air possédait, comme l’avait si bien dit le vieux Grégeois, quelque chose d’à la fois spectral et divin. Il luisait, comme s’il grouillait de vie.

— Messieurs, dit Lord York en admirant toujours le Grisou vaporeux, je crois que Dieu a mis à notre portée le seul moyen de rayer les Francs de la carte. Car cet air est inflammable et instable, n’est-ce pas, Grégeois?
— Il l’est, Monseigneur, répondit-il avec un léger accent de panique. Tous ceux qui ont péri par sa faute ne l’appelaient pas le souffle du diable sans raison. Le grisou, c’est le Lui qui respire. C’est invisible, inodore, mais on sent sa morsure qui glace le sang. Il n’y a qu’à la lumière que l’on puisse voir sa vraie nature.
— Eh bien, conclut le général, allons chercher nos explosifs, posons nos mèches, et pas même l’Olympe ne pourra résister à l’Apocalypse qui se déchaînera sous l’Épicentrée.

Lord York frotta ses mains avec satisfaction. Il était parcouru de cette sensation vertigineuse d’être Tout-Puissant.

***

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Message  Invité Mer 1 Juil 2009 - 17:24

Beau rebondissement ! Le suspens croît...

"le seul son qui eût pu (conditionnel passé deuxième forme) troubler le silence mortifiant des tunnels. Étaient-ils dix, quinze ou vingt à escorter le général ? L’obscurité était telle qu’il semblait (et non "semblât", pourquoi un subjonctif imparfait ici ?) impossible de le déterminer."
"informa l’officier à (construction fautive ; on informe quelqu'un de quelque chose, on indique quelque chose à quelqu'un) ses subalternes."

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Message  Invité Mer 1 Juil 2009 - 18:51

Je me réjouis de ce vocabulaire si riche, si imagé : chambranlant, j'adore ! Et cinabrin. J'oubliais le très anglophone pandémonium ...
Attention à une erreur commune : "ils n’ont plus de patrie que celle qui puisse satisfaire leur obsession pour quelque temps."

Bonne fête ! (si je ne m'abuse...)

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Message  Lonely Jeu 2 Juil 2009 - 1:22

J'ai adoré ce passage ! On s'y croirait.

Les détails, les anecdotes du mineur, sa lampe mystérieuse, ce gaz maudit, l'ambiance,... c'est excellent, franchement ! Un vrai paysage, fascinant et étonnant, obscur et étouffant. Avec ce petit côté "Mine de la Moria" de LOTR (à propos des nains qui creusèrent si profond qu'ils en réveillèrent les puissances de l'ancien monde).

Tiens, je me dis d'ailleurs que vous sauriez fort bien vous débrouiller avec un récit de ce genre, vous savez établir cette ambiance !

Enfin, bref... sinon, j'imagine que le nom du mineur Grégeois est un clin d'œil au "feu grégeois" ? Vu ce qu'il se prépare... :-)
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Message  Sahkti Ven 31 Juil 2009 - 12:43

J'ai lu l'ensemble d'un bloc, puisque tardivement, et je ne me concentrerai pas sur certains détails, car j'imagine que ça a déjà été fait.

Il y a beaucoup d'ampleur et de théâtralité dans tout ceci, en particulier dans la première partie. C'est un style que j'aime bien en général, grandiose sans être exagéré ni ampoulé. Sur ce point, tu t'en sors bien.
Sans compter que tu apportes une certaines forme de noblesse et de dignité à ce combat, dans ta manière de l'évoquer, détaillée et en même temps pudique.

Le prologue est à mes yeux une réussite car il pose un décor dramatique et flamboyant, sans effets inutiles. Il donne envie de parcourir la suite.
La scène avec Dollard dans le souterrain me paraît très réussie, avec sa juste dose de tension et de description.
Arrive ensuite Saint-Just et Saguenay. Un début un peu laborieux, parce qu'il convient de poser la relation et d'expliquer l'amitié mais avec le risque, par moments, de tomber dans quelque chose de trop convenu et romantique, trop psychologique aussi. Heureusement, cela ne dure pas et leur progression permet au récit de renouer avec sa belle qualité du début.
Dans l'ensemble, j'admire la fluidité du tout et cette accessibilité, rien n'est rébarbatif ou lassant, au contraire.

En tout cas, un fabuleux travail d'écriture pour nous livrer cette fresque sombre et vivante. Il y a du boulot derrière tout cela, ça se sent et ce soin apporté est agréable à lire. Bravo et merci.
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