Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
c'est ton fournisseur d'accès ? c'est pour ça ?Sahkti a écrit: pardon, j'ai eu ligne coupée !
je dis orange
mouahah !
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
oui, j'ai vu et rectifiéPili a écrit:Oui, mais socque demandais finalement que la couleur soit au choix de chacun mais qu'elle doit avoir une importance dans le texte.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Pili, je pense que vous pouvez récapituler, si vous voulez...
Invité- Invité
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
la jacinthe en anglais ? (le "e" en moins il me semble), un prénom aussi je croissocque a écrit:Je propose un mot : hyacinthe (je ne sais pas au juste ce que c'est).
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
C'est pas la plante qu'on fait pousser à Noël à partir d'un gros bulbe ?
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
j'adore ce prénomEaster(Island) a écrit:la jacinthe en anglais ? (le "e" en moins il me semble), un prénom aussi je croissocque a écrit:Je propose un mot : hyacinthe (je ne sais pas au juste ce que c'est).
l'ai utilisé dans un vieux texte
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Non, je pensais au vers de Baudelaire : "D'hyacinthe et d'or". Je me suis toujours demandé ce que c'était, sans jamais vérifier bien sûr.
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
la hyacinthe est une ancienne variété de jacinthe
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Je propose qu'on laisse Peter Pan en paix, il reviendra quand il voudra.
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
C'est également, dit le TLFI: Pierre fine de couleur brun orangé ou rougeâtre
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
C'est pas le petit Jésus ça plutôt ?abstract a écrit:C'est pas la plante qu'on fait pousser à Noël à partir d'un gros bulbe ?
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Récap
Il doit être question d’un adulte qui revisite ses souvenir d’enfance.
Le narrateur doit être un homme si l’auteur est une femme et vice versa.
Il doit être question d’une couleur bien présente dans le texte, de préférence « orange » ou au choix.
Le mot crabe doit intervenir.
Le texte doit se terminer par : Mon père a disparu comme ça. On n'a plus jamais eu aucune nouvelle de lui.
Il doit être question d’un adulte qui revisite ses souvenir d’enfance.
Le narrateur doit être un homme si l’auteur est une femme et vice versa.
Il doit être question d’une couleur bien présente dans le texte, de préférence « orange » ou au choix.
Le mot crabe doit intervenir.
Le texte doit se terminer par : Mon père a disparu comme ça. On n'a plus jamais eu aucune nouvelle de lui.
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
et de manière optionnelle: hyacynthe et bouteille.Pili a écrit:Récap
Il doit être question d’un adulte qui revisite ses souvenir d’enfance.
Le narrateur doit être un homme si l’auteur st une femme et vice versa.
Il doit être question d’une couleur bien présente dans le texte, de préférence « orange » ou au choix.
Le mot crabe doit intervenir.
Le texte doit se terminer par : Mon père a disparu comme ça. On n'a plus jamais eu aucune nouvelle de lui.
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Oui ! En tout cas, Peter Pan, vous avez déjà ma gratitude pour avoir lancé l'idée et avoir relevé le défi. Une fois les choses mises en branle, vous voyez, ça finit par se goupiller...Easter(Island) a écrit:Je propose qu'on laisse Peter Pan en paix, il reviendra quand il voudra.
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
C'est bon, là ?
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
OK pour les contraintes. C'est parti.
Invité- Invité
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
oui Pili, merci à toi !Pili a écrit:C'est bon, là ?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
C'est parti, avec ou sans le petit jesus (faudrait ajouter la contrainte à Mentor qui fait rien que de se moquer ce soir na !)
abstract- Nombre de messages : 1127
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
et on prétend ne pas avoir d'humour ?socque a écrit:Une fois les choses mises en branle, vous voyez, ça finit par se goupiller...
ok, ok, je bosse
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Oui! Merci pour le récapitulatif.
Saint Georges- Nombre de messages : 174
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
bon allez go... mais pas trop vite, sinon...
:-))
:-))
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Je me les garde au frais (les contraintes) car là j'ai un homme au chaud et comme c'est pas tous les jours ;-)
Amusez-vous bien aussi.
Amusez-vous bien aussi.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
QUARTIER DU MANGUIER
Mon école de la rue des Manguiers ! Là où j’ai passé tout mon primaire. C’est drôle, les arbres ont forcément poussé depuis, et pourtant j’ai l’impression que tout est plus petit que dans mes souvenirs : l’entrée, la cour des grands, le préau… Les couleurs aussi ont changé. Mais ça, j’en suis sûr. Tout a été badigeonné à la chaux colorée. Du jaune orangé, pâle. Je préférais le blanc.
J’ai prévenu la directrice que je viendrais. Mais là, j’ai décidé d’entrer discrètement. J’ai marché en crabe le long du mur de la conciergerie… Ni vu ni connu, me voilà déjà sous les arcades de la coursive. Elle dessert toutes les petites classes. Le chahut des gamins couvre presque les cris aigus des kikiwis chahutant sur la clôture.
Je passe devant les fenêtres à claire-voie sans me faire remarquer. Et j’aboutis devant la salle 12. Celle de tous mes exploits. Celle où j’ai tant fait enrager la Sœur Marie-Hyacinthe. La pauvre. Elle ne doit plus être de ce monde. Elle paraissait déjà si vieille à l’époque.
Et soudain j’y suis ! Oui, je suis dans la classe ! Pourtant toujours derrière la porte à persiennes horizontales, toujours côté coursive, mais je me vois à l’intérieur… C’est bien moi que je reconnais, là, debout sur mon banc d’écolier, une chaise en mains, les cheveux en bataille, repoussant les assauts de cinq fillettes surexcitées. Et Sœur Marie-Hyacinthe, assise à son bureau, sur l’estrade de bois, qui tient son beau visage parcheminé entre ses mains.
Comment ai-je pu me comporter comme ça ? Pourquoi une gamine de 9 ans en arrive-t-elle à se déchaîner ainsi ?
J’hésite à entrer, à intervenir, à calmer les enfants et à rétablir l’autorité de la maîtresse. Est-ce mon rôle ? Dois-je influer sur l’avenir ? Un simple geste pourrait sans doute changer le cours des choses. Mais je ne le fais pas, ce geste. Au contraire. Je recule d’un pas. Lâcheté ? Peut-être pas. Car il en faut si peu pour comprendre, parfois. Encore faut-il le vouloir.
Les souvenirs m’arrivent en foule. Ma mère a été convoquée ce jour-là, le jour de la bataille. Et le soir, à la maison, il y a eu de longues discussions entre ma mère et mon père. Que je n’entendais pas distinctement. Ca se passait dans leur chambre. Je n’ai pas été grondée. Enfin, pas autant que je l’aurais imaginé. Il a juste fallu que j’accepte de rencontrer un « docteur » à partir du mercredi suivant. Et ensuite, tous les mercredis. Pendant au moins une heure à chaque fois.
J’aimais beaucoup le docteur Trabac. Un jour il m’a dit : « tu sais, dès que tu penses que ce n’est plus la peine de venir me voir, dis-le simplement à tes parents. Je ne serai pas fâché. Et eux non plus. Penses-y ».
Un soir, au moment de descendre de la voiture qui devait me déposer chez le docteur, j’ai regardé ma mère et je lui ai dit : « Maman, je crois que ce n’est plus la peine ». Elle n’a rien répondu et nous sommes rentrées à la maison.
J’ai su quelques années plus tard que Trabac avait simplement dit à mes parents : « Evitez de la laisser regarder à la télé les dessins animés trop violents. Je crois que c’est juste ça ».
En effet, je suis redevenue une petite fille calme, sinon modèle, du moins ai-je délaissé les fulgure-au-poing pour jeter mon dévolu sur un cochon d’Inde adorable que j’ai appelé… Hyacinthe.
Je crois aussi, intimement, que c’est ce jour-là que j’ai décidé de devenir éducatrice.
.
Mon école de la rue des Manguiers ! Là où j’ai passé tout mon primaire. C’est drôle, les arbres ont forcément poussé depuis, et pourtant j’ai l’impression que tout est plus petit que dans mes souvenirs : l’entrée, la cour des grands, le préau… Les couleurs aussi ont changé. Mais ça, j’en suis sûr. Tout a été badigeonné à la chaux colorée. Du jaune orangé, pâle. Je préférais le blanc.
J’ai prévenu la directrice que je viendrais. Mais là, j’ai décidé d’entrer discrètement. J’ai marché en crabe le long du mur de la conciergerie… Ni vu ni connu, me voilà déjà sous les arcades de la coursive. Elle dessert toutes les petites classes. Le chahut des gamins couvre presque les cris aigus des kikiwis chahutant sur la clôture.
Je passe devant les fenêtres à claire-voie sans me faire remarquer. Et j’aboutis devant la salle 12. Celle de tous mes exploits. Celle où j’ai tant fait enrager la Sœur Marie-Hyacinthe. La pauvre. Elle ne doit plus être de ce monde. Elle paraissait déjà si vieille à l’époque.
Et soudain j’y suis ! Oui, je suis dans la classe ! Pourtant toujours derrière la porte à persiennes horizontales, toujours côté coursive, mais je me vois à l’intérieur… C’est bien moi que je reconnais, là, debout sur mon banc d’écolier, une chaise en mains, les cheveux en bataille, repoussant les assauts de cinq fillettes surexcitées. Et Sœur Marie-Hyacinthe, assise à son bureau, sur l’estrade de bois, qui tient son beau visage parcheminé entre ses mains.
Comment ai-je pu me comporter comme ça ? Pourquoi une gamine de 9 ans en arrive-t-elle à se déchaîner ainsi ?
J’hésite à entrer, à intervenir, à calmer les enfants et à rétablir l’autorité de la maîtresse. Est-ce mon rôle ? Dois-je influer sur l’avenir ? Un simple geste pourrait sans doute changer le cours des choses. Mais je ne le fais pas, ce geste. Au contraire. Je recule d’un pas. Lâcheté ? Peut-être pas. Car il en faut si peu pour comprendre, parfois. Encore faut-il le vouloir.
Les souvenirs m’arrivent en foule. Ma mère a été convoquée ce jour-là, le jour de la bataille. Et le soir, à la maison, il y a eu de longues discussions entre ma mère et mon père. Que je n’entendais pas distinctement. Ca se passait dans leur chambre. Je n’ai pas été grondée. Enfin, pas autant que je l’aurais imaginé. Il a juste fallu que j’accepte de rencontrer un « docteur » à partir du mercredi suivant. Et ensuite, tous les mercredis. Pendant au moins une heure à chaque fois.
J’aimais beaucoup le docteur Trabac. Un jour il m’a dit : « tu sais, dès que tu penses que ce n’est plus la peine de venir me voir, dis-le simplement à tes parents. Je ne serai pas fâché. Et eux non plus. Penses-y ».
Un soir, au moment de descendre de la voiture qui devait me déposer chez le docteur, j’ai regardé ma mère et je lui ai dit : « Maman, je crois que ce n’est plus la peine ». Elle n’a rien répondu et nous sommes rentrées à la maison.
J’ai su quelques années plus tard que Trabac avait simplement dit à mes parents : « Evitez de la laisser regarder à la télé les dessins animés trop violents. Je crois que c’est juste ça ».
En effet, je suis redevenue une petite fille calme, sinon modèle, du moins ai-je délaissé les fulgure-au-poing pour jeter mon dévolu sur un cochon d’Inde adorable que j’ai appelé… Hyacinthe.
Je crois aussi, intimement, que c’est ce jour-là que j’ai décidé de devenir éducatrice.
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Jolie histoire, bien racontée, simple, à l'écriture fluide. La classe ! (Sans vouloir faire de jeu de mots, alors inutile de m'asticoter.)
Invité- Invité
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Ainsi passe le temps...
Tous les mardis, semaine après semaine, ma mère m'emmenait au Musée d'Histoire naturelle. L'horaire était invariable et il n'était pas question d'arriver en retard.
Le mardi, ma mère se maquillait avec soin. J'aimais quand elle se mettait du rouge sur les lèvres, je la trouvais jolie. Le rouge à lèvres, son plus beau chapeau et des talons hauts. Une robe différente chaque mardi. Ou presque. Dans mon souvenir, je la découvrais toutes les semaines sous un nouveau jour. Sa couleur préférée était l'orange, je trouvais que ça lui donnait l'air d'une Espagnole. Même si à l'époque, je n'en avais jamais vue en vrai.
Nous prenions le tramway, la ligne 9. C'était facile, l'arrêt était à vingt mètres de la maison et le véhicule stoppait net en face du musée. Le tram partait de la rue des Alouettes à 14h12, nous arrivions devant le museum à 14h28, ma mère repartait à 14h30; je m'en souviens comme si c'était hier.
Elle me déposait dans la loge du gardien, me faisait deux bisous sur les joues puis partait sans se retourner. J'avais le coeur gros et le ventre noué, je me souviens comme j'avais peur qu'elle ne revienne jamais me chercher.
Le gardien avait d'énormes moustaches effrayantes. C'était l'oncle de ma mère, il travaillait au musée depuis une éternité et le connaissait comme sa poche.
Une fois ma mère partie, il m'emmenait dans les réserves et me disait de me tenir tranquille, de regarder mais de ne pas toucher, puis il repartait dans sa loge de gardien. Il avait un drôle d'uniforme, orange et jaune, on aurait dit un portier d'hôtel mais jamais je n'aurais osé lui dire ça; il était certes sympathique mais totalement dépourvu d'humour.
Une fois la porte refermée, je déambulais dans les allées des peintures; il y avait des dizaines de tableaux accrochés à des grilles ou posés contre les murs. Beaucoup de natures mortes, de scènes de chasse ou de portraits de personnages sévères. Il y avait aussi, entassées dans un coin, des peintures de femmes nues. Ma section préférée... j'avais sept ans et la vision d'une femme dévêtue... j'en souris aujourd'hui.
J'avais donné des prénoms à certaines d'entre elles. Camille, Noémie, Françoise... D'autres en avaient déjà, c'était écrit sur une étiquette en métal clouée sur le cadre. Hyacinthe, Odalisque ou Ophélie... J'avais une affection particulière pour "La femme aux agrumes", une peinture représentant une jeune métisse nue, entourée d'agrumes sur des draps d'un blanc immaculé. J'en rêvais la nuit. J'attendais avec hâte les mardis à venir tout en les craignant, de peur de ne pas revoir ma mère à 18h15.
18h15, l'heure du départ, de la main tendue à l'oncle de ma mère en disant au revoir et merci, du tram 9 pris de l'autre côté de la rue et du retour à la maison.
La maison était toujours vide. Ma mère disait que mon père était au travail, qu'il rentrerait tard, que je ne devais pas l'attendre pour aller dormir. Le matin au réveil, elle me disait que mon père était déjà parti travailler, que je le verrais le soir. Les jours s'écoulaient ainsi.
Au fil des mois, le mardi était devenu ma sortie favorite et peu à peu, l'oncle de ma mère s'était révélé familier. Il me laissait errer à ma guise dans le cabinet des curiosités, contempler les papillons multicolores, les scarabées à la carapace orangée ou les crabes séchés dans des boîtes qui sentaient le médicament. Cet homme ne me parlait pas beaucoup, me demandait si je travaillais bien à l'école et si j'étais gentil avec mes parents, c'était tout et bien suffisant pour lui. Il repartait surveiller son musée en me laissant seul avec mes trésors.
Je n'ai jamais su ce que ma mère faisait tous les mardis. Ni où allait mon père chaque soir de la semaine. J'aurais pu poser la question à l'oncle gardien mais ses moustaches m'en dissuadaient et plus tard, à l'âge où les moustaches ne font plus peur, il était trop tard.
Le temps a passé. Les mardis se sont succédés. Tous comme les soirs de maison vide.
Mon père a disparu comme ça. On n'a plus jamais eu aucune nouvelle de lui.
Le mardi, ma mère se maquillait avec soin. J'aimais quand elle se mettait du rouge sur les lèvres, je la trouvais jolie. Le rouge à lèvres, son plus beau chapeau et des talons hauts. Une robe différente chaque mardi. Ou presque. Dans mon souvenir, je la découvrais toutes les semaines sous un nouveau jour. Sa couleur préférée était l'orange, je trouvais que ça lui donnait l'air d'une Espagnole. Même si à l'époque, je n'en avais jamais vue en vrai.
Nous prenions le tramway, la ligne 9. C'était facile, l'arrêt était à vingt mètres de la maison et le véhicule stoppait net en face du musée. Le tram partait de la rue des Alouettes à 14h12, nous arrivions devant le museum à 14h28, ma mère repartait à 14h30; je m'en souviens comme si c'était hier.
Elle me déposait dans la loge du gardien, me faisait deux bisous sur les joues puis partait sans se retourner. J'avais le coeur gros et le ventre noué, je me souviens comme j'avais peur qu'elle ne revienne jamais me chercher.
Le gardien avait d'énormes moustaches effrayantes. C'était l'oncle de ma mère, il travaillait au musée depuis une éternité et le connaissait comme sa poche.
Une fois ma mère partie, il m'emmenait dans les réserves et me disait de me tenir tranquille, de regarder mais de ne pas toucher, puis il repartait dans sa loge de gardien. Il avait un drôle d'uniforme, orange et jaune, on aurait dit un portier d'hôtel mais jamais je n'aurais osé lui dire ça; il était certes sympathique mais totalement dépourvu d'humour.
Une fois la porte refermée, je déambulais dans les allées des peintures; il y avait des dizaines de tableaux accrochés à des grilles ou posés contre les murs. Beaucoup de natures mortes, de scènes de chasse ou de portraits de personnages sévères. Il y avait aussi, entassées dans un coin, des peintures de femmes nues. Ma section préférée... j'avais sept ans et la vision d'une femme dévêtue... j'en souris aujourd'hui.
J'avais donné des prénoms à certaines d'entre elles. Camille, Noémie, Françoise... D'autres en avaient déjà, c'était écrit sur une étiquette en métal clouée sur le cadre. Hyacinthe, Odalisque ou Ophélie... J'avais une affection particulière pour "La femme aux agrumes", une peinture représentant une jeune métisse nue, entourée d'agrumes sur des draps d'un blanc immaculé. J'en rêvais la nuit. J'attendais avec hâte les mardis à venir tout en les craignant, de peur de ne pas revoir ma mère à 18h15.
18h15, l'heure du départ, de la main tendue à l'oncle de ma mère en disant au revoir et merci, du tram 9 pris de l'autre côté de la rue et du retour à la maison.
La maison était toujours vide. Ma mère disait que mon père était au travail, qu'il rentrerait tard, que je ne devais pas l'attendre pour aller dormir. Le matin au réveil, elle me disait que mon père était déjà parti travailler, que je le verrais le soir. Les jours s'écoulaient ainsi.
Au fil des mois, le mardi était devenu ma sortie favorite et peu à peu, l'oncle de ma mère s'était révélé familier. Il me laissait errer à ma guise dans le cabinet des curiosités, contempler les papillons multicolores, les scarabées à la carapace orangée ou les crabes séchés dans des boîtes qui sentaient le médicament. Cet homme ne me parlait pas beaucoup, me demandait si je travaillais bien à l'école et si j'étais gentil avec mes parents, c'était tout et bien suffisant pour lui. Il repartait surveiller son musée en me laissant seul avec mes trésors.
Je n'ai jamais su ce que ma mère faisait tous les mardis. Ni où allait mon père chaque soir de la semaine. J'aurais pu poser la question à l'oncle gardien mais ses moustaches m'en dissuadaient et plus tard, à l'âge où les moustaches ne font plus peur, il était trop tard.
Le temps a passé. Les mardis se sont succédés. Tous comme les soirs de maison vide.
Mon père a disparu comme ça. On n'a plus jamais eu aucune nouvelle de lui.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Et la phrase de fin, Mentor ?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
'tain j'ai zappé la dernière phrase imposée !
emporté par mes souvenirs
:-(((
emporté par mes souvenirs
:-(((
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
pas bien ça :-)))
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
merci socquesocque a écrit:Jolie histoire, bien racontée, simple, à l'écriture fluide. La classe ! (Sans vouloir faire de jeu de mots, alors inutile de m'asticoter.)
et je n'aurais pas songé à faire une blague sur ce bon mot, non
;-)
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Sahkti : là aussi j'ai aimé l'histoire, cette ambiance de solitude inavouée, de crainte tenue à distance...
Remarques :
« L'horaire était invariable et il n'était pas question d'arriver en retard »
« J'avais le cœur gros »
« Tout comme les soirs de maison vide »
Remarques :
« L'horaire était invariable et il n'était pas question d'arriver en retard »
« J'avais le cœur gros »
« Tout comme les soirs de maison vide »
Invité- Invité
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Cela fait plusieurs années déjà que j’ai retrouvé la Nouvelle-Calédonie. Je ne croyais même pas l’avoir perdue, mais il a fallu ce rêve pour que je revoie le bout de rue qui longeait l’école « Orphelinat 2 », où j’ai passé tout mon primaire (ma première image date du CE2).
Du coup, la couleur que m’évoque d’abord ce coin de tropiques plein de soleil, de tulipiers du Gabon aux fleurs orange vif, de lagon bleu et de couches de roches vertes à cause du nickel omniprésent, c’est le gris bitume de cette rue en pente (une descente en sens interdit, avec des virages). Quand on la prenait, je pouvais détailler sur la gauche la cour de l’école, sablonneuse quand je m’y éveillais à la géographie de l’île, avec un arbre à triple tronc au milieu, mais bitumée elle aussi et dépourvue de toute végétation quand je l’ai revue plusieurs années après, alors que mes classes se déroulaient dans les bâtiments préfabriqués du collège. C’est ainsi que, lorsque j’ai lu bien plus tard chez Proust : « les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années », je n’ai pas été tellement surpris, et m’étonne au contraire de voir le Quartier Latin si peu changé près de trente ans après.
Je ne sais pas quelle option est la plus décourageante, de celle qui me montre le monde plus éphémère encore que moi, ou au contraire destiné à me survivre avec son indifférence caractéristique. Je soupçonne d’ailleurs ma pensée d’avoir le pas biaisé du crabe, pour ne s’attacher, dans cette alternative, qu’à ce qui peut attrister.
Mais donc. La Nouvelle-Calédonie, bientôt Kanaky peut-être, qui reste dans mon crâne comme une symphonie en gris bitume. Sans doute le drame auquel a été mêlé ma famille n’est-il pas étranger à ce refoulement, au fait que, d’une manière générale, sous le meilleur soleil qu’aient à proposer ces latitudes centristes et fades, les couleurs à jamais m’apparaissent délavées de gris.
Je n’y étais pas, dans la voiture, quand mon père, après un déjeuner d’affaires où la chaleur avait aggravé l’effet du whisky, a fauché une classe sur le trottoir. Mais j’imagine le gris du bitume mêlé d’un rouge vite terni, où seuls les fragments non souillés des vêtements d’enfants ressortent en teintes vives. Les yeux morts, les membres brisés, je ne les vois pas. Pour moi, il ne reste qu’une rue déserte, grise et brun rouge, et des bouts d’étoffe voletant.
Il a fui, est arrivé à la maison, a pris l’autre voiture et est reparti. Cela paraît incroyable, sur une île, mais mon père a disparu comme ça. On n'a plus jamais eu aucune nouvelle de lui.
Du coup, la couleur que m’évoque d’abord ce coin de tropiques plein de soleil, de tulipiers du Gabon aux fleurs orange vif, de lagon bleu et de couches de roches vertes à cause du nickel omniprésent, c’est le gris bitume de cette rue en pente (une descente en sens interdit, avec des virages). Quand on la prenait, je pouvais détailler sur la gauche la cour de l’école, sablonneuse quand je m’y éveillais à la géographie de l’île, avec un arbre à triple tronc au milieu, mais bitumée elle aussi et dépourvue de toute végétation quand je l’ai revue plusieurs années après, alors que mes classes se déroulaient dans les bâtiments préfabriqués du collège. C’est ainsi que, lorsque j’ai lu bien plus tard chez Proust : « les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années », je n’ai pas été tellement surpris, et m’étonne au contraire de voir le Quartier Latin si peu changé près de trente ans après.
Je ne sais pas quelle option est la plus décourageante, de celle qui me montre le monde plus éphémère encore que moi, ou au contraire destiné à me survivre avec son indifférence caractéristique. Je soupçonne d’ailleurs ma pensée d’avoir le pas biaisé du crabe, pour ne s’attacher, dans cette alternative, qu’à ce qui peut attrister.
Mais donc. La Nouvelle-Calédonie, bientôt Kanaky peut-être, qui reste dans mon crâne comme une symphonie en gris bitume. Sans doute le drame auquel a été mêlé ma famille n’est-il pas étranger à ce refoulement, au fait que, d’une manière générale, sous le meilleur soleil qu’aient à proposer ces latitudes centristes et fades, les couleurs à jamais m’apparaissent délavées de gris.
Je n’y étais pas, dans la voiture, quand mon père, après un déjeuner d’affaires où la chaleur avait aggravé l’effet du whisky, a fauché une classe sur le trottoir. Mais j’imagine le gris du bitume mêlé d’un rouge vite terni, où seuls les fragments non souillés des vêtements d’enfants ressortent en teintes vives. Les yeux morts, les membres brisés, je ne les vois pas. Pour moi, il ne reste qu’une rue déserte, grise et brun rouge, et des bouts d’étoffe voletant.
Il a fui, est arrivé à la maison, a pris l’autre voiture et est reparti. Cela paraît incroyable, sur une île, mais mon père a disparu comme ça. On n'a plus jamais eu aucune nouvelle de lui.
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Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
MENTOR: Simple, efficace et touchant. Très réaliste aussi. pas trop de détails, la bonne proportion, beaucoup de liberté laissée à l'imagination... bien vu !
PS: pour le Ç, si tu as un PC, essaie ALT enfoncé + 128 en même temps (pavé numérique)
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Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Agent Orange
J’ai toujours détesté le crabe. Je ne comprends pas cette manie de nous en servir à chaque cocktail. En salade, sur des toasts, en consommé, quelle que soit la forme, sa couleur douceâtre, ni rose ni orange, sa chaire fade qui se décompose au contact du palais, non merci, je m’abstiens. Enfin, il y a pire me direz-vous, il y a le surimi. Cet ersatz, ce produit recomposé qui aimerait se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Ce déchet valorisé, offert aux trop pauvres qui peuvent l’accompagner d’œufs de lompes. J’en ai la nausée rien qu’à y penser. J’exècre tout ce qui est de couleur orange, comme mon enfance dans les années soixante-dix. Mon lit était orange, ma couverture à carreaux oranges et bleus (certainement une allusion poétique), même ma lampe de chevet était de cette horrible teinte. Quand je pense aux années de thérapie que ça m’a coûté pour comprendre d’où venait mon incapacité à m’endormir…Mes parents étaient tellement dans leur trip seventies qu’ils avaient appelé ma sœur Mandrine (car Mandarine ils trouvaient que c’était un peu trop salade de fruits), vous imaginez, elle est juge maintenant ma sœur, c’est sûr que Madame la Juge Mandrine Dupré ça impose le respect. La pauvre elle aura dégusté toute sa vie. Moi je rêvais ma vie en noir et blanc, j’avais besoin de pureté, de lignes droites, d’ordre établi.
Je pensais qu’avec l’arrivée des années quatre-vingt, ça en serait terminé de ce ton flamboyant. Et bien non, figurez-vous qu’un beau jour mon père est arrivé au volant d’une Golf flambant neuve d’un bel orange vif. Vous imaginez la honte le matin au lycée, moi avec mes cheveux ailes de corbeaux dressés sur le sommet de la tête sortant devant mes potes de la voiture de Derrick. L’horreur totale. Et puis la crise arriva avec son cortège d’huissiers devant notre maison. La voiture fut saisie, et le mobilier réduit à sa plus simple expression. Seul restait mon lit tubulaire, vestige de mon enfance. J’avais enfin un univers à reconstruire selon mes critères, suivant mon esthétique. Un soir mon père rentra un peu plus abattu que d’habitude de la fonderie. Il mit aux ordures la salopette orange, uniforme de l’entreprise. Puis, il sortit s’acheter un paquet de Gauloises au bar-tabac. Mon père a disparu comme ça. On n'a plus jamais eu aucune nouvelle de lui.
J’ai toujours détesté le crabe. Je ne comprends pas cette manie de nous en servir à chaque cocktail. En salade, sur des toasts, en consommé, quelle que soit la forme, sa couleur douceâtre, ni rose ni orange, sa chaire fade qui se décompose au contact du palais, non merci, je m’abstiens. Enfin, il y a pire me direz-vous, il y a le surimi. Cet ersatz, ce produit recomposé qui aimerait se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Ce déchet valorisé, offert aux trop pauvres qui peuvent l’accompagner d’œufs de lompes. J’en ai la nausée rien qu’à y penser. J’exècre tout ce qui est de couleur orange, comme mon enfance dans les années soixante-dix. Mon lit était orange, ma couverture à carreaux oranges et bleus (certainement une allusion poétique), même ma lampe de chevet était de cette horrible teinte. Quand je pense aux années de thérapie que ça m’a coûté pour comprendre d’où venait mon incapacité à m’endormir…Mes parents étaient tellement dans leur trip seventies qu’ils avaient appelé ma sœur Mandrine (car Mandarine ils trouvaient que c’était un peu trop salade de fruits), vous imaginez, elle est juge maintenant ma sœur, c’est sûr que Madame la Juge Mandrine Dupré ça impose le respect. La pauvre elle aura dégusté toute sa vie. Moi je rêvais ma vie en noir et blanc, j’avais besoin de pureté, de lignes droites, d’ordre établi.
Je pensais qu’avec l’arrivée des années quatre-vingt, ça en serait terminé de ce ton flamboyant. Et bien non, figurez-vous qu’un beau jour mon père est arrivé au volant d’une Golf flambant neuve d’un bel orange vif. Vous imaginez la honte le matin au lycée, moi avec mes cheveux ailes de corbeaux dressés sur le sommet de la tête sortant devant mes potes de la voiture de Derrick. L’horreur totale. Et puis la crise arriva avec son cortège d’huissiers devant notre maison. La voiture fut saisie, et le mobilier réduit à sa plus simple expression. Seul restait mon lit tubulaire, vestige de mon enfance. J’avais enfin un univers à reconstruire selon mes critères, suivant mon esthétique. Un soir mon père rentra un peu plus abattu que d’habitude de la fonderie. Il mit aux ordures la salopette orange, uniforme de l’entreprise. Puis, il sortit s’acheter un paquet de Gauloises au bar-tabac. Mon père a disparu comme ça. On n'a plus jamais eu aucune nouvelle de lui.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
Merci pour les fautes relevées socque ! J'oublie (presque) toujours ce œ :-(
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
ha Sahkti, je comprends ! tu as tout bâti sur la phrase de fin, toi ! ;-)
pas mal du tout !
Et je crois que le verbe se succéder ne se met pas au pluriel comme tu l'as fait, je crois
socque ?
très joli texte
je suis sûr que le coup du musée, (ou DES musées) ça doit être un peu vrai, avec ta culture...
pas mal du tout !
Et je crois que le verbe se succéder ne se met pas au pluriel comme tu l'as fait, je crois
socque ?
très joli texte
je suis sûr que le coup du musée, (ou DES musées) ça doit être un peu vrai, avec ta culture...
Re: Exo en direct du 4 novembre 2009 : Quartier lointain
merci !Sahkti a écrit:pour le Ç, si tu as un PC, essaie ALT enfoncé + 128 en même temps (pavé numérique)
en plus ça marche
:-))
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