Les belles après-midis d’automne
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Les belles après-midis d’automne
Nous allions tous les dimanches au boulodrome de mon grand-père. Dès midi sonnante et trébuchante papa, maman, mes deux sœurs et moi enfilions les routes droites et désertes en direction du petit club de boules.
Maman descendait le panier, papa les cartons de bouteilles de vin de toutes les couleurs. Mon grand-père nous attendait devant le portail ouvert.
- Oh, Marcel !
- Oh, bon papa !
Tout était dit dans ces vocatifs affectueux. Maman embrassait son père, son père nous serrait dans ses bras vigoureux.
- Oh ! papi !
- Oh ! Titou !
Je m’en collais plein les souvenirs. Mes sœurs s’égayaient dans le jardin emportant la poussière des fins d’été. Je trainais mes sandales usées derrière les deux hommes de la famille qui préparaient le match, la revanche, la belle et l’infinie victoire écrasante qui marquerait une fois pour toutes la suprématie du « sudiste » sur le « nordiste ».
Maman déballait les sandwiches, les verres plastique, les riens des pique nique ordinaires dont je garderais le rituel sans jamais le reproduire.
Ma sœur aînée (15 ans aux marrons) envoyait SMS sur SMS à l’amour de sa vie acnéique et matheux qui débarquait tous les mercredis pour lui faire réviser ses fonctions primaires. Mon œil ! Si papa et maman n’y voyaient que de l’eau, ma cadette et moi sourions en douce devant la candeur des parents :
- Comme ils sont sérieux ces deux là !
- On ne les entend jamais
- Il me semble que Caroline a fait des progrès la semaine dernière
- Je l’avais remarqué, elle connaît ses fractions par cœur
- Il faudra que nous invitions son camarade
- Un samedi midi ?
- Pourquoi pas…
Nous en restions là.
De nombreuses années se sont déroulées de la sorte, enfilées comme des pacotilles sur un fil de soie. Je n’ai rien vu passer. Caroline a fini par embrasser une carrière de caissière dans la supérette du quartier, ma cadette a épousé un maraîcher reconverti dans les légumes sains et chers. Mes parents terriblement déçus par les parties de boules match nul à répétition ont fini par divorcer sans avertir personne.
Grand-père s’est éteint au moment où j’allumais les bougies de mon anniversaire : 18 ans aux prunes.
Depuis je passe mes soirées d’automne naissant à compter les carreaux dans l’azur brouillé, en cherchant vaguement un sens au jeu humain que je ne joue plus.
jaon doe- Nombre de messages : 169
Age : 113
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Date d'inscription : 05/02/2010
Re: Les belles après-midis d’automne
La dernière phrase est belle ! Cela dit, même si je ne doute pas que ces souvenirs soient chers à la narratrice, lui évoquent beaucoup de choses, le texte n'a pas su éveiller la même émotion en moi, à cause, me semble-t-il, d'une écriture trop sèche, manquant de charnel. J'ai l'impression que les descriptions sont restées en surface, neutres, elles ne m'ont pas fait ressentir le monde dans ce qu'il peut avoir d'éblouissant pour une enfant. Ne restent alors que les faits, l'anecdote, qui à mon avis ne casse pas trois pattes à un canard.
La fin est bien meilleure selon moi que le début, à partir de "Mes parents terriblement déçus" : la distance soudaine, l'ironie, font basculer le texte dans un point de vue d'adulte qui me parle mieux.
Mes remarques :
« les riens des pique- niques ordinaires »
« ma cadette et moi souriions (imparfait) en douce »
« Comme ils sont sérieux ces deux-là (trait d’union) »
- On ne les entend jamais
- Il me semble que Caroline a fait des progrès la semaine dernière
- Je l’avais remarqué, elle connaît ses fractions par cœur
- Il faudra que nous invitions son camarade
(manquent les signes de ponctuation de fin de phrase ; par ailleurs, pour introduire des répliques de dialogue, le trait d’union « - » ne suffit pas, il faut prévoir le tiret demi cadratin « – » ou le format au-dessus, « — »
La fin est bien meilleure selon moi que le début, à partir de "Mes parents terriblement déçus" : la distance soudaine, l'ironie, font basculer le texte dans un point de vue d'adulte qui me parle mieux.
Mes remarques :
« les riens des pique- niques ordinaires »
« ma cadette et moi souriions (imparfait) en douce »
« Comme ils sont sérieux ces deux-là (trait d’union) »
- On ne les entend jamais
- Il me semble que Caroline a fait des progrès la semaine dernière
- Je l’avais remarqué, elle connaît ses fractions par cœur
- Il faudra que nous invitions son camarade
(manquent les signes de ponctuation de fin de phrase ; par ailleurs, pour introduire des répliques de dialogue, le trait d’union « - » ne suffit pas, il faut prévoir le tiret demi cadratin « – » ou le format au-dessus, « — »
Invité- Invité
Re: Les belles après-midis d’automne
C'est justement ce que j'ai aimé dans ce court texte, l'écriture économe qui ne fait pas de ronds de jambe. C'est certes un peu rapide mais cela n'empêche pas que le décor et l'ambiance soient campés, je m'y retrouve parfaitement. Et puis il passe des tas de choses, à mon avis, dans ces phrases courtes, elles véhiculent bien plus à mes yeux que de la seule information ("- Oh, Marcel !
- Oh, bon papa !
Tout était dit dans ces vocatifs affectueux. Maman embrassait son père, son père nous serrait dans ses bras vigoureux.
- Oh ! papi !
- Oh ! Titou !"
ou encore :
"ma cadette a épousé un maraîcher reconverti dans les légumes sains et chers. Mes parents terriblement déçus par les parties de boules match nul à répétition ont fini par divorcer sans avertir personne.
Grand-père s’est éteint au moment où j’allumais les bougies de mon anniversaire : 18 ans aux prunes.")
Au-delà du récit du souvenir c'est l'écriture que j'ai particulièrement appréciée.
- Oh, bon papa !
Tout était dit dans ces vocatifs affectueux. Maman embrassait son père, son père nous serrait dans ses bras vigoureux.
- Oh ! papi !
- Oh ! Titou !"
ou encore :
"ma cadette a épousé un maraîcher reconverti dans les légumes sains et chers. Mes parents terriblement déçus par les parties de boules match nul à répétition ont fini par divorcer sans avertir personne.
Grand-père s’est éteint au moment où j’allumais les bougies de mon anniversaire : 18 ans aux prunes.")
Au-delà du récit du souvenir c'est l'écriture que j'ai particulièrement appréciée.
Invité- Invité
Re: Les belles après-midis d’automne
J'aime assez, et j'ai pas envie d'en dire plus sinon que j'aime assez la phrase concernant le divorce des parents, et moins le décalage temporel entre les SMS — moderne — et l'ambiance beaucoup plus ancienne.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Les belles après-midis d’automne
A partir de "De nombreuses années" le texte prend du relief, on sort de l'imagerie. Le reste peut toucher, par ce qu'il laisse entrevoir d'attachement de l'auteur à cette enfance, mais ne parvient guère à me faire éprouver ce qu'il évoque.
Invité- Invité
Re: Les belles après-midis d’automne
Je prends les remarques grammaticales en compte, ainsi le pluriel des " pique-niques", le trait d'union absent, et surtout cet imparfait outragé par la présence du présent de mauvais aloi.
Comme ces souvenirs sont totalement artificiels je suis contente qu'ils aient failli ressembler à quelqu'un, d'autant que ces quelques lignes devaient être meurtrières pour cette famille dominicale.
Merci pour vos remarques.
Socque " le canard" qui vient de sauver ses trois pattes restantes vous envoient mille cygnes.
Comme ces souvenirs sont totalement artificiels je suis contente qu'ils aient failli ressembler à quelqu'un, d'autant que ces quelques lignes devaient être meurtrières pour cette famille dominicale.
Merci pour vos remarques.
Socque " le canard" qui vient de sauver ses trois pattes restantes vous envoient mille cygnes.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Les belles après-midis d’automne
Je ne sais trop quoi penser du texte, j’ai en fait été déroutée par le changement qui s’opère à partir des SMS. Si ce choque temporel est désiré par l’auteur j’en admire l’audace mais c’était peut-être un peu court pour que la lectrice que je suis puisse s’installer dans ce nouvel univers. Au final j’ai l' impression que quelque chose m’a échappé.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
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