Exercices de stylo
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Exercices de stylo
Bonjour. Je me suis inscrit il y a une semaine, mais hélas, faute de temps, je ne peux pas vraiment passer vous lire... J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop. Par contre, comme j'ai vu que le petit jeu du dictionnaire des néologismes a plutôt bien fonctionné, je vous propose un autre fil ludique, pour, justement, ne pas perdre le fil avec vous... Voici "exercices de stylo", un jeu qui a pas mal fonctionné sur d'autres forums.
Vous connaissez, bien sûr, les exercices de style de Queneau
Et bien ici c'est la même idée.
Une même histoire: un fou qui repeint son plafond, un autre fou arrive et lui dit "accroche-toi au pinceau j'enlève l'échelle... à décliner sous tous les styles.
Accrochez-vous à vos pinceaux plumes, ça commence...
Vous connaissez, bien sûr, les exercices de style de Queneau
Et bien ici c'est la même idée.
Une même histoire: un fou qui repeint son plafond, un autre fou arrive et lui dit "accroche-toi au pinceau j'enlève l'échelle... à décliner sous tous les styles.
Accrochez-vous à vos pinceaux plumes, ça commence...
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
Exemple...
Redondance.
C'est un fou démentiel qui colorie à la peinture son plafond du haut. Un autre sinoque qui n'avait pas toute sa raison lui parle en disant:
"accroche-toi pour serrer fort le pinceau-brosse, je vais retirer l'escabeau en enlevant l'échelle !"
Redondance.
C'est un fou démentiel qui colorie à la peinture son plafond du haut. Un autre sinoque qui n'avait pas toute sa raison lui parle en disant:
"accroche-toi pour serrer fort le pinceau-brosse, je vais retirer l'escabeau en enlevant l'échelle !"
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
Pénible
Le corps plié par la pesanteur de la voûte, il se tourmentait de la détremper d'un blanc fade. Une autre âme égarée vint trouver l'insensé dans son absurde mortification, le commandant de se pendre, tant bien que mal, à l'instrument de son labeur. Il souhaitait l'arracher à l'appui des barreaux qui, seuls, soutenaient sa peine.
Le corps plié par la pesanteur de la voûte, il se tourmentait de la détremper d'un blanc fade. Une autre âme égarée vint trouver l'insensé dans son absurde mortification, le commandant de se pendre, tant bien que mal, à l'instrument de son labeur. Il souhaitait l'arracher à l'appui des barreaux qui, seuls, soutenaient sa peine.
Cyanhydric- Nombre de messages : 34
Age : 37
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: Exercices de stylo
'xellent !
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Exercices de stylo
Interrogatif
Était-ce un malade mental ou simplement une personne ordinaire souffrant d’un désordre affectif passager ? Qui aurait pu l’affirmer, autre que celui qui l’accompagna dans la mésaventure que voilà ? Voulait-il changer de cadre ou juste rafraîchir le blanc cassé qui ornait ses murs ? Toujours est-il qu’il avait entrepris de repeindre son plafond, lorsqu’un plus déséquilibré que lui – selon quels critères objectifs en vérité ? – s’approcha de l’échelle et lui tint à peu près ce langage :
- Peux-tu raisonnablement envisager de te saisir fermement du pinceau ainsi placé qu’il colle au plafond ?
- Certes, mais dans quel but ?
- Que crois-tu donc, animal ? Ne sais-tu qu’ainsi je pourrais, sans risquer de te blesser, enlever cette échelle dont j’ai cruellement besoin ?
- Où avais-je la tête ? Qu’attends-tu donc maintenant pour y procéder ?
Qui saura jamais ce qu’il advint ensuite ? Une bonne âme aura-t-elle jamais la grâce de nous conter la fin de cette histoire ?
Était-ce un malade mental ou simplement une personne ordinaire souffrant d’un désordre affectif passager ? Qui aurait pu l’affirmer, autre que celui qui l’accompagna dans la mésaventure que voilà ? Voulait-il changer de cadre ou juste rafraîchir le blanc cassé qui ornait ses murs ? Toujours est-il qu’il avait entrepris de repeindre son plafond, lorsqu’un plus déséquilibré que lui – selon quels critères objectifs en vérité ? – s’approcha de l’échelle et lui tint à peu près ce langage :
- Peux-tu raisonnablement envisager de te saisir fermement du pinceau ainsi placé qu’il colle au plafond ?
- Certes, mais dans quel but ?
- Que crois-tu donc, animal ? Ne sais-tu qu’ainsi je pourrais, sans risquer de te blesser, enlever cette échelle dont j’ai cruellement besoin ?
- Où avais-je la tête ? Qu’attends-tu donc maintenant pour y procéder ?
Qui saura jamais ce qu’il advint ensuite ? Une bonne âme aura-t-elle jamais la grâce de nous conter la fin de cette histoire ?
Re: Exercices de stylo
pas mal du tout !Cyanhydric a écrit:Pénible
Le corps plié par la pesanteur de la voûte, il se tourmentait de la détremper d'un blanc fade. Une autre âme égarée vint trouver l'insensé dans son absurde mortification, le commandant de se pendre, tant bien que mal, à l'instrument de son labeur. Il souhaitait l'arracher à l'appui des barreaux qui, seuls, soutenaient sa peine.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercices de stylo
Polar :
"Un de vos patients? demanda l'inspecteur
-Oui. Schyzophrène. Interné depuis trois ans. A tendance suicidaire", répondit le directeur de l'H.P., avant d'ajouter "Mais c'est peut-être un accident"
L'inspecteur examina attentivement le cadavre, le pinceau qu'il tenait dans son poing, ainsi que l'échelle qui jonchait le sol, à côté du corps. Ensuite, il scruta le parquet, puis se releva en déclarant:
"ni suicide ni accident. C'est un homicide.
-Un homicide? Mais.... Comment... Comment savez-vous...? balbutia le directeur
-Les traces sur le parquet, la position de l'échelle par terre.... Manifestement, cet homme n'est pas tombé tout seul, l'échelle a été retirée violemment par un autre homme. Mais il y a autre chose, quelque chose de vraiment très étrange...
-Quoi donc? demanda le directeur, effaré
-En principe, quand quelqu'un tombe, il a le reflexe de protéger sa chute avec ses avant-bras. Ici, ce n'est pas le cas: voyez, le bras est tendu vers le haut, et le poing serre très fort le pinceau. Très surprenant comme instinct de survie
-Surprenant oui... Mais qu'est-ce qui a pu donc arriver?
-Oh, c'est juste une hypothèse, mais peut-être qu'un autre de vos patients l'a convaincu de défier les lois de l'apesenteur en lui faisant croire qu'en s'accrochant au pinceau, il ne tomberait pas... A confirmer"
Evangile
Luc 26,
26.1 En ce temps-là Jésus parcourait la Judée et atteint la ville de Khadix, ou vivait Abel, fils de Pûhut, fils de Sahlop.
26.2 Or l'Abel de khadix repeignait à la chaux le plafond de sa maison.
26.3 En voyant Jésus, Abel voulut descendre de l'échelle pour se prosterner à ses pieds
26.4 Et Jésus répondit: "en vérité en vérité je te le dis, Abel de Khadix, tu n'as nul besoin de te prosterner pour prier le Seigneur. Continue ton travail et tu le loueras aussi bien ainsi
26.5 Mais Abel insista et Jésus répondit "en vérité en vérité je te le redis. Ne descends pas"
26.6 Alors Abel répondit à Jésus: "Seigneur, tu m'as ordonné de ne pas descendre et je ne descendrai pas
26.7 mais si tu retires l´échelle, je serai à tes pieds"
26.8 alors Jésus dit à Abel "fils de Pûhut, accroche-toi au pinceau, car je retirerai l'échelle et toi, tu ne tomberas pas"
26.9 Jésus retira l'échelle et accomplit le miracle.
26-10 Et Jésus dit : "homme de peu de foi. En vérité, en vérité je te le dis, le très haut est en haut, ne le cherche pas en bas"
"Un de vos patients? demanda l'inspecteur
-Oui. Schyzophrène. Interné depuis trois ans. A tendance suicidaire", répondit le directeur de l'H.P., avant d'ajouter "Mais c'est peut-être un accident"
L'inspecteur examina attentivement le cadavre, le pinceau qu'il tenait dans son poing, ainsi que l'échelle qui jonchait le sol, à côté du corps. Ensuite, il scruta le parquet, puis se releva en déclarant:
"ni suicide ni accident. C'est un homicide.
-Un homicide? Mais.... Comment... Comment savez-vous...? balbutia le directeur
-Les traces sur le parquet, la position de l'échelle par terre.... Manifestement, cet homme n'est pas tombé tout seul, l'échelle a été retirée violemment par un autre homme. Mais il y a autre chose, quelque chose de vraiment très étrange...
-Quoi donc? demanda le directeur, effaré
-En principe, quand quelqu'un tombe, il a le reflexe de protéger sa chute avec ses avant-bras. Ici, ce n'est pas le cas: voyez, le bras est tendu vers le haut, et le poing serre très fort le pinceau. Très surprenant comme instinct de survie
-Surprenant oui... Mais qu'est-ce qui a pu donc arriver?
-Oh, c'est juste une hypothèse, mais peut-être qu'un autre de vos patients l'a convaincu de défier les lois de l'apesenteur en lui faisant croire qu'en s'accrochant au pinceau, il ne tomberait pas... A confirmer"
Evangile
Luc 26,
26.1 En ce temps-là Jésus parcourait la Judée et atteint la ville de Khadix, ou vivait Abel, fils de Pûhut, fils de Sahlop.
26.2 Or l'Abel de khadix repeignait à la chaux le plafond de sa maison.
26.3 En voyant Jésus, Abel voulut descendre de l'échelle pour se prosterner à ses pieds
26.4 Et Jésus répondit: "en vérité en vérité je te le dis, Abel de Khadix, tu n'as nul besoin de te prosterner pour prier le Seigneur. Continue ton travail et tu le loueras aussi bien ainsi
26.5 Mais Abel insista et Jésus répondit "en vérité en vérité je te le redis. Ne descends pas"
26.6 Alors Abel répondit à Jésus: "Seigneur, tu m'as ordonné de ne pas descendre et je ne descendrai pas
26.7 mais si tu retires l´échelle, je serai à tes pieds"
26.8 alors Jésus dit à Abel "fils de Pûhut, accroche-toi au pinceau, car je retirerai l'échelle et toi, tu ne tomberas pas"
26.9 Jésus retira l'échelle et accomplit le miracle.
26-10 Et Jésus dit : "homme de peu de foi. En vérité, en vérité je te le dis, le très haut est en haut, ne le cherche pas en bas"
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
Fiction
Nicoco repeignait le plafond de verre, en blanc . Au dessus duquel seuls les élus étaient autorisés à fouler le sol , citoyens européens avec accessoires intégrés ( machines à décoller le sans papier peint en blanc cassé, karchers aromatisés, retraites à 78 ans , permis de sédentarité…) quand Ce gars là arriva et lui tint à peu près ce langage :
-« Accroche toi Nicoco, je veux que tu restes en haut des sondages, …Accroche toi à ta brosse à reluire , je t’enlève l’échelle des valeurs , elle ne sert plus à rien ! »
« Casse-toi pov con » fut la réponse de Nicoco.
Aussitôt dit aussitôt fait. Nicoco se retrouva suspendu au lustre de cristal par sa Rollex , à son autre main pendait son pinceau à laquer et le bouclier auquel était arrimé le tout, sorte de plafond fiscal, commença à vaciller.
…. quelques fissures commençaient à lézarder l’entre deux mondes ...et l'Europe chahutait -là haut...
Pour l’instant les sondages l’affirment , Nicoco est toujours en ballottage . Il essaie de calmer le mouvement. Mais évitera -t il l'impact du bris de verre ?
« Si je veux je peux » répète-t-il ….
Nicoco repeignait le plafond de verre, en blanc . Au dessus duquel seuls les élus étaient autorisés à fouler le sol , citoyens européens avec accessoires intégrés ( machines à décoller le sans papier peint en blanc cassé, karchers aromatisés, retraites à 78 ans , permis de sédentarité…) quand Ce gars là arriva et lui tint à peu près ce langage :
-« Accroche toi Nicoco, je veux que tu restes en haut des sondages, …Accroche toi à ta brosse à reluire , je t’enlève l’échelle des valeurs , elle ne sert plus à rien ! »
« Casse-toi pov con » fut la réponse de Nicoco.
Aussitôt dit aussitôt fait. Nicoco se retrouva suspendu au lustre de cristal par sa Rollex , à son autre main pendait son pinceau à laquer et le bouclier auquel était arrimé le tout, sorte de plafond fiscal, commença à vaciller.
…. quelques fissures commençaient à lézarder l’entre deux mondes ...et l'Europe chahutait -là haut...
Pour l’instant les sondages l’affirment , Nicoco est toujours en ballottage . Il essaie de calmer le mouvement. Mais évitera -t il l'impact du bris de verre ?
« Si je veux je peux » répète-t-il ….
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Re: Exercices de stylo
Voilà qui me fait sourire :-)vincent M. a écrit:Evangile
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercices de stylo
Ministredubudgetérairement
Mickey l'ange, croche-toi au pinceau, faut qu'j'fasse des économies d'échelle !
Mickey l'ange, croche-toi au pinceau, faut qu'j'fasse des économies d'échelle !
Hellian- Nombre de messages : 1858
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Re: Exercices de stylo
Omelette ;-)
Ce dément de Serge m'énerve tellement ! Enfermez-le, j'en perds l'entendement !
Récemment, le trente septembre, désespéré de ce vert détrempé, je me mets en tête d'en relever l'essence terne. Je prends l'échelle et m'élève. L'écervelé entre, effréné, et entreprend expressément de me l'enlever.
Le prétexte ?
"Reste perché, décrète fermement cet espèce de zèbre, je m'empresse de te rendre l'échelle".
Bref, hébété, je cède, et, bêtement, m'empêtre et me renverse. Sept vertèbres fêlées!
Ce dément de Serge m'énerve tellement ! Enfermez-le, j'en perds l'entendement !
Récemment, le trente septembre, désespéré de ce vert détrempé, je me mets en tête d'en relever l'essence terne. Je prends l'échelle et m'élève. L'écervelé entre, effréné, et entreprend expressément de me l'enlever.
Le prétexte ?
"Reste perché, décrète fermement cet espèce de zèbre, je m'empresse de te rendre l'échelle".
Bref, hébété, je cède, et, bêtement, m'empêtre et me renverse. Sept vertèbres fêlées!
Cyanhydric- Nombre de messages : 34
Age : 37
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: Exercices de stylo
Chronologie inversée:
Il est tombé, le fou. Et pourtant, on l'avait averti que l'échelle allait être retirée, et qu'il fallait s'accrocher au pinceau. C'est un autre fou qui le lui avait dit, cinq minutes auparavant, tandis qu'il peignait le plafond
Il est tombé, le fou. Et pourtant, on l'avait averti que l'échelle allait être retirée, et qu'il fallait s'accrocher au pinceau. C'est un autre fou qui le lui avait dit, cinq minutes auparavant, tandis qu'il peignait le plafond
Invité- Invité
Le bleu nuit.
Dieu était en train de repeindre la voute céleste juché sur l'échelle du temps quand le Diable s'en empara pour grimper à son tour . Dieu avait prévu que la foi puisse déplacer des montagnes mais pas qu'on puisse rester accroché à son pinceau! Sans appui, il tomba à pic son pinceau bleu à la main et la mer devint couleur azur.
Le diable , à son tour se mit à repeindre le ciel. En noir . Cependant Dieu, dépité trempé marqué de bleus mais persévérant, réussit à attraper la corde à nouveau, la secoua et remonta au ciel qui s'assombrissait d'heure en heure.
Cela nécessita environ douze heures sur l'échelle du temps. Le diable ayant chuté suite à cette manoeuvre, son pinceau à la main, les océans furent remplis de sa noirceur.Il ne se déclara pas battu . Dépité, trempé, les yeux marqués au beurre noir,mais persévérant, il décida de repartir à l'assaut .
Ainsi le cycle se perpétua. Mers et cieux alternativement bleus et noirs.
Du combat entre plafond et bas fonds, entre clarté et obscurité, naquirent les aubes et crépuscules , l'ombre et la lumière , les contre jours, les chiens et loups.
Ainsi se succédent depuis la nuit des temps et pour les siècles des siècles les jours et les nuits, rythmant la folie des hommes.
Curieusement quand ils implorent le calme la paix le silence, ils disent : Chut ....
Le diable , à son tour se mit à repeindre le ciel. En noir . Cependant Dieu, dépité trempé marqué de bleus mais persévérant, réussit à attraper la corde à nouveau, la secoua et remonta au ciel qui s'assombrissait d'heure en heure.
Cela nécessita environ douze heures sur l'échelle du temps. Le diable ayant chuté suite à cette manoeuvre, son pinceau à la main, les océans furent remplis de sa noirceur.Il ne se déclara pas battu . Dépité, trempé, les yeux marqués au beurre noir,mais persévérant, il décida de repartir à l'assaut .
Ainsi le cycle se perpétua. Mers et cieux alternativement bleus et noirs.
Du combat entre plafond et bas fonds, entre clarté et obscurité, naquirent les aubes et crépuscules , l'ombre et la lumière , les contre jours, les chiens et loups.
Ainsi se succédent depuis la nuit des temps et pour les siècles des siècles les jours et les nuits, rythmant la folie des hommes.
Curieusement quand ils implorent le calme la paix le silence, ils disent : Chut ....
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exercices de stylo
Valentine
— Accroche-toi au pinceau, je retire l’escabeau— Ne me prends pas pour plus cone que je le suis.
— Bon, ben dans ce cas retire ton pied du pot de peinture, j’en ai besoin.
Yali- Nombre de messages : 8624
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Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercices de stylo
Haiku
Deux hommes à la fois sages et fous
Pinceau de soie sur le plafond
Lévitation sans échelle
(ps: je ne sais pas du tout si c'est un haiku, mais bon, vous voyez l'idée ^^)
Deux hommes à la fois sages et fous
Pinceau de soie sur le plafond
Lévitation sans échelle
(ps: je ne sais pas du tout si c'est un haiku, mais bon, vous voyez l'idée ^^)
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
Anonyme
Monsieur le Commissaire,
La présente pour porter à votre connaissance des faits qui ne peuvent que faire bondir d’indignation l’honnête et vertueux citoyen que je me flatte d’être. On ne peut pas en dire autant de tout le monde, ce n’est pas vous qui me contredirez. Voici quelques jours, lors de la ronde que j’effectue quotidiennement dans mon quartier avec mon fidèle compagnon Attila, un charmant dogue – allemand, cela va sans dire – j’ai pu entrevoir par la fenêtre de l’appartement voisin de celui de M. Da Costa un spectacle aussi révoltant que suspect. J’attire votre attention sur le fait que ce M. Da Costa, bien que jouissant – sans aucun doute en vertu de délictueuses complicités dans l’administration – d’un passeport français, est de toute évidence d’origine étrangère, ce que trahissent d’ailleurs son faciès huileux, la toison astrakanesque qui le recouvre des pieds à la tête, ainsi que le répugnant fumet d’ail et de petit poisson frit qui émane de son domicile aux heures des repas. Vous m’aurez compris.
Ce louche individu, à une heure où les gens de bien – je veux dire les vrais français comme vous et moi, naturellement – jouissent en paix du repos bien mérité consécutif à une dure journée de labeur, se livrait à des activités de toute évidence illicites. Perché sur un escabeau de métal – sans doute dérobé sur quelque chantier de construction, on connaît le peu de scrupules de ces gens-là – il tenait dans sa main un fort pinceau dont il se servait pour étendre je ne sais quel enduit nauséabond sur le plafond d’une chambre, sise dans un gourbi dont je sais parfaitement qu’il n’est pas le sien. J’ai bien sûr pensé que ce méprisable quidam se livrait impudemment à du travail au noir, et j’ai aussitôt empoigné mon téléphone portable pour signaler sur le champ ce délit à qui de droit, lorsque mon attention fut attirée par l’irruption d’un deuxième protagoniste, certainement un complice. Je ne connaissais pas le nouveau venu, mais ses manières désinvoltes, son regard fuyant, son accent vulgaire et son ridicule survêtement à capuche indiquaient sans l’ombre d'un doute une ascendance guère plus reluisante que celle de M. Da Costa. Si ce n’est pire, vous voyez de quoi je parle, Monsieur le Commissaire, nous sommes entre initiés, n’est-ce pas ?
Bref, le visiteur, avec l’insolence qui caractérise bien cette racaille, s’adressant à M. Da Costa dans son sabir quasi hermétique pour les braves gens comme vous et moi, lui enjoignit de s’accrocher fermement au pinceau au motif qu’il s’apprêtait à ôter l’escabeau. On imagine la suite, et les lois de la pesanteur étant ce qu’elles sont, même pour cette engeance peu respectueuses des lois en général, M. Da Costa chut sur le plancher avec un bruit mat indiquant sans équivoque qu’il avait dû subir plusieurs fractures. Vous me direz que c’est toujours ça de pris, mais enfin je ne peux m’empêcher de penser que j’ai été le témoin d’un sordide règlement de comptes entre aigrefins de la plus vile espèce. C’est pourquoi, en dépit des risques encourus à se mêler de ce genre d’affaire, j’ai tenu à remplir mes devoirs civiques en portant ce forfait à votre connaissance. Vous comprendrez, naturellement, que je conserve l’anonymat sans lequel ma sécurité et celle de mon cher compagnon Attila seraient gravement menacées.
Dans l’espoir que cette missive ait les suites judiciaires qu’elle mérite, je vous prie, Monsieur le Commissaire, de croire à l’expression de mes plus fervents sentiments patriotiques, sinon républicains.
XXX
P.S. : Je me suis laissé dire que la Société, pas toujours ingrate, récompensait parfois le courageux citoyen désintéressé n’hésitant pas à braver le courroux de la canaille. Que voulez-vous, mon fidèle Attila jouit, Dieu merci, d’une santé florissante et d’un appétit en rapport avec son poids, et vous n’ignorez pas que le prix du kilo d’entrecôte a considérablement augmenté ces derniers temps. Vous serez aimable de faire virer le mandat Poste restante au bureau de l’avenue du général Lavieil-Ganasch, avec la mention « au porteur ». Merci d’avance.
Monsieur le Commissaire,
La présente pour porter à votre connaissance des faits qui ne peuvent que faire bondir d’indignation l’honnête et vertueux citoyen que je me flatte d’être. On ne peut pas en dire autant de tout le monde, ce n’est pas vous qui me contredirez. Voici quelques jours, lors de la ronde que j’effectue quotidiennement dans mon quartier avec mon fidèle compagnon Attila, un charmant dogue – allemand, cela va sans dire – j’ai pu entrevoir par la fenêtre de l’appartement voisin de celui de M. Da Costa un spectacle aussi révoltant que suspect. J’attire votre attention sur le fait que ce M. Da Costa, bien que jouissant – sans aucun doute en vertu de délictueuses complicités dans l’administration – d’un passeport français, est de toute évidence d’origine étrangère, ce que trahissent d’ailleurs son faciès huileux, la toison astrakanesque qui le recouvre des pieds à la tête, ainsi que le répugnant fumet d’ail et de petit poisson frit qui émane de son domicile aux heures des repas. Vous m’aurez compris.
Ce louche individu, à une heure où les gens de bien – je veux dire les vrais français comme vous et moi, naturellement – jouissent en paix du repos bien mérité consécutif à une dure journée de labeur, se livrait à des activités de toute évidence illicites. Perché sur un escabeau de métal – sans doute dérobé sur quelque chantier de construction, on connaît le peu de scrupules de ces gens-là – il tenait dans sa main un fort pinceau dont il se servait pour étendre je ne sais quel enduit nauséabond sur le plafond d’une chambre, sise dans un gourbi dont je sais parfaitement qu’il n’est pas le sien. J’ai bien sûr pensé que ce méprisable quidam se livrait impudemment à du travail au noir, et j’ai aussitôt empoigné mon téléphone portable pour signaler sur le champ ce délit à qui de droit, lorsque mon attention fut attirée par l’irruption d’un deuxième protagoniste, certainement un complice. Je ne connaissais pas le nouveau venu, mais ses manières désinvoltes, son regard fuyant, son accent vulgaire et son ridicule survêtement à capuche indiquaient sans l’ombre d'un doute une ascendance guère plus reluisante que celle de M. Da Costa. Si ce n’est pire, vous voyez de quoi je parle, Monsieur le Commissaire, nous sommes entre initiés, n’est-ce pas ?
Bref, le visiteur, avec l’insolence qui caractérise bien cette racaille, s’adressant à M. Da Costa dans son sabir quasi hermétique pour les braves gens comme vous et moi, lui enjoignit de s’accrocher fermement au pinceau au motif qu’il s’apprêtait à ôter l’escabeau. On imagine la suite, et les lois de la pesanteur étant ce qu’elles sont, même pour cette engeance peu respectueuses des lois en général, M. Da Costa chut sur le plancher avec un bruit mat indiquant sans équivoque qu’il avait dû subir plusieurs fractures. Vous me direz que c’est toujours ça de pris, mais enfin je ne peux m’empêcher de penser que j’ai été le témoin d’un sordide règlement de comptes entre aigrefins de la plus vile espèce. C’est pourquoi, en dépit des risques encourus à se mêler de ce genre d’affaire, j’ai tenu à remplir mes devoirs civiques en portant ce forfait à votre connaissance. Vous comprendrez, naturellement, que je conserve l’anonymat sans lequel ma sécurité et celle de mon cher compagnon Attila seraient gravement menacées.
Dans l’espoir que cette missive ait les suites judiciaires qu’elle mérite, je vous prie, Monsieur le Commissaire, de croire à l’expression de mes plus fervents sentiments patriotiques, sinon républicains.
XXX
P.S. : Je me suis laissé dire que la Société, pas toujours ingrate, récompensait parfois le courageux citoyen désintéressé n’hésitant pas à braver le courroux de la canaille. Que voulez-vous, mon fidèle Attila jouit, Dieu merci, d’une santé florissante et d’un appétit en rapport avec son poids, et vous n’ignorez pas que le prix du kilo d’entrecôte a considérablement augmenté ces derniers temps. Vous serez aimable de faire virer le mandat Poste restante au bureau de l’avenue du général Lavieil-Ganasch, avec la mention « au porteur ». Merci d’avance.
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Exercices de stylo
Dans l'air du temps tout ça . . .
S+7
En une chaste jouvence d'éternité, un foudroiement décida de repérer son plagiat.
A peine avait-il commué son ouvrier, qu'un autre foudroiement s'aspergea et lui dit:
"Accuse-toi donc au pince-nez, que je rétracte l'échevin"
S+7
En une chaste jouvence d'éternité, un foudroiement décida de repérer son plagiat.
A peine avait-il commué son ouvrier, qu'un autre foudroiement s'aspergea et lui dit:
"Accuse-toi donc au pince-nez, que je rétracte l'échevin"
Cyanhydric- Nombre de messages : 34
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Date d'inscription : 17/09/2010
Re: Exercices de stylo
pas une spécialiste mais à première vue, ça n'en est pas un non (par rapport au nombre de syllabes et référence à la nature)vincent M. a écrit:(ps: je ne sais pas du tout si c'est un haiku, mais bon, vous voyez l'idée ^^)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Exercices de stylo
haiku: 5 puis 7 puis 5 syllabes...et allusion à la nature
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exercices de stylo
oups! on va la refaire alors.
J'avoue que j'ai du mal avec les haiku. Déjà à en comprendre l'intérêt puisque le japonais est à 10.000 lieues de la langue française: on exporte les règles, mais l'essence se perd... Enfin, je ne veux pas blesser ceux qui en écrivent.
Excellente, la lettre anonyme, tout à fait dans l'esprit de notre époque, hélas
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
S.F
Ce matin-là, Jolly Q. capitaine de l'Apollo 69, reçut sur son tableau de bord holographique un avertissement du système de maintenance. "SAS 112, usure de la tuyauterie B15. Danger. Repeindre avec urgence au Jibol-1"
Jolly Q, qui comme tous les véliens, était très doué pour les langages mais fort peu pour la technique, appela aussitôt Li Van Kiff, le plombier informaticien de l'équipage.
Li Van Kiff regarda attentivement le message et les plans de la nef, puis déclara:
"Oui, c'est urgent. Ces tuyaux sont en amiante H1N1, il y a donc risque de fuite radioactive et même passive. Il faut intervenir tout de suite. Appelez les frères Karamazov
-Tout notre équipage est en mission d'exploration sur la planète Bétabloquant, objecta Jolly Q. Nous ne sommes que deux dans la nef ce matin. Que pouvons-nous faire?
-Bon... Il y a un moyen, mais un peu dangereux. Nous allons prendre une échelle manuelle en polialu. Vous tiendrez l'échelle, et moi je monterai jusqu'au plafond du SAS.
-Mais le SAS fait 20 mètres de haut et 60 de largeur! Impossible de jiboliniser toute la tuyauterie. En plus le sol est lui-même encombré de tuyaux, il n'y a qu'un seul endroit où on peut poser l'échelle!
-Oui, vous avez raison capitaine. Mais je crois que j'ai une idée. Je monterai sur l'échelle de polialu et une fois en haut, vous allez dépressuriser le SAS. Ensuite, vous pourrez retirer l'échelle, je travaillerai en apesenteur"
Ce matin-là, Jolly Q. capitaine de l'Apollo 69, reçut sur son tableau de bord holographique un avertissement du système de maintenance. "SAS 112, usure de la tuyauterie B15. Danger. Repeindre avec urgence au Jibol-1"
Jolly Q, qui comme tous les véliens, était très doué pour les langages mais fort peu pour la technique, appela aussitôt Li Van Kiff, le plombier informaticien de l'équipage.
Li Van Kiff regarda attentivement le message et les plans de la nef, puis déclara:
"Oui, c'est urgent. Ces tuyaux sont en amiante H1N1, il y a donc risque de fuite radioactive et même passive. Il faut intervenir tout de suite. Appelez les frères Karamazov
-Tout notre équipage est en mission d'exploration sur la planète Bétabloquant, objecta Jolly Q. Nous ne sommes que deux dans la nef ce matin. Que pouvons-nous faire?
-Bon... Il y a un moyen, mais un peu dangereux. Nous allons prendre une échelle manuelle en polialu. Vous tiendrez l'échelle, et moi je monterai jusqu'au plafond du SAS.
-Mais le SAS fait 20 mètres de haut et 60 de largeur! Impossible de jiboliniser toute la tuyauterie. En plus le sol est lui-même encombré de tuyaux, il n'y a qu'un seul endroit où on peut poser l'échelle!
-Oui, vous avez raison capitaine. Mais je crois que j'ai une idée. Je monterai sur l'échelle de polialu et une fois en haut, vous allez dépressuriser le SAS. Ensuite, vous pourrez retirer l'échelle, je travaillerai en apesenteur"
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
Innommable
Où maintenant? Qu'en sais-je que dire encore. Tout cela n'est guère qu'une tentative fastidieuse de mettre en scène je. Mais par quel je? Non, je ne me leurre pas, je suis bien coupable. Coupable d'existence. Ou bien n'est-ce pas le cas? Tout consiste, comme dit le Fou, en trajectoires. Et non pas en mouvements. Car le mouvement impliquerait l'existence d'un temps. Et le temps, sinon le mouvement, ne serait pas souhaitable. Vous aurez compris que je blague. Mais peut-on blaguer hors du temps? Et si tout cela s'écoule lentement, sans accrocs. Je vois le Fou... Arrêtons là le cheminement de la pensée ou de ce qui en tient lieu. Je suis. Le nier serait m'affubler d'une énergie de par trop positive. Dans l'étonnante et souhaitable fixité de ma trajectoire, je vois le Fou. Commença-t-il par porter à moi ce sinistre qualificatif? Il eût fallu pour cela que nous sous rencontrassions. Or, de toute l'intemporalité que je poursuis à tendre fixement vers ma trajectoire, le Fou a toujours été le Fou, et toujours je l'ai vu. Evidemment, quand je dis toujours, je ne dis rien, je tente. Comme dit le Fou, bien qu'il n'y ait, ma foi, aucune diction, ni aucune audition, comme dit le Fou, tout est une question de trajectoire. Et la mienne est bien définie, bien qu'il n'y ait personne pour la définir et personne à qui partager cette définition. Soit. Mais je me rappelle encore de l'avant, avant cette disparition du temps, avant qu'il n'y ait plus d'avant. Il y a, il y avait l'échelle, le plafond, le pot. Voilà mon repère, cette trinité. Le plafond y est encore. Parfois, il est en direction de mes jambes. Ah, je ne vous ai pas encore parlé de mes jambes. En aurai-je le temps? En tout cas, en direction de mes jambes se trouve le plafond. Le pot, lui, est allé rejoindre le fou, dans sa fuite respectant la plus grande immuabilité. Avant qu'il n'y ait plus encore ce flou, le pot était lié à l'échelle par un décret pas très net, qui ne semble plus exister. Sans-doute, comme beaucoup de lois, avait-il fait son temps. Le Fou donc tend à s'éloigner de je, qui me rapproche du Fou. Tout cela ne semble pas teinté de quelque volonté. Il n'a pas compris le fou. La naissance de cette trajectoire. Ce n'est pas le maître, ici, le fou. A-t-il des jambes, lui? Je n'ai pas le temps de fonder cette hypothèse. Comme moi, il gît au milieu d'une trajectoire. A la différence qu'il est, lui et non moi, acteur de cette scène. Il était, en fait. Fut dit, sans doute, que le plafond serait pour moi Asile. Je serais bien en peine, pour ma part, à m'attribuer cette bribe sémantique. Pensé-je même? En tout cas, ceci doit être parlé. Et le fou, dans la mouvance qui précéda, ou suivit, je ne sais plus, cette fixité, interféra sur la trajectoire de l'échelle. Cette parabole de la situation d'alors n'a pas pour but de vous en faire saisir la singularité. Il faut juste. Mais le manche qui dût m'assurer la non-trajection dans ce temps mouvant me précipita par son inertie dans la trajectoire que je suis fixement. Et bien que cette situation m'exaspère dans la fraction d'instantané qui me lie éternellement à elle, je tombe. Et je vais continuer.
Cyanhydric- Nombre de messages : 34
Age : 37
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: Exercices de stylo
Vous délirez bien tous ! Excellent cette trame !
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exercices de stylo
Gravir l'arc en ciel
Saisir le soleil qui peint
La pluie toboggan
Saisir le soleil qui peint
La pluie toboggan
Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exercices de stylo
Labyrinthique
Dans l’un des versets apocryphes de son Sefer Hamitzvot, Abou Omrane Moussa ibn Maimoun ibn Abdallah al-Kourtoubi al-Yahoudi, plus connu du profane sous le nom de Maïmonide, livrait avec réticence cette maxime flirtant dangereusement avec l’hérésie : « La Création est l’œuvre d’un peintre fou auquel un autre fou aurait ôté l’escabeau sur lequel il se tenait. » Dans sa grande humilité, ou sa prudence, ce qui revient au même, il attribuait cet aphorisme à Rabbi Shimmon Bar Yochaï, dit la Lampe, auteur présumé du Zohar, ouvrage fondateur de la tradition kabbalistique. Il ajoutait non sans malice que ce dernier l’avait extrapolée d’un aphorisme d’Aristote, qui lui-même s’était inspiré d’une réfutation de la maïeutique de Socrate par Platon.
Quoi qu’il en soit, la problématique posée par cette citation a de quoi faire perdre la raison au plus impavide des exégètes. En effet, si l’on s’en tient à l’interprétation littérale de ces termes – en tenant compte naturellement des imprécisions dues à la traduction en français moderne de l’arabe préclassique de Maïmonide, sans doute transcrit directement de l’hébreu archaïque dans lequel il écrivait de coutume, on ne peut que constater que cette proposition ouvre tant de portes sur l’inconnu qu’on ne peut que la qualifier d’insondable. La Création, nous dit-on. Mais qu’est-ce que la Création ? Ce qui est ? Ce qui a été ? Ce qui doit être ? Ce qui n’a jamais été ? Et ainsi de suite. Un peintre fou ? Certes. Il faut l’être pour peindre. Surtout la Création. Mais quel peintre ? Et sur quoi peignait-il ? Avec quelles couleurs impensables ? Et quel pinceau ? Et d’où vient l’escabeau ?
Un autre fou l’enlève. Soit encore. Il ne faut pas l’être moins pour ôter l’escabeau du peintre de la Création. Mais qu’en fait-il ? Et quid du pinceau ? S’en empare-t-il ? Le jette-t-il, horrifié par l’impiété de son geste ? Et dans ce cas, qui le reprend ? Personne ? La fresque resterait donc en plan, ce qui signifierait que la Création s’arrêterait-là, blasphème impossible même à concevoir. Il faut donc admettre que le voleur d’escabeau, pris de remords après avoir perpétré son forfait, ait pris sur ses épaules le fardeau de sa victime et accepté humblement de gravir les échelons fatidiques pour continuer à étendre les couleurs de l’Insondable.
Mais alors qui le lui ôtera à son tour ? Ce sera moi. Ou toi, ou n’importe qui. Un fou vaut l’autre, un escabeau vaut tous les escabeaux du Monde et même d’ailleurs, seul compte le pinceau. Mais où est-il ?
Dans l’un des versets apocryphes de son Sefer Hamitzvot, Abou Omrane Moussa ibn Maimoun ibn Abdallah al-Kourtoubi al-Yahoudi, plus connu du profane sous le nom de Maïmonide, livrait avec réticence cette maxime flirtant dangereusement avec l’hérésie : « La Création est l’œuvre d’un peintre fou auquel un autre fou aurait ôté l’escabeau sur lequel il se tenait. » Dans sa grande humilité, ou sa prudence, ce qui revient au même, il attribuait cet aphorisme à Rabbi Shimmon Bar Yochaï, dit la Lampe, auteur présumé du Zohar, ouvrage fondateur de la tradition kabbalistique. Il ajoutait non sans malice que ce dernier l’avait extrapolée d’un aphorisme d’Aristote, qui lui-même s’était inspiré d’une réfutation de la maïeutique de Socrate par Platon.
Quoi qu’il en soit, la problématique posée par cette citation a de quoi faire perdre la raison au plus impavide des exégètes. En effet, si l’on s’en tient à l’interprétation littérale de ces termes – en tenant compte naturellement des imprécisions dues à la traduction en français moderne de l’arabe préclassique de Maïmonide, sans doute transcrit directement de l’hébreu archaïque dans lequel il écrivait de coutume, on ne peut que constater que cette proposition ouvre tant de portes sur l’inconnu qu’on ne peut que la qualifier d’insondable. La Création, nous dit-on. Mais qu’est-ce que la Création ? Ce qui est ? Ce qui a été ? Ce qui doit être ? Ce qui n’a jamais été ? Et ainsi de suite. Un peintre fou ? Certes. Il faut l’être pour peindre. Surtout la Création. Mais quel peintre ? Et sur quoi peignait-il ? Avec quelles couleurs impensables ? Et quel pinceau ? Et d’où vient l’escabeau ?
Un autre fou l’enlève. Soit encore. Il ne faut pas l’être moins pour ôter l’escabeau du peintre de la Création. Mais qu’en fait-il ? Et quid du pinceau ? S’en empare-t-il ? Le jette-t-il, horrifié par l’impiété de son geste ? Et dans ce cas, qui le reprend ? Personne ? La fresque resterait donc en plan, ce qui signifierait que la Création s’arrêterait-là, blasphème impossible même à concevoir. Il faut donc admettre que le voleur d’escabeau, pris de remords après avoir perpétré son forfait, ait pris sur ses épaules le fardeau de sa victime et accepté humblement de gravir les échelons fatidiques pour continuer à étendre les couleurs de l’Insondable.
Mais alors qui le lui ôtera à son tour ? Ce sera moi. Ou toi, ou n’importe qui. Un fou vaut l’autre, un escabeau vaut tous les escabeaux du Monde et même d’ailleurs, seul compte le pinceau. Mais où est-il ?
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Exercices de stylo
Corollaire
Un physicien cherche à modéliser l'univers. Un de ses confrères s'approche, et remarquant des équations s'exclame: "Tu te compliques la vie! Laisse tomber les mathématiques quand tu fais de la théorie, ça vaut mieux!"
Un physicien cherche à modéliser l'univers. Un de ses confrères s'approche, et remarquant des équations s'exclame: "Tu te compliques la vie! Laisse tomber les mathématiques quand tu fais de la théorie, ça vaut mieux!"
Vcresp- Nombre de messages : 26
Age : 35
Localisation : Marseille
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: Exercices de stylo
TSSsss ou un grand sommet de solitude
Un puceau assez sot et couvert de pustules prend son seau à son cou et se fait la courte échelle. Séance de peinturlute au crépuscule.
Il pense à Cécile posée là sous ses cils. Et son sperme la dessine sous ses cieux, sous le sceau du secret, sertie de pissenlits et de pistils pastels. Pisse-t-il, se demande la pucelle, suspendue à son geste en cygne de soupçon ? Passe-t-elle, se demande-t-il, entendant un silence sulfureux s’envoler à tire-d’elle ?
Lui subtilisant soudain mais avec subtilité l'assurance d'être seul, elle siffle, pinson "Tiens, ton zoziau "! Pincé, il se raccroche à son pinceau en peau plissée de puceau assez sot, et du septième ciel jusqu’au septième sous-sol, c'est cependant à l’échelle de sa solitude qu'il mesure son saut : spectaculaire.
Un puceau assez sot et couvert de pustules prend son seau à son cou et se fait la courte échelle. Séance de peinturlute au crépuscule.
Il pense à Cécile posée là sous ses cils. Et son sperme la dessine sous ses cieux, sous le sceau du secret, sertie de pissenlits et de pistils pastels. Pisse-t-il, se demande la pucelle, suspendue à son geste en cygne de soupçon ? Passe-t-elle, se demande-t-il, entendant un silence sulfureux s’envoler à tire-d’elle ?
Lui subtilisant soudain mais avec subtilité l'assurance d'être seul, elle siffle, pinson "Tiens, ton zoziau "! Pincé, il se raccroche à son pinceau en peau plissée de puceau assez sot, et du septième ciel jusqu’au septième sous-sol, c'est cependant à l’échelle de sa solitude qu'il mesure son saut : spectaculaire.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exercices de stylo
Gobu a écrit:Labyrinthique
Dans l’un des versets apocryphes de son Sefer Hamitzvot, Abou Omrane Moussa ibn Maimoun ibn Abdallah al-Kourtoubi al-Yahoudi, plus connu du profane sous le nom de Maïmonide
génial !!! En plus je suis content que quelqu'un, pour une fois nous ressucite Maïmonide. Moi qui ai pourtant travaillé deux ans à Cordoue, je vous assure qu'il est complètement tombé aux oubliettes, alors que c'est un des plus grands penseurs de l'histoire. Averroès par contre semble réhabilité à l'heure actuelle. Avec l'arrivée de nouveaux migrants venus du Maghreb en Andalousie, ça "fait très bien" de montrer qu'il y a, ou au moins qu'il y a eu, des arabes intelligents, cultivés et tolérants. Tout ça est très énervant en vérité...
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
[quote="vincent M.ça "fait très bien" de montrer qu'il y a, ou au moins qu'il y a eu, des arabes intelligents, cultivés et tolérants. [/quote]
Je trouve le sous-entendu vraiment très limite.
Les arabes qui connaissent Maïmonide et reconnaissent son génie, ça existe aussi, ne vous déplaise.
Je trouve le sous-entendu vraiment très limite.
Les arabes qui connaissent Maïmonide et reconnaissent son génie, ça existe aussi, ne vous déplaise.
Cyanhydric- Nombre de messages : 34
Age : 37
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: Exercices de stylo
Cyanhydric a écrit:[quote="vincent M.ça "fait très bien" de montrer qu'il y a, ou au moins qu'il y a eu, des arabes intelligents, cultivés et tolérants.
Je trouve le sous-entendu vraiment très limite.
Les arabes qui connaissent Maïmonide et reconnaissent son génie, ça existe aussi, ne vous déplaise.[/quote]
Oh non! pas de sous-entendu dans mon commentaire, vraiment loin de là. En plus la réalité andalouse est très éloignée des conceptions françaises sur ce thème. Je soulignais simplement qu'en Andalousie pendant très longtemps, tout le passé arabe était systématiquement jeté aux oubliettes. Aujourd'hui, heureusement, on le retrouve. Mon post ne faisait qu'évoquer, avec un peu d'ironie peut-être, le "politiquement correct" qui fait et défait les modes littéraires en fonction des intérêts du moment. Je ne parlais pas du tout de la manière dont Maïmonide est considéré dans le monde musulman, ça je ne le sais pas, mais dont l'Al Andalus est considéré en Andalousie atuellement. Enfin, tout ça demanderait à être développé, mais certainement pas ici
Je vous prie de croire que je n'ai vraiment pas, même latents, d'à priori anti-arabe ou anti-sémite. Vraiment pas !
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
Ravi de vous avoir mal compris (c'était à cause du "il y a eu") . C'est vrai que les fluctuations de ce genre montrent bien à quel point le choix des "pères fondateurs" relève perpétuellement de la reconstruction.
Cyanhydric- Nombre de messages : 34
Age : 37
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: Exercices de stylo
Ça m'apprendra aussi d'écrire à la va vite des messages sur des thèmes épineux (en relisant mon post, je me suis rendu compte de l'ambigüité du discours en effet)Cyanhydric a écrit:Ravi de vous avoir mal compris (c'était à cause du "il y a eu") . C'est vrai que les fluctuations de ce genre montrent bien à quel point le choix des "pères fondateurs" relève perpétuellement de la reconstruction.
Bon, pour rester sur les mêmes thèmes (théologie et fou qui repeint son plafond)
« Jacob quitta Beer-Sheva, et s'en alla vers Haran. Il arriva en ce lieu et y resta pour la nuit car le soleil s'était couché. Prenant une des pierres de l'endroit, il la mit sous sa tête et s'allongea pour dormir. Et il rêva qu'il y avait une échelle reposant sur la terre et dont l'autre extrémité atteignait le ciel ; et il aperçut les anges de Dieu qui la montaient et la descendaient! Et il vit Dieu qui se trouvait en haut [ou à ses côtés] et qui lui disait : "accroche toi au pinceau j'enlève l'échelle"
Ce fragment provient du Livre de la Genèse (28:11-19), aussi connu sous l'appellation « songe de Jacob », sauf la dernière phrase, apocryphe personnel pour les besoins de ce jeu d'écriture.
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
Bashunguesque.
Madame rêve d'apesenteur
Des heures des heures
De voltige
A plusieurs
Aux vertiges
De l'amour
Madame rêve
De cylindres si longs
Qu'ils sont les seuls
A la remplir de bonheur
Oui, osez osez Joséphine
Oui, osez osez Joséphine
Selon les points les pointillés
Osez osez Joséphine
Les vertiges de l'amour
Moi, j'cloue des clous sur les nuages
Sans échafaudages
Et me retrouve
A quat'pattes
A quat'pattes
Intact
Madame rêve d'apesenteur
Des heures des heures
De voltige
A plusieurs
Aux vertiges
De l'amour
Madame rêve
De cylindres si longs
Qu'ils sont les seuls
A la remplir de bonheur
Oui, osez osez Joséphine
Oui, osez osez Joséphine
Selon les points les pointillés
Osez osez Joséphine
Les vertiges de l'amour
Moi, j'cloue des clous sur les nuages
Sans échafaudages
Et me retrouve
A quat'pattes
A quat'pattes
Intact
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
Dialogue oriental
Histoire du calligraphe et de l'escabeau
- Aujourd’hui, je vais te raconter une histoire drôle
- Chic, Maître. J’aime beaucoup les histoires drôles.
- Tout le monde les aime. Il est fort plaisant de rire aux dépens des autres.
- C’est vrai, Maître. Je m’en repens d’avance. Puis-je rire désormais ?
- Il était une fois un sage qui calligraphiait quelque sutra au plafond de sa grotte, perché sur un escabeau. Un autre sage vint à passer et lui dit « Mets-toi en lévitation, j’ai besoin de l’escabeau » …Eh bien tu ne ris pas ?
- C’est que je la connaissais, Maître. Du temps où je régnais, mon bouffon l’avait racontée pour mon divertissement et celui de ma Cour. Mais il était question de fous, et non de sages.
- Pas bête, le bouffon ; il savait à qui il s’adressait !
Histoire du calligraphe et de l'escabeau
- Aujourd’hui, je vais te raconter une histoire drôle
- Chic, Maître. J’aime beaucoup les histoires drôles.
- Tout le monde les aime. Il est fort plaisant de rire aux dépens des autres.
- C’est vrai, Maître. Je m’en repens d’avance. Puis-je rire désormais ?
- Il était une fois un sage qui calligraphiait quelque sutra au plafond de sa grotte, perché sur un escabeau. Un autre sage vint à passer et lui dit « Mets-toi en lévitation, j’ai besoin de l’escabeau » …Eh bien tu ne ris pas ?
- C’est que je la connaissais, Maître. Du temps où je régnais, mon bouffon l’avait racontée pour mon divertissement et celui de ma Cour. Mais il était question de fous, et non de sages.
- Pas bête, le bouffon ; il savait à qui il s’adressait !
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Exercices de stylo
Reverso (véridique)
traduction automatique français -> japonais -> français
C'est un maniaque peignant son plafond de nouveau. Et un maniaque d'un autre 1 arrive et lui dire (elle); s'il vous plaît "s'accrochent à une brosse (entrez s'il vous plaît en collision) et j'enlève une échelle" (une échelle) "
traduction automatique français -> japonais -> français -> japonais -> français
Un fanatique (un enthousiaste) peint son plafond de nouveau. Et ((cela)) je "m'accroche à une brosse (entrez s'il vous plaît s'il vous plaît en collision) (entrez s'il vous plaît en collision) et enlevez un je pèse" (une échelle) pour dire (elle) à d'autres fanatiques (un enthousiaste) et lui que 1:1 pour pouvoir pour vous enchanter gère (elle) (l'échelle (l'échelle))) "
traduction automatique français -> japonais -> français
C'est un maniaque peignant son plafond de nouveau. Et un maniaque d'un autre 1 arrive et lui dire (elle); s'il vous plaît "s'accrochent à une brosse (entrez s'il vous plaît en collision) et j'enlève une échelle" (une échelle) "
traduction automatique français -> japonais -> français -> japonais -> français
Un fanatique (un enthousiaste) peint son plafond de nouveau. Et ((cela)) je "m'accroche à une brosse (entrez s'il vous plaît s'il vous plaît en collision) (entrez s'il vous plaît en collision) et enlevez un je pèse" (une échelle) pour dire (elle) à d'autres fanatiques (un enthousiaste) et lui que 1:1 pour pouvoir pour vous enchanter gère (elle) (l'échelle (l'échelle))) "
Invité- Invité
Re: Exercices de stylo
Par la moisissure installée sur mon plafond
Je pris la liberté de sortir mon pinceau
Un homme fanatique trop désireux d'action
Me prie de bien vouloir prêter mon échafaud
Défiant sans nul doute les lois de l'apesanteur
L'outil de mes malices fut mon unique sauveur
Je pris la liberté de sortir mon pinceau
Un homme fanatique trop désireux d'action
Me prie de bien vouloir prêter mon échafaud
Défiant sans nul doute les lois de l'apesanteur
L'outil de mes malices fut mon unique sauveur
Salomé Forest- Nombre de messages : 8
Age : 31
Localisation : 45
Date d'inscription : 23/05/2010
Re: Exercices de stylo
Pas vraiment en alexandrins mais excellent !
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
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