PEEA: Je suis fatiguée...

Dans le futur, tout le monde aura son quart d'heure de célébrité.

Je n'ai pas envie de poser de texte ici. Pas envie. Plus envie. Peu importe finalement, plus ou pas, l'essentiel est l'envie. Je n'aime pas m'exposer. En fait si, j'aime ça. Mais pas comme ça. Je n'y crois plus. Y ai-je jamais cru? Peut-être, un peu. Ici, surtout ailleurs. Là, je tourne en rond. je n'aime pas cela. Je crois que je m'ennuie. Plus rien ne me surprend. Ni personne. Je ne suis pas devenue plus exigeante, enfin je ne pense pas. Je dois être blasée. Un peu, beaucoup, sans doute trop. C'est comme une vache. A force de regarder passer les TGV, elle doit les trouver terriblement fades. Le jour où un vieux vapeur lui passera sous le nez, crachant dans l'atmosphère sa fumée noire à l'odeur si amère, elle sera aux anges, la vache. L'impression de voir quelque chose de beau, de bon. Parce qu'elle n'a jamais connu que les TGV dans sa courte vie. Ephémère la célébrité du TGV. Ephémère la célébrité tout court, non?
J'en sais rien. Je m'en fiche un peu. J'ai pas envie d'être célèbre, ça me fait peur. Peur qu'on vienne m'ennuyer, qu'on exhume mes secrets enfouis, qu'on exhibe au passé. Le quart d'heure de célébrité, ça ne m'a jamais apporté que des soucis. Des gens qui se souviennent soudainement de moi. Des ennemis qui rappliquent. Des jaloux qui jalousent. Des faibles qui idolâtrent. Plouc, ça c'est un métier. Un bon métier. Tu tires des plans sur la comète, sans jamais apercevoir une seule étoile filante, sauf à la télé. Tu rêves que tu résous l'équation universelle de l'hypoténuse, alors que tu arrives à peine à calculer tes impôts. Tu t'imagines attablé avec d'autres célébrités au visage baigné des lumières de candélabres en or, alors que le seul chandelier que tu pourrais utiliser est un truc en métal noir de chez Ikea. Mais ça ne change rien. Ça fait du bien de rêver. De s'endormir en se voyant déjà en haut de l'affiche. D'imaginer que ce que femme veut, Dieu le veut aussi.
Sauf que là, je m'ennuie. Je n'ai pas envie d'écrire. Ni de partager. Je ne reconnais plus rien. Ni personne. Ont-ils changé? Est-ce moi?
Je suis peut-être devenue célèbre sans le savoir. Alors tout le monde a changé. Eux comme moi. Et maintenant, je m'ennuie. Et je n'ai plus envie d'écrire. Ici. Pour eux. Pour personne. Je vais garder mes lignes dans un tiroir. Un jour, peut-être...

Le quart d'heure de célébrité en creux et ses revers bien dépeints. On dirait cependant que tu t'es retenue dans ce texte. Moins d'émotion, moins d'humour mais peut-être était-ce pour accentuer le côté blasé du personnage ? Sais pas ? Me manque un petit quelque chose.

C’est un message ?

c'est tout ce qu'on veut. Mais pas destiné à quelqu'un en particulier

Sahkti, là je sais pas vraiment quoi dire. J’aimerais commenter ce texte comme s’il n’était que cela, mais tu as laissé entendre sur le fil général qu’il était le reflet d’autre chose. Tu écris que tu t’ennuies, n’as plus envie, tu l’écris ici, dans ce texte-exercice que je voulais lancer pour ce qu’il est devenu ou a peu près : une flopée de mots, de participants, avec des nouveaux, des moins nouveaux. Un truc qui ressemblerait à un bel élan collectif en somme.
Alors je me sens un peu vexée, pas visée, ça non, mais vexée quand même. Je sais pas trop pourquoi, sans doute parce que je fais partie des « eux » et que ça me vexe toujours un peu qu’on s'emmerde avec moi !
Ton texte ne dit peut-être pas tout ce que j’y lis, auquel cas je m’excuse d’avoir compris de travers. Et sincèrement je préfèrerais. Parce que la lassitude, c’est jamais bon signe et tu sais la place que tu tiens ici, tu sais aussi que personne n’a envie que tu la quittes. Surtout pas moi.

Malentendu il me semble, comme souvent quand je poste un texte plus perso, dommage. Ça contribue sans doute aussi à ce que j'aie moins envie d'écrire perso et surtout de poster, suis désolée.
Je ne veux pas que quelqu'un se sente visé en particulier mais si c'est le cas, je ne peux pas l'empêcher, j'ai précisé que ce message ne s'adressait à personne.
Je ne peux pas cacher qu'il m'arrive souvent de m'ennuyer, de tourner en rond et de ne plus être surprise. Je pourrais ne rien dire, aller voir ailleurs et la terre tournerait toujours aussi rond, mais voilà, je le dis.
Je voulais faire l'exo et en même temps, je me sentais forcée de le faire (par moi-même, pas par vous, que ce soit clair, je voulais retrouver l'envie), je me rends compte que ça arrive régulièrement et du coup, je me suis interrogée sur tout ça et me rendre compte que je me sens lasse, voilà. J'ai donc fait coller ce sentiment avec les contraintes sur la célébrité, c'est tout, ni plus ni moins.

Pas de malentendu donc, c'est bien ce que j'avais compris.

Un texte en boucle, au ton désabusé, où les contraintes passent inaperçues. On jurerait que oui vraiment tu n’avais pas envie d’écrire ! Ou alors tu es bonne comédienne ! :-)))

Le plus perso, le plus universel. Avez déjà entendu parler de "La Fêlure", d'un certain Fitzgerald? Lui l'était, célèbre... Mais ça change quoi? Se demander pourquoi écrire, c'est comme se demander pourquoi vivre, il n'y a pas de réponse. Sauf à l'occasion un beau texte comme celui-là: il est là, il existe, il est sa propre justification. Nous, ici, on ne connaît personne. Mais ce que tu dis, tout le monde peut le comprendre. Ou peut-être ne prendras-tu pas cela comme un compliment?

Mutants Anachroniques a écrit:Ou peut-être ne prendras-tu pas cela comme un compliment?

Si. Merci

C'est marrant ce texte, je me dis que beaucoup de gens auraient pu l'écrire, sur le fond je veux dire. Beaucoup d'émotions, de sentiments balancés directement, mais aussi de l'humour et des idées originales, marquantes. La forme aurait pu être retravaillée mais ce n'est pas vraiment l'important ici... on va dire que c'est sobre.
Bref, on dirait un fragment de journal intime (pas forcément le tien mot pour mot hein!) mais sans pathos, blasée oui
mais c'est bien d'avoir posté je pense, et des billets d'humeur c'est bien aussi fiction ou non, ça donne de toutes façons à réflechir, donc continue à nous poster des exos, et l'envie reviendra, il y a certaines periodes pour ça, je crois

Sahkti,

J'aime bien le passage du TGV avec les vaches. Je trouve que ça va bien avec le fil de ton texte. Je tenais à te le dire...

raCy

merci Racy!

baah, je ne sais pas trop quoi dire si ce n'est qu'effectivement, difficile de dissocier le texte lui-même de ce qu'il raconte. Il est des périodes plus vides où l'envie se perd, se faufile vers la sortie... Peut être dans ces moments là, se souvenir que l'écriture a besoin de substance, qu'elle ne doit pas être forcée, qu'elle revient toujours et sortir, vivre, partager avec autres choses que du papier ou un écran ... sais pas quoi dire de plus ...

je sais pas pourquoi mais ça m'a donné envie d'aller me promener au bord du lac, avec ce beau soleil automnal et ... ??? qu'est ce que je raconte, moi ! stop, j'arrête là ...