Belfast Parano, chapitre 2
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Belfast Parano, chapitre 2
Interlude 1
J. fixe le panneau indicateur d’un œil. Son vol va avoir quinze minutes de retard… Mais aucune importance, ce qui devait être accompli venait d’être accompli.
ET UNE BONNE CHOSE DE FAITE AUJOURD’HUI !
Chapitre 2
James ne s’était pas senti d’aussi bonne humeur depuis très longtemps. Une furieuse envie de danser lui titillait les orteils et l’air de Johnny Be Good swinguait au milieu de ces synapses. Il avait envie d’attraper Johanne dans ces bras, de l’embrasser, de se perdre dans sa chevelure, de lui faire l’amour, là, maintenant, tout de suite, dans la voiture, au bord de la départementale D23… mais comme il engageait le véhicule dans le petit chemin de pierre menant chez Henriette, il s’abstint. Il avait l’impression que ses lèvres allaient se détacher de son visage pour virevolter autour de sa tête et finalement se poser entre les magnifiques seins de Johanne.
Regarde la route, imbécile !
Il s’engagea à la dernière seconde dans l’étroit chemin de pierre qui menait au mas d’Henriette. Il se sentait prêt à donner toutes les excuses du monde à sa vieille amie vindicative. Rien n’allait pouvoir entamer sa joie et son optimisme.
Les Brits viennent de se prendre une méchante baffe dans les dents !... et Johanne ne boude plus !... et je vais régler cette foutu situation avec Henriette !!... YIPEEE !! Le monde est merveilleux !
Il gara la voiture à l’ombre de l’immense noyer, coupa le contact et posa sa main sur le bras de Johanne :
- Je t’aime
Elle se jeta littéralement sur lui, le renversa contre la portière et l’embrassa sauvagement. Une noire tempête d’amour échevelé !
Johanne tapa une série de coups joyeux à la porte d’entrée. Pas de réponse
Bizarre
Elle posa sa main sur la poignée, pour ouvrir. Elle appuya. La porte ne bougea pas d’un pouce. Fermée à clef.
De plus en plus étrange
James était en train de se recoiffer et d’arranger le col de sa chemise dans le rétroviseur. Elle l’appela d’une voix mal assurée :
- James ! T’as les clefs ? J’ai peur qu’Henriette ait eu un problème…
Il se précipita vers elle, des mèches de cheveux lui tombant sur le nez. Il regarda dans la gueule de la tarasque en plâtre qui garnissait une niche contigüe à la porte. En théorie, elle devrait contenir une clef… Que dalle…
- Pas besoin de clefs.
James retourna à la voiture au pas de course. S’il ne l’avait pas éjecté dans un de ces grands ménages frénétiques, il devait encore avoir un rossignol planqué sous le siège avant.
A l’aide du rossignol, il vint à bout de la serrure en moins de quinze secondes.
Mais quand est-ce qu’elle va se décider à mettre une vraie serrure sur cette satanée porte !
Il poussa le battant. Immédiatement, l’odeur l’alerta.
- Johanne, tu reste dehors…
Non, il peut y avoir du monde posté dehors...
- Non, en fait, tu restes collée derrière moi. Calque tes gestes sur les miens.
Johanne, dont l’excitation n’était pas encore retombée, sentit son cœur s’accélérer encore, le sang lui battait les temps, l’air avait du mal à passer dans ces bronches. Elle imita les gestes de James, posant les pieds au sol très lentement, en commençant par le talon, fléchissant légèrement les jambes, presque collée au dos de son amant. Ils parcoururent les deux mètres de couloir comme cela. Ils s’approchaient de la cuisine. L’odeur acre, souffreteuse et métallique de la poudre devenait de plus en plus puissante, mêlée à une autre odeur, celle-là chaude et écœurante. James pouvait presque voir les mains de l’angoisse faire un nœud avec son larynx. L’odeur du sang, versé en quantité… Collé au mur du couloir, il jeta un œil dans la pièce.
Henriette gisait là, en face d’eux, la moitié du visage manquante. La table en olivier, le sol autour d’elle et une partie du mur en face étaient maculée de sang, de morceaux blancs de plus ou moins grande taille… (de l’os…), de cheveux gris amalgamés de chair et de sang… encore du sang… et une matière gélatineuse gris-rosâtre bizarre. Il retint à grand peine un haut le cœur. Johanne passa la tête à son tour dans l’encadrement de la porte. Elle sentit le sang déserter les veines de son visage.
« Oh ! putain de merde ! »
James la bâillonna avec sa main.
« Shut up ! »
La porte-fenêtre de la cuisine, qui donnait sur le coté du mas, était entrouverte. James écouta attentivement. En dehors de leurs deux respirations légèrement saccadées, il n’entendait absolument rien. Aucun bruit, aucun murmure, aucun glissement, aucun souffle. Rien. Il s’avança prudemment. Passa à coté du corps de sa meilleure amie, en s’efforçant de garder son regard focalisé sur la porte-fenêtre. Il poussa un ventail. Personne dehors non plus. Il baissa les yeux : deux traces de vélo dans l’herbe…
Il se prit la tête entre les mains. Johanne, restée dans l’entrée, n’arrivait plus à bouger. Ces yeux étaient comme collés au crâne explosé d’Henriette. Son rythme cardiaque s’était calqué sur le chant funèbre des gouttes de sang s’écoulant au sol. Ploc ! Ploc ! Ploc ! Elle aurait bien aimé s’évanouir, couper le contact, mais son esprit n’était pas du même avis, bien décidé à rester en mode éveil. Il enregistrait même une foule de détails bizarres. Le torchon pour s’essuyer les mains ne pendait pas au crochet habituel, le four encastré était légèrement sorti de sa niche, une patate à moitié épluchée attendait de rejoindre le tas de ces congénères déjà débarrassés de leur peau.
James revint dans la cuisine et poussa Johanne en dehors de la pièce. Ce geste l’exaspéra, elle repoussa la main qui l’avait attrapé à la taille. Il lui prit le bras et l’entraina jusque dans le salon contigu. Il la força à s’asseoir et lui dit :
« Surtout ne touche à rien. Je vais effacer nos empreintes dans la cuisine »
James se força à baisser les yeux sur le corps de son amie. Il respirait très lentement, tentant de faire fi des odeurs et des images, de se concentrer sur des faits bruts, comme s’il les lisait dans un livre. Au vu des dégâts, on avait tiré minimum avec du neuf millimètres. Il s’accroupit sur les talons, derrière le cadavre. Son amie était attachée à la chaise avec du fil de nylon. Il regarda ces mains. Elle avait reçu une balle dans la main droite, de plus petit calibre. Il pouvait distinguer des traces de poudre autour de la blessure. Tirée à bout portant. Elle avait plusieurs doigts brisés à l’autre main. Il leva les yeux, le bras droit d’Henriette pendait bizarrement. Epaule cassée. Il se releva. La pièce dansait autour de lui. Il ferma les yeux, prêt à s’écrouler.
Non, Jim. Tu ne flanches pas maintenant. Allez, hop ! Tu souffles profondément, tu ouvres les yeux et tu te mets en pilote automatique.
Il souleva les paupières, aperçu les jambes de son amie. Il referma les yeux immédiatement. Ces genoux n’étaient plus qu’une bouillie épaisse de sang, de chair, d’os et de tendons. On l’avait torturée. Et pas qu’un peu. Il se sentit vaciller. Il regarda autour de lui, scruta le sol de la cuisine, les meubles. Pas de douilles.
Très professionnel… Je parie que les flics ne trouverons ni empreinte, ni ADN… Sauf les nôtres… merde…
Il essuya, à l’aide de la pochette de son costume, les endroits où Johanne et lui avait pu passer les doigts, en s’efforçant de contourner le centre de la pièce de peur que son regard ne tombe sur son amie.
Johanne, dans le salon, serrait les poings à s’en enfoncer les ongles dans la chair de la main. Elle commençait à se calmer et à réfléchir plus froidement.
Maintenant, il faut penser aux condés. Faut éviter que cette affaire nous retombe dessus. Quand on aura résolu cette urgence, on trouve le coupable et on lui fait bouffer ces couilles.
Déjà, réfléchir aux éléments dont on dispose. Dernière « affaire » chaude de la tante : faire tomber Jean Santini en trouvant la preuve qu’il blanchit son fric pas net à l’aide de fausses entreprises d’insertion et qu’il a organisé le meurtre de son cousin pour ne pas partager l’empire des Santini sur Marseille.
Quand elle avait appris le passé de sa tante, Johanne avait fait des recherches, dans les archives des journaux locaux, sur l’empire des Santini. De fait, cet empire cédait du terrain, sur certaines de ces frontières, mais n’en redevenait pas pour un tant un petit royaume de province.
Il perdait de l’influence dans les activités « historiques », au profit de familles venues du Liban, des Comores et d’Europe de l’Est. Jean Santini n’avait réellement gardé main basse que sur la cocaïne et l’héroïne, et il se ruinait de plus en plus en pot-de-vins divers afin de garantir son marché… mais sa fortune continuait à croitre régulièrement. La spéculation immobilière, l’attribution de chantiers publics, le recel d’abus de biens sociaux, l’économie de la solidarité et surtout les associations sportives lui rapportaient nettement plus d’argent. Son statut de sénateur et président de collectivité territoriale lui donnait une quasi-immunité, en tout cas l’immunité parlementaire, une garantie bien utile. Et puis bon… l’achat de flics locaux était un sport familial… Donc, premier suspect possible : Jean Santini, ou plus probablement l’un de ces hommes de main. Ce fils de chien a du apprendre d’une manière ou d’une autre que sa vieille ennemie était de retour sur le sentier de la guerre. Et il l’a faite liquider,…
Deuxième suspect, logique, James. Ils se sont engueulés à mort, et visiblement il lui en voulait pas mal…
Oui, mais pour cela il aurait fallu qu’il se dédouble…
Mais, il aurait pu se lever avant Johanne, puis aller descendre Henriette et revenir se coucher… Ou même ne pas se recoucher du tout… puisqu’il l’avait réveillée avec un petit-déjeuner au lit, café noir/croissant, orange pressée… dans l’une de ces pitoyables tentatives de se faire pardonner…
Oui, mais Henriette a été assassinée alors qu’elle épluchait des patates pour les mettre à cuire…
Et son sang n’était pas encore coagulé… On met les patates à cuire à 11h, elle les lavait… Il devait être au moins 10h…
Johanne senti un poids disparaître de sa colonne vertébrale. James était éliminé d’entrée de jeu comme suspect possible. Par contre, l’Ange n’était toujours pas arrivé. Il devait amarrer à Marseille à dix heure, et à,… elle regarda sa montre, 13h, il n’était toujours pas là.
Non, abrutie. Faut rester logique dans la vie, sinon tout se barre en couille. L’emplumé considère Henriette comme sa mère. Il ne peut pas vouloir la faire descendre,… ou la descendre… Quoique… regarde toi avec la tienne… ce ne sont pas les envies d’homicides qui manquent… mais, de là à passer à l’acte… Oui, mais ils étaient mêlés dans des histoires que tu n’imagines même pas… Oui, mais elle lui paye ces études de droit… il ne va pas tarder à être avocat… Oui, mais il est corse… Un corse ne tue pas sa mère…
Comme si cet argument était suffisant pour clore ces soupçons, son esprit se porta sur un crochet, au mur de la cuisine, à coté de la porte-fenêtre. Le torchon pour les mains y était pendu, ce n’était pas sa place, et Henriette était encore plus maniaque que James… donc… elle avait les mains mouillées, ou sales… On a tapé à la porte de la cuisine. Elle s’est essuyé les mains et a ouvert. Soit elle connaissait son visiteur, soit ne lui inspirait-il aucune méfiance… Elle a sans doute ouvert en hâte et accroché le torchon au premier crochet qu’elle a trouvé…
Et comme cette foutue baraque est isolée en pleine forêt,… il n’y a que de la route que l’on a pu entendre quelque chose…
James interrompit le cours de sa réflexion en faisant irruption dans la pièce. Johanne leva les yeux vers lui et demanda, d’un ton calme :
- On fait quoi ? Il faut que l’on trouve une trace d’Ange… il devrait être là depuis longtemps…
James sursauta, il l’avait complètement oublié, l’emplumé… Qu’est-ce qu’il pouvait bien foutre…
- On attend le corse ici, et on voit ce qu’on fait. Son bateau a peut-être du retard, dit James d’une voix peu assurée. On peut pas prévenir les poulets sans savoir ce qu’il est devenu…
- Et on prévient les poultocks…
- Anonymement, et tardivement, répond James sur le ton de l’évidence. J’aimerai bien qu’ils ne mettent pas trop leur gros nez dans mes affaires… S’ils cherchent mes moyens de subsistance, ou s’ils fouillent dans certaines affaires d’Henriette, les camouflages risquent de ne pas faire illusion longtemps…
Johanne fronça les sourcils… d’une voix que James ne lui connaissait pas, elle répondit :
- Sûr ! Et on trouve le fumier qui a fait ça, on lui fait payer très cher. On le massacre.
- Olà ! Stop… Stop, stop… On s’en occupe avec Ange. Toi, tu files te mettre au vert chez M…
- Hors de question ! Ni pense même pas ! Ils ont buté la seule personne fréquentable de ma putain de famille de merde. Je descendrais celui qui a fait ça moi-même, dit-elle d’une voix sourde. D’ailleurs, j’appelle Ange maintenant, pour savoir ce qu’il fout. Quand on sera en tête à tête, je suis sûre qu’il sera de mon avis. Je dois me faire justice…
James pouvait sentir la haine irradier de la jeune femme. Sa lèvre supérieure était même légèrement retroussée, telle celle d’un chien qui va mordre. Il ne l’avait jamais vu ainsi. Plus la même fille. Elle lui faisait presque peur. Même sa voix avait changé, elle émanait d’une autre profondeur, d’un être qu’il n’avait jamais rencontré.
- NON ! s’écria James quand elle dégaina son portable. Attend… on va le contacter, mais pas avec ton appareil… pour la police…
De l’intérieur d’une petite table de nuit en marbre, il sortit un gros téléphone portable d’ancienne génération, d’où sortait, d’un trou grossier sur le coté gauche, quelque fils, comme si l’appareil était blessé. Il tourna une molette sur le coté, pour brouiller la localisation de l’appel, en changeant la fréquence, et composa le numéro du corse. L’accent trainant de Ange l’accueillit, mais sur son répondeur.
« Bonjour, vous êtes bien sur le répo… »
Il raccrocha.
Ange, brother,… tu es un vrai casse-pieds mais j’espère sincèrement qu’il ne faille pas t’ajouter à la liste des cadavres…
Il s’assit à coté de Johanne, un air de profond dépit imprimé sur le visage. Avant qu’il n’ai prononcé un mot, elle lui dit :
- File moi le téléphone, je vais lui laisser un message que lui seul puisse comprendre…
« Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur d’Ange Marie Paoli, je ne suis pas disponible, mais laissez-moi un message je vous rappelle »
Après l’annonce traduite en corse, Johanne lui laissa le message suivant :
« Viens direct à la grotte. »
James l’observait d’un œil septique. Elle expliqua :
- la dernière fois qu’on a parlé de toi avec Ange, il t’a qualifié d’ours. Donc, il devrait comprendre que la grotte, c’est chez toi…
- Un peu tiré par les cheveux, mais pas con…
Une heure plus tard, ils fermaient la lourde porte blindée de James, au rez-de-chaussée du 18 rue Pavillon, à Aix-en-Provence. Il s’installa derrière l’un de ces trois ordinateurs. Il se connecta au site de la SNC, la Société de Navigation Corse. Il savait qu’Ange avait pris place à bord du Pascal Paoli. Le bateau avait quitté Ajaccio à l’heure, la veille au soir, et était bien arrivé, à 10h, au port de Marseille.
Ça ne sent pas bon du tout…
Il ne dit rien à Johanne et pirata le serveur de la compagnie. La barrière de protection fut Out en moins de vingt minutes. Il rentra dans les listes de voyageurs enregistrés. A la montée, Ange était bien dans la liste des passagers du Pascal Paoli… mais plus à la descente… il semblait avoir disparu du listing dans l’intervalle…
Il s’est fait descendre… par des mecs à Santini… ou du moins par des pros qui ont la possibilité de faire ce genre de manipulations… Il est en train de nourrir les roussettes…. Au fond de la méditerranée… ou alors…
Son logo Skype dans la barre des taches afficha un 1 entouré d’un rond. Quelqu’un cherchait à rentrer en contact avec lui. Il ouvrit le logiciel.
Conversation. 1 nouvelle. Liam
Sorry, Brother, mais là, c’est vraiment pas le moment…
Il bascula son statut sur « occupé » et se tourna vers Johanne qui, affalée sur le canapé, était en train de fumer un énorme joint d’herbe, les sourcils froncés. L’air plus préoccupée qu’accablée.
Il lui expliqua ce qu’il venait d’apprendre. Elle lui murmura d’une voix un peu pâteuse qu’il fallait attendre demain matin… qu’il se planquait certainement…
« c’est un mec du maquis… il sait échapper aux gens… »
Elle reprit d’une voix plus claire. Selon elle, si on l’avait neutralisé, il y aurait quelques blessés parmi les assaillants… Et paranoïaque comme l’était Ange, il aurait été difficile de l’avoir par surprise… Ils ne parlaient pas d’accrochage lors de la traversée, sur le site de la compagnie… et la radio, allumée sur France Intox n’annonçait pas de carnage sur le ferry non plus…
Il se dit que soit elle n’avait pas tord, soit l’Ange avait trempé ces plumes dans quelque chose de pas net… soit il servait d’autres intérêts que ceux apparents… Il avait, comme Johanne, de quoi douter très fortement de ce genre de soupçons… mais il en avait aussi vu pas mal d’autres tourner leur veste au moment opportun… il se pourrait aussi qu’ils le tiennent par chantage… Qu’ils menacent son vieux ou sa nana, s’il en a une… Comment réagirait-il, lui-même, si on tenait Johanne… Il trahirait les siens pour ne pas perdre « The One », la femme de sa vie, celle qu’il aime plus que tout au monde… et là… il commençait à flipper sérieusement… ça n’allait pas être évident de la convaincre d’aller se planquer quelque part… Elle était bien décidée à rester et à prendre part aux opérations…
Mais c’est beaucoup trop dangereux… Elle a jamais tenu une arme de sa vie,… en dehors de son stylo plume…C’est vrai qu’elle est futée, qu’elle apprend vite… et qu’elle est capable de se battre mieux que certains mecs… qu’elle connaît les situations de violence aussi… mais… “A Pity beyond all telling, is hide in the heart of love, the crown who are dying and selling” and blablabla…
Il ne supporterait pas une nouvelle mort… pas elle…
< Un texte par semaine et par catégorie svp, merci.
Ce texte sera déverrouillé lundi prochain.
Ne rien poster avant le lundi 2 novembre, merci.
La Modération >
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J. fixe le panneau indicateur d’un œil. Son vol va avoir quinze minutes de retard… Mais aucune importance, ce qui devait être accompli venait d’être accompli.
ET UNE BONNE CHOSE DE FAITE AUJOURD’HUI !
Chapitre 2
James ne s’était pas senti d’aussi bonne humeur depuis très longtemps. Une furieuse envie de danser lui titillait les orteils et l’air de Johnny Be Good swinguait au milieu de ces synapses. Il avait envie d’attraper Johanne dans ces bras, de l’embrasser, de se perdre dans sa chevelure, de lui faire l’amour, là, maintenant, tout de suite, dans la voiture, au bord de la départementale D23… mais comme il engageait le véhicule dans le petit chemin de pierre menant chez Henriette, il s’abstint. Il avait l’impression que ses lèvres allaient se détacher de son visage pour virevolter autour de sa tête et finalement se poser entre les magnifiques seins de Johanne.
Regarde la route, imbécile !
Il s’engagea à la dernière seconde dans l’étroit chemin de pierre qui menait au mas d’Henriette. Il se sentait prêt à donner toutes les excuses du monde à sa vieille amie vindicative. Rien n’allait pouvoir entamer sa joie et son optimisme.
Les Brits viennent de se prendre une méchante baffe dans les dents !... et Johanne ne boude plus !... et je vais régler cette foutu situation avec Henriette !!... YIPEEE !! Le monde est merveilleux !
Il gara la voiture à l’ombre de l’immense noyer, coupa le contact et posa sa main sur le bras de Johanne :
- Je t’aime
Elle se jeta littéralement sur lui, le renversa contre la portière et l’embrassa sauvagement. Une noire tempête d’amour échevelé !
Johanne tapa une série de coups joyeux à la porte d’entrée. Pas de réponse
Bizarre
Elle posa sa main sur la poignée, pour ouvrir. Elle appuya. La porte ne bougea pas d’un pouce. Fermée à clef.
De plus en plus étrange
James était en train de se recoiffer et d’arranger le col de sa chemise dans le rétroviseur. Elle l’appela d’une voix mal assurée :
- James ! T’as les clefs ? J’ai peur qu’Henriette ait eu un problème…
Il se précipita vers elle, des mèches de cheveux lui tombant sur le nez. Il regarda dans la gueule de la tarasque en plâtre qui garnissait une niche contigüe à la porte. En théorie, elle devrait contenir une clef… Que dalle…
- Pas besoin de clefs.
James retourna à la voiture au pas de course. S’il ne l’avait pas éjecté dans un de ces grands ménages frénétiques, il devait encore avoir un rossignol planqué sous le siège avant.
A l’aide du rossignol, il vint à bout de la serrure en moins de quinze secondes.
Mais quand est-ce qu’elle va se décider à mettre une vraie serrure sur cette satanée porte !
Il poussa le battant. Immédiatement, l’odeur l’alerta.
- Johanne, tu reste dehors…
Non, il peut y avoir du monde posté dehors...
- Non, en fait, tu restes collée derrière moi. Calque tes gestes sur les miens.
Johanne, dont l’excitation n’était pas encore retombée, sentit son cœur s’accélérer encore, le sang lui battait les temps, l’air avait du mal à passer dans ces bronches. Elle imita les gestes de James, posant les pieds au sol très lentement, en commençant par le talon, fléchissant légèrement les jambes, presque collée au dos de son amant. Ils parcoururent les deux mètres de couloir comme cela. Ils s’approchaient de la cuisine. L’odeur acre, souffreteuse et métallique de la poudre devenait de plus en plus puissante, mêlée à une autre odeur, celle-là chaude et écœurante. James pouvait presque voir les mains de l’angoisse faire un nœud avec son larynx. L’odeur du sang, versé en quantité… Collé au mur du couloir, il jeta un œil dans la pièce.
Henriette gisait là, en face d’eux, la moitié du visage manquante. La table en olivier, le sol autour d’elle et une partie du mur en face étaient maculée de sang, de morceaux blancs de plus ou moins grande taille… (de l’os…), de cheveux gris amalgamés de chair et de sang… encore du sang… et une matière gélatineuse gris-rosâtre bizarre. Il retint à grand peine un haut le cœur. Johanne passa la tête à son tour dans l’encadrement de la porte. Elle sentit le sang déserter les veines de son visage.
« Oh ! putain de merde ! »
James la bâillonna avec sa main.
« Shut up ! »
La porte-fenêtre de la cuisine, qui donnait sur le coté du mas, était entrouverte. James écouta attentivement. En dehors de leurs deux respirations légèrement saccadées, il n’entendait absolument rien. Aucun bruit, aucun murmure, aucun glissement, aucun souffle. Rien. Il s’avança prudemment. Passa à coté du corps de sa meilleure amie, en s’efforçant de garder son regard focalisé sur la porte-fenêtre. Il poussa un ventail. Personne dehors non plus. Il baissa les yeux : deux traces de vélo dans l’herbe…
Il se prit la tête entre les mains. Johanne, restée dans l’entrée, n’arrivait plus à bouger. Ces yeux étaient comme collés au crâne explosé d’Henriette. Son rythme cardiaque s’était calqué sur le chant funèbre des gouttes de sang s’écoulant au sol. Ploc ! Ploc ! Ploc ! Elle aurait bien aimé s’évanouir, couper le contact, mais son esprit n’était pas du même avis, bien décidé à rester en mode éveil. Il enregistrait même une foule de détails bizarres. Le torchon pour s’essuyer les mains ne pendait pas au crochet habituel, le four encastré était légèrement sorti de sa niche, une patate à moitié épluchée attendait de rejoindre le tas de ces congénères déjà débarrassés de leur peau.
James revint dans la cuisine et poussa Johanne en dehors de la pièce. Ce geste l’exaspéra, elle repoussa la main qui l’avait attrapé à la taille. Il lui prit le bras et l’entraina jusque dans le salon contigu. Il la força à s’asseoir et lui dit :
« Surtout ne touche à rien. Je vais effacer nos empreintes dans la cuisine »
James se força à baisser les yeux sur le corps de son amie. Il respirait très lentement, tentant de faire fi des odeurs et des images, de se concentrer sur des faits bruts, comme s’il les lisait dans un livre. Au vu des dégâts, on avait tiré minimum avec du neuf millimètres. Il s’accroupit sur les talons, derrière le cadavre. Son amie était attachée à la chaise avec du fil de nylon. Il regarda ces mains. Elle avait reçu une balle dans la main droite, de plus petit calibre. Il pouvait distinguer des traces de poudre autour de la blessure. Tirée à bout portant. Elle avait plusieurs doigts brisés à l’autre main. Il leva les yeux, le bras droit d’Henriette pendait bizarrement. Epaule cassée. Il se releva. La pièce dansait autour de lui. Il ferma les yeux, prêt à s’écrouler.
Non, Jim. Tu ne flanches pas maintenant. Allez, hop ! Tu souffles profondément, tu ouvres les yeux et tu te mets en pilote automatique.
Il souleva les paupières, aperçu les jambes de son amie. Il referma les yeux immédiatement. Ces genoux n’étaient plus qu’une bouillie épaisse de sang, de chair, d’os et de tendons. On l’avait torturée. Et pas qu’un peu. Il se sentit vaciller. Il regarda autour de lui, scruta le sol de la cuisine, les meubles. Pas de douilles.
Très professionnel… Je parie que les flics ne trouverons ni empreinte, ni ADN… Sauf les nôtres… merde…
Il essuya, à l’aide de la pochette de son costume, les endroits où Johanne et lui avait pu passer les doigts, en s’efforçant de contourner le centre de la pièce de peur que son regard ne tombe sur son amie.
Johanne, dans le salon, serrait les poings à s’en enfoncer les ongles dans la chair de la main. Elle commençait à se calmer et à réfléchir plus froidement.
Maintenant, il faut penser aux condés. Faut éviter que cette affaire nous retombe dessus. Quand on aura résolu cette urgence, on trouve le coupable et on lui fait bouffer ces couilles.
Déjà, réfléchir aux éléments dont on dispose. Dernière « affaire » chaude de la tante : faire tomber Jean Santini en trouvant la preuve qu’il blanchit son fric pas net à l’aide de fausses entreprises d’insertion et qu’il a organisé le meurtre de son cousin pour ne pas partager l’empire des Santini sur Marseille.
Quand elle avait appris le passé de sa tante, Johanne avait fait des recherches, dans les archives des journaux locaux, sur l’empire des Santini. De fait, cet empire cédait du terrain, sur certaines de ces frontières, mais n’en redevenait pas pour un tant un petit royaume de province.
Il perdait de l’influence dans les activités « historiques », au profit de familles venues du Liban, des Comores et d’Europe de l’Est. Jean Santini n’avait réellement gardé main basse que sur la cocaïne et l’héroïne, et il se ruinait de plus en plus en pot-de-vins divers afin de garantir son marché… mais sa fortune continuait à croitre régulièrement. La spéculation immobilière, l’attribution de chantiers publics, le recel d’abus de biens sociaux, l’économie de la solidarité et surtout les associations sportives lui rapportaient nettement plus d’argent. Son statut de sénateur et président de collectivité territoriale lui donnait une quasi-immunité, en tout cas l’immunité parlementaire, une garantie bien utile. Et puis bon… l’achat de flics locaux était un sport familial… Donc, premier suspect possible : Jean Santini, ou plus probablement l’un de ces hommes de main. Ce fils de chien a du apprendre d’une manière ou d’une autre que sa vieille ennemie était de retour sur le sentier de la guerre. Et il l’a faite liquider,…
Deuxième suspect, logique, James. Ils se sont engueulés à mort, et visiblement il lui en voulait pas mal…
Oui, mais pour cela il aurait fallu qu’il se dédouble…
Mais, il aurait pu se lever avant Johanne, puis aller descendre Henriette et revenir se coucher… Ou même ne pas se recoucher du tout… puisqu’il l’avait réveillée avec un petit-déjeuner au lit, café noir/croissant, orange pressée… dans l’une de ces pitoyables tentatives de se faire pardonner…
Oui, mais Henriette a été assassinée alors qu’elle épluchait des patates pour les mettre à cuire…
Et son sang n’était pas encore coagulé… On met les patates à cuire à 11h, elle les lavait… Il devait être au moins 10h…
Johanne senti un poids disparaître de sa colonne vertébrale. James était éliminé d’entrée de jeu comme suspect possible. Par contre, l’Ange n’était toujours pas arrivé. Il devait amarrer à Marseille à dix heure, et à,… elle regarda sa montre, 13h, il n’était toujours pas là.
Non, abrutie. Faut rester logique dans la vie, sinon tout se barre en couille. L’emplumé considère Henriette comme sa mère. Il ne peut pas vouloir la faire descendre,… ou la descendre… Quoique… regarde toi avec la tienne… ce ne sont pas les envies d’homicides qui manquent… mais, de là à passer à l’acte… Oui, mais ils étaient mêlés dans des histoires que tu n’imagines même pas… Oui, mais elle lui paye ces études de droit… il ne va pas tarder à être avocat… Oui, mais il est corse… Un corse ne tue pas sa mère…
Comme si cet argument était suffisant pour clore ces soupçons, son esprit se porta sur un crochet, au mur de la cuisine, à coté de la porte-fenêtre. Le torchon pour les mains y était pendu, ce n’était pas sa place, et Henriette était encore plus maniaque que James… donc… elle avait les mains mouillées, ou sales… On a tapé à la porte de la cuisine. Elle s’est essuyé les mains et a ouvert. Soit elle connaissait son visiteur, soit ne lui inspirait-il aucune méfiance… Elle a sans doute ouvert en hâte et accroché le torchon au premier crochet qu’elle a trouvé…
Et comme cette foutue baraque est isolée en pleine forêt,… il n’y a que de la route que l’on a pu entendre quelque chose…
James interrompit le cours de sa réflexion en faisant irruption dans la pièce. Johanne leva les yeux vers lui et demanda, d’un ton calme :
- On fait quoi ? Il faut que l’on trouve une trace d’Ange… il devrait être là depuis longtemps…
James sursauta, il l’avait complètement oublié, l’emplumé… Qu’est-ce qu’il pouvait bien foutre…
- On attend le corse ici, et on voit ce qu’on fait. Son bateau a peut-être du retard, dit James d’une voix peu assurée. On peut pas prévenir les poulets sans savoir ce qu’il est devenu…
- Et on prévient les poultocks…
- Anonymement, et tardivement, répond James sur le ton de l’évidence. J’aimerai bien qu’ils ne mettent pas trop leur gros nez dans mes affaires… S’ils cherchent mes moyens de subsistance, ou s’ils fouillent dans certaines affaires d’Henriette, les camouflages risquent de ne pas faire illusion longtemps…
Johanne fronça les sourcils… d’une voix que James ne lui connaissait pas, elle répondit :
- Sûr ! Et on trouve le fumier qui a fait ça, on lui fait payer très cher. On le massacre.
- Olà ! Stop… Stop, stop… On s’en occupe avec Ange. Toi, tu files te mettre au vert chez M…
- Hors de question ! Ni pense même pas ! Ils ont buté la seule personne fréquentable de ma putain de famille de merde. Je descendrais celui qui a fait ça moi-même, dit-elle d’une voix sourde. D’ailleurs, j’appelle Ange maintenant, pour savoir ce qu’il fout. Quand on sera en tête à tête, je suis sûre qu’il sera de mon avis. Je dois me faire justice…
James pouvait sentir la haine irradier de la jeune femme. Sa lèvre supérieure était même légèrement retroussée, telle celle d’un chien qui va mordre. Il ne l’avait jamais vu ainsi. Plus la même fille. Elle lui faisait presque peur. Même sa voix avait changé, elle émanait d’une autre profondeur, d’un être qu’il n’avait jamais rencontré.
- NON ! s’écria James quand elle dégaina son portable. Attend… on va le contacter, mais pas avec ton appareil… pour la police…
De l’intérieur d’une petite table de nuit en marbre, il sortit un gros téléphone portable d’ancienne génération, d’où sortait, d’un trou grossier sur le coté gauche, quelque fils, comme si l’appareil était blessé. Il tourna une molette sur le coté, pour brouiller la localisation de l’appel, en changeant la fréquence, et composa le numéro du corse. L’accent trainant de Ange l’accueillit, mais sur son répondeur.
« Bonjour, vous êtes bien sur le répo… »
Il raccrocha.
Ange, brother,… tu es un vrai casse-pieds mais j’espère sincèrement qu’il ne faille pas t’ajouter à la liste des cadavres…
Il s’assit à coté de Johanne, un air de profond dépit imprimé sur le visage. Avant qu’il n’ai prononcé un mot, elle lui dit :
- File moi le téléphone, je vais lui laisser un message que lui seul puisse comprendre…
« Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur d’Ange Marie Paoli, je ne suis pas disponible, mais laissez-moi un message je vous rappelle »
Après l’annonce traduite en corse, Johanne lui laissa le message suivant :
« Viens direct à la grotte. »
James l’observait d’un œil septique. Elle expliqua :
- la dernière fois qu’on a parlé de toi avec Ange, il t’a qualifié d’ours. Donc, il devrait comprendre que la grotte, c’est chez toi…
- Un peu tiré par les cheveux, mais pas con…
Une heure plus tard, ils fermaient la lourde porte blindée de James, au rez-de-chaussée du 18 rue Pavillon, à Aix-en-Provence. Il s’installa derrière l’un de ces trois ordinateurs. Il se connecta au site de la SNC, la Société de Navigation Corse. Il savait qu’Ange avait pris place à bord du Pascal Paoli. Le bateau avait quitté Ajaccio à l’heure, la veille au soir, et était bien arrivé, à 10h, au port de Marseille.
Ça ne sent pas bon du tout…
Il ne dit rien à Johanne et pirata le serveur de la compagnie. La barrière de protection fut Out en moins de vingt minutes. Il rentra dans les listes de voyageurs enregistrés. A la montée, Ange était bien dans la liste des passagers du Pascal Paoli… mais plus à la descente… il semblait avoir disparu du listing dans l’intervalle…
Il s’est fait descendre… par des mecs à Santini… ou du moins par des pros qui ont la possibilité de faire ce genre de manipulations… Il est en train de nourrir les roussettes…. Au fond de la méditerranée… ou alors…
Son logo Skype dans la barre des taches afficha un 1 entouré d’un rond. Quelqu’un cherchait à rentrer en contact avec lui. Il ouvrit le logiciel.
Conversation. 1 nouvelle. Liam
Sorry, Brother, mais là, c’est vraiment pas le moment…
Il bascula son statut sur « occupé » et se tourna vers Johanne qui, affalée sur le canapé, était en train de fumer un énorme joint d’herbe, les sourcils froncés. L’air plus préoccupée qu’accablée.
Il lui expliqua ce qu’il venait d’apprendre. Elle lui murmura d’une voix un peu pâteuse qu’il fallait attendre demain matin… qu’il se planquait certainement…
« c’est un mec du maquis… il sait échapper aux gens… »
Elle reprit d’une voix plus claire. Selon elle, si on l’avait neutralisé, il y aurait quelques blessés parmi les assaillants… Et paranoïaque comme l’était Ange, il aurait été difficile de l’avoir par surprise… Ils ne parlaient pas d’accrochage lors de la traversée, sur le site de la compagnie… et la radio, allumée sur France Intox n’annonçait pas de carnage sur le ferry non plus…
Il se dit que soit elle n’avait pas tord, soit l’Ange avait trempé ces plumes dans quelque chose de pas net… soit il servait d’autres intérêts que ceux apparents… Il avait, comme Johanne, de quoi douter très fortement de ce genre de soupçons… mais il en avait aussi vu pas mal d’autres tourner leur veste au moment opportun… il se pourrait aussi qu’ils le tiennent par chantage… Qu’ils menacent son vieux ou sa nana, s’il en a une… Comment réagirait-il, lui-même, si on tenait Johanne… Il trahirait les siens pour ne pas perdre « The One », la femme de sa vie, celle qu’il aime plus que tout au monde… et là… il commençait à flipper sérieusement… ça n’allait pas être évident de la convaincre d’aller se planquer quelque part… Elle était bien décidée à rester et à prendre part aux opérations…
Mais c’est beaucoup trop dangereux… Elle a jamais tenu une arme de sa vie,… en dehors de son stylo plume…C’est vrai qu’elle est futée, qu’elle apprend vite… et qu’elle est capable de se battre mieux que certains mecs… qu’elle connaît les situations de violence aussi… mais… “A Pity beyond all telling, is hide in the heart of love, the crown who are dying and selling” and blablabla…
Il ne supporterait pas une nouvelle mort… pas elle…
< Un texte par semaine et par catégorie svp, merci.
Ce texte sera déverrouillé lundi prochain.
Ne rien poster avant le lundi 2 novembre, merci.
La Modération >
.
Re: Belfast Parano, chapitre 2
Je me permet de faire remonter ce texte, qui avait été verrouiller en raison de ma postite aiguë d'auteurs débutant afin de tenter d'avoir des avis de lecteur... Ben oui... Manque de confiance...
Merci d'avance...
Merci d'avance...
Re: Belfast Parano, chapitre 2
L'histoire est toujours pas mal, je trouve, bien qu'un peu poussive à mon goût, et présentant des rebondissements trop prévisibles (franchement, le coup de la tatie assassinée, je le pressentais depuis l'épisode précédent, et je suis très mauvaise pour ça)... mais ce qui plombe gravement votre texte, pour moi, est l'abondance des erreurs de langue qu'il contient, pas forcément graves, mais très fréquentes, qui donnent tout de suite une impression de texte pas relu, pas vraiment travaillé. Réfléchissez notamment aux emplois du possessif ; apparemment, le possessif "ses", pour vous, n'existe pas, vous écrivez systématiquement (à tort) "ces", le démonstratif.
Les erreurs de langue, donc :
« Il avait envie d’attraper Johanne dans ses bras (les bras du gars : « ses » est ici possessif) »
« je vais régler cette foutue situation »
« - Je t’aime. »
« Pas de réponse.
Bizarre. »
« De plus en plus étrange. »
« une niche contiguë à la porte »
« tu restes dehors »
« le sang lui battait les tempes, l’air avait du mal à passer dans ses bronches »
« L’odeur âcre, souffreteuse » (qu’est-ce que c’est, une odeur « souffreteuse » ? Voulez-vous dire « qui sent le soufre » ? Dans ce cas, l’adjectif qui convient, c’est « soufrée »)
« La table en olivier, le sol autour d’elle et une partie du mur en face étaient maculés (puisque ce sont la table, le sol et une partie du mur qui sont maculés) »
« haut-le-cœur »
« sur le côté du mas »
« Passa à côté du corps »
« Il poussa un vantail »
« Ses yeux étaient comme collés »
« une patate à moitié épluchée attendait de rejoindre le tas de ses congénères »
« elle repoussa la main qui l’avait attrapée à la taille. Il lui prit le bras et l’entraîna »
« Il regarda ses mains »
« Il souleva les paupières, aperçut les jambes de son amie »
« Ses genoux n’étaient plus qu’une bouillie épaisse de sang »
« Je parie que les flics ne trouveront »
« les endroits où Johanne et lui avaient (sujet : « Johanne et lui ») pu passer les doigts »
« n’en redevenait pas pour autant »
« il se ruinait de plus en plus en pots-de-vin (et non « pot-de-vins) divers »
« sa fortune continuait à croître »
« Jean Santini, ou plus probablement l’un de ses hommes de main. Ce fils de chien a dû apprendre d’une manière ou d’une autre que sa vieille ennemie était de retour sur le sentier de la guerre. Et il l’a fait (et non « faite », parce que le complément d’objet direct de « faire » est « liquider », et non « l’ », mis pour la tante. Donc le participe passé « fait » ne s’accorde pas) liquider »
« dans l’une de ses pitoyables tentatives »
« Johanne sentit un poids disparaître »
« Il devait amarrer à Marseille à dix heures »
« regarde-toi avec la tienne »
« mais elle lui paye ses études de droit »
« à côté de la porte-fenêtre »
« On attend le Corse ici »
« J’aimerais (je pense qu’ici le conditionnel est préférable au futur) bien qu’ils ne mettent pas trop leur gros nez »
« Holà ! »
« N’y pense même pas ! »
« Je descendrais (je pense qu’ici au contraire un futur : « Je descendrai » serait préférable au conditionnel) celui qui a fait ça moi-même »
« Il ne l’avait jamais vue ainsi »
« d’un trou grossier sur le côté gauche, quelques fils »
« une molette sur le côté »
« le numéro du Corse. L’accent traînant d’Ange »
« j’espère sincèrement qu’il ne faille (le subjonctif est possible ici, je crois, mais bizarre ; je pense qu’un futur « qu’il ne faudra » serait préférable) pas t’ajouter »
« à côté de Johanne »
« Avant qu’il n’ait prononcé un mot »
« File-moi le téléphone »
« James l’observait d’un œil sceptique (dans cette acception ; « septique » signifie, en gros, plein de microbes, cf. « fosse septique ») »
« Il s’installa derrière l’un de ses trois ordinateurs »
« Au fond de la Méditerranée »
« la barre des tâches (dans cette acception ; une tache est une souillure, une tâche un travail ou une corvée) »
« Il se dit que soit elle n’avait pas tort, soit l’Ange avait trempé ses plumes »
Les erreurs de langue, donc :
« Il avait envie d’attraper Johanne dans ses bras (les bras du gars : « ses » est ici possessif) »
« je vais régler cette foutue situation »
« - Je t’aime. »
« Pas de réponse.
Bizarre. »
« De plus en plus étrange. »
« une niche contiguë à la porte »
« tu restes dehors »
« le sang lui battait les tempes, l’air avait du mal à passer dans ses bronches »
« L’odeur âcre, souffreteuse » (qu’est-ce que c’est, une odeur « souffreteuse » ? Voulez-vous dire « qui sent le soufre » ? Dans ce cas, l’adjectif qui convient, c’est « soufrée »)
« La table en olivier, le sol autour d’elle et une partie du mur en face étaient maculés (puisque ce sont la table, le sol et une partie du mur qui sont maculés) »
« haut-le-cœur »
« sur le côté du mas »
« Passa à côté du corps »
« Il poussa un vantail »
« Ses yeux étaient comme collés »
« une patate à moitié épluchée attendait de rejoindre le tas de ses congénères »
« elle repoussa la main qui l’avait attrapée à la taille. Il lui prit le bras et l’entraîna »
« Il regarda ses mains »
« Il souleva les paupières, aperçut les jambes de son amie »
« Ses genoux n’étaient plus qu’une bouillie épaisse de sang »
« Je parie que les flics ne trouveront »
« les endroits où Johanne et lui avaient (sujet : « Johanne et lui ») pu passer les doigts »
« n’en redevenait pas pour autant »
« il se ruinait de plus en plus en pots-de-vin (et non « pot-de-vins) divers »
« sa fortune continuait à croître »
« Jean Santini, ou plus probablement l’un de ses hommes de main. Ce fils de chien a dû apprendre d’une manière ou d’une autre que sa vieille ennemie était de retour sur le sentier de la guerre. Et il l’a fait (et non « faite », parce que le complément d’objet direct de « faire » est « liquider », et non « l’ », mis pour la tante. Donc le participe passé « fait » ne s’accorde pas) liquider »
« dans l’une de ses pitoyables tentatives »
« Johanne sentit un poids disparaître »
« Il devait amarrer à Marseille à dix heures »
« regarde-toi avec la tienne »
« mais elle lui paye ses études de droit »
« à côté de la porte-fenêtre »
« On attend le Corse ici »
« J’aimerais (je pense qu’ici le conditionnel est préférable au futur) bien qu’ils ne mettent pas trop leur gros nez »
« Holà ! »
« N’y pense même pas ! »
« Je descendrais (je pense qu’ici au contraire un futur : « Je descendrai » serait préférable au conditionnel) celui qui a fait ça moi-même »
« Il ne l’avait jamais vue ainsi »
« d’un trou grossier sur le côté gauche, quelques fils »
« une molette sur le côté »
« le numéro du Corse. L’accent traînant d’Ange »
« j’espère sincèrement qu’il ne faille (le subjonctif est possible ici, je crois, mais bizarre ; je pense qu’un futur « qu’il ne faudra » serait préférable) pas t’ajouter »
« à côté de Johanne »
« Avant qu’il n’ait prononcé un mot »
« File-moi le téléphone »
« James l’observait d’un œil sceptique (dans cette acception ; « septique » signifie, en gros, plein de microbes, cf. « fosse septique ») »
« Il s’installa derrière l’un de ses trois ordinateurs »
« Au fond de la Méditerranée »
« la barre des tâches (dans cette acception ; une tache est une souillure, une tâche un travail ou une corvée) »
« Il se dit que soit elle n’avait pas tort, soit l’Ange avait trempé ses plumes »
Invité- Invité
Re: Belfast Parano, chapitre 2
Ah oui, et je voulais vous dire que vous avez eu bien raison de faire remonter votre texte pour qu'il ait des chances de récolter des commentaires : quand un texte est passé en page 2, sauf exception, sa dernière chance d'être proposé à l'attention des foules réside dans l'intervention de super-Sahkti !
Invité- Invité
Re: Belfast Parano, chapitre 2
Ce que j'aime : l'originalité du ton et l'écriture assurée
Ce que j'aime moins : les clichés dans le déroulement de l'histoire, mais j'éprouve toujours plus ou moins ceci lorsque je lis un roman noir, j'ai du mal à jouer le jeu.
Deux remarques :
Je suis surprise d'entendre le mot de "condé dans la bouche de Johanne, tant il me semble dater d'une autre époque...
J'ai du mal avec la citation de Yeats (c'est bien de lui dont il s'agit ?)
"A pity beyond all telling is hid in the heart of love"
soit, mais le reste me paraît étrange sur le plan du sens. Est-ce une adaptation personnelle pour les besoins du récit ?
Ce que j'aime moins : les clichés dans le déroulement de l'histoire, mais j'éprouve toujours plus ou moins ceci lorsque je lis un roman noir, j'ai du mal à jouer le jeu.
Deux remarques :
Je suis surprise d'entendre le mot de "condé dans la bouche de Johanne, tant il me semble dater d'une autre époque...
J'ai du mal avec la citation de Yeats (c'est bien de lui dont il s'agit ?)
"A pity beyond all telling is hid in the heart of love"
soit, mais le reste me paraît étrange sur le plan du sens. Est-ce une adaptation personnelle pour les besoins du récit ?
Invité- Invité
Re: Belfast Parano, chapitre 2
Oui les "ces" à la place des "ses" (les siens/siennes) ça gêne la lecture.
Sinon, j'aime bien, texte vif, nerveux! Je viendrai lire la suite avec plaisir.
Un détail: je conçois qu'on puisse avoir un listing des passagers d'un bateau à l'embarquement mais je ne vois pas pourquoi il y aurait un contrôle à l'arrivée...Il n'y a pas de passage de frontière entre la Corse et Marseille.C'est bizarre je trouve ce passage où l'on se rend compte qu'Ange a disparu du listing informatique entre le départ et l'arrivée du bateau.
Sinon, j'aime bien, texte vif, nerveux! Je viendrai lire la suite avec plaisir.
Un détail: je conçois qu'on puisse avoir un listing des passagers d'un bateau à l'embarquement mais je ne vois pas pourquoi il y aurait un contrôle à l'arrivée...Il n'y a pas de passage de frontière entre la Corse et Marseille.C'est bizarre je trouve ce passage où l'on se rend compte qu'Ange a disparu du listing informatique entre le départ et l'arrivée du bateau.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Belfast Parano, chapitre 2
Merci pour vos lectures!
Alors, point par point, histoire de ne pas y revenir trop souvent :
- Premièrement l'orthographe, MERCI à Socque! Je suis une ancienne cancre dyslexique et dysorthographique qui se soigne... Le problème étant que je ne vois pas mes fautes, j'ai beau lire et relire, il y e a toujours. Je suis obligée d'utiliser un correcteur (Antidote) numérique, mais il en laisse toujours...
- Deuxièmement, sur l'aspect attendu du deroulement, dans une première version, l'histoire débutait directement sur James trouvant le cadavre d'Henriette et s'inquiétant pour Johanne. On m'avait dit à se moment là qu'on avait du mal à comprendre les personnages. J'ai donc fait un chapitre d'ouverture (le chap 1). La suite est, je pense, nettement moins attendue. Quitte à casser vos projections, le coupable n'est pas Santini... ni Ange... Mais je 'envisagerai, à la lumière de votre lecture, Socque, de reprendre ces deux premier chapitres en un seul une fois l'ensemble écrit.
Bien sur, une fois l'ensemble écrit, une version définitive complète sera postée sur le forum.
- Troisièmement, La citation de Yeats, il faut que je corrige la seconde ligne, je l'ai écrie de mémoire... (et j'ai une mémoire de poisson rouge...). Merci de ma l'avoir fait remarqué, et félicitation d'y avoir reconnu ce grand poète irlandais!
- Quatrièmement, pour ce qui est des listing, en fait j'ai extrapolé, n'ayant jamais pris le bateau pour la corse... mais il me semblait logique que l'on vérifie à l'arrivé que tout le monde soit bien descendu...
Enfin, Merci à tous pour vos encouragement. Ces personnages me poursuive depuis longtemps, j'espère bien cette fois réussir à terminer leurs histoires...
Alors, point par point, histoire de ne pas y revenir trop souvent :
- Premièrement l'orthographe, MERCI à Socque! Je suis une ancienne cancre dyslexique et dysorthographique qui se soigne... Le problème étant que je ne vois pas mes fautes, j'ai beau lire et relire, il y e a toujours. Je suis obligée d'utiliser un correcteur (Antidote) numérique, mais il en laisse toujours...
- Deuxièmement, sur l'aspect attendu du deroulement, dans une première version, l'histoire débutait directement sur James trouvant le cadavre d'Henriette et s'inquiétant pour Johanne. On m'avait dit à se moment là qu'on avait du mal à comprendre les personnages. J'ai donc fait un chapitre d'ouverture (le chap 1). La suite est, je pense, nettement moins attendue. Quitte à casser vos projections, le coupable n'est pas Santini... ni Ange... Mais je 'envisagerai, à la lumière de votre lecture, Socque, de reprendre ces deux premier chapitres en un seul une fois l'ensemble écrit.
Bien sur, une fois l'ensemble écrit, une version définitive complète sera postée sur le forum.
- Troisièmement, La citation de Yeats, il faut que je corrige la seconde ligne, je l'ai écrie de mémoire... (et j'ai une mémoire de poisson rouge...). Merci de ma l'avoir fait remarqué, et félicitation d'y avoir reconnu ce grand poète irlandais!
- Quatrièmement, pour ce qui est des listing, en fait j'ai extrapolé, n'ayant jamais pris le bateau pour la corse... mais il me semblait logique que l'on vérifie à l'arrivé que tout le monde soit bien descendu...
Enfin, Merci à tous pour vos encouragement. Ces personnages me poursuive depuis longtemps, j'espère bien cette fois réussir à terminer leurs histoires...
Re: Belfast Parano, chapitre 2
Tu retrouves un meilleur rythme de narration, plus posé, ménageant tes effets et conservant l'intensité dans l'action; j'aime ça.
Mais tu conserves ce travers de trop en dire, de tout expliquer par le menu; il y a pourtant des choses prévisibles, d'autres aisément compréhensibles sans que trop on en dise. Bref, à mes yeux, le texte en vaut la peine mais il y gagnerait à être allégé.
Ce que j'aurais aimé, c'est que ta narration soit plus épurée, que la gravité du sujet se marie avec une plus grande légèreté dans l'écriture, non pas dans le ton, mais dans l'utilisation des mots.
Mais tu conserves ce travers de trop en dire, de tout expliquer par le menu; il y a pourtant des choses prévisibles, d'autres aisément compréhensibles sans que trop on en dise. Bref, à mes yeux, le texte en vaut la peine mais il y gagnerait à être allégé.
Ce que j'aurais aimé, c'est que ta narration soit plus épurée, que la gravité du sujet se marie avec une plus grande légèreté dans l'écriture, non pas dans le ton, mais dans l'utilisation des mots.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Belfast Parano, chapitre 2
je plaide mon décalage en lecture :-)socque a écrit:quand un texte est passé en page 2, sauf exception, sa dernière chance d'être proposé à l'attention des foules réside dans l'intervention de super-Sahkti !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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