Exo : Vitriol

On ne hait bien que ceux que l’on a trop aimés.
Que reste-t-il de nous ?
L’oreiller défraîchi
L’odeur d’un lys fanant dans un peu d’eau croupie
Un souvenir usé
L’étreinte qui berçait, inutile, nos ombres
Ta bouche grimaçante jurant que tu m’aimais
Un stylet d’obsidienne

Et ce vers qui me vient,
Qui m’obsède et me hante
Le début que j'oublie
Et :
« Ma lèvre à ta gorge bleuie »

Tout y est, l'élégance désabusée, le rythme, la connivence demandée au lecteur.
Une perle.

Désabusé est le mot que je cherchais lorsque je l'ai lu tout à l'heure, d'une amertume joliment enveloppée.

Je suis béate d'admiration... "le stylet d'obsidienne"... non je ne veux rien choisir, tout est parfait, une perle comme l'écrit Zenobi, un bijou parfait.
Bravo Coline !

ah oui tellement élégant !

Un joli flash sur nos souvenirs et nos amours en deshérence...

ça nous parle ...

.... une perle !

J'ai aimé ces souvenirs usés...

Ah oui ! coline, tu n'as de cesse de me surprendre... Ce poème a un charme fou, tant dans son rythme, maîtrisé (ça devient rare !) que dans son désenchantement maussade.
Je ne suis pas sûr de saisir l'utilité du "et" de l'avant-dernier vers, en revanche.

Des strophes liées au chœur par une abside : "obsidiennne" "qui m'obsède". A mon avis la plus belle réussite de tous les exos, bravo Coline

Splendide. Rien à redire sur ce poème où tout me parait parfait et où les vers s'enchaînent limpidement. Et puis l'idée d'insérer comme ça la contrainte du "Ma lèvre à ta gorge bleuie", c'est génial.

alex a écrit:Je ne suis pas sûr de saisir l'utilité du "et" de l'avant-dernier vers, en revanche.

C'est parce que le "Ma lèvre a ta gorge bleuie" est la deuxième partie du vers non? Du coup il y a le début qui a sombré dans l'oubli et, après, cette deuxième partie du vers... Du coup le "et" explicite le fait que cette phrase arrive en deuxième position. C'est du moins comme ça que je le comprends...

Oui, c'est logique. Je ne l'avais pas interprété comme ça au début. Pardon.