La jeunesse prend les armes

Jeunesse malheureuse, désillusionnée. Jeunesse sans but. Errant comme un fantôme au beau milieu des rues de la cité qui faisaient jadis la fierté de leurs aïeuls, la jeunesse est perdue et ne sait plus trop quoi faire de sa vie qu’elle maudit. Plus aucune politique ne semble lui correspondre, pas même cette vie de chien ne semble lui ressembler et lui convenir. Que faire lorsque tout autour de nous se ternit, en devient même hostile ? Que faire pour survivre à toute cette déchéance que nous ne contrôlons en aucun cas ? La jeunesse a trouvé la solution : fuir. Fuir le plus loin possible de toute cette merde qui ne cesse de nous éclabousser quoique nous fassions. Lully fait partie de ces fantômes, de ces jeunes qui cherchent par tous les moyens à fuir ce monde qu’elle rejette avec fierté et obstination.

Lully avait essayé la politique. Peut-être y avait-il un homme politique – voire une femme – qui parviendrait à mettre par écrit – ou par oral – ses idéaux, ses idées, ses convictions, ses rêves. Elle n’a toutefois jamais trouvé cette personne et a rapidement laissé tomber ce monde pourri jusqu’à la moelle, à ses yeux, qui ne cesse de nous mentir et de nous faire des bras d’honneur alors que nous allons comme des idiots au bureau de vote croyant faire quelque chose contre ça. Que voulez-vous qu’on fasse ? Une fois derrière les rideaux de l’isoloir, la moitié des militants hésitent, se posent des questions, doutent : ont-il réellement raison ? Ne devraient-ils pas changer d’avis ? Ne devraient-ils pas agir de manière différente ? Les questions se bousculent dans leur esprit, à tel point qu’ils en arrivent parfois à se trahir, à changer d’avis et à ressortir comme si tout s’était passé pour le mieux. Foutue hypocrisie. Ignominie qu’elle aimerait volontiers détruire de ses propres mains mais Lully a depuis fort longtemps laissé son idéalisme derrière elle.

Après la politique, elle avait pensé aux études. Diplômée, surdiplômée, elle parviendrait à gravir les échelons à tel point qu’elle aurait un poste lui permettant de toucher ce monde qu’elle aurait aimé voir différent. Mais, les études l’ont déçu … bien plus rapidement que la politique d’ailleurs. Jeunesse dorée voulant suivre le chemin des parents prodiges, les enfants n’avaient aucun recul et Lully s’est bien rendue compte que ce monde n’était pas le sien. Que pourrait-elle faire avec de tels collègues ? En soirée, elle s’était permise de discuter, de partager, de construire ensemble … en vain. Ils n’avaient même pas conscience de la réalité qui les entourait et vivaient encore dans un monde coloré que leur avaient crée de toute pièce leurs sympathiques géniteurs. Tout laisser tomber, baisser les bras, les études n’étaient donc pas non plus son truc.

Comment faire pour changer les choses ? Apparemment, aucune solution ne lui venait à l’esprit et c’est cette bouteille de tequila qui la regardait depuis quelques heures qui la convainc de rejoindre ses rangs. Si elle ne pouvait pas changer les choses, elle pouvait essayer de les oublier, de faire comme si tout allait pour le mieux. C’est pour cette raison que la plupart des jeunes se ruent dans les soirées alcoolisées où ils refont le monde, où ils discutent de tout avec une désinvolture surprenante. Invincibles, à l’extérieur de ce monde qu’ils ne veulent pas rejoindre, ils se permettent tout … absolument tout. Lully pose ses lèvres sur le goulot de la bouteille pour en boire une longue gorgée. L’alcool lui brûle délicatement la gorge et lui procure une grimace effrayante avant qu’elle ne sourit, sentant que les effets de ce breuvage vont bientôt faire leur office. Soulagement. Elle se pose alors sur le fauteuil, son trône, s’allume un cône qu’elle tend finalement à sa meilleure amie qui se trouve à ses côtés … Comment pouvoir leur reprocher de fuir cette réalité qui leur rappelle chaque jour que Dieu fait que leur vie est un enchainement d’ennuis, de merdes et qu’ils ne peuvent rien contre ça. Comment leur reprocher ? Blottie dans les bras de son pair masculin, elle se contente de sentir son parfum comme s’il s’agissait d’une drogue lui permettant de voyager, elle ferme les yeux et se laisse porter. Invincible, elle ne l’est qu’en la présence de ses pairs qui viennent justement de lui resservir un verre avec cet éternel sourire innocent et pourtant si mature …

Je suis perplexe. Il y a tel rassemblement de clichés que leur nombre réussi à créer quelque chose d'unique en son genre.

Je n'aime pas, en tout cas. Mais ton pseudo est rigolo.

Pourquoi ne pas donner vraiment vie à ce personnage, Lully, la mettre en scène, la faire évoluer au quotidien, exprimer à traverse elle doutes, frustrations et tentatives de la jeunesse à comprendre le pourquoi du comment. Raconter une histoire quoi, plutôt que cet alignement peu convaincant de lieux communs.

Easter : Ce personnage prend vie au fur et à mesure de différentes nouvelles. En réalité, elle prend place au sein d'un recueil de nouvelles (d'histoires courtes si vous préférez que je n'emploie pas le terme nouvelle). Ces lieux communs sont ceux que nous bafouons, auxquels nous ne prêtons guère attention car nous les jugeons fades et inutiles. Mon intention est justement de les pointer du doigt. Je caractérise les textes Lully-esques comme des cris d'adolescent(s) en crise car à mes yeux, ce sont ces personnes qui sont parfois le plus proche de la vraie vie et non de la vie aseptisée.
Si tu veux la voir dans d'autres aventures, je peux te filer un lien vers un site où je les recueille. Le but est de constituer un recueil dont je suis certaine le principal public sera jeune, voire adolescent.

Louis! : Pas de problème que tu n'aimes pas. Je comprends qu'on ne puisse pas aimer tout ce que les autres écrivent. Merci pour le "rassemblement de clichés", c'est exactement ce que cherche avec ce personnage : la placer dans une série de clichés de la vie quotidienne que certains auteurs grossissent et aseptisent. Lully, elle, elle est juste en plein dedans ... une nana banale en fin de compte.

Aïe, ça commence mal ! On se croirait au café du commerce...
Le plus gros reproche qu'on puisse faire à ce texte, c'est qu'il n'est pas vivant. Il fait prêchi-prêcha (et qu'ils viennent de vieux ou de jeunes, les prêchi-prêchas sont rarement passionnants.)
Ça donne à fond dans tous les clichés ; si tu dis que c'est à voir dans un ensemble, je veux bien... Mais n'oublie pas que si le lecteur n'est pas accroché dès le début, il va zapper : des trucs bien à lire, il y en a des tas, on n'a même pas le temps de lire tout ce qui est sympa, alors je doute que ce début lui donne envie de continuer jusqu'à ... je ne sais pas quand c'est censé devenir intéressant.
Quelques fautes, par ailleurs, mais ce n'est probablement pas ce qui t'importe le plus pour le moment.
Désolée de te donner un avis aussi raide, mais je suppose que tu cherches une critique honnête.

Faut-il voir de l'ironie dans le titre ?
Car enfin, boire et fumer pour fuir l'ennui de la vie, c'est ce que tu appelles "prendre les armes" ?

Ce n'est qu'un DEBUT embellie, nous continuerons le combat.

Il y a un texte de révolte vraie et vivante d'Albert Libertad qui se nomme, la greve des vivants. Je ne peux que t'en conseiller la lecture, pour éviter de refaire ce catechisme adolescent. Ta révolte est usée, on l'a tous déja vue passer et echouer>

Je loue l'idée de ton texte. Mais selon moi si on écrit sur la révolte, il faut littéralement tuer; se servir de la plume comme un sabre ou comme une bombe. En plus, il faut une cible précise et identifiable. Ton texte est trop vague et pas assez extrémiste, c'est pourquoi il tombe à plat.

Coline Dé : C’était un peu violent comme remarque mais j’accepte. Je cherche en effet une critique honnête … bien que le recueil dans lequel se trouve ce texte a déjà été critiqué plusieurs fois. Je ne sais pas vraiment si je cherchais à le rendre vivant, à faire en sorte que tout le monde ait envie de se révolter. Je cherchais justement l’inverse, que ce soit plat et que le rythme soit justement un non-rythme : quelque chose de lent. Après peut-être que beaucoup jugent que le non-rythme n’est pas passionnant, pas excitant, pas intéressant mais c’est ce que je cherchais à faire par ce texte.

Embellie : Oui. De l’ironie et peut-être une pointe de désillusion.

Boudi : le but n’était pas de pousser à la révolte, justement le but était de baisser les bras, de laisser couler. Je vais lire le texte que tu me conseilles par curiosité. Je t’en donnerais des nouvelles

Merci pour toutes ces remarques. Je pense que beaucoup de mes textes sont comme ça, du moins ceux qui prennent place dans le recueil car il s'agit de peindre un instant, une minute de la vie d'une personne (une sorte d'anti-héroïne). Je vous ferais partager d'autres textes que ce recueil car je me dis qu'aucun ne va vous plaire ;P

C'est vrai que c'est un peu cliché. Dommage. J'aime bien quand un jeune veut prendre les armes ; j'aime bien quand il se casse la gueule aussi. Mais le tout manque de finesse, et soit d'humour (désabusé, si tu voulais aller dans le non-style à la Houellebecq) soit de force. Pis le tout n'est pas très entraînant. Je suis sûre que tu peux faire mieux, tu maîtrises assez bien la plume (même si parfois tu veux trop en faire).

Je ne comprends pas pourquoi tu dis que je veux "trop en faire". Je ne supporte justement pas les écritures qui font des ronds de jambe mais préfère l'écriture de Virginie Despentes par exemple. Là, il faut me montrer exactement où pour que je change ça ... c'est pas du tout ce que je veux écrire !

Alors moi le titre m'a attiré tout de suite... bah oui je suis encore un adolescent révolté qui aime tout texte révolutionnaire. Prendre les armes m'a branché direct, refaire un mai 68 de nos jours, pourquoi pas...

J'aime bien cette phrase: Fuir le plus loin possible de toute cette merde qui ne cesse de nous éclabousser quoique nous fassions. Y a du Bukowski dans l'air.
Critique de la politique, de la carrière, etc. C'est très cool ça mais...

C’est pour cette raison que la plupart des jeunes se ruent dans les soirées alcoolisées où ils refont le monde, où ils discutent de tout avec une désinvolture surprenante.
Comme s'il n'y avait que la politique et les études, ça me gêne un peu. Ensuite les jeunes ne vont pas dans les soirées alcoolisées pour refaire le monde (en tout cas de nos jours), mais bien pour se bourrer la gueule, et juste pour se bourrer la gueule. Ce que tu décris peut-être que quelques jeunes intellos peuvent s'y apparenter.
Ensuite, le titre...

En fait tu fais l'inverse de ta démarche je pense. Tu aimerais critiquer beaucoup de choses, en fait tu critiques plutôt une jeunesse fainéante et alcoolique, sans boussole pour s'orienter, un cliché qui n'est vrai que pour une minorité de jeunes. Ou alors le but est là: critiquer ce cliché?

Tu en fais trop dans les "putain", "foutus", "merde" etc... T'en fais trop dans l'exercice du langage dur. Il faut savoir doser la vulgarité, ou bien avoir la rudesse dans les tripes. Virginie Despente, si tu veux parler d'elle, me gonfle justement parce qu' à mon sens elle utilise mal la vulgarité, le langage parlé. Bukowski le faisait très bien. Quant à toi on a du mal à croire en cette révolte, du moins au niveau du style. Ca reste très sage (très scolaire) tout en voulant être choc, voix libre etc

Et puis ta description de la bouteille qui fait de l'oeil n'est pas très crédible... Tout le passage sur les jeunes qui se saoulent n'est pas crédible. Ca n'a pas d'âme, pas de corps.

Mais ce n'est pas un texte qui doit pousser à la révolte du genre " allez, tout le monde debout, nous sommes capables de tout changer ". C'est un soupir de désarroi, celui de jeunes - et je ne généralise pas à toute la jeunesse du XXIème siècle - qui ont laissé tomber pas mal de choses pour se créer leur monde : un monde fait de psychotropes, d'alcool, de drogues parfois et surtout d'un je-m'en-foutisme exacerbant.

A mes yeux, V.D est une auteure moderne qui parvient à provoquer, choquer la littérature avec une plume divine. Mais j'ai conscience que la littérature - à mes yeux, Virginie en écrit - est souvent sujette à la subjectivité, aux goûts et senisbilités de chacun. Pour moi, Virginie D. peint le monde tel qu'elle le vit, tel qu'elle le voit. Et c'est ce que je fais à une plus petite - beaucoup plus petite - échelle en peignant quelques instants (à peine trente secondes) de ce qu'il peut y avoir autour de nous.

Je ne suis pas quelqu'un qui se vexe facilement ni de franchement entêtée mais je trouve assez violent votre manière de juger un écrit. Je ne cesse de répéter que ce n'est pas vivant ni rythme (ma volonté), que ce n'est pas un appel à la révolte (ma volonté) et que les clichés ne me font pas peur. Je veux juste écrire des instants de la vie réelle et arrêter de parler de fleurs qui poussent dans un champ, d'amoureux transis qui se regardent dix plombes pour se dire je t'aime. Si les clichés sont devenus le quotidien de beaucoup, je n'en suis pas responsable mais cela m'intrigue et j'aime les pointer du doigt.

Voilà pour ma "justification" de cet écrit. J'en publierais d'autres par la suite.