Je cri suis
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Annie
Procuste
Rêvelin
7 participants
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Je cri suis
Un amas de quelques poèmes mis bout à bout comme on reconstruit l'existence
Corps d’homme
Corps de voix mêlée
Cœur de l’abîme
On fait des amas
Tout silence au creux de ligne
On trace au milieu
De l’œil des noms
Tout silence et
Qui sont là comme on vit
Comme un visage en
Diagonal tout de mots
Tout silence et ça rit
Pas droit ça rit
Tout de travers au milieu
Comme un cri qui pousse
Au creux de ce cortège et
De corps et de
Voix mêlés
Dans la boue noire
tout œil
ouvert est un puits
comme on décapite
Ton œil
Dans mon doigt crevé
Bave au pied
Du mur la
Bouche est
Comme un trou
Plus loin que la vie
Le corps froid
Tombe encore on
Meurt de
Parler sans rien
Combler
La main
Dans la main
Traverse
Et je
Suis
Le corps au bout des doigts
c’est le mien
comme on pousse un cri
vers tu
n’y peux rien Je
cri suis
comme on
marche un Livre
animé
Corps d’homme
Corps de voix mêlée
Cœur de l’abîme
On fait des amas
Tout silence au creux de ligne
On trace au milieu
De l’œil des noms
Tout silence et
Qui sont là comme on vit
Comme un visage en
Diagonal tout de mots
Tout silence et ça rit
Pas droit ça rit
Tout de travers au milieu
Comme un cri qui pousse
Au creux de ce cortège et
De corps et de
Voix mêlés
Dans la boue noire
tout œil
ouvert est un puits
comme on décapite
Ton œil
Dans mon doigt crevé
Bave au pied
Du mur la
Bouche est
Comme un trou
Plus loin que la vie
Le corps froid
Tombe encore on
Meurt de
Parler sans rien
Combler
La main
Dans la main
Traverse
Et je
Suis
Le corps au bout des doigts
c’est le mien
comme on pousse un cri
vers tu
n’y peux rien Je
cri suis
comme on
marche un Livre
animé
Re: Je cri suis
J'aime beaucoup à partir de "Le corps froid", cette espèce de désarticulation du discours... avant, c'est trop sage pour moi, vu le sujet. Un bémol sur la majuscule à "Livre".
Procuste- Nombre de messages : 482
Age : 62
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – —
Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Je cri suis
M'a fait penser au proverbe : le main la plus secourable est au bout de ton bras.Le corps au bout des doigts
c’est le mien
Invité- Invité
Re: Je cri suis
Rêvelin, cette phrase est bouleversante !
Le corps froid
Tombe encore on
Meurt de
Parler sans rien
Combler
Invité- Invité
Re: Je cri suis
Exactement comme Procuste, mise à part la strophe précédente ("Ton œil Dans mon doigt crevé", etc) que j'adore également.
Ta maîtrise syntaxique m'impressionne, Rêvelin !
Ta maîtrise syntaxique m'impressionne, Rêvelin !
Invité- Invité
Re: Je cri suis
coline Dé a écrit:Rêvelin, cette phrase est bouleversante !Le corps froid
Tombe encore on
Meurt de
Parler sans rien
Combler
voilà bien mon problème: il a fallu qu'on me la mette en encadré pour que je vois enfin la beauté de ce texte. J'ai du mal avec cette disposition sur la feuille (enfin, là, sur l'écran). Du coup je rate ce genre de chose. Je suis passé deux fois, la deuxième fois j'ai trouvé ça très profond. La première, non, je suis passé à côté. Je suis un béotien, désolé
Invité- Invité
poésie :: Je cri suis
Désolée je ne marche pas.
La désarticulation du texte me paraît arbitraire: "je suis cri / je cri suis", expliquez moi ce qu'il (le texte) y gagne.
Cette façon de couper les vers après le pronom personnel:
"vers tu
n’y peux rien Je
cri suis
comme on
marche un Livre
animé "
me paraît trop mécanique.
Avec les réserves ci dessus, le passage
"On trace au milieu
De l’œil des noms
Tout silence et
Qui sont là comme on vit
Comme un visage en
Diagonal tout de mots"
me paraît le meilleur: un visage diagonal, belle image de la ligne de fuite.
La désarticulation du texte me paraît arbitraire: "je suis cri / je cri suis", expliquez moi ce qu'il (le texte) y gagne.
Cette façon de couper les vers après le pronom personnel:
"vers tu
n’y peux rien Je
cri suis
comme on
marche un Livre
animé "
me paraît trop mécanique.
Avec les réserves ci dessus, le passage
"On trace au milieu
De l’œil des noms
Tout silence et
Qui sont là comme on vit
Comme un visage en
Diagonal tout de mots"
me paraît le meilleur: un visage diagonal, belle image de la ligne de fuite.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Je cri suis
Je me permets de répondre, étant en haut, et parce que cela me semble intéressant.
Pour ce qui est du retour à la ligne, c'est que cela coupe le regard du lecteur, déjà, et il est obligé de revenir à la ligne
Mais ces coupures sont surtout pleine de sens : par exemple, "vers tu" pourrait créer une polysémie avec "vertu" ; le fait de couper après les pronoms personnels les mets en avant, on les remarque, normal ! on réfléchit sur une identité (qui en plus semble menacée) ; et puis, pour le cas de Je/cri suis, ça sert aussi à mettre des choses sur tel ou tel plan : cri et suis sont ensemble sur le même plan, c'est simultané, on pourrait presque traduire Je = cri et suis (polysémie de "suis" en plus). BREF, tout ça pour dire que cela crée, ou cela veut créer, du sens (et le rythme lui même est du sens).
Si je me suis permis de répondre ce n'était pas pour récuser ou me défendre de ces observations qui sont en plus très juste (en effet, quand j'écris je m'en rends bien compte, les pronoms personnels finissent un peu trop systématiquement mes phrases, mais ça a un sens quand même ^^) mais parce que je trouve intéressant les interprétations, la manière d'interpréter.
Pour moi tout doit faire sens dans un poème, volontairement ET involontairement
et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai autant de mal à commenter les autres, parce que ce que je reproche au texte (quand je sais qu'il s'agit d'un auteur sérieux !) fait obligatoirement sens dans le texte
peut-être un débat à creuser ...
Dans tous les cas, merci beaucoup pour vos commentaires, ça m'aide énormément : )
ps : et pour le "je cri suis" au lieu de "je suis cri", c'est justement que sinon ça serait trop construit, non simultané, il y aurait un verbe, complément, attribut, là il où il n'y a que trois mots sur le même plan
Pour ce qui est du retour à la ligne, c'est que cela coupe le regard du lecteur, déjà, et il est obligé de revenir à la ligne
Mais ces coupures sont surtout pleine de sens : par exemple, "vers tu" pourrait créer une polysémie avec "vertu" ; le fait de couper après les pronoms personnels les mets en avant, on les remarque, normal ! on réfléchit sur une identité (qui en plus semble menacée) ; et puis, pour le cas de Je/cri suis, ça sert aussi à mettre des choses sur tel ou tel plan : cri et suis sont ensemble sur le même plan, c'est simultané, on pourrait presque traduire Je = cri et suis (polysémie de "suis" en plus). BREF, tout ça pour dire que cela crée, ou cela veut créer, du sens (et le rythme lui même est du sens).
Si je me suis permis de répondre ce n'était pas pour récuser ou me défendre de ces observations qui sont en plus très juste (en effet, quand j'écris je m'en rends bien compte, les pronoms personnels finissent un peu trop systématiquement mes phrases, mais ça a un sens quand même ^^) mais parce que je trouve intéressant les interprétations, la manière d'interpréter.
Pour moi tout doit faire sens dans un poème, volontairement ET involontairement
et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai autant de mal à commenter les autres, parce que ce que je reproche au texte (quand je sais qu'il s'agit d'un auteur sérieux !) fait obligatoirement sens dans le texte
peut-être un débat à creuser ...
Dans tous les cas, merci beaucoup pour vos commentaires, ça m'aide énormément : )
ps : et pour le "je cri suis" au lieu de "je suis cri", c'est justement que sinon ça serait trop construit, non simultané, il y aurait un verbe, complément, attribut, là il où il n'y a que trois mots sur le même plan
Re: Je cri suis
Je crie "suie" !
Pardon, Rêvelin mais je ne parviens pas plus à sortir du sens de tes explications que de la déstructuration de ton texte et tu m'en vois profondément marrie !
Il y a au moins une chose avec laquelle je suis tout à fait d'accord :
Pour moi tout doit faire sens dans un poème, volontairement ET involontairement
Mais là, vraiment !
et pour le "je cri suis" au lieu de "je suis cri", c'est justement que sinon ça serait trop construit, non simultané, il y aurait un verbe, complément, attribut, là il où il n'y a que trois mots sur le même plan
Le chat mange la souris
La souris mange le chat
Mange le chat souris !
Sûr que ça dit autre chose !
Pardon, Rêvelin mais je ne parviens pas plus à sortir du sens de tes explications que de la déstructuration de ton texte et tu m'en vois profondément marrie !
Il y a au moins une chose avec laquelle je suis tout à fait d'accord :
Pour moi tout doit faire sens dans un poème, volontairement ET involontairement
Mais là, vraiment !
et pour le "je cri suis" au lieu de "je suis cri", c'est justement que sinon ça serait trop construit, non simultané, il y aurait un verbe, complément, attribut, là il où il n'y a que trois mots sur le même plan
Le chat mange la souris
La souris mange le chat
Mange le chat souris !
Sûr que ça dit autre chose !
Re: Je cri suis
Tes poèmes me font toujours penser à un pantin claudiquant, chantant la mécanique de ses pieds lourds, un pas, l'autre. C'est quand même assez réussi... même si il y a un côté systématique ennuyeux (pour le texte, pas pour le lecteur) à ne pas négliger, à mon avis.
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 35
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Je cri suis
Rêvelin a écrit:
Le corps au bout des doigts
c’est le mien
comme on pousse un cri
vers tu
n’y peux rien Je
cri suis
comme on
marche un Livre
animé
je cris suis comme
je me crève l'oeil et
la vie prise dans la
malangue des chiens :
éclaboussés de vivre
hors de soi pousse le
tu jusque dans le il ;
la bouche résonne du
corps et ses froissements
de taules et de sens puisque
beau poème, rêvelin. Content de te retrouver ici. Attention quand même à la première strophe
Re: Je cri suis
Le premier fragment me plaît moins que les autres, même si je le trouve de bonne facture. Le reste me séduit davantage, car c'est épuré, suggestif et suggéré, sobre aussi et j'aime ça.
Des textes qui se lisent ensemble, tel un collier de perles disparates formant malgré tout quelque chose qui tient la route; ils vivent également bien par eux-mêmes. Tout en faisant ressortir la cohérence de l'ensemble, sans doute due à un procédé qui se répète (sans pour autant que ça soit dérangeant).
Des textes qui se lisent ensemble, tel un collier de perles disparates formant malgré tout quelque chose qui tient la route; ils vivent également bien par eux-mêmes. Tout en faisant ressortir la cohérence de l'ensemble, sans doute due à un procédé qui se répète (sans pour autant que ça soit dérangeant).
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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