Dernière lettre
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Dernière lettre
« Ne dites jamais à vos enfants qu’ils sont intelligents, ils ne travailleront jamais. »
Cette phrase, je ne l’ai découverte qu’il y a peu de temps, lors du visionnage d’un des nombreux films que je m’acharne à regarder chaque jour, et pourtant l’écho de ces quelques mots dans ma tête est plus fort que jamais. En effet, cette phrase me correspond, et j’irais même jusqu’à dire qu’elle pourrait presque définir à elle seule ce que je suis devenu aujourd’hui.
Et si enfin j’ai le courage de me lancer dans l’écriture, c’est pour tenter d’expliquer à mes proches, à mes amis, à tous ces gens qui me lancent ces regards teintés de haine et d’incompréhension, comment, et pourquoi le fils, le frère ou l’ami qu’ils ont connu va finir sa vie en prison.
Un bien noble but, mais si j’ai choisi de commencer ce récit par cette citation, c’est bel et bien parce qu’il faut retourner à l’époque de ma prime enfance pour saisir ce tout, qui a donné ce « moi », ce « monstre » comme l’on me nomme dans les médias. Mes parents m’ont toujours cru supérieur aux autres. Bien sûr, je me suis rendu compte plus tard que l’idéalisation de son marmot est un phénomène courant chez les géniteurs, surtout chez les mères, mais dans mon cas, cela était disons assez différent. Il est vrai que j’avais des facilités que certains, dont quelques-uns de mes maîtres et maîtresses de l’époque, qualifiaient de « tout à fait extraordinaires ». Cependant, moi, puisque c’est bien de cela dont il est question ici, ce que je ressentais ; je ne me sentais pas forcément plus intelligent qu’un autre.
C’est ainsi que s’est déroulé une bonne partie de ma scolarité : des parents très fiers et excités quant aux perspectives qui s’offriraient à leur fils (et à eux par la même occasion), des camarades de classes dégoutés par ce garçon qui se permettait de dormir en classe et d’obtenir les meilleures notes et des professeurs maudissant cet élève qu’ils ne pouvaient pas blâmer pour son attitude désobligeante car il arrivait toujours à montrer que, d’une manière ou d’une autre, il avait compris le sujet en question.
Cependant, malgré tout cela, j’ai eu une vie sociale plutôt épanouie. Je dirais même que cela a été l’aspect le plus normal de ma vie jusqu’ici. J’ai eu des amis, des amours, des peines de cœurs… Bref, somme toute une adolescence des plus normales. Et si je prends la peine de souligner ici cet aspect peu caractéristique de ma vie, c’est bien pour montrer à mes lecteurs que ma situation n’est en rien due à un hypothétique renfermement sur soi-même, que j’aurais soit disant vécu, car c’est ce que j’ai pu lire ici ou là.
Non, si je devais donner une origine à mes gestes, je citerais « l’intelligence ». Cette foutue intelligence dont mes parents me bassinaient à longueur de journées. En prenant le temps d’y réfléchir et avec le recul, je ne sais pas vraiment si je ne les croyais tout simplement pas ou si au contraire, je refusais d’y croire. Cette vieille psychose de la différence, cette peur du rejet, peut vous conduire, je pense, jusqu’au refus de toutes caractéristiques, même mélioratives, vous séparant du lot commun. Ce rejet de cet aspect qui était finalement assez clair aux yeux de tous, dura jusqu’à mes 16 ans, année où j’obtins mon baccalauréat.
Ensuite, je tombai dans ce que j’appellerais une phase d’acceptation, un peu pour adopter le même schéma en cinq phases par lesquelles un individu passe lorsqu’il doit faire face à sa propre mort, pour ceux et celles qui connaîtraient un brin de psychologie. Une acceptation donc, mais aussi et surtout une phase de tests. Ce fut je pense, le point culminant du changement qui s’opéra en moi.
Comme je l’ai dis, je venais donc d’empocher mon BAC, sans avoir travaillé de l’année, et ce, sans aucune difficulté. Mes parents étaient fiers de leur rejeton, mes amis plus blasés que jaloux à proprement parler, mais au fond de moi, je ressentis comme un grand vide. Je ne pouvais plus nier ce que j’étais : intelligent. Dit comme cela, ça fait bête, je vous l’accorde, mais entre le lire, et le ressentir au plus profond de son être, il y a une grande différence. Cependant, tout ne s’arrête pas là, bien au contraire, et je pense même que c’est la suite logique après une telle constatation, la fameuse question « à quel point ? ». Oui, à quel point suis-je intelligent, à quel point puis-je anticiper les réactions des autres, à quel point puis-je leur faire croire ce que je veux ?
Je ne me posai pas du tout la question alors, mais il y a peu j’ai réfléchis à propos de cela : est-ce que quelqu’un d’intelligent en profite toujours, ou souvent, pour manipuler son entourage, ou est-ce que ce phénomène venait juste de moi ? Au bout d’un certain temps, le temps nécessaire pour trouver une certaine objectivité lorsqu’on repense à nos actes, j’en suis venu à la conclusion que je cherchais juste une excuse à mon comportement. Vous savez, une manière de rejeter la culpabilité. Voyez, mon comportement est bien plus proche du votre que vous ne le pensez.
C’est donc cette quête du « à quel point ? » qui m’amena, lentement certes, vers ce que je qualifierais, et j’assume, un certain degré de folie. Tout à commencé très gentiment bien entendu, on ne devient pas fou du jour au lendemain : sécher dans l’unique but de réussir les examens sans avoir suivi le cours en question, se faire passer pour quelqu’un que l’on n’est pas auprès d’une personne que l’on vient de rencontrer, prévoir le comportement des gens qui nous entourent, etc. Tout cela dans un état d’esprit très enfantin finalement, je m’amusais beaucoup avec ces petits « jeux ».
Malheureusement, et c’est dans la nature humaine je pense, on n’en a jamais assez. Il y a toujours ce petit quelque chose qui vous pousse à aller plus loin, à enfin atteindre cette foutue limite que pourtant l’on n’aperçoit même pas. Mais au bout d’un moment, tous ces jeux lassent, ne suffisent plus. Et quand on n’en trouve pas de nouveaux, ça devient une véritable obsession, on n’en dort plus, on ne pense à plus rien d’autre.
C’était une drogue, je m’en rends compte maintenant. Et comme avec toutes les autres drogues, un effet de manque terrible. Je me mis donc à rechercher ce que tous les toxicomanes recherchent, cette chose qui vous procurera un « pied total », j’avais besoin de ma dose, et j’en avais besoin d’une grosse. Alors, comment tester mon intelligence une bonne fois pour toute ? Je n’ai jamais cru aux tests de QI, pour moi, c’est juste un prétexte pour flatter l’égo démesuré des gens en gonflant les résultats. Une vaste blague.
Il fallait donc que je trouve quelqu’un, ou quelque chose à défier. Vous savez, quand vos instincts primaires remontent à la surface, quand vous avez juste une seule envie : celle de savoir qui est le meilleur. Je voulais que des gens s’allient pour essayer de me vaincre, qu’ils cherchent, ragent de ne pas trouver, se remettent à chercher, croient enfin pouvoir me battre mais se rendent compte trop tard que j’avais prévu leurs mouvements. Une partie d’échec grandeur nature, moi, contre tout un pays.
C’est donc durant une nuit comme une autre, où mon activité cérébrale m’empêchait de dormir que je pris LA décision. J’allais mettre en place le meurtre parfait.
Pendant une semaine je suis resté cloitré chez moi, à penser à tout ce qu’il me faudrait mettre en place, pour ne jamais être retrouvé. J’étais très excité par ce merveilleux bras de fer qui m’attendait avec la police, mais je restais très sérieux et très concentré. J’ai pensé à tout, à absolument tout. Pour ma première victime, le plus dur aura été de passer à l’acte, imaginer c’est une chose, agir en est une autre. Mais j’étais déjà alors dans un état second et l’hésitation fut brève. Fait intéressant, cette hésitation n’est jamais réapparue pour toutes celles qui ont suivies après.
Mon premier meurtre était parfait. Pas d’empruntes, pas de traces ADN, pas de témoins, pas de mobile. A dire vrai, j’avais même choisi une personne tout à fait au hasard, une que je ne connaissais pas, n’avais jamais rencontrée, et qui habitait une ville à 100 kilomètres de chez moi, afin que personne ne puisse faire le rapprochement entre elle et moi.
Je fus extrêmement déçu. C’est vrai, j’avais pensé à tout, mais je les pensais un peu plus dégourdis. Ce premier échec me déprima un peu, mais ce fût de courte durée car un nouveau jeu, encore bien plus excitant venait de se révéler. J’allais, petit à petit, meurtre par meurtre, resserrer l’étau autour de moi. J’allais enfin avoir mon bras de fer tant attendu, j’allais enfin avoir ma partie d’échec contre toute une nation.
La seconde victime m’était toujours inconnue, n’allons pas trop vite, mais habitait la même ville que moi. Je poussai même le vice jusqu’à laisser un « N », écrit sur un papier déposé sur le corps, qui ne correspondait à rien mais qui leur donnerait de quoi réfléchir. Je me suis beaucoup amusé par la suite, laissant de plus en plus d’indices en choisissant des personnes de plus en plus proches de moi, tout en leur donnant de fausses pistes comme des cheveux récoltés chez un coiffeur, des empruntes de chaussures de tailles à chaque fois différentes.
Mais ce qui devait arriver arriva. Non je ne parle pas d’arrestation, j’étais bien trop pointilleux sur les détails pour cela, mais un nouveau manque apparu. Le manque de reconnaissance. Après tout, à quoi bon faire tout cela si personne ne sait que c’est vous ? Cela fait dix ans que je tue et je me suis assez amusé, assez pour accepter de passer le reste de ma vie dans une cellule. Je ne fis jamais touché par un quelconque remord, ils n’avaient qu’à gagner la partie, et m’arrêter, je n’attendais que ça, j’aurais même été très heureux qu’ils le fassent. Et si je me rends cette semaine au poste de police, ce n’est pas parce que ce matin je me suis levé en me disant que ce n’est pas bien ce que je fais. Je ne dis pas que c’est bien, mais je pense que c’était inévitable, compte tenu du parcours que j’ai suivi, cette quête, cette recherche du défi intellectuel. Non, si je me rends, c’est pour qu’enfin les gens sachent la vérité, celle qu’ils attendaient depuis longtemps, mais redoutaient de connaître.
Je confesse 27 crimes, même si certains ne m’ont jamais été attribués par la police. Quand je vous dis que je faisais ça bien.
Dans l’espoir d’être compris,
Guer.
Cette phrase, je ne l’ai découverte qu’il y a peu de temps, lors du visionnage d’un des nombreux films que je m’acharne à regarder chaque jour, et pourtant l’écho de ces quelques mots dans ma tête est plus fort que jamais. En effet, cette phrase me correspond, et j’irais même jusqu’à dire qu’elle pourrait presque définir à elle seule ce que je suis devenu aujourd’hui.
Et si enfin j’ai le courage de me lancer dans l’écriture, c’est pour tenter d’expliquer à mes proches, à mes amis, à tous ces gens qui me lancent ces regards teintés de haine et d’incompréhension, comment, et pourquoi le fils, le frère ou l’ami qu’ils ont connu va finir sa vie en prison.
Un bien noble but, mais si j’ai choisi de commencer ce récit par cette citation, c’est bel et bien parce qu’il faut retourner à l’époque de ma prime enfance pour saisir ce tout, qui a donné ce « moi », ce « monstre » comme l’on me nomme dans les médias. Mes parents m’ont toujours cru supérieur aux autres. Bien sûr, je me suis rendu compte plus tard que l’idéalisation de son marmot est un phénomène courant chez les géniteurs, surtout chez les mères, mais dans mon cas, cela était disons assez différent. Il est vrai que j’avais des facilités que certains, dont quelques-uns de mes maîtres et maîtresses de l’époque, qualifiaient de « tout à fait extraordinaires ». Cependant, moi, puisque c’est bien de cela dont il est question ici, ce que je ressentais ; je ne me sentais pas forcément plus intelligent qu’un autre.
C’est ainsi que s’est déroulé une bonne partie de ma scolarité : des parents très fiers et excités quant aux perspectives qui s’offriraient à leur fils (et à eux par la même occasion), des camarades de classes dégoutés par ce garçon qui se permettait de dormir en classe et d’obtenir les meilleures notes et des professeurs maudissant cet élève qu’ils ne pouvaient pas blâmer pour son attitude désobligeante car il arrivait toujours à montrer que, d’une manière ou d’une autre, il avait compris le sujet en question.
Cependant, malgré tout cela, j’ai eu une vie sociale plutôt épanouie. Je dirais même que cela a été l’aspect le plus normal de ma vie jusqu’ici. J’ai eu des amis, des amours, des peines de cœurs… Bref, somme toute une adolescence des plus normales. Et si je prends la peine de souligner ici cet aspect peu caractéristique de ma vie, c’est bien pour montrer à mes lecteurs que ma situation n’est en rien due à un hypothétique renfermement sur soi-même, que j’aurais soit disant vécu, car c’est ce que j’ai pu lire ici ou là.
Non, si je devais donner une origine à mes gestes, je citerais « l’intelligence ». Cette foutue intelligence dont mes parents me bassinaient à longueur de journées. En prenant le temps d’y réfléchir et avec le recul, je ne sais pas vraiment si je ne les croyais tout simplement pas ou si au contraire, je refusais d’y croire. Cette vieille psychose de la différence, cette peur du rejet, peut vous conduire, je pense, jusqu’au refus de toutes caractéristiques, même mélioratives, vous séparant du lot commun. Ce rejet de cet aspect qui était finalement assez clair aux yeux de tous, dura jusqu’à mes 16 ans, année où j’obtins mon baccalauréat.
Ensuite, je tombai dans ce que j’appellerais une phase d’acceptation, un peu pour adopter le même schéma en cinq phases par lesquelles un individu passe lorsqu’il doit faire face à sa propre mort, pour ceux et celles qui connaîtraient un brin de psychologie. Une acceptation donc, mais aussi et surtout une phase de tests. Ce fut je pense, le point culminant du changement qui s’opéra en moi.
Comme je l’ai dis, je venais donc d’empocher mon BAC, sans avoir travaillé de l’année, et ce, sans aucune difficulté. Mes parents étaient fiers de leur rejeton, mes amis plus blasés que jaloux à proprement parler, mais au fond de moi, je ressentis comme un grand vide. Je ne pouvais plus nier ce que j’étais : intelligent. Dit comme cela, ça fait bête, je vous l’accorde, mais entre le lire, et le ressentir au plus profond de son être, il y a une grande différence. Cependant, tout ne s’arrête pas là, bien au contraire, et je pense même que c’est la suite logique après une telle constatation, la fameuse question « à quel point ? ». Oui, à quel point suis-je intelligent, à quel point puis-je anticiper les réactions des autres, à quel point puis-je leur faire croire ce que je veux ?
Je ne me posai pas du tout la question alors, mais il y a peu j’ai réfléchis à propos de cela : est-ce que quelqu’un d’intelligent en profite toujours, ou souvent, pour manipuler son entourage, ou est-ce que ce phénomène venait juste de moi ? Au bout d’un certain temps, le temps nécessaire pour trouver une certaine objectivité lorsqu’on repense à nos actes, j’en suis venu à la conclusion que je cherchais juste une excuse à mon comportement. Vous savez, une manière de rejeter la culpabilité. Voyez, mon comportement est bien plus proche du votre que vous ne le pensez.
C’est donc cette quête du « à quel point ? » qui m’amena, lentement certes, vers ce que je qualifierais, et j’assume, un certain degré de folie. Tout à commencé très gentiment bien entendu, on ne devient pas fou du jour au lendemain : sécher dans l’unique but de réussir les examens sans avoir suivi le cours en question, se faire passer pour quelqu’un que l’on n’est pas auprès d’une personne que l’on vient de rencontrer, prévoir le comportement des gens qui nous entourent, etc. Tout cela dans un état d’esprit très enfantin finalement, je m’amusais beaucoup avec ces petits « jeux ».
Malheureusement, et c’est dans la nature humaine je pense, on n’en a jamais assez. Il y a toujours ce petit quelque chose qui vous pousse à aller plus loin, à enfin atteindre cette foutue limite que pourtant l’on n’aperçoit même pas. Mais au bout d’un moment, tous ces jeux lassent, ne suffisent plus. Et quand on n’en trouve pas de nouveaux, ça devient une véritable obsession, on n’en dort plus, on ne pense à plus rien d’autre.
C’était une drogue, je m’en rends compte maintenant. Et comme avec toutes les autres drogues, un effet de manque terrible. Je me mis donc à rechercher ce que tous les toxicomanes recherchent, cette chose qui vous procurera un « pied total », j’avais besoin de ma dose, et j’en avais besoin d’une grosse. Alors, comment tester mon intelligence une bonne fois pour toute ? Je n’ai jamais cru aux tests de QI, pour moi, c’est juste un prétexte pour flatter l’égo démesuré des gens en gonflant les résultats. Une vaste blague.
Il fallait donc que je trouve quelqu’un, ou quelque chose à défier. Vous savez, quand vos instincts primaires remontent à la surface, quand vous avez juste une seule envie : celle de savoir qui est le meilleur. Je voulais que des gens s’allient pour essayer de me vaincre, qu’ils cherchent, ragent de ne pas trouver, se remettent à chercher, croient enfin pouvoir me battre mais se rendent compte trop tard que j’avais prévu leurs mouvements. Une partie d’échec grandeur nature, moi, contre tout un pays.
C’est donc durant une nuit comme une autre, où mon activité cérébrale m’empêchait de dormir que je pris LA décision. J’allais mettre en place le meurtre parfait.
Pendant une semaine je suis resté cloitré chez moi, à penser à tout ce qu’il me faudrait mettre en place, pour ne jamais être retrouvé. J’étais très excité par ce merveilleux bras de fer qui m’attendait avec la police, mais je restais très sérieux et très concentré. J’ai pensé à tout, à absolument tout. Pour ma première victime, le plus dur aura été de passer à l’acte, imaginer c’est une chose, agir en est une autre. Mais j’étais déjà alors dans un état second et l’hésitation fut brève. Fait intéressant, cette hésitation n’est jamais réapparue pour toutes celles qui ont suivies après.
Mon premier meurtre était parfait. Pas d’empruntes, pas de traces ADN, pas de témoins, pas de mobile. A dire vrai, j’avais même choisi une personne tout à fait au hasard, une que je ne connaissais pas, n’avais jamais rencontrée, et qui habitait une ville à 100 kilomètres de chez moi, afin que personne ne puisse faire le rapprochement entre elle et moi.
Je fus extrêmement déçu. C’est vrai, j’avais pensé à tout, mais je les pensais un peu plus dégourdis. Ce premier échec me déprima un peu, mais ce fût de courte durée car un nouveau jeu, encore bien plus excitant venait de se révéler. J’allais, petit à petit, meurtre par meurtre, resserrer l’étau autour de moi. J’allais enfin avoir mon bras de fer tant attendu, j’allais enfin avoir ma partie d’échec contre toute une nation.
La seconde victime m’était toujours inconnue, n’allons pas trop vite, mais habitait la même ville que moi. Je poussai même le vice jusqu’à laisser un « N », écrit sur un papier déposé sur le corps, qui ne correspondait à rien mais qui leur donnerait de quoi réfléchir. Je me suis beaucoup amusé par la suite, laissant de plus en plus d’indices en choisissant des personnes de plus en plus proches de moi, tout en leur donnant de fausses pistes comme des cheveux récoltés chez un coiffeur, des empruntes de chaussures de tailles à chaque fois différentes.
Mais ce qui devait arriver arriva. Non je ne parle pas d’arrestation, j’étais bien trop pointilleux sur les détails pour cela, mais un nouveau manque apparu. Le manque de reconnaissance. Après tout, à quoi bon faire tout cela si personne ne sait que c’est vous ? Cela fait dix ans que je tue et je me suis assez amusé, assez pour accepter de passer le reste de ma vie dans une cellule. Je ne fis jamais touché par un quelconque remord, ils n’avaient qu’à gagner la partie, et m’arrêter, je n’attendais que ça, j’aurais même été très heureux qu’ils le fassent. Et si je me rends cette semaine au poste de police, ce n’est pas parce que ce matin je me suis levé en me disant que ce n’est pas bien ce que je fais. Je ne dis pas que c’est bien, mais je pense que c’était inévitable, compte tenu du parcours que j’ai suivi, cette quête, cette recherche du défi intellectuel. Non, si je me rends, c’est pour qu’enfin les gens sachent la vérité, celle qu’ils attendaient depuis longtemps, mais redoutaient de connaître.
Je confesse 27 crimes, même si certains ne m’ont jamais été attribués par la police. Quand je vous dis que je faisais ça bien.
Dans l’espoir d’être compris,
Guer.
Guer- Nombre de messages : 4
Age : 35
Localisation : Lille
Date d'inscription : 07/02/2010
Re: Dernière lettre
Il y a des changements de temps bizarres, comme dans ce paragraphe : Comme je l’ai dis, je venais donc d’empocher mon BAC, sans avoir travaillé de l’année, et ce, sans aucune difficulté. Mes parents étaient fiers de leur rejeton, mes amis plus blasés que jaloux à proprement parler, mais au fond de moi, je ressentis comme un grand vide. Je ne pouvais plus nier ce que j’étais : intelligent. Dit comme cela, ça fait bête, je vous l’accorde, mais entre le lire, et le ressentir au plus profond de son être, il y a une grande différence. Cependant, tout ne s’arrête pas là, bien au contraire, et je pense même que c’est la suite logique après une telle constatation, la fameuse question « à quel point ? ». Oui, à quel point suis-je intelligent, à quel point puis-je anticiper les réactions des autres, à quel point puis-je leur faire croire ce que je veux ?
J'aurais dit "je ressentais".
Sur le fond, ce n'est pas très original même si c'est bien écrit et plutôt plaisant.
J'aurais dit "je ressentais".
Sur le fond, ce n'est pas très original même si c'est bien écrit et plutôt plaisant.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 82
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Dernière lettre
Une narration assez solide, mais qui s'attarde trop à mon goût. Les circonvolutions de l'âme du narrateur, on a compris assez vite, j'ai trouvé cette partie plutôt ennuyeuse. Le sujet m'a paru plutôt banal.
Je vous souhaite la bienvenue sur Vos Écrits, et vous signale l'existence d'un pseudonyme de publication commun "jaon doe", qui n'est censé servir qu'à la publication de nouveaux textes, non aux interventions, commentaires ou réponses aux commentaires des lecteurs (ceci afin d'éviter toute confusion dommageable). Le but n'est pas de mettre en place un cache-cache rapidement peu intéressant sur qui a écrit quoi, mais de permettre aux lecteurs d'aborder un texte sans a priori sur son auteur. Si vous pensez employer ce pseudonyme à l'avenir pour vos publications ici, vous pouvez m'écrire pour m'en demander le mot de passe, vous trouverez mon adresse mail en page 2 du sujet "Anonyme" dans le salon "Conversation / atelier".
Sinon, j'ai quelques remarques au fil du texte :
« Cette phrase, je ne l’ai découverte qu’il y a peu de temps, lors du visionnage d’un des nombreux films que je m’acharne à regarder chaque jour, et pourtant l’écho de ces quelques mots dans ma tête est plus fort que jamais. » : je ne comprends pas l’opposition introduite par « et pourtant » ; en quoi le fait que le narrateur ne connaisse la phrase que depuis peu rend-il surprenant celui qu’elle résonne plus fort que jamais dans sa tête ?
« puisque c’est bien de cela dont il est question ici » : « puisque c’est bien de cela qu’il est question », ou bien « puisque c’est bien cela dont il est question », mais le « de » et le d »dont » ensemble font double emploi
« C’est ainsi que s’est déroulée une bonne partie de ma scolarité »
« des camarades de classes dégoûtés »
« des peines de cœur (et non « de cœurs », puisque le narrateur, sauf à être un extraterrestre, n’a qu’un cœur) »
« un hypothétique renfermement sur soi-même, (tenez-vous à la virgule ici ?) que j’aurais soi-disant (et non « soit disant ») vécu »
« Ce fut (je crois intéressant de compléter l’incise par une virgule ici) je pense, le point culminant »
« Comme je l’ai dit »
« il y a peu j’ai réfléchi (et non « réfléchis ») »
« bien plus proche du vôtre »
« vers ce que je qualifierais, et j’assume, (d’)un certain degré de folie. Tout a commencé »
« l’ego démesuré des gens »
« je suis resté cloîtré chez moi, à penser à tout ce qu’il me faudrait mettre en place, (tenez-vous à cette virgule ici ?) pour ne jamais être retrouvé »
« toutes celles qui ont suivi (et non « suivies ») après »
« mais ce fut (et non « fût » qui est la forme du subjonctif imparfait) de courte durée car un nouveau jeu, encore bien plus excitant (si vous tenez à la virgule après « jeu », je pense préférable de compléter l’incise en en insérant une autre ici) venait de se révéler »
« ma partie d’échecs »
« un nouveau manque apparut »
« Je ne fus jamais touché par un quelconque remords »
Je vous souhaite la bienvenue sur Vos Écrits, et vous signale l'existence d'un pseudonyme de publication commun "jaon doe", qui n'est censé servir qu'à la publication de nouveaux textes, non aux interventions, commentaires ou réponses aux commentaires des lecteurs (ceci afin d'éviter toute confusion dommageable). Le but n'est pas de mettre en place un cache-cache rapidement peu intéressant sur qui a écrit quoi, mais de permettre aux lecteurs d'aborder un texte sans a priori sur son auteur. Si vous pensez employer ce pseudonyme à l'avenir pour vos publications ici, vous pouvez m'écrire pour m'en demander le mot de passe, vous trouverez mon adresse mail en page 2 du sujet "Anonyme" dans le salon "Conversation / atelier".
Sinon, j'ai quelques remarques au fil du texte :
« Cette phrase, je ne l’ai découverte qu’il y a peu de temps, lors du visionnage d’un des nombreux films que je m’acharne à regarder chaque jour, et pourtant l’écho de ces quelques mots dans ma tête est plus fort que jamais. » : je ne comprends pas l’opposition introduite par « et pourtant » ; en quoi le fait que le narrateur ne connaisse la phrase que depuis peu rend-il surprenant celui qu’elle résonne plus fort que jamais dans sa tête ?
« puisque c’est bien de cela dont il est question ici » : « puisque c’est bien de cela qu’il est question », ou bien « puisque c’est bien cela dont il est question », mais le « de » et le d »dont » ensemble font double emploi
« C’est ainsi que s’est déroulée une bonne partie de ma scolarité »
« des camarades de classes dégoûtés »
« des peines de cœur (et non « de cœurs », puisque le narrateur, sauf à être un extraterrestre, n’a qu’un cœur) »
« un hypothétique renfermement sur soi-même, (tenez-vous à la virgule ici ?) que j’aurais soi-disant (et non « soit disant ») vécu »
« Ce fut (je crois intéressant de compléter l’incise par une virgule ici) je pense, le point culminant »
« Comme je l’ai dit »
« il y a peu j’ai réfléchi (et non « réfléchis ») »
« bien plus proche du vôtre »
« vers ce que je qualifierais, et j’assume, (d’)un certain degré de folie. Tout a commencé »
« l’ego démesuré des gens »
« je suis resté cloîtré chez moi, à penser à tout ce qu’il me faudrait mettre en place, (tenez-vous à cette virgule ici ?) pour ne jamais être retrouvé »
« toutes celles qui ont suivi (et non « suivies ») après »
« mais ce fut (et non « fût » qui est la forme du subjonctif imparfait) de courte durée car un nouveau jeu, encore bien plus excitant (si vous tenez à la virgule après « jeu », je pense préférable de compléter l’incise en en insérant une autre ici) venait de se révéler »
« ma partie d’échecs »
« un nouveau manque apparut »
« Je ne fus jamais touché par un quelconque remords »
Invité- Invité
Re: Dernière lettre
Un texte bien écrit, qui se lit bien. On est dans le registre assez connu du serial killer d'une intelligence exceptionnelle qui n'est pas sans rappeler "le silence des agneaux" sans le côté "gore" des meurtres. Un jeu de piste volontaire souvent évoqué dans les films de ce registre, et je pense aussi à un film de Clint Easwood ("Créance de sang" je crois...) où le meurtrier fait le nécessaire pour trouver un adversaire à sa mesure...
J'ai un peu regretté que tout se finisse un peu trop vite et trop simplement sans qu'on sache exactement la fin de l'histoire. On aurait pu imaginer une traque finale un peu plus mouvementée, un jeu du chat et de la souris qui prouve l'intelligence du meurtrier puisque c'est ce qu'il veut démontrer au monde...
J'ai un peu regretté que tout se finisse un peu trop vite et trop simplement sans qu'on sache exactement la fin de l'histoire. On aurait pu imaginer une traque finale un peu plus mouvementée, un jeu du chat et de la souris qui prouve l'intelligence du meurtrier puisque c'est ce qu'il veut démontrer au monde...
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Dernière lettre
Bonsoir et bienvenue sur VE,
C'est bien écrit ...
Le sujet est assez banal ... lisez le Crime de Quinette, mais c'est le deuxième volume d'une série de vingt-sept !
1. le mythe du crime parfait est usé ...
2. la soif de reconnaissance des serial killers est bien connue ...
Remarque : empreintes et non empruntes ...
Amicalement
midnightrambler
C'est bien écrit ...
Le sujet est assez banal ... lisez le Crime de Quinette, mais c'est le deuxième volume d'une série de vingt-sept !
1. le mythe du crime parfait est usé ...
2. la soif de reconnaissance des serial killers est bien connue ...
Remarque : empreintes et non empruntes ...
Amicalement
midnightrambler
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
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