Exo "Lettre d'insulte" : Delicatessen

A ma délicate et saine Adèle

Souvent, tu tranches, charcutes et ris dans ta belle boucherie .
-« Tête de veau en gelée » je t’appelle.
-« Mon cul, du poulet ? »
Belle réplique, tu m’expliques ? Allez pas la peine de faire ton anacoluthe style la nana qui lutte avec sa figure de travers… Tu me dis que mon humour est fin qui se mange sans faim. Mon humour, mon amour, je m’en paye une bonne tranche et les clients en sont friands. J’appelle ça ma revanche, ils trouvent ça croustillant.
Mais, traiteur sachant traiter, je te réserve un traitement que tu n’imagines pas vraiment !
Je vais te faire la peau, Adèle, ta vie serrer, et puis t’éviscérer. T’en baveras des ronds de chapeaux et des chapelets de chipolatas ! Je taillerai dans le gras avec mon grand coutelas ton cervelas et ton cerveau las. Vêtue de ton tricot en maille couleur moutarde qui te saucissonne si bien et qui sent l’ail, il faudra que je t’assaisonne encore car, sans sel, sans vinaigre, ces fesses sans teint qui virent à l’aigre ne seraient pas un festin. Ensuite, il suffira que je te réchauffe et que je te croque d’une bouchée. Ma reine.
(Avis aux clients qui se régalent de mes saillies : Vous savez, avant, quand je me la farcissais, je ne lui disais pas merci ! Jamais cette cochonne ne rit. Son Jésus de Lyon lui vient d’un gredin, et depuis elle me tourne dos et fait du boudin).
Pauvre andouille, triste rosette, tu ne sais pas, tu es si bête, que déjà, quand j’ôtais tes habits, c’était pour mieux hâter tes abats. Un de ces soirs, derrière ton comptoir, ta sacrée tête de lard se rêvant saucisse de Meurtard sera faite saucisse de Meurtault. Oui, foi de Frank, je me fais fort, ma chair Adèle, de te regarder te gaver comme une oie, t’empâter encore pire, et foie de tripier, de t’étriper. Tu seras bien plus sexy, ai-je tort, morte Adèle, ou bien pâté.
J’hésite encore. Ronds d’elle obèse ? Fine mère Guèze ? On m’aidera bien à trancher dans le vif du sujet.

Saigné Frank Guèze, ton mari, traiteur professionnel




Contraintes : entre 2000 et 2020 signes Les mots boustrophédon et anacoluthe.
PS : Un petit texte déjà présenté dans un fil humoristique je crois, sous forme de poème, mais réécrit et transformé pour la circonstance
PS : Deuxième contrainte en partie sous forme elliptique puisque Le Guèze, langue liturgique de l’église éthiopienne orthodoxe est une langue en boustrophédon (un peu avariée par Franck Guèze en bouffe trop hé donc)

Juste excellent ! J'en reprendrais bien une tranche !

Pour une fois, j'ai trouvé tes calembours un peu poussifs sur la longueur. "Ta vie serrer" par exemple, ça me semble forcé.
Et de l'autre côté, de jolies trouvailles, qui m'ont fait sourire : "quand j’ôtais tes habits, c’était pour mieux hâter tes abats", "T’en baveras des ronds de chapeaux et des chapelets de chipolatas". Quoi qu'il en soit, jolie boucherie !

Remarques :

- A ma délicate et saine Adèle : manque la virgule.
- boucherie . : pas d'espace avant le point.
- -« Tête de veau en gelée » je t’appelle.
-« Mon cul, du poulet ? » : pour introduire un dialogue, il faut user du tiret cadratin —. Les guillemets sont superflus, au moins dans la deuxième réplique. Dans la première, c'est une parole rapportée, donc je pense qu'ils ont leur place ! (?)
- saillies : Vous : pas de majuscule après les deux points.
- traiteur professionnel : manque le point final pour clore en beauté cete missive féroce.

Rebecca en forme olympique. Peut-être pas toujours découpé dans la dentelle mais drôlement inventif et gonflé ; contraintes respectées et une histoire qui ma foi se tient plutôt pas mal du tout. Marrant. J'aime bien.

Hello,

Ambiance réussie, on s'y croirait... Ne manque plus que Jean-Claude Dreyfus avec couperet et crayon derrière l'oreille.
Je salue la performance. Je m'en suis léché les babines, et les frères Kub aussi.

Ubik.

ha les jeux de mots à la Reb, je m'en délecte
heureusement que tu n'as pas glissé, ou pire : terminé avec le trop fameux "elle est morte, Adèle", quand même. Quand même.
Un super texte comme je les aime.
mais j'aime tes textes, tu le sais
fais-en plus souvent des drôles, j'aime moins quand tu parles à la mort.
ou alors fais-la re-mourir, de rire
:-))

Sacré Frank ! Il a la dent fort dure contre son Adèle et du rythme dans ses répliques mais je lui trouve un jeu de Meaux un peu balourd et sentant l'aïl pour une fois ...

C'est en mode Super-Michaux. Peu de forces de la natures peuvent arrêter rebecca quand elle est lancée. Tout bien réfléchi, au lieu de te conseiller de ralentir le proccessus, accélère-le. Invente-nous un esperanto basé sur tes jeux.

Alors là c'est de la haute voltige, Rebecca ! Que de trouvailles, que de jeux de mots, que de sonorités croustillantes ! Une lettre d'insultes qui donne faim, qui l'eut cru ?!

Excellent Rebecca !
Je retrouve avec plaisir tes jeux de mots, ta langue qui virevolte et ta plume acérée. Impecc et bien dans le ton de l'exo !

Merci pour le lien, j'adore te lire.