Grand-Mère
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Grand-Mère
Bonjour à tous, je voulais vous faire partager un texte que m'a inspiré le décès récent de ma grand-mère.
_________________
Tu es là, si près, six pieds sous terre, si seulement…
J’effeuille mes songes, les scrute, en repasse le sinueux fil dans ma tête, pour t’y retrouver.
Je ne t’y retrouve pas, tu es partie.
Tu croyais aux nuages, tu croyais en ce que tu disait être l’Eternité.
Moi, je n’y crois pas. Tu es un souvenir et quand tu n’en sera plus un, tu auras disparue.
Souvenir qui s’efface et avec lui abîme le temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître et que ceux de plus de quatre-vingt ont oublié, comme ils oublient leur adresse ou le prénom de leur femme.
Tu as vu la guerre, la révolte et le sang. Tu aurais pu être à Woodstock, tu n’y étais pas.
Hendrix, Marley ou Lennon sont tous morts tandis que tu les taxais d’indifférence. En 68, tu as renié ton fils aîné, pour un temps. Tu te souviens des oranges à Noël et du pain assaisonné au pain.
Tu es morte et bientôt, seule la terre se souviendra de toi, comme elle se souvient des bombes et des temps plus anciens. Et nos larmes, autant soient elles, seront toujours trop peu pour espérer faire germer l’aube d’une nouvelle vie.
Mon cœur saigne maintenant, cicatrisera plus tard, ingrat.
Tu es, Grand-Mère, nous sommes, Césars comme inconnus, condamnés à l’oubli le plus total.
Avec pour seule variante, selon qui, le délai.
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Tu es là, si près, six pieds sous terre, si seulement…
J’effeuille mes songes, les scrute, en repasse le sinueux fil dans ma tête, pour t’y retrouver.
Je ne t’y retrouve pas, tu es partie.
Tu croyais aux nuages, tu croyais en ce que tu disait être l’Eternité.
Moi, je n’y crois pas. Tu es un souvenir et quand tu n’en sera plus un, tu auras disparue.
Souvenir qui s’efface et avec lui abîme le temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître et que ceux de plus de quatre-vingt ont oublié, comme ils oublient leur adresse ou le prénom de leur femme.
Tu as vu la guerre, la révolte et le sang. Tu aurais pu être à Woodstock, tu n’y étais pas.
Hendrix, Marley ou Lennon sont tous morts tandis que tu les taxais d’indifférence. En 68, tu as renié ton fils aîné, pour un temps. Tu te souviens des oranges à Noël et du pain assaisonné au pain.
Tu es morte et bientôt, seule la terre se souviendra de toi, comme elle se souvient des bombes et des temps plus anciens. Et nos larmes, autant soient elles, seront toujours trop peu pour espérer faire germer l’aube d’une nouvelle vie.
Mon cœur saigne maintenant, cicatrisera plus tard, ingrat.
Tu es, Grand-Mère, nous sommes, Césars comme inconnus, condamnés à l’oubli le plus total.
Avec pour seule variante, selon qui, le délai.
paw- Nombre de messages : 11
Age : 30
Date d'inscription : 21/09/2008
Re: Grand-Mère
Un texte brut d'émotion où se télescopent plusieurs thèmes.
J'apprécie que tu n'idéalises pas la défunte outre mesure, que tu lui accordes sa place d'humain faillible, l'honnêteté ce certaines phrases, par exemple ici :
Tu as vu la guerre, la révolte et le sang. Tu aurais pu être à Woodstock, tu n’y étais pas.
Hendrix, Marley ou Lennon sont tous morts tandis que tu les taxais d’indifférence. En 68, tu as renié ton fils aîné, pour un temps.
J'apprécie que tu n'idéalises pas la défunte outre mesure, que tu lui accordes sa place d'humain faillible, l'honnêteté ce certaines phrases, par exemple ici :
Tu as vu la guerre, la révolte et le sang. Tu aurais pu être à Woodstock, tu n’y étais pas.
Hendrix, Marley ou Lennon sont tous morts tandis que tu les taxais d’indifférence. En 68, tu as renié ton fils aîné, pour un temps.
Invité- Invité
Re: Grand-Mère
Texte d’émotion effectivement, de réalisme aussi.
J’ai bien aimé « Tu aurais pu être à Woodstock, tu n’y étais pas. » et la toute dernière phrase.
Il y a d’autres belles phrases, mais le tout me laisse une impression d’outrance poétique à laquelle je n’adhère pas. J’aurai probablement plus de plaisir à te lire sur un sujet moins intime, plus imaginaire.
J’ai bien aimé « Tu aurais pu être à Woodstock, tu n’y étais pas. » et la toute dernière phrase.
Il y a d’autres belles phrases, mais le tout me laisse une impression d’outrance poétique à laquelle je n’adhère pas. J’aurai probablement plus de plaisir à te lire sur un sujet moins intime, plus imaginaire.
Re: Grand-Mère
Au moins le texte a-t-il le mérite d'être catharsique, et de vous permettre de déballer en vrac ce qui monte lors du deuil tout neuf.
Il est vraisemblable qu'un peu plus de temps vous donnera une vision autre, où d'autres souvenirs enrichiront et alimenteront vos mots.
Les 6 pieds sous terre, ça fait un peu western, non? Déjà, on n'enterre plus guère, on met en caveau, ce qui traduit une vision du monde fort différente: le monde protestant prône la digestion des corps par la terre (tu es poussière, soit dit en passant, en hébreu, adam, le premier homme, est le mot pour terre), le catholicisme ne contredit pas formellement les textes sacrés, mais s'accommode assez bien de la préservation des chairs sur le long terme.
Il est vraisemblable qu'un peu plus de temps vous donnera une vision autre, où d'autres souvenirs enrichiront et alimenteront vos mots.
Les 6 pieds sous terre, ça fait un peu western, non? Déjà, on n'enterre plus guère, on met en caveau, ce qui traduit une vision du monde fort différente: le monde protestant prône la digestion des corps par la terre (tu es poussière, soit dit en passant, en hébreu, adam, le premier homme, est le mot pour terre), le catholicisme ne contredit pas formellement les textes sacrés, mais s'accommode assez bien de la préservation des chairs sur le long terme.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Grand-Mère
Un texte plein d'émotion et de profondeur... Il est toujours difficile de'écrire sur quelque chose qui touche vraiment de très près, surtout à chaud
Je salue ce bel hommage avec sympathie...
Je salue ce bel hommage avec sympathie...
Invité- Invité
Re: Grand-Mère
J'ai beaucoup aimé ces paragraphes :
Mais certaines phrases me paraissent un peu trop faciles :
Tu as vu la guerre, la révolte et le sang. Tu aurais pu être à Woodstock, tu n’y étais pas.
Hendrix, Marley ou Lennon sont tous morts tandis que tu les taxais d’indifférence. En 68, tu as renié ton fils aîné, pour un temps. Tu te souviens des oranges à Noël et du pain assaisonné au pain.
mais cette dernière proposition me semble en trop.Souvenir qui s’efface et avec lui abîme le temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître et que ceux de plus de quatre-vingt ont oublié, comme ils oublient leur adresse ou le prénom de leur femme.
Mais certaines phrases me paraissent un peu trop faciles :
Tu croyais aux nuages, tu croyais en ce que tu disait être l’Eternité.
Moi, je n’y crois pas. Tu es un souvenir et quand tu n’en sera plus un, tu auras disparue.
seront toujours trop peu pour espérer faire germer l’aube d’une nouvelle vie.
condamnés à l’oubli le plus total.
Re: Grand-Mère
Difficile de commenter une telle émotion.
Tu es un souvenir et quand tu n’en sera plus un, tu auras disparue.
Souvenir qui s’efface
Ho non... jamais, même si on aimerait parfois pour avoir moins mal, même si on redoute que ça arrive parce que là, on aurait vraiment mal. Mais les morts, c'est dans le coeur des vivants qu'ils existent, surtout.
Tu es un souvenir et quand tu n’en sera plus un, tu auras disparue.
Souvenir qui s’efface
Ho non... jamais, même si on aimerait parfois pour avoir moins mal, même si on redoute que ça arrive parce que là, on aurait vraiment mal. Mais les morts, c'est dans le coeur des vivants qu'ils existent, surtout.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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