Ainsi fera mon âme, son écorce arrachée

De mon corps ou mon âme, lequel m'était plus cher
Quand, mon corps étant pur, mon âme était divine ?
Duquel des deux mon amour était-il plus proche
Quand tous deux étaient voués au ciel, à Collatin ?
Hélas ! le pin altier, son écorce arrachée,
Voit se flétrir ses feuilles et sa sève tarir ;
Ainsi fera mon âme, son écorce arrachée.

Le viol de Lucrèce – William Shakespeare


Nos chevauchées tragiques
Piétinaient le blé mûr
Le brasier du village
Eclairait la colline

Nos âmes étaient si noires
Et vous étiez si belle

La clameur s’élevait
Comme un cri d’agonie
Brillance de nos lames
Embrochant nos envies

Nos âmes étaient si noires
Et vous étiez si belle

Frêles corps crucifiés
Aux portes de vos temples
Ces plaintes qui ravissent
Notre gaieté funèbre

Nos âmes étaient si noires
Et vous étiez si belle

Comme une proie offerte
A nos sombres désirs
Entre vos cuisses tendres
Une armée qui se vautre

Nos âmes étaient si noires
Et vous étiez si belle

Dans le soir qui rougeoie
Comme un ogre solaire
Et sur la pierre froide
Votre corps dévasté

Nos âmes étaient si noires
Et vous étiez si belle

Une ambiance barbare qui m'évoque des histoires du genre "Solomon Kane" ! Ce texte mériterait une musique heurtée, prenante... j'ai beaucoup aimé.

je cherche l'erreur, l'iirégularité, le mot qui ne colle pas, rien...

ce doit être une forme rare de jalousie

chapeau Hervé, tu me fait aimer la poésie de facture classique et je t'assure tu es bien le seul

J'aime beaucoup lire et relire ce texte !

Une progression très efficace, une grande concision dans la façon de présenter la scène ; je dois dire que le poème est poignant, Shakespeare or not.

Ambiance de clameurs , de fureur et de sang !
Un poème très visuel, sombre et lumineux à la fois.
Une atmosphère bergmanienne, style «Le 7e sceau »

Il ne manque plus qu'une partie d'échecs avec la mort.


Bravo !

Bonsoir mitsouko,

franchement, je trouve que votre poème a beaucoup d'allure, mais je n'ai pas compris grand chose... je veux dire il y a de belles images, ça en jette, mais je n'ai personnellement pas réussi à me représenter l'histoire que vous souhaitiez raconter... en même temps j'ai jamais lu Shakespeare, peut-être qu'il aurait fallu..

Le souffle, l'ampleur de ces grandes scènes bibliques ... " L'enlèvement des Sabines " de Poussin par exemple mais aussi, plus près de nous la dure réalité de toutes les guerres.

Il me plaît que soient longuement décrits les prédateurs aux âmes noires et aux pulsions violentes et évoquée par un seul vers la proie, faible victime sans défense.
Ce contraste appuie sur l'horreur des faits.
Je trouve la dernière strophe particulièrement belle. Merci.

Un beau texte rythmé par ce :

Nos âmes étaient si noires
Et vous étiez si belle

Ha, voilà qui me plaît. Enormément ! Et pas uniquement à cause de William mais aussi à cause de ce qu'il en fait, de ce drame qui se joue, de cette solennité placée dans le mouvement. C'est grandiose et tragique.
Bravo Mitsouko !

Admiration. Mais muette.
Et pourtant, je relis.
Mais muette...

beau boulot.