Nous partirons à Saint-Malo

Nous partirons à Saint-Malo


Poussière de toi,
Mon corps, je te promets,
Nous partirons vers Saint-Malo
Et nous verrons à Paramé
Les filles altières de nos vingt ans
Courant aux lèvres des marées.

Tels deux corsaires en ripaille,
Moi dans ma tête,
Toi à la traîne, un peu chancelants, un peu courbés,
Nous chanterons sur le rempart,
Nous gueulerons contre le vent de ce décembre qui menace,
Crapahutant malgré le froid, même à genoux, même en pleurant,
De la Césembre jusqu’au Grand Bé,
Nous entendrons Chateaubriant,
Regard tourné vers la Louisiane,
Gémir encore pour Atala,
Quand viennent d’Ouest les orages
Et les senteurs du monde sauvage.

Ah, mon corps, vieux compagnon,
Bon chien rouillé de tant d’années
Qu’avons-nous fait de nos élans,
Qu’avons nous fait de nos passions,
De la chaleur de ces gorges
Qui nous donnaient tant à aimer ?

Je te le dis en confidence,
Comme la digue sur la mer
Aimer fut tout ce qu’au néant
Nous dérobâmes en complices.
Poussière de toi, je le promets,
Nous partirons à Saint-Malo.

Bonjour Hellian,

j'aime beaucoup votre poème, il me parle,

Poussière de toi,
Mon corps, je te promets,
Nous partirons vers Saint-Malo

Poussière de toi, je le promets,
Nous partirons à Saint-Malo.

cela ne m'aurait pas dérangé si vous aviez commencé et terminé ce dernier par les deux derniers vers...

J'apprécie en particulier ce passage :

Aimer fut tout ce qu’au néant
Nous dérobâmes en complices.

Quoiqu'il arrive, je suis rarement déçu quand on parle de corsaires ou de pirates (Tipiac) ; ça me fait penser aux livres d' Ambroise Louis Garneray que vous devez certainement connaître (si ce n'est le cas : mais qu'est-ce que vous attendez ! empressez-vous d'aller les lire ;-))

C'est exactement ce que nous finissons, dans le noir, par murmurer à cet édifice éphémère et parfois rancunier...
Profonde métaphore.

Beaucoup d'allure, oui ! J'ai pensé à Brel, A mon dernier repas. Le rythme "chevrotant", boitilleur, correspond admirablement au sujet.

J'aurais bien mis "Bon chien mouillé de tant d'années."
Fidèle à soi et ses amours, sous l'oeil attendri de Chateaubriant ...et de Surcouf!
Allez-y vite avant la ruée des vacanciers!

Bien à vous, Hellian!

Quand le futur est une promesse qu'on se fait à soi-même dans la tentative d'exorciser le présent. Il y a sans doute ici plusieurs niveaux de lecture dans ce poème doux-amer :-)

J'opine avec socque sur Brel mais je pense pour ma part à "ou terminer sa course/La nuit de ses cent ans/Vieillard tonitruant/Enlevé par quelques femmes"
Votre poème me gêne un peu aux entournures, Hellian, preuve qu'il fonctionne et donne à penser. Mais, Béni soit le Nom, je suis un méditerranéen et les froidures glacées des terres de Bretagne ne m'atteindront jamais, non plus que la rouille de vos climats arthritisants.
Mais force belles images.

Honte à moi et pardon à lui. J'ai doté Chateaubriant d'un " d " final incongru. Si la modération passait par ici et acceptait de faire un petit geste... j'en serais heureux.

< Geste fait ;-) >

Touchante complicité avec ce corps, vieux, qui renâcle.
J'aime la forme qui s'enlève pour prendre l'envol de son rêve et qui retrouve un rythme plus sage en retombant dans la réalité.

Aimer fut tout ce qu’au néant
Nous dérobâmes en complices

Ah oui !

Saint Bâlo (prononcer comme ça en plouc) c'est pour moi le dimanche dans les rues piétonnes avec l'odeur des blousons en Skaï, et la sueur qui perle

c'est aussi macher seul sur la plage du sillon un jour de mars, bleu et froid, c'était nettement mieux...;-)

ps: cézembre y a pas un Z?

Beaucoup de ferveur dans ce poème qui évoque la patrie du grand François René. Le ton est quasiment épique, fait rare aujourd'hui en poésie. Des vers vigoureux dont la force communicative stimule le lecteur : seuls les manchots n'applaudiront pas.
Bravos et cordialement.

Bonjour Hellian,

je ne change rien à mon premier commentaire mais ayant relu votre texte à l'instant même (j'aime relire plusieurs fois ce qui m'a plu) j'y ajoute ceci :

Tels deux corsaires en ripaille,
Moi dans ma tête,
Toi à la traîne, un peu chancelants, un peu courbés,
Nous chanterons sur le rempart,

Je trouve le "Moi dans ma tête, toi à la traîne" superflu et cassant inutilement le rythme de votre poème (en même temps je suis loin d'être une référence en la matière question rythme ; alors à vous de voir, en vous relisant, si vous voyez ce que je veux dire ou non (même moi j'ai du mal à me comprendre parfois ;-))

Bon chien rouillé de tant d’années
Qu’avons-nous fait de nos élans,
Qu’avons nous fait de nos passions,
De la chaleur de ces gorges

Ce passage me semble un peu trop chargé en "de", n'y aurait-il pas une alternative à certains d'entre eux ?

Quant à Chateaubriand, même si votre requête fut entendue et exaucée, je ne comprends pas le changement du D en T mais ne suis pas un éminent spécialiste de la lis tes ratures !

Mais en dehors de ce rajout de commentaire, votre poème me parle toujours, c'est même pour cela que je me permets de lui répondre encore ;-)

Merci de l'intérêt réitèré manifesté par vous, Peter Pan, à l'endroit de ce poème.

Le ressenti pétique est difficilement justifiable. Mais je puis juste vous donner ma motivation pour ce qu'elle vaut s'agissant du passage " Moi dans ma tête.."

ce que vous remarquez justement comme un bris du rythme à été voulu, comme pour mieux signifier la distance et la dysarmonie entre le Corps et l'esprit, un désir de vie et son empèchement.

Je crois qu'à ce propos, Socque a le mot juste lorsqu'elle parle d'un rythme chevrotant et boitilleur. Il en va de même des deux dernières strophes où vous remarquerez face à l'abondance de "de" dans l'avant dernière, leur quasi absence dans la strophe finale.

Enfin je ne comprends pas votre observation à propos de l'orthographe du nom de Chateaubriant. J'ai commis une faute, voilà tout, et le modérateur a eu la gentillesse de la réparer. Chateaubriant se termine bien par un "t" et non un "d".

J'aime beaucoup ce poème, même si contrairement aux autres, il me serait difficile de dire pourquoi au juste...
Comme vous le dites, Hélian, sans doutes la déchirure entre le corps et l'esprit...ce dalogue, ce voyage, spiritus et corpus, ensemble...
L'esprit qui se retourne en arrière vers ses souvenirs...car le corps se traine trop...
quand à Chateaubriant -la ville-, elle s'écrit bien avec un t à la fin ;
Mais il me semble bien que l'auteur René de Chateaubriand s'écrive étrangement avec un d...
bizarre...

P.S Ce n'est pas à Crozon votre prochain rendez-vous ?
Vous parliez d'une magnifique randomnée...

Vu qu'Atala et Louisiane étaient associés à Chateaubriand je pensais plutôt à mon mari René mais pardon si j'ai mal interprété, je m'en vais relire de suite en ayant maintenant connaissance de la ville Chateaubrillant (Châteaubriant ?)

Peter Pan a écrit:Vu qu'Atala et Louisiane étaient associés à Chateaubriand je pensais plutôt à mon mari René mais pardon si j'ai mal interprété, je m'en vais relire de suite en ayant maintenant connaissance de la ville Chateaubrillant (Châteaubriant ?)

vrai que René de..., prend un d
aurais-je corrigé faussement ??

mentor a écrit:

Peter Pan a écrit:Vu qu'Atala et Louisiane étaient associés à Chateaubriand je pensais plutôt à mon mari René mais pardon si j'ai mal interprété, je m'en vais relire de suite en ayant maintenant connaissance de la ville Chateaubrillant (Châteaubriant ?)

vrai que René de..., prend un d
aurais-je corrigé faussement ??

Seul Hellia pourra le dire,
Son poème permettant à la fois une allusion à l'auteur ou à la ville...

oh lala, quel pataugeage ! c'est bien évidemment l'orthographe initiale qui était la bonne.

Chateaubriand = l'auteur
Chateaubriant = la ville.

Merci, mon cher Mentor, de remettre les choses dans le bon ordre (d) et que Peter Pan veuille bien acceprter mes hunbles excuses.

Bonjour Hellian,

je profite que votre poème soit déjà vers les cimes pour dire que vous me gênez, ne vous excusez point ;-)

Mes remarques et interrogations n'étaient là que pour essayer de saisir pleinement votre poème. Depuis le début celui-ci m'a emmené avec une telle maestria dans un si épique périple en la cité corsaire que vous pouviez bien vous permettre quelques écarts de conduite ;-)

Et puis grâce à vous maintenant c'est sûr :

Je reviendrai à Saint-Malo
Dans un grand navire bleu de ciel
J'ai besoin de revoir la cité corsaire
Et ses bagarres de comptoir

J'ai besoin de cette fresque
Esquissée droit par Hellian
Et qui fait neiger en mon coeur
Des pirates bleus des pirates d'or...

Pardon à Robert pour lui avoir emprunté sa chanson, ce n'est quand même pas la fin du monde voire la maudite ou une autre de ses bières ;-)

Bonne journée à vous Hellian, merci encore pour le voyage gratis.

J'ai bien aimé, ça m'a rappelé, peut-être à tort, certains passages de la complainte de Rutebeuf.
J'ai néanmoins des réserves sur la référence à Atala et son écrivain, qui selon moi est trop longue et trop étirée

Ah oui !

Je te le dis en confidence,
Comme la digue sur la mer
Aimer fut tout ce qu’au néant
Nous dérobâmes en complices.

Ha, y a pas à dire, ça a de l'allure! Je le vois (enfin, je l'entends plutôt) très bien déclamé à haute et forte voix ce poème, tel un marin qui déclamerait la mer.


Personnellement, j'aurais coupé ces vers:
Toi à la traîne, un peu chancelants, un peu courbés,
Crapahutant malgré le froid, même à genoux, même en pleurant

Certaines images me plaisent beaucoup, entre autres celle-ci:
Les filles altières de nos vingt ans
Courant aux lèvres des marées.

Bonsoir Hellian,

bien que je n'ai rien à dire de plus en ce qui concerne votre poème et que cette partie du forum ne soit pas un atelier de discutions il faut que je vous raconte !

Avant-hier, en allant dans la cuisine de mon daron, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant à même le plan de travail une petite boîte de palets et galettes de Bretagne (il faut dire que mon père est légèrement goinfre sur les bords).

J'ai de suite pensé à vous, à votre poème et à la synchronicité chère à Jung que vous avez évoqué il y a peu je ne sais plus où sur ce forum.
Mais plutôt que de long discours je préfère vous envoyer la photo que je pris aussitôt afin de prouver que cette histoire est vraie et que ce n'est pas par un indicible besoin de raconter n'importe quoi à n'importe qui (je ne vous considère pas comme n'importe qui, c'est un exemple) que je vous écris tout ceci ;-)

J'espère que ça va fonctionner, j'ai hébergé ma photo sur un site qui lui a gracieusement donné une adresse URL et je vais maintenant essayer de l'envoyer ici afin que vous compreniez de quoi je veux parler !

bien que je n'ai rien à dire

Pfffffffffffffffffffffffffffffff !

Désolé mais j'écris comme je pense, vous imaginez la gueule de mon cerveau !

Pourtant je le sais (bien que je n'aie) alors pourquoi je fais cette stupide erreur, hein ?
D'autres laisseraient la faute en pensant que personne ne s'en est aperçu et que ce n'est tout compte fait pas si important, alors pourquoi me sens-je obligé de la signaler quitte à me faire enguirlander par Guy !
Un gentil modérateur ne pourrait-il pas effacer ce message et corriger ma faute comme si de rien n'était ? Ca éviterait que je me fasse un sang d'encre pour rien ;-)

Peter Pan a écrit: Ca éviterait que je me fasse un sang d'encre pour rien ;-)

Peur qu'on vous fasse pan-pan?

Pour Hellian,

Tout d'abord bien le bonjour et mes sincères salutations au poète de "Nous Partirons à Saint-Malo"...
A moi aussi, il me parle... j'y passe ma vie et je me construit dans cette ville.
Je suis photographe et me plaît à exercer mon métier, ma passion, entre la Rance et la Manche. Je viens d'ailleurs d'illustrer une de mes galeries, toute à fait personnelle et non professionnelle de ce poème...
Et c'est pour cette raison que je poste un message dans ce sujet ; Hellian, cela est-il litigieux ou non que j'use de vos écrits dans ce cas ?
Je suis moi-même très défenseur des droits d'auteur mais sachez qu'il n'y a rien de commercial ici et que s'il en était question, je vous en référerais au plus vite.

Photographiquement vôtre

ce qui serait une super bonne idée serait de poster cette jolie présentation ici
https://vosecrits.1fr1.net/conversations-atelier-f4/presentez-vous-ici-t3200-800.htm

BIENVENUE SUR VE !

encore un Breton, pfffff
:-)))))

au fait, Hellian est avocat, vous aurez votre réponse !
;-)

Fin sujet que voilà et sensuels rapprochements. Vive les lieux organiques! "(...)aux lèvres des marées": j'aime beaucoup.

St Malo est vraiment un endroit magique.
Peut être que vous auriez pu le faire ressentir sans cette énumération de sites. Cela réduit la portée métaphorique que vous voulez mettre en place (excusez moi, cette île où les Américains ont testés le napalm en 45, s'écrit avec un "z": CéZembre, ...pagrav).

La fin possède la gravité elle, d'un profond ressenti sur l'existence. C'est si juste pour cette cité de tous les départs.

"Nous chanterons sur le rempart,
Nous gueulerons contre le vent de ce décembre qui menace,
Crapahutant malgré le froid, même à genoux, même en pleurant"

Là, je m'y retrouve tout de suite... Le froid, le vent, les larmes... Ville magique ou maudite ?
J'ai beaucoup aimé, en tout cas !

Matheo_bzh a écrit:Pour Hellian,

Tout d'abord bien le bonjour et mes sincères salutations au poète de "Nous Partirons à Saint-Malo"...
A moi aussi, il me parle... j'y passe ma vie et je me construit dans cette ville.
Je suis photographe et me plaît à exercer mon métier, ma passion, entre la Rance et la Manche. Je viens d'ailleurs d'illustrer une de mes galeries, toute à fait personnelle et non professionnelle de ce poème...
Et c'est pour cette raison que je poste un message dans ce sujet ; Hellian, cela est-il litigieux ou non que j'use de vos écrits dans ce cas ?
Je suis moi-même très défenseur des droits d'auteur mais sachez qu'il n'y a rien de commercial ici et que s'il en était question, je vous en référerais au plus vite.

Photographiquement vôtre

Aucune objection, bien sûr; c'est au contraire un hommage rendu à ce poème et je vous en sais gré.

Je formule juste une requète : soyez aimable de corriger les deux erreurs orthographiques que constituent d'une part le "t" final de chateaubriand et d'autre part le "s" de Cézembre.

D'autre part, ce serait sympa de nous donner l'adresse de votre galerie. On ne sait jamais. Il y a sur ce site quelques amateurs de photographie (au nombre desquels je suis) et de Bretagne ...

Bonjour Hellian,

Oui, la correction a été faite avant la diffusion de la galerie...
Il s'agit d'une galerie Facebook, partagée à l'ensemble de la communauté :
http://www.new.facebook.com/home.php#/album.php?aid=2030203&id=1099583890
Il me semble qu'il est nécessaire d'avoir un compte actif pour regarder ces images... Si vous êtes un utilisateur de Facebook, n'hésitez pas à faire une demande d'ami ; cette plateforme est pour moi un terrain de jeu qui peut s'avérer très lyrique !!
Merci d'avoir accepté cette publication...

Certaines des photos me semblent en écho au poème; quoi qu'il en soit, l'écrit renforce et oriente la lecture de certaines images qui auraient pu illustrer un peu n'importe quoi, au sens où elles ne sont pas particulièrement reliées à St Malo; là, elles prennent une singularité et un relief nouveau, par le vent de la poésie.

Oo
Silene82 est sur facebook ! C'est le jour des surprises ! :-)))
Le poème illustre à merveille les images, ou plutôt non ;
Les images illustrent à merveille le poème.
Beuh quoi... faut savoir choisir son camp, je préfère l'écriture que la photo ! ^o^

Du coup, j'en profite pour dire à Matheo_bzh que j'aime beaucoup celle-ci :
http://photos-b.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc1/hs152.snc1/5680_1184565849857_1099583890_30597889_1928938_n.jpg

Merci !! C'est beaucoup de plaisir !!!

Et en quoi, je te prie, est-ce une surprise que je sois sur Facebook? Comme sur de nombreux autres vecteurs, d'ailleurs?
parce que j'ai l'âge d'être ton père?

Arf ! Désolée silene82, je ne voulais pas faire ce genre d'allusion.. du tout du tout du tout.
Ce n'est pas une question d'âge, c'est une question d'image fantasmatique.
Attention, je ne parle pas de sexualité là.
Je me représente les gens que je côtoie sur internet, normal, y a pas le son ni l'image... et donc, toi, je t'imaginais dans une pièce au murs couverts de vieux livres, tous plus précieux les uns que les autres, derrière un bureau en acajou et une machine à écrire anglaise... mais, comment fait-il pour aller sur internet ? :-O
Rien de moqueur ou je ne sais... juste une image.
Là, s'il est vexé, je ne pourrais que m'en prendre à moi-même.