Nocturne

La ville s’endort comme un chat langoureux
S’étirant du vieux port au pied de la colline
Son œil jaune luisant au phare de granit
Eloigne les marins des récifs meurtriers

La lune vagabonde sur la pente des toits
Baignant de pâles lueurs les ardoises mouillées
La fureur métallique de l’usine grondante
Rougeoie aux feux des forges comme une meute rousse

Noirceurs échevelées des arbres silencieux
Accrochant leurs ramures aux cordages du vent
Eventrant les nuages comme des outres grises
La pluie a purifié les scories de nos peurs

Dans le noir, une main posée sur ton sein nu
Je sens les battements réguliers de ton cœur
Ce doux relâchement de tes chairs endormies
Comme un rêve apaisé sur le fracas du monde

Beaucoup d'allure dans ces alexandrins "parlés" ! J'aime.

Beaucoup de couleurs, bruits et fureur qui laissent peu à peu place à la magnifique sérénité de la dernière strophe.

Une belle ampleur ce nocturne urbain qui allie harmonieusement le gris et le grinçant au doux et langoureux.

J'aime particulièrement la troisième strophe et le dernier vers qui conclue parfaitement ton propos tout en rappelant l'ambiance du premier.

J'aime un peu moins que le reste :

Rougeoie aux feux des forges comme une meute rousse

L'image est belle mais pourrait, il me semble, être formulée de façon plus frappante. Le "comme" ôte toujours de sa puissance à une image, je trouve.

je te l'avais bien dit que tu ferais un tube !

J'aime beaucoup ce poème, sa profondeur, son incandescence et sa douceur.
J'aime particulièrement l'effet cinématographique produit par la dernière strophe où l'on passe de l'intensité nocturne à la suite d'une de intime la chambre.

Bravo !

Je l'ai lu et relu avec délectation. Ce poème est très beau. Toutefois...
Quatre fois "comme", un dans chaque strophe, c'est un peu trop je trouve.
Et deux mots me gênent un peu : scories aux sonorités si dures ici, et chairs, bassement réaliste dans ce contexte poétique.

J'aime cette élégance dans l'expression.

embellie a écrit:Je l'ai lu et relu avec délectation. Ce poème est très beau. Toutefois...
Quatre fois "comme", un dans chaque strophe, c'est un peu trop je trouve.
Et deux mots me gênent un peu : scories aux sonorités si dures ici, et chairs, bassement réaliste dans ce contexte poétique.

merci de tes remarques judicieuses

"chairs " j'ai longtemps hésité

comme, damned je n'avais rien vu !!!!!

des usines, des phares, des nuages de la tendresse et j'en passe....

ne manquent que les rails

merci Hervé Mitsouko

"C'est beau une ville la nuit"
surtout quand c'est toi qui l'écrit :-))))))

Très beau poème, même s'il n'est pas rimé.
Amicalement
Claire d'Orée

A oui, le ciel , la mer, la nuit, l'amour. des choses simples où se tromper relève de l'exploit. C'est un beau texte, du coté fainéant de la force, tout de même.

Oui j'aime aussi beaucoup, très belle et simple évocation

Dommage pour la présence un peu trop marquée de ces comme au gré du poème dans chaque strophe. D'autant plus que ce n'est pas tout le temps heureux, voir par exemple ici: Rougeoie aux feux des forges comme une meute rousse

Je suis également indécise quant à mon impression sur cette ville qui s'endort langoureusement comme un chat puis ce fracas qui vient en clôture après s'être déployé au fil des vers. Je comprends la progression mais il me manque un ou deux vers de transition, je pense.

Sinon, c'est bien mené et j'aime cette atmosphère particulière. Il s'en dégage une certaine torpeur bien plaisante.