Ils sont trop forts, trop...

...

Je suis souvent en panique. Surtout les fois où je réalise combien les complots envers moi, tout autour, se resserrent .
Là où je suis le plus choqué c’est quand je vois des personnes m’ayant volé mon portable , ayant changé la sonnerie , sans doute le fond d’écran , rigolant avec mes contacts , se jouant de moi … j’en suis à chaque fois pétrifié.
Le prodige c’est qu’a chaque fois que cette personne range dans ses poches le dit portable , je fouille aussitôt dans le fond de mon sac et , comme par magie , il est déjà là …ils sont trop forts , trop organisés pour moi …
C’est comme toutes ses fois où je croise des individus m’ayant volé mes affaires, un polo de chez Z… , un tee-shirt de chez C….., un pantalon de la R…… , des chaussures de chez les T….S…… Là je les toise avec l’air satisfait de celui qui les a découvert , mais toujours ils semblent ahuris . Ma femme à fond aussi dans cette machination me dit l’air de rien : « t’as vu , il a le même que toi ? » ( mais bien sur que je le sais ,pardi, c’est le mien …) .
Le prodige encore c’est qu’une fois que je peux enfin me précipiter vers mes affaires je constate qu’ils ont remis tout à leur place , au poil près …ils sont trop forts , trop…
Que dire des fois où ils me déplacent ma voiture sur les grands parkings . Ils ont même profité du peu de temps qu’ils ont eu pour changer ma serrure , changer l’autoradio , rajouter là un siège auto , là un paquet de bonbons , d’autres choses encore … Là j’accours alarmé vers ma femme , qui l’air de rien me dit « mais non , rappelle toi , nous l’avons laissé près du grand arbre , à coté de la pompe à essence » .
Le prodige c’est qu’une fois sorti, je la retrouve en effet près du grand arbre et avec , comment ont-ils faits ? sa serrure d’origine, le siège bébé débarrassé et tout en ordre … ils sont trop forts …

Ce jour viendra, celui où tout autour de moi sera remplacé une après l’autre chaque personne que j’aime, par l’identique, un double, un clone, un reflet, que sais-je ?

Et moi en dernier, je serais seul à me déplacer dans un monde n’existant plus , ou pas .

J’en suis certain …

S’appliquant sur mes ficèles, attendant ce jour…

Ils doivent bien rire de moi…

là -haut …

...

Je l'ai lu tard dans la nuit celui-ci, l'idée est intéressante, surtout que ces esprits là semblent plutôt bienveillants. Ont-ils des " travailleurs " en réserve pour nous remplacer ?

L'idée est marrante ( je me suis parfaitement reconnue, Pouss, et n'essaie pas de faire croire que ce n'est pas de moi qu'il est question !)
je trouve en revanche que tu pourrais un peu améliorer la forme: si la répétition " ils sont trop forts" ne me dérange pas, le prodige répété me parait de trop. Je sais bien que j'ai tendance à me répéter, mais ce n'est vraiment pas la peine d'insister là dessus, je trouve ça insultant ! Mais bien entendu, tu vas prétendre que ce texte n'est pas écrit dans l'intention de me nuire, tu es trop fort !
Quoi je trolle ? Quoi je trolle ? Mais c'est lui qui.... Vichy, carottes ce midi !

trop fort ! je m'apprêtais à commenter ton texte quand...pfuittt, disparue

Maman, j'ai peur.

L'idée est sympa ! Je trouve que l'écriture aurait pu être plus travaillée mais j'ai passé un agréable moment !

On retrouve là un thème cher à Philip K. Dick, l'altération de la réalité dont seul le héros se serait rendu compte. L'idée d'un faux père, d'un décor truqué, de la disparition de l'identité comme dans son roman "Coulez mes larmes dit le policier", au cours duquel le héros n'est plus reconnu par personne, alors qu'il était célèbre la veille.
Dick, considéré comme le pape de la contre-culture et grand consommateur de drogues dures ( alors qu'en fait, il n'en a pris qu'une seule fois et l'a amèrement regretté ), était en fait un parano de première. Il interrogeait constamment le statut de la réalité, la mettait en doute, de façon encore plus radicale que tous les Platon et Aristote réunis. Certains romans ne sont que des réalités gigognes qui se substituent les unes aux autres, comme des poupées Russes.
Ici, on rejoint ce thème d'une mise en scène autour du héros, pas forcément malveillante. Je ne sais plus dans quel roman, mais chez Dick il y a comme ça une histoire, le personnage principal vit dans une petite ville des années 50 en Amérique, et gagne toutes les semaines au grand jeu, il s'agit de décoder des énigmes chiffrées. Il est adulé et riche. En réalité, il découvre je ne sais plus comment que cette ville n'est qu'un trompe l'œil habité par des comédiens, qu'en réalité, son travail consiste à décrypter des communications ennemies, que la terre est en guerre contre je ne sais plus quelle entité malveillante. Il est indispensable à cet effort de guerre et on a créé cette petite ville pour servir de prétexte, de cadre rassurant, à son travail de décryptage.
Chez Serge Brussolo on retrouve également cette idée de décor peint, qui en général se fissure rapidement et tourne au cauchemar. Le thème non seulement de la paranoïa, mais de la folie en général, de l'isolement de l'individu, coincé dans sa propre perception faussée du monde qui l'entoure.
Comme dirait Roger Bozzetto : "Personne ne m'aime parce que je suis paranoïaque"...

Des paradoxes à explorer, donc.

Ubik.

Idée qui mériterait d'être déclinée autrement mais je me demande si ce qui coince n'est pas le fait que tu transcrives par écrit un truc auquel tu penses "oralement". Ça ne se tient pas assez par écrit, les répétitions sont très nombreuses et trop visibles, quelque chose coince alors que pourtant, tous les éléments de travail sont là. A jouer plutôt qu'à lire, non ?

Je trouve qu'un si bon thème a l'air un peu bâclé. Je suis d'accord avec Sakhti, qui voit très juste généralement : ça s'entend plus que ça ne se lit ; et honnêtement, et sans flagornerie, avec un soupçon d'ambiguïté et de jeu sur les sens en sus, on n'est pas très loin de Devos, ce qui n'est pas rien.
A te lire.

J'ai bien aimé, c'est bien rendu, on est plutôt vite plongé dans le texte. Sauf que j'ai pas compris s'il s'agissait d'une personne paranoïaque, s'il s'agissait de dire que tout le monde se ressemble, ou, qu'il faut ici mettre en évidence l'ambiguïté traduisible à sa façon du texte, un peu comme un poème d'où l'on peut tirer la morale que l'on croit contenue dans celui-ci. (Je vulgarise pour ce qui est de la paranoïa etc..) Et j'aime aussi les répétitions dénoncées par Sahkti celles-ci donnent un vrai rythme très agréable et originale, à mon sens. Ceci dit il faut avouer que la plupart du temps Sahkti a un jugement posé et juste sur les textes ( et c'est pas du cirage de pompes..=)) Ok je m'en vais ..^^

J'ai vraiment bien rigolé pouss, on se retrouve dans cette parano du quotidien !
Cela dit, je pense que la forme pourrait vraiment être retravaillée, ce ne sont pas forcément les répétitions qui me dérangent, mais plus la formulation des phrases un peu bancale. Je pense qu'il doit y avoir moyen de concilier style oral, et qui tout de même coule et passe bien aussi à l'écrit.

Mais c'est drôle! ça me rappelle un peu "la moustache" de Carrière (bien que très différent!)

d'accord avec l'avis général, une théorie du complot peut-être un peu bâclée par rapport à l'intérêt qu'elle dégage... Mais je suis entièrement d'accord avec toi!! Que penser alors de ces gens qui parlent de manière indéchiffrable, on appelle ça des langues étrangères, moi je suis plutôt convaincu qu'ils parlent tous français, qu'ils font juste semblant devant moi...Mais pourquoi?

Welcome to the Truman show!!!

Un texte sympa, mais je rejoins un peu le questionnement de "Le Greico". C'est à dire que je n'ai pas très bien compris la finalité du texte. Le narrateur est parano ? Les choses sont tellement banales qu'elles semblent toutes identiques ?

Intéressant.
Je rejoins Sahkti et Silène dans leur perception du texte.
En ce qui me concerne, toutefois, mais peut-être suis-je trop obnubilé par la réalité industrielle de notre époque et ses modes de producion en série, mais j'ai plus senti un trouble identitaire chez le narrateur :
En résumé ce dernier est entouré d'objets faits en série sur lesquels il projette pourtant sa propre singularité.
Évidement ça coince et la paranoïa explose.
J'ai bien aimé ce texte...