Belfast Parano, chapitre 1
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Belfast Parano, chapitre 1
Chapitre 1
James Connolly... Son amant étrange, au nom mythique… Avec lequel elle venait d’avoir sa première vraie grosse dispute… Une semaine de conflit larvé, un désaccord de basse intensité, qui s’exprimait plus par le silence que par des mots et qui était en train de sérieusement la miner… Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose…
Amoureuse… merde… le piège…
Ils roulaient, en ce moment même, vers la maison de sa grand-tante Henriette, là où elle l’avait rencontré un an auparavant, jour pour jour. Bercée par le ronron de la grosse voiture noire aux vitres fumées, blottie contre la portière, elle se laissait partir dans les divagations habituelles de son intarissable boite à souvenir.
Elle avait tout d’abord été intriguée par cette espèce de dandy snob aux yeux de chat, qui l’avait finalement amusée puis séduite par sa courtoisie d’un autre âge, se demandant ce qu’un mec tel que lui pouvait bien trouver à une petite métaleuse destroy comme elle… Car elle lui plaisait, la chose était certaine... Elle lui parlait de sa thèse d’histoire sur les mouvements sociaux en Provence, il la fixait avec des yeux vagues et un sourire idiot. Quand il tentait d’aligner trois mots, il mélangeait l’anglais et le français de façon assez comique et s’emmêlait dans son discours comme un ado de quatorze ans… Pourtant, ce comportement était aux antipodes de la description qu’avait faite Henriette de son vieil ami irlandais… Elle en avait donc conclu, et à juste titre, que ce trouble était du à sa présence. Elle-même ne se sentait pas indifférente au charme suranné de ce grand type en costard année cinquante, qui avait, tout au plus, vingt ans de plus qu’elle…
Le soir même, elle recevait, glissée sous sa porte, une carte, écrite à la plume, l’invitant à diner le lendemain, dans l’un des plus prestigieux restaurant d’Aix-en-Provence. Le procédé l’amusa. Certes, elle n’avait ni téléphone, ni internet mais il aurait pu taper à sa porte… le black métal hurlant au travers de ces murs signalait suffisamment sa présence…
Peut-être que je lui ai fait peur…
Elle s’y était rendue vêtue de sa plus belle robe gothique, sa crinière noire domestiquée en une choucroute façon dix-neuvième siècle. Il l’attendait, bien qu’elle ait été légèrement en avance. Elle le vit par la fenêtre, immobile et calme,… un félin à l’affut. Elle se rendit compte qu’elle tremblait légèrement d’excitation.
Arrête, idiote, ce n’est qu’un mec, tu t’en es tapé plus d’une vingtaine depuis sept ans… celui-ci n’a rien de différent des autres…
Oui, mais voilà… ces relations avec la gente masculine s’étaient jusque-là limitées à un aspect strictement sexuel, ou vaguement amical… Alors que là… Elle commençait à se sentir bizarre, les mains moites, la gorge nouée, l’impression d’avoir des ailes qui lui poussent dans le dos… Pour un type qui pourrait être son père… et fringué comme l’aurait été son grand-père, si elle l’avait connu…
ET ALORS ! Quitte à toujours se singulariser, autant le faire pleinement ! T’emmerde pas avec ces considérations, fille, tout ça c’est des construits sociaux…
Quand James la vit pousser la porte, il sortit brusquement de sa rêverie, son cœur venait de se décrocher pour aller rebondir sur le lustre design du restaurant.
A dark lady…
Il avait hésité un moment avant de l’inviter… Il avait quand même été l’amant de la meilleure amie de sa grand-tante,… qui certes, à l’époque, avait vingt ans de plus que lui… et lui maintenant, il avait vingt ans de plus qu’elle…
Johanne, my dark lady...
Il avait appelé Henriette pour lui dire qu’il se trouvait face à un dilemme : il venait d’avoir le coup de foudre pour une fille, mais manque de bol c’était sa nièce, Johanne… Henriette avait éclaté de rire, en lui disant qu’elle s’en était aperçue, et que ça semblait être réciproque, compte tenu des regards enamourés et un rien stupides que lui lançait cette même nièce. Elle avait ajouté que si cela l’avait quelque peu étonné, cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Au moins, si Johanne paraissait malheureuse, elle saurait sur qui taper… Il avait alors raccroché sans un mot et s’était précipité sur son stylo plume, pris d’une soudaine inspiration.
Il avait écrit le mot, puis avait laissé vadrouiller son imagination… Quand il avait vu la jeune femme pour la première fois, la veille, il avait été frappé par une puissance divine. Le mélange éclatant entre le sud et le nord, des cheveux, des yeux et des rondeurs de méditerranéenne, sur une peau diaphane, des traits de poupée russe et une minuscule bouche sensuelle. Son accoutrement, ridicule, d’adolescente attardée accentuait par contraste une grâce brutale et une voix basse, un peu rauque, de grande fumeuse… Elle lui avait parlé des révoltes en Provence pendant tout le repas. Il avait suivi, fasciné, les mouvements de sa petite bouche et le soleil jouant dans sa chevelure noire, comme sur un monochrome de Soulages. Il n’arrivait pas à aligner trois phrases sans bégayer, ou sans mélanger français et anglais dans un affreux et incompréhensible sabir. Il pouvait presque visualiser le sang gagnant les vaisseaux de son visage pour le rendre encore plus ridicule…. Il avait l’impression d’avoir à nouveau quatorze ans.
Tout l’avait séduit chez elle. Ses yeux noirs pénétrants, façon rayons laser, son intelligence, son humour railleur, son je m’en foutisme cultivé… même son horrible uniforme post-grunge l’avait touché, par son côté enfantin… et par ce qu’il laissait voir de sa peau et de ces rondeurs… Ses jambes, gainées d’une toile de trous entourée de jeans, ses fesses tendant dangereusement le tissus usé jusqu’à la trame au point de faire craindre un éclatement… Son décolleté vertigineux …
So Sexy…
Et un an plus tard, elle était là dans la voiture à lui faire la tête pour qu’il avoue avoir eu tord…
Une semaine plus tôt, il s’était engueulé avec Henriette qui voulait, encore une fois, l’entrainer dans l’un de ces coups tordus pour faire tomber Paul Santini. Elle avait besoin de lui pour s’infiltrer dans l’ordinateur personnel du vieux mafieux. Il lui avait répondu qu’il était fatigué de ces foutus délires de vengeances, que sa croisade anti-santini avait fait suffisamment de morts comme ça et que, désormais, lui n’aspirait qu’à vivre tranquillement de ses affaires, à profiter de son tout nouveau bonheur et à surtout ne plus vivre avec la peur de se prendre une balle dans la tête au détour d’une rue… ou pire désormais… avec la hantise que la femme qu’il aime se prenne une balle dans la tête au détour d’une rue…
Le ton a commencé à monter… Et là,… quand elle lui avait dit qu’il fallait qu’il fasse cela pour elle, il avait eu les mots de trop… il l’avait traité de vieille peau égoïste et inconsciente… Elle l’avait traité de lâche et de foi blanc en lui rétorquant que c’était lui l’égoïste dans l’affaire… Hors de lui, il l’avait traité de vieille pute… Elle avait soudainement blêmi et lui avait hurlé qu’elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui, il avait hurlé la même chose encore plus fort et était parti en claquant la porte, laissant une Johanne abasourdie et une Henriette rouge de fureur.
Et depuis Johanne lui en voulait. Il faut dire que traiter Henriette de pute n’était pas bien malin… Si elle cherchait à se venger de la famille Santini, c’est justement parce qu’elle s’était retrouvée prostituée après que l’un des maquereaux de Paul Santini, le cousin de Jean, l’ai « recueillie » lors d’une fugue, à l’âge de seize ans… Elle avait pu se sortir de là grâce à Jean Santini… qui avait promis la liberté à Henriette et sa meilleure amie, Julie, contre la mort de Paul Santini… pour mieux prendre la place de celui-ci… Après cela, il avait tenté de les faire descendre. Les deux filles s’était réfugiées à Londres, en compagnie de deux autres prostituées qui ont eu le malheur d’être témoin de l’exécution…
Toutes les quatre se sont alors lancées, avec succès, dans le braquage de banque, l’escroquerie et le chantage. Pendant dix ans tout a roulé pour elles. L’une des filles, Rose, a décidé de se retirer de la vie criminelle, pour se marier, l’autre, Odette, voulait faire de même après un gros coup. C’est à ce moment-là que James les a rencontrées… Elles avaient besoin d’un spécialiste des coffres, capable d’en ouvrir un de très haute sécurité en moins de dix minutes… ce qui constituait le talent principal du jeune James, vingt ans, fils de serrurier, qui s’était lancé très tôt dans la cambriole et avait même déjà mangé une année et demi de prison pour ça… Le braquage a foiré, même s’ils ont engourdi l’oseille, Odette s’est fait descendre à la sortie de la banque, Henriette, Julie et le jeune James se sont réfugiés à Paris… où, après quelques années à vivre sur leur magot, Henriette et Julie ont décidé de redescendre à Marseille pour aller faire cracher ce vieux Jean au bassinet… et le cercle infernal a débuté, conduisant Julie à la mort (ou du moins à la disparition, on n’a jamais retrouvé son corps…), James à l’exil à Belfast, sa ville d’origine, et Henriette en taule sous une fausse accusation.
Vingt-cinq ans plus tard, voilà qu’Henriette voulait remettre ça… encore une fois. Devenue une vieille dame cardiaque, tirant officiellement ses revenus de placements boursiers, elle comptait sur ces « bras » pour mener à bien ses plans : James, qui s’était recyclé en hacker lors de son dernier séjour en prison, durant le boum économique irlandais, et Ange, un jeune corse, étudiant en droit, fils d’un vieil ami, qu’Henriette avait pris sous son aile lors de sa sortie de prison, et qui lui obéissait comme un brave petit chien fidèle…Henriette avait l’habitude qu’on lui obéisse bien gentiment… et ce n’était pas pour une question d’argent qu’elle voulait faire tomber Santini, devenu entre temps politicard, élu de gauche et président de conseil régional, ni pour une question de morale ou de justice, mais pour une foutue question d’honneur et de vengeance…
Johanne ne comprenait pas pourquoi il avait réagi aussi violemment. Elle ne lui faisait pas la tête, pire, elle boudait et le regardait avec un mépris empreint de pitié qui lui brisait le cœur… Pour elle, James refusait à une vieille dame, dont la santé déclinait de plus en plus, l’ultime vengeance qui lui permettrait de partir en paix… Elle ne se rendait pas compte… Elle ne comprenait pas qu’il avait vu beaucoup trop de mort, que s’attaquer à des mafieux, ce n’était pas que de l’adrénaline et de l’excitation comme dans ces foutus bouquins… que quand on se prend un balle c’est fini… on tombe,… on n’existe plus… et que parfois cela peut-être encore pire que ça… Julie, qui avait été sa compagne pendant plus de cinq ans a disparu… tout bêtement… Paul Santini s’était vanté de sa disparition… promettant le même sort à Henriette et James s’ils ne s’évanouissaient pas très vite de son horizon…
Ce qui avait conduit James à Belfast, chez son oncle Patsy… Très rapidement, il avait été « recruté » par un groupe paramilitaire, tendance extrême gauche, l’INLA … et là aussi, il en avait vu, des morts… beaucoup trop… et beaucoup pour des histoires d’honneur et de vengeance qui n’avait pas grand-chose à voir avec la lutte… enfin, pas directement… et il en avait provoqué, aussi, des morts…
Mais enfin, bon, Henriette restait Henriette… Sa meilleure amie… celle qui l’avait aidé à s’installer en France quand, à sa sortie de prison, il n’avait pas voulu rester dans cette Irlande post-processus de paix, toute tournée vers le grand capital…
Yes…, enfin, non…, je ne reviendrai pas sur ma décision de ne pas en être, mais je vais quand même m’excuser de lui avoir parlé comme ça…puis ça calmera Jo.… après tout,…elle a passé la semaine nous convaincre, avec Henriette, de nous retrouver pour discuter au calme…Je vais m’excuser, lui expliquer pourquoi je ne veux pas participer et peut-être qu’elle comprendra… après tout, elle aussi, elle tient à Johanne… et puis Johanne réalisera, peut-être, qu’on est pas dans un des ces damnés bouquins… et puis si elles ne comprennent pas, l’Ange doit être rentré de Corse. Si je lui explique que la sécurité de Johanne est en jeu, il se rangera sans aucun doute de mon coté.
Il se tourna vers la jeune femme, qui fixait silencieusement le déroulement de la bande blanche sur le bitume, comme si elle avait quelque chose de très grave à lui reprocher…
- Tu as gagné, je vais m’excuser. Je change pas d’avis sur le fond, mais j’avais pas à lui parler comme ça…
La bouche minuscule de la jeune femme s’étira en un immense sourire :
- Un peu de musique pour fêter ça ?
Elle brancha son lecteur MP3 sur l’autoradio de la BM, sembla hésiter, puis appuya sur Play. Les haut-parleurs dégueulèrent de gros riffs de guitare bientôt accompagnés d’une voix démoniaque :
« RRRRIIIIGHT NOOOWWW …. AHAHAHAHA ! I’m an….»
James coupa le branchement auxiliaire, ce qui eu pour effet d’allumer la radio. Johanne baissa le volume.
- Qu’est-ce qui se passe ? Je croyais que le punk ne te déplaisait pas.
- Ah ouais… mais pas eux… State sponsored rebellion…
- Euh… c'est-à-dire ?
James se tourna vers elle, goguenard :
- Je vais casser l’un de tes mythes… Ces petits cons de Sex Pistols ont accepté du fric des Brits pour aller jouer à Belfast…
Johanne, un peu incrédule, lui demanda :
- Mais, pourquoi ils ont fait ça ??
- Les Sex Pistols,… je ne sais pas… je pencherai pour l’appât du gain ou bien un manque de discernement du à tout ce qu’ils avalaient, mais, les Brits, c’était pour tenter de détourner la jeunesse catholique du républicanisme… clairement… Quand on ne peut pas stopper une révolte, on l’oriente…
- Alors ça… ça me laisse sur le cul… Rassure-moi, les Clash ont pas fait pareil ?
James éclata de rire :
- Non, l’un de tes mythes est sauf. Eux, ils ont réussi à se faire menacer de mort par les loyalistes !
Le jingle du journal de midi de France Intox retenti. « Aujourd’hui, l’Irlande du nord a fait un bond de près de dix ans dans le passé. Les habitants se sont réveillés sous le choc. Hier soir, deux militaires de la caserne de Massereene ont été abattu par un commando puissamment armé, au moment où ils réceptionnaient les pizzas qu’ils venaient de commander. Notre envoyé spécial, Stéphanie Morretti… »
James, incrédule, freina légèrement et augmenta le son : « Hier soir, deux militaires du régiment d’élite stationné ici ont commandé des pizzas. C’est en sortant devant la porte de la caserne qu’ils ont été abattus par un commando puissamment armé qui stationnait non loin de là. Les deux livreurs de la société Poker Pizza ont été blessés, de même que deux militaires en faction qui ont tenté de venir au secours de leurs camarades. Les deux victimes, âgées respectivement de vingt et un et vingt-deux ans, allaient partir dans quelques jours pour l’Afghanistan. Un groupe armé dissident refusant les accords de paix, l’IRA Historique, aurait revendiqué l’attaque. Le provisional Sinn Fein a immédiatement condamné cet acte en déclarant qu’il n’émanait que d’une faction de bandits qui ne réussirait pas à mettre en péril la paix durement acquise. Des informations sur l’avancée de l’enquête dans notre prochaine édition. A Belfast pour France Intox, Stéphanie Morretti. »
Un immense sourire se peignit sur le visage de James :
- Alors ça… c’est… inattendu ! Je savais qu’il avait repris les armes,… mais…
- Tu connais ce groupe ? demanda Johanne une lueur d’excitation sur le visage.
- Oui, enfin, je connais des gens qui en faisaient partie, ça s’est créée juste avant les accords de paix de 98, avant ma sortie de prison… mais je ne sais pas si les gens que je connaissais en font encore partie… répondit James. Puis à mi-voix, il ajouta, completely crazy !…
En prononçant ces paroles, James senti l’adrénaline se diffuser brusquement dans toutes les parties de son corps. Malgré tout, il aimerait bien être là-haut en ce moment… Ils doivent tirer une gueule, les Brits, et les provos…
Un coup comme ça… on n’en réussit pas tous les dix ans… ça porte la marque de l’humour du Doc.…Pizza aux pruneaux pour les tueurs à gages mandatés par l’Etat…
Johanne frétillait sur son siège. La lutte armée avait toujours été une sorte de fantasme romantique pour elle, en même temps qu’une solution politique mûrement réfléchie… Comment se battre contre un Etat armé sans, soi même utiliser des armes ?… Face aux bastos, les fleurs et les belles paroles pacifistes ne servent pas à grand choses… Elle avait fait partie de plusieurs groupuscules anarchisants, parlant de lutte armée, durant ces années de fac, mais aucun d’eux n’étaient capables, ni même réellement prêts, à la mettre en place… et encore moins à grande échelle… parce qu’un micro groupuscule à la Action directe, c’est bien joli, bien honorable, bien excitant, mais ça ne fait pas vraiment avancer les choses… Alors que là,… l’I.R.A et toutes ses dérivées… Whaou ! Trente ans de lutte et même quand ils semblent morts, ils se relèvent encore…
Elle sortit machinalement une cigarette et l’alluma, avant de réaliser qu’elle était dans la sacro-sainte voiture de James. Il ne lui fit aucune remarque, trop occupé à former des conjectures sur l’attaque de la caserne, les mains négligemment posées sur le volant. Elle le vit se mordiller la lèvre inférieure, signe chez lui d’un état ambigu.
S’il veut monter à Belfast, quoi qu’il en dise, je le suis.
Elle se sentait speed comme jamais, plus encore que lors des dernières manifestations étudiantes qui avait tourné à l’émeute, ou que la fois où elle avait, toute seule, cassé la gueule à un facho qui la dépassait d’une bonne tête. Le soleil de la campagne Aixoise luisait d’un éclat marrant à travers les vitres fumées de la BM de James. Une espèce de lumière post-apocalyptique pas déplaisante… Si on lui avait dit deux ans plus tôt qu’elle sortirait avec un mec en costard qui roule en BM… elle aurait éclaté de rire ou frappé, en fonction de la personne responsable de ces paroles… mais James n’est pas un type en costard comme les autres. Oh ! non… Il ne bosse ni pour une banque, ni pour une multinationale, ni pour une quelconque entreprise et encore moins pour un Etat. Non, c’est juste quelqu’un qui aime être bien fringué et qui a un goût prononcé pour les belles bagnoles. Quand elle l’a charrié sur la question, il a répondu que c’était surtout un bon moyen pour se fondre dans la bourgeoisie aixoise… mais elle le soupçonnait fortement d’aimer ça… notamment au vu du nombre d’heures qu’il passait tous les jours dans la salle de bain. Des petits détails attachants, sur un personnage encore très mystérieux, en dépit d’une fréquentation assidue… Ce mec était une zone d’ombre à lui tout seul… et peut-être est-ce cela qui l’attirait tant.
James Connolly... Son amant étrange, au nom mythique… Avec lequel elle venait d’avoir sa première vraie grosse dispute… Une semaine de conflit larvé, un désaccord de basse intensité, qui s’exprimait plus par le silence que par des mots et qui était en train de sérieusement la miner… Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose…
Amoureuse… merde… le piège…
Ils roulaient, en ce moment même, vers la maison de sa grand-tante Henriette, là où elle l’avait rencontré un an auparavant, jour pour jour. Bercée par le ronron de la grosse voiture noire aux vitres fumées, blottie contre la portière, elle se laissait partir dans les divagations habituelles de son intarissable boite à souvenir.
Elle avait tout d’abord été intriguée par cette espèce de dandy snob aux yeux de chat, qui l’avait finalement amusée puis séduite par sa courtoisie d’un autre âge, se demandant ce qu’un mec tel que lui pouvait bien trouver à une petite métaleuse destroy comme elle… Car elle lui plaisait, la chose était certaine... Elle lui parlait de sa thèse d’histoire sur les mouvements sociaux en Provence, il la fixait avec des yeux vagues et un sourire idiot. Quand il tentait d’aligner trois mots, il mélangeait l’anglais et le français de façon assez comique et s’emmêlait dans son discours comme un ado de quatorze ans… Pourtant, ce comportement était aux antipodes de la description qu’avait faite Henriette de son vieil ami irlandais… Elle en avait donc conclu, et à juste titre, que ce trouble était du à sa présence. Elle-même ne se sentait pas indifférente au charme suranné de ce grand type en costard année cinquante, qui avait, tout au plus, vingt ans de plus qu’elle…
Le soir même, elle recevait, glissée sous sa porte, une carte, écrite à la plume, l’invitant à diner le lendemain, dans l’un des plus prestigieux restaurant d’Aix-en-Provence. Le procédé l’amusa. Certes, elle n’avait ni téléphone, ni internet mais il aurait pu taper à sa porte… le black métal hurlant au travers de ces murs signalait suffisamment sa présence…
Peut-être que je lui ai fait peur…
Elle s’y était rendue vêtue de sa plus belle robe gothique, sa crinière noire domestiquée en une choucroute façon dix-neuvième siècle. Il l’attendait, bien qu’elle ait été légèrement en avance. Elle le vit par la fenêtre, immobile et calme,… un félin à l’affut. Elle se rendit compte qu’elle tremblait légèrement d’excitation.
Arrête, idiote, ce n’est qu’un mec, tu t’en es tapé plus d’une vingtaine depuis sept ans… celui-ci n’a rien de différent des autres…
Oui, mais voilà… ces relations avec la gente masculine s’étaient jusque-là limitées à un aspect strictement sexuel, ou vaguement amical… Alors que là… Elle commençait à se sentir bizarre, les mains moites, la gorge nouée, l’impression d’avoir des ailes qui lui poussent dans le dos… Pour un type qui pourrait être son père… et fringué comme l’aurait été son grand-père, si elle l’avait connu…
ET ALORS ! Quitte à toujours se singulariser, autant le faire pleinement ! T’emmerde pas avec ces considérations, fille, tout ça c’est des construits sociaux…
Quand James la vit pousser la porte, il sortit brusquement de sa rêverie, son cœur venait de se décrocher pour aller rebondir sur le lustre design du restaurant.
A dark lady…
Il avait hésité un moment avant de l’inviter… Il avait quand même été l’amant de la meilleure amie de sa grand-tante,… qui certes, à l’époque, avait vingt ans de plus que lui… et lui maintenant, il avait vingt ans de plus qu’elle…
Johanne, my dark lady...
Il avait appelé Henriette pour lui dire qu’il se trouvait face à un dilemme : il venait d’avoir le coup de foudre pour une fille, mais manque de bol c’était sa nièce, Johanne… Henriette avait éclaté de rire, en lui disant qu’elle s’en était aperçue, et que ça semblait être réciproque, compte tenu des regards enamourés et un rien stupides que lui lançait cette même nièce. Elle avait ajouté que si cela l’avait quelque peu étonné, cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Au moins, si Johanne paraissait malheureuse, elle saurait sur qui taper… Il avait alors raccroché sans un mot et s’était précipité sur son stylo plume, pris d’une soudaine inspiration.
Il avait écrit le mot, puis avait laissé vadrouiller son imagination… Quand il avait vu la jeune femme pour la première fois, la veille, il avait été frappé par une puissance divine. Le mélange éclatant entre le sud et le nord, des cheveux, des yeux et des rondeurs de méditerranéenne, sur une peau diaphane, des traits de poupée russe et une minuscule bouche sensuelle. Son accoutrement, ridicule, d’adolescente attardée accentuait par contraste une grâce brutale et une voix basse, un peu rauque, de grande fumeuse… Elle lui avait parlé des révoltes en Provence pendant tout le repas. Il avait suivi, fasciné, les mouvements de sa petite bouche et le soleil jouant dans sa chevelure noire, comme sur un monochrome de Soulages. Il n’arrivait pas à aligner trois phrases sans bégayer, ou sans mélanger français et anglais dans un affreux et incompréhensible sabir. Il pouvait presque visualiser le sang gagnant les vaisseaux de son visage pour le rendre encore plus ridicule…. Il avait l’impression d’avoir à nouveau quatorze ans.
Tout l’avait séduit chez elle. Ses yeux noirs pénétrants, façon rayons laser, son intelligence, son humour railleur, son je m’en foutisme cultivé… même son horrible uniforme post-grunge l’avait touché, par son côté enfantin… et par ce qu’il laissait voir de sa peau et de ces rondeurs… Ses jambes, gainées d’une toile de trous entourée de jeans, ses fesses tendant dangereusement le tissus usé jusqu’à la trame au point de faire craindre un éclatement… Son décolleté vertigineux …
So Sexy…
Et un an plus tard, elle était là dans la voiture à lui faire la tête pour qu’il avoue avoir eu tord…
Une semaine plus tôt, il s’était engueulé avec Henriette qui voulait, encore une fois, l’entrainer dans l’un de ces coups tordus pour faire tomber Paul Santini. Elle avait besoin de lui pour s’infiltrer dans l’ordinateur personnel du vieux mafieux. Il lui avait répondu qu’il était fatigué de ces foutus délires de vengeances, que sa croisade anti-santini avait fait suffisamment de morts comme ça et que, désormais, lui n’aspirait qu’à vivre tranquillement de ses affaires, à profiter de son tout nouveau bonheur et à surtout ne plus vivre avec la peur de se prendre une balle dans la tête au détour d’une rue… ou pire désormais… avec la hantise que la femme qu’il aime se prenne une balle dans la tête au détour d’une rue…
Le ton a commencé à monter… Et là,… quand elle lui avait dit qu’il fallait qu’il fasse cela pour elle, il avait eu les mots de trop… il l’avait traité de vieille peau égoïste et inconsciente… Elle l’avait traité de lâche et de foi blanc en lui rétorquant que c’était lui l’égoïste dans l’affaire… Hors de lui, il l’avait traité de vieille pute… Elle avait soudainement blêmi et lui avait hurlé qu’elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui, il avait hurlé la même chose encore plus fort et était parti en claquant la porte, laissant une Johanne abasourdie et une Henriette rouge de fureur.
Et depuis Johanne lui en voulait. Il faut dire que traiter Henriette de pute n’était pas bien malin… Si elle cherchait à se venger de la famille Santini, c’est justement parce qu’elle s’était retrouvée prostituée après que l’un des maquereaux de Paul Santini, le cousin de Jean, l’ai « recueillie » lors d’une fugue, à l’âge de seize ans… Elle avait pu se sortir de là grâce à Jean Santini… qui avait promis la liberté à Henriette et sa meilleure amie, Julie, contre la mort de Paul Santini… pour mieux prendre la place de celui-ci… Après cela, il avait tenté de les faire descendre. Les deux filles s’était réfugiées à Londres, en compagnie de deux autres prostituées qui ont eu le malheur d’être témoin de l’exécution…
Toutes les quatre se sont alors lancées, avec succès, dans le braquage de banque, l’escroquerie et le chantage. Pendant dix ans tout a roulé pour elles. L’une des filles, Rose, a décidé de se retirer de la vie criminelle, pour se marier, l’autre, Odette, voulait faire de même après un gros coup. C’est à ce moment-là que James les a rencontrées… Elles avaient besoin d’un spécialiste des coffres, capable d’en ouvrir un de très haute sécurité en moins de dix minutes… ce qui constituait le talent principal du jeune James, vingt ans, fils de serrurier, qui s’était lancé très tôt dans la cambriole et avait même déjà mangé une année et demi de prison pour ça… Le braquage a foiré, même s’ils ont engourdi l’oseille, Odette s’est fait descendre à la sortie de la banque, Henriette, Julie et le jeune James se sont réfugiés à Paris… où, après quelques années à vivre sur leur magot, Henriette et Julie ont décidé de redescendre à Marseille pour aller faire cracher ce vieux Jean au bassinet… et le cercle infernal a débuté, conduisant Julie à la mort (ou du moins à la disparition, on n’a jamais retrouvé son corps…), James à l’exil à Belfast, sa ville d’origine, et Henriette en taule sous une fausse accusation.
Vingt-cinq ans plus tard, voilà qu’Henriette voulait remettre ça… encore une fois. Devenue une vieille dame cardiaque, tirant officiellement ses revenus de placements boursiers, elle comptait sur ces « bras » pour mener à bien ses plans : James, qui s’était recyclé en hacker lors de son dernier séjour en prison, durant le boum économique irlandais, et Ange, un jeune corse, étudiant en droit, fils d’un vieil ami, qu’Henriette avait pris sous son aile lors de sa sortie de prison, et qui lui obéissait comme un brave petit chien fidèle…Henriette avait l’habitude qu’on lui obéisse bien gentiment… et ce n’était pas pour une question d’argent qu’elle voulait faire tomber Santini, devenu entre temps politicard, élu de gauche et président de conseil régional, ni pour une question de morale ou de justice, mais pour une foutue question d’honneur et de vengeance…
Johanne ne comprenait pas pourquoi il avait réagi aussi violemment. Elle ne lui faisait pas la tête, pire, elle boudait et le regardait avec un mépris empreint de pitié qui lui brisait le cœur… Pour elle, James refusait à une vieille dame, dont la santé déclinait de plus en plus, l’ultime vengeance qui lui permettrait de partir en paix… Elle ne se rendait pas compte… Elle ne comprenait pas qu’il avait vu beaucoup trop de mort, que s’attaquer à des mafieux, ce n’était pas que de l’adrénaline et de l’excitation comme dans ces foutus bouquins… que quand on se prend un balle c’est fini… on tombe,… on n’existe plus… et que parfois cela peut-être encore pire que ça… Julie, qui avait été sa compagne pendant plus de cinq ans a disparu… tout bêtement… Paul Santini s’était vanté de sa disparition… promettant le même sort à Henriette et James s’ils ne s’évanouissaient pas très vite de son horizon…
Ce qui avait conduit James à Belfast, chez son oncle Patsy… Très rapidement, il avait été « recruté » par un groupe paramilitaire, tendance extrême gauche, l’INLA … et là aussi, il en avait vu, des morts… beaucoup trop… et beaucoup pour des histoires d’honneur et de vengeance qui n’avait pas grand-chose à voir avec la lutte… enfin, pas directement… et il en avait provoqué, aussi, des morts…
Mais enfin, bon, Henriette restait Henriette… Sa meilleure amie… celle qui l’avait aidé à s’installer en France quand, à sa sortie de prison, il n’avait pas voulu rester dans cette Irlande post-processus de paix, toute tournée vers le grand capital…
Yes…, enfin, non…, je ne reviendrai pas sur ma décision de ne pas en être, mais je vais quand même m’excuser de lui avoir parlé comme ça…puis ça calmera Jo.… après tout,…elle a passé la semaine nous convaincre, avec Henriette, de nous retrouver pour discuter au calme…Je vais m’excuser, lui expliquer pourquoi je ne veux pas participer et peut-être qu’elle comprendra… après tout, elle aussi, elle tient à Johanne… et puis Johanne réalisera, peut-être, qu’on est pas dans un des ces damnés bouquins… et puis si elles ne comprennent pas, l’Ange doit être rentré de Corse. Si je lui explique que la sécurité de Johanne est en jeu, il se rangera sans aucun doute de mon coté.
Il se tourna vers la jeune femme, qui fixait silencieusement le déroulement de la bande blanche sur le bitume, comme si elle avait quelque chose de très grave à lui reprocher…
- Tu as gagné, je vais m’excuser. Je change pas d’avis sur le fond, mais j’avais pas à lui parler comme ça…
La bouche minuscule de la jeune femme s’étira en un immense sourire :
- Un peu de musique pour fêter ça ?
Elle brancha son lecteur MP3 sur l’autoradio de la BM, sembla hésiter, puis appuya sur Play. Les haut-parleurs dégueulèrent de gros riffs de guitare bientôt accompagnés d’une voix démoniaque :
« RRRRIIIIGHT NOOOWWW …. AHAHAHAHA ! I’m an….»
James coupa le branchement auxiliaire, ce qui eu pour effet d’allumer la radio. Johanne baissa le volume.
- Qu’est-ce qui se passe ? Je croyais que le punk ne te déplaisait pas.
- Ah ouais… mais pas eux… State sponsored rebellion…
- Euh… c'est-à-dire ?
James se tourna vers elle, goguenard :
- Je vais casser l’un de tes mythes… Ces petits cons de Sex Pistols ont accepté du fric des Brits pour aller jouer à Belfast…
Johanne, un peu incrédule, lui demanda :
- Mais, pourquoi ils ont fait ça ??
- Les Sex Pistols,… je ne sais pas… je pencherai pour l’appât du gain ou bien un manque de discernement du à tout ce qu’ils avalaient, mais, les Brits, c’était pour tenter de détourner la jeunesse catholique du républicanisme… clairement… Quand on ne peut pas stopper une révolte, on l’oriente…
- Alors ça… ça me laisse sur le cul… Rassure-moi, les Clash ont pas fait pareil ?
James éclata de rire :
- Non, l’un de tes mythes est sauf. Eux, ils ont réussi à se faire menacer de mort par les loyalistes !
Le jingle du journal de midi de France Intox retenti. « Aujourd’hui, l’Irlande du nord a fait un bond de près de dix ans dans le passé. Les habitants se sont réveillés sous le choc. Hier soir, deux militaires de la caserne de Massereene ont été abattu par un commando puissamment armé, au moment où ils réceptionnaient les pizzas qu’ils venaient de commander. Notre envoyé spécial, Stéphanie Morretti… »
James, incrédule, freina légèrement et augmenta le son : « Hier soir, deux militaires du régiment d’élite stationné ici ont commandé des pizzas. C’est en sortant devant la porte de la caserne qu’ils ont été abattus par un commando puissamment armé qui stationnait non loin de là. Les deux livreurs de la société Poker Pizza ont été blessés, de même que deux militaires en faction qui ont tenté de venir au secours de leurs camarades. Les deux victimes, âgées respectivement de vingt et un et vingt-deux ans, allaient partir dans quelques jours pour l’Afghanistan. Un groupe armé dissident refusant les accords de paix, l’IRA Historique, aurait revendiqué l’attaque. Le provisional Sinn Fein a immédiatement condamné cet acte en déclarant qu’il n’émanait que d’une faction de bandits qui ne réussirait pas à mettre en péril la paix durement acquise. Des informations sur l’avancée de l’enquête dans notre prochaine édition. A Belfast pour France Intox, Stéphanie Morretti. »
Un immense sourire se peignit sur le visage de James :
- Alors ça… c’est… inattendu ! Je savais qu’il avait repris les armes,… mais…
- Tu connais ce groupe ? demanda Johanne une lueur d’excitation sur le visage.
- Oui, enfin, je connais des gens qui en faisaient partie, ça s’est créée juste avant les accords de paix de 98, avant ma sortie de prison… mais je ne sais pas si les gens que je connaissais en font encore partie… répondit James. Puis à mi-voix, il ajouta, completely crazy !…
En prononçant ces paroles, James senti l’adrénaline se diffuser brusquement dans toutes les parties de son corps. Malgré tout, il aimerait bien être là-haut en ce moment… Ils doivent tirer une gueule, les Brits, et les provos…
Un coup comme ça… on n’en réussit pas tous les dix ans… ça porte la marque de l’humour du Doc.…Pizza aux pruneaux pour les tueurs à gages mandatés par l’Etat…
Johanne frétillait sur son siège. La lutte armée avait toujours été une sorte de fantasme romantique pour elle, en même temps qu’une solution politique mûrement réfléchie… Comment se battre contre un Etat armé sans, soi même utiliser des armes ?… Face aux bastos, les fleurs et les belles paroles pacifistes ne servent pas à grand choses… Elle avait fait partie de plusieurs groupuscules anarchisants, parlant de lutte armée, durant ces années de fac, mais aucun d’eux n’étaient capables, ni même réellement prêts, à la mettre en place… et encore moins à grande échelle… parce qu’un micro groupuscule à la Action directe, c’est bien joli, bien honorable, bien excitant, mais ça ne fait pas vraiment avancer les choses… Alors que là,… l’I.R.A et toutes ses dérivées… Whaou ! Trente ans de lutte et même quand ils semblent morts, ils se relèvent encore…
Elle sortit machinalement une cigarette et l’alluma, avant de réaliser qu’elle était dans la sacro-sainte voiture de James. Il ne lui fit aucune remarque, trop occupé à former des conjectures sur l’attaque de la caserne, les mains négligemment posées sur le volant. Elle le vit se mordiller la lèvre inférieure, signe chez lui d’un état ambigu.
S’il veut monter à Belfast, quoi qu’il en dise, je le suis.
Elle se sentait speed comme jamais, plus encore que lors des dernières manifestations étudiantes qui avait tourné à l’émeute, ou que la fois où elle avait, toute seule, cassé la gueule à un facho qui la dépassait d’une bonne tête. Le soleil de la campagne Aixoise luisait d’un éclat marrant à travers les vitres fumées de la BM de James. Une espèce de lumière post-apocalyptique pas déplaisante… Si on lui avait dit deux ans plus tôt qu’elle sortirait avec un mec en costard qui roule en BM… elle aurait éclaté de rire ou frappé, en fonction de la personne responsable de ces paroles… mais James n’est pas un type en costard comme les autres. Oh ! non… Il ne bosse ni pour une banque, ni pour une multinationale, ni pour une quelconque entreprise et encore moins pour un Etat. Non, c’est juste quelqu’un qui aime être bien fringué et qui a un goût prononcé pour les belles bagnoles. Quand elle l’a charrié sur la question, il a répondu que c’était surtout un bon moyen pour se fondre dans la bourgeoisie aixoise… mais elle le soupçonnait fortement d’aimer ça… notamment au vu du nombre d’heures qu’il passait tous les jours dans la salle de bain. Des petits détails attachants, sur un personnage encore très mystérieux, en dépit d’une fréquentation assidue… Ce mec était une zone d’ombre à lui tout seul… et peut-être est-ce cela qui l’attirait tant.
Problème de présentation
Ce texte comporte normalemet des passages en italiques quand la narration passage de l'omniscience à une narration interne... Malheureseument, mon copier-collé depuis word ne les a pas conservés. J'espère que cela ne nuit pas trop à la lecture...
Normalement, j'ai du éliminer le maximun des fautes d'orthographe qui y trainait... (merci aux copains d'un autre forum...)
Normalement, j'ai du éliminer le maximun des fautes d'orthographe qui y trainait... (merci aux copains d'un autre forum...)
Re: Belfast Parano, chapitre 1
J'aime bien les personnages ainsi présentés, mais je trouve que le début apporte trop d'informations d'un coup : le résumé des activités terroristes de tous ces braves gens devrait être donné selon moi de manière plus mesurée, plus "peu à peu" ; tel quel, je le trouve plutôt étouffant et embrouillant.
Par ailleurs, il me semble que vous abusez des points de suspension,cela, à mon avis, déséquilibre le récit.
Mais, je le répète, les personnages me plaisent, ainsi que l'amorce de l'histoire.
Remarques de langue :
“son intarissable boîte à souvenir ( “souvenirs”, non, y en a pas plusieurs dans la boîte ?)”
“que ce trouble était dû à sa présence”
l “’invitant à dîner le lendemain, (je ne suis pas sûre de l’utilité d’une virgule ici) dans l’un des plus prestigieux restaurants d’Aix-en-Provence”
“une choucroute façon dix-neuvième siècle” : alors là, je ne suis vraiment pas sûre… pour moi, le dix-neuvième, côté coiffure, se caractérise plutôt par de sages bandeaux ou des anglaises… à vérifier, éventuellement
“un félin à l’affût”
“ces relations avec la gent (et non “gente”) masculine”
“si cela l’avait quelque peu étonnée”
“pour qu’il avoue avoir eu tort”
“l’entraîner dans l’un de ces coups tordus”
“il l’avait traitée de vieille peau égoïste et inconsciente… Elle l’avait traité de lâche et de foie blanc en lui rétorquant que c’était lui l’égoïste dans l’affaire… Hors de lui, il l’avait traité de vieille pute” : je trouve que trois occurrences du verbe “traiter” dans la même acception, c’est trop
“après que l’un des maquereaux de Paul Santini, le cousin de Jean, l’avait (par exemple, en tout cas “après que” est suivi d’un indicatif) « recueillie » lors d’une fugue”
“Les deux filles s’étaient réfugiées à Londres, en compagnie de deux autres prostituées qui ont (je pense qu’ici un plus-que-parfait serait préférable) eu le malheur”
“Ange, un jeune Corse”
“que quand on se prend une balle c’est fini”
“que parfois cela peut être (et non “peut-être”) encore pire”
“des histoires d’honneur et de vengeance qui n’avaient pas grand-chose à voir avec la lutte”
“elle a passé la semaine (à ?) nous convaincre”
“il se rangera sans aucun doute de mon côté”
“ce qui eut pour effet d’allumer la radio”
“un manque de discernement dû à tout ce qu’ils avalaient”
“deux militaires de la caserne de Massereene ont été abattus”
“ça s’est créé (et non “créée”) juste avant les accords de paix”
“James sentit l’adrénaline”
“Comment se battre contre un Etat armé sans, (je ne vois pas l’utilité de la virgule ici) soi-même utiliser des armes”
“ne servent pas à grand-chose (et non “grand choses”)”
“mais aucun d’eux n’était capable (et non “n’étaient capables”, je pense que “aucun” constitue “un sujet singulier), ni même réellement prêt (et non “prêts”)”
“lors des dernières manifestations étudiantes qui avaient tourné à l’émeute”
Par ailleurs, il me semble que vous abusez des points de suspension,cela, à mon avis, déséquilibre le récit.
Mais, je le répète, les personnages me plaisent, ainsi que l'amorce de l'histoire.
Remarques de langue :
“son intarissable boîte à souvenir ( “souvenirs”, non, y en a pas plusieurs dans la boîte ?)”
“que ce trouble était dû à sa présence”
l “’invitant à dîner le lendemain, (je ne suis pas sûre de l’utilité d’une virgule ici) dans l’un des plus prestigieux restaurants d’Aix-en-Provence”
“une choucroute façon dix-neuvième siècle” : alors là, je ne suis vraiment pas sûre… pour moi, le dix-neuvième, côté coiffure, se caractérise plutôt par de sages bandeaux ou des anglaises… à vérifier, éventuellement
“un félin à l’affût”
“ces relations avec la gent (et non “gente”) masculine”
“si cela l’avait quelque peu étonnée”
“pour qu’il avoue avoir eu tort”
“l’entraîner dans l’un de ces coups tordus”
“il l’avait traitée de vieille peau égoïste et inconsciente… Elle l’avait traité de lâche et de foie blanc en lui rétorquant que c’était lui l’égoïste dans l’affaire… Hors de lui, il l’avait traité de vieille pute” : je trouve que trois occurrences du verbe “traiter” dans la même acception, c’est trop
“après que l’un des maquereaux de Paul Santini, le cousin de Jean, l’avait (par exemple, en tout cas “après que” est suivi d’un indicatif) « recueillie » lors d’une fugue”
“Les deux filles s’étaient réfugiées à Londres, en compagnie de deux autres prostituées qui ont (je pense qu’ici un plus-que-parfait serait préférable) eu le malheur”
“Ange, un jeune Corse”
“que quand on se prend une balle c’est fini”
“que parfois cela peut être (et non “peut-être”) encore pire”
“des histoires d’honneur et de vengeance qui n’avaient pas grand-chose à voir avec la lutte”
“elle a passé la semaine (à ?) nous convaincre”
“il se rangera sans aucun doute de mon côté”
“ce qui eut pour effet d’allumer la radio”
“un manque de discernement dû à tout ce qu’ils avalaient”
“deux militaires de la caserne de Massereene ont été abattus”
“ça s’est créé (et non “créée”) juste avant les accords de paix”
“James sentit l’adrénaline”
“Comment se battre contre un Etat armé sans, (je ne vois pas l’utilité de la virgule ici) soi-même utiliser des armes”
“ne servent pas à grand-chose (et non “grand choses”)”
“mais aucun d’eux n’était capable (et non “n’étaient capables”, je pense que “aucun” constitue “un sujet singulier), ni même réellement prêt (et non “prêts”)”
“lors des dernières manifestations étudiantes qui avaient tourné à l’émeute”
Invité- Invité
Re: Belfast Parano, chapitre 1
J'aime bien le ton général de la narration, même si je trouve comme socque que trop d'informations sont déversées d'un coup, et noient un peu à la fois la narration et le lecteur. Fort heureusement le lecteur, lui, peut parfaitement respirer quand il le veut...
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Belfast Parano, chapitre 1
Pas sûre d'avoir bien suivi toutes les subtilités sur les faits et gestes des personnages, mais le côté irlandais du récit m'intéresse au plus haut point.
J'aime assez l'écriture nerveuse, même si elle est parfois étouffante.
J'aime assez l'écriture nerveuse, même si elle est parfois étouffante.
Invité- Invité
Re: Belfast Parano, chapitre 1
Les personnages sont attachants et on a envie d'en apprendre plus sur eux. Ton marrant . A suivre...
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Belfast Parano, chapitre 1
Merci à tous pour vos lectures et commentaires.
Je pense que ce chapitre sera allégé de certains éléments peu utiles une fois que l'ensemble sera écrit. Je vais déjà le revoir avec les corrections de Socque (grand merci!), mais je crois qu'il n'est pas possible, sur ce forum, d'éditer un sujet pour le corriger...
Je suis heureuse qu'il y est unanimité sur les personnages, cela prouve que le travail que j'ai fait sur eux paie, c'est encourageant!
Je vous poste le chapitre deux dans quelques jours.
< Un texe par semaine et par catégorie, svp, merci.
La Modération >
.
Je pense que ce chapitre sera allégé de certains éléments peu utiles une fois que l'ensemble sera écrit. Je vais déjà le revoir avec les corrections de Socque (grand merci!), mais je crois qu'il n'est pas possible, sur ce forum, d'éditer un sujet pour le corriger...
Je suis heureuse qu'il y est unanimité sur les personnages, cela prouve que le travail que j'ai fait sur eux paie, c'est encourageant!
Je vous poste le chapitre deux dans quelques jours.
< Un texe par semaine et par catégorie, svp, merci.
La Modération >
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Re: Belfast Parano, chapitre 1
Oups désolée la modération... Ma mémoire de poisson rouge n'avait pas retenu le 1 texte/semaine... Je le referai plus, vous pouvez virer le chap 2, je ne sais pas comment faire.
< On ne vire rien du tout. Il sera déverrouillé lundi. Pas de souci.
La Modération. >
.
< On ne vire rien du tout. Il sera déverrouillé lundi. Pas de souci.
La Modération. >
.
Re: Belfast Parano, chapitre 1
Autant tu prends le temps au début de placer les éléments qui vont construire le récit, autant par la suite à d'autres moments tu accélères le rythme en passant allègrement sur certaines parties qui pourraient être intéressantes, puis tu livres à nouveau beaucoup d'infos.
Il y a, je pense, un juste équilibre à trouver entre pensées et actions, entre ce qu'il faut dire au lecteur et ce qu'il peut deviner.
S’il veut monter à Belfast, quoi qu’il en dise, je le suis
Oui... moi aussi !
:-)
Le sujet me touche de près donc j'accroche, quoi qu'il se passe et je te suis...
Il y a, je pense, un juste équilibre à trouver entre pensées et actions, entre ce qu'il faut dire au lecteur et ce qu'il peut deviner.
S’il veut monter à Belfast, quoi qu’il en dise, je le suis
Oui... moi aussi !
:-)
Le sujet me touche de près donc j'accroche, quoi qu'il se passe et je te suis...
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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