Il pleut des souvenirs et des visages d'enfants

J’ai bcp aimé le dernier quatrain :


« Cette scène languit par de fins cheveux blancs,
Qui tombent lentement sur nos visages morts,
Qui étions-nous hier, quel était notre sort ?
Il pleut des souvenirs, des visages d’enfants… »


qui pour moi à relevé le poème (ma lecture)


L’ensemble est pour moi en dessous et surtout surfait par endroits et des propositions qui m’ont tenu à l’écart ; par ex :

« Dans les branches d’un chêne aveuglé de ruisseaux »

Le texte est inégal.

Un peu inégal, certes, mais tout de même pas mal !
J'aime cette eau qui avale des centaines de ronds, l'image est belle.
Je n'aime pas les épaves livides qui font du chmaltz "poète maudit" XIX e
J'adorerais le dernier quatrain si le premier vers ne me semblait de construction bancale

« Cette scène languit par de fins cheveux blancs,

On peut languir par ?
Et j'ai toujours un problème avec "fin" que ce soient les doigts, les lèvres, les cheveux, je trouve cet adjectif mièvre !
Mais les trois derniers vers sont superbes !

Bancal non (parfait 6/6) en revanche la remarque sur langui par est juste.

« Cette scène languit en de fins cheveux blancs, " me semblerait convenir à cette exigence d'une bonne (ou moins mauvaise) préposition.

Sinon le texte est d'une sacrée belle tenue pour 17 ans et malgré quelques passages plus faibles ("livides" effectivement...).

Je reviendrai tout à l'heure, il est trop tard pour que j'écrive un commentaire de qualité.
Je tenais en tout cas à saluer la maîtrise qui se dégage de ces vers, du moins dans leur structure : il est rare de lire de vrais alexandrins, avec césure à l'hémistiche bien nette, sans fautes d'élisions. Je déplore en revanche la présence de chevilles, qui affaiblissent le propos ("et le temps qui courait", "et l'eau qui pataugeait", "et puis l'eau avalait"). Je note aussi quelques répétitions dommageables ("l'eau", trois occurrences, le "vert", deux fois, ce qui est dommage car le vert marécage, j'aime beaucoup...).
La structure des rimes me paraît réfléchie et judicieuse : rimes suivies dans le premier quatrain, embrassées dans le second, croisées dans le troisième et on recommence à partir du début pour les deux derniers : rimes suivies puis embrassées. Manque peut-être un dernier quatrain pour que l'harmonie du schéma soit pleinement respectée.
Pardonnez-moi pour ce commentaire trop technicien. Je dois dire que j'ai aimé le mélange des registres dans le poème, le choc de ses contrastes, en témoigne, entre autres, la préciosité délicate du premier vers face au vers 3. J'ai le sentiment que les strophes intermédiaires pataugent un peu, en déclinant plusieurs fois la même idée en la reformulant. Dans l'ensemble je retiens quand même de beaux vers : "Et le temps qui courait comme un fou après l’heure...", "Nos corps seront-ils verts avant de trépasser ? / Les secondes sombraient, nous pleurions en silence", "Qui étions-nous hier, quel était notre sort ? / Il pleut des souvenirs, des visages d’enfants…" et le premier quatrain, impec' pour moi.

De belles choses- et d'autres moins.
Par exemple:
Vides/ livides, dès l'entame, m'a un peu coupé les ailes;
éclabousser dans un emploi absolu de peu de pertinence.
Languir par ? souligné déjà par Coline.
Etc.

xenobi, tôt le matin il nous arrive peut-être d'avaler les textes comme le café : trop vite. En effet ce n'est pas vides mais rides. Ce qui gêne un peu n'est pas cette rime en ides (nous sommes en Mars) mais l'image convenue "épaves livides", ColinDé ayant précisément souligné que cela faisait cliché poète maudit du XIXè ce qui me paraît très juste.
...Sinon pourriez-vous donner des exemples des "belles choses" que vous avez vues dans ce texte, cela serait sympa pour l'auteur et utile pour les lecteurs. Merci.

Marvejols a écrit: xenobi, tôt le matin il nous arrive peut-être d'avaler les textes comme le café : trop vite. En effet ce n'est pas vides mais rides. Ce qui gêne un peu n'est pas cette rime en ides (nous sommes en Mars) mais l'image convenue "épaves livides", ColinDé ayant précisément souligné que cela faisait cliché poète maudit du XIXè ce qui me paraît très juste.
...Sinon pourriez-vous donner des exemples des "belles choses" que vous avez vues dans ce texte, cela serait sympa pour l'auteur et utile pour les lecteurs. Merci.

Tartegêole, j'ai effectivement écrit vides pour rides, mais cette rime convenue, décevant l'attente, m'a bel et bien gêné. (Curieux comme vous confondez souvent ce qui gêne une lecture et ce qui gêne la lecture... C'est un sujet de "billevesées", je crois, comme pourrait l'être votre éventuelle réponse à "offrir l'oreille"...).
Par ailleurs, je ne bois pas de café et me lève peut-être quand vous, vous vous couchez. Enfin, l'auteur est assez grand, je le crois, pour questionner s'il le souhaite et vous-même semblez mépriser grandement et mes textes et mes gloses.

Elle coule bien cette eau qui avale des centaines de ronds.
C'est beau
Beaucoup de belles images.

L'analyse d'Alex me paraît très bien résumer ce que je ressens à la lecture de ce poème. Je ne reviendrai pas non plus sur quelques expressions "poète maudit" qu'a déjà soulignées Coline mais je tiens à souligner la maitrise du vers et les jolies trouvailles relevées plus haut qui me semblent de très bonne augure sous une aussi jeune plume.
Bienvenue !

J’ai été assez surprise de constater que les images les plus simples étaient celles que vous appréciez. Ca m’apprendra à vouloir chercher l’originalité par des images forcées ^^ J’essaierais de retenir ça à l’avenir
Languit par, c’est inexcusable…
Merci pour ton analyse détaillée alex, j’avais remarqué les répétitions mais bon difficile de trouver un synonyme simple sans être cliché de l’eau. Et puis j’ai voulu surtout dans ce poème retranscrire une unique scène et une atmosphère, donc naturellement il n y a aucune réelle évolution, au contraire tout est figé. J’admets donc que mes strophes peuvent sembler retranscrire la même idée sous différentes formes. Sinon effectivement si zenobi pouvait détailler son commentaire, pas forcément en m’indiquant ce qu’il trouve bon, je lui en serais reconnaissante.
Bien, je vous remercie pour vos commentaires !

Le début est impeccable, rythmique et images. Viennent ensuite ces rides/livides que j’ai déjà commenté.
Ensuite, il me semble que mélangeai(en)t a pour double sujet et le temps et l’eau, non ? Je ne saisis pas l’intérêt des points de suspension après l’heure.
Je trouve assez malvenu le dernier vers de la deuxième strophe : gris triste n’est guère plaisant à l’oreille.
Éclabousser, déjà commenté, éclabousser, donc, dans un emploi absolu me paraît peu pertinent.
Vous abusez peut-être aussi des Et introductifs. Je les apprécie pour le temps et l’eau, mais trouve que celui de la troisième strophe sent fort la cheville.
Tels d’immobiles troncs ne me convaincs pas non plus.
« semblaient » ? Semblait, me semble-t-il.

Il y a donc encore en France des adolescents capables d'écrire de beaux vers avec les mots qu'il faut, orthographiés convenablement et disposés musicalement . Quelle heureuse découverte pour le vieillard que je suis . Merci jeunesse !

la dernière strophe, je me suis surpris à la décliner à voix haute
c'est de la tragédie Grecque

Bravo, ca me donnerai presque le goût de respecter la versification

ce n'est pas de la poésie que ce final: c'est de la force noire

Merci pour vos commentaires, ça me fait plaisir.
"Mélangeait" a pour sujet, l'eau uniquement, donc pas de fautes d'orthographe. Mais peut-être que la construction du vers précedent n'est pas très correcte.
Semblaient, oui c'est une faute. On m'a déjà fait la remarque pour les points de suspension, je les ai supprimés. J'essaierai de modifier le vers du gris triste dans ce cas.

Excusez-moi de remonter mon topic, je ne commenterais plus à l'avenir. =)

Joliment dit, et émouvant. Oui, la vieillesse aussi, quel bel âge !