Arrêtez la terre de tourner, je veux descendre !

À force de penser en rond, je m'étouffe avec un cri de noyau noir. C'est un cri spécial, un énorme j'en ai assez qui tente de se vomir. J'en ai marre d'être trop passionnée, de déguster mes émotions au ralenti et de n'avoir même plus la force d'apprécier les cendres de ma personnalité déshydratée. Je garde donc mes lèvres fermées et mon cœur scellé par un nœud papillon.



Comme une aveugle, je trace les lettres de la faim d'une présence. Moi, si gourmande, j'ai perdu le plaisir de l'instant. J'en remets toute la faute aux rêves et à l'imagination qui sont à mon avis, beaucoup trop voraces d'idées et qui ne réussissent plus à combler mon estomac du présent. Ils ne peuvent s'empêcher de me contrôler, de tout savoir sans agir et de me projeter sur des rivages inconnus où les iguanes se prélassent au soleil pendant que les heures tournent à l'envers.


J'ai peine à me tolérer dans mes habitudes quotidiennes. À force d'aimer les autres, je ne sais plus m'accepter et dans ce cercle vicieux, je me sens devenir intolérante et j'ai le vertige des hauteurs. Est-il possible de changer radicalement sa vie jusqu'à effacer ses propres traces? Le renouvellement est-il un mythe? Des fois, je pose ces questions au persil, au céleri et à la tomate en brassant ma vinaigrette et je me fais rire. Il est toujours risible de faire face à la réalité...enfin je pense...

j'ai bien aimé. Ceci en particulier: "Comme une aveugle, je trace les lettres de la faim d'une présence".

C'est sympathique, je n'ai pas trop aimé ce passage par contre :

J'en ai marre d'être trop passionnée, de déguster mes émotions au ralenti et de n'avoir même plus la force d'apprécier les cendres de ma personnalité déshydratée.

Surtout la fin du passage en fait, je ne sais pas trop pourquoi, je trouve ça lourd.

"J'ai peine à me tolérer dans mes habitudes quotidiennes". Et dans la monotonie du quotidien, j'ai envie d'ajouter.
Ce texte me parle énormément. Au Diable les habitudes... et pourtant ! Je tourne, je tourne avec toi gaeli.

Je veux bien brasser cette vinaigrette avec toi... nous pourrions échanger des recettes de vie.

Je reviens sur ce texte, avec cette désillusion si bien exprimée, qui me touche beaucoup.
Est-il possible de changer radicalement sa vie, je ne crois pas. Le renouvellement est un mythe et si on rit en réalisant cette réalité on rit jaune et on continue de tourner, malgré tout, comme la Terre... qu'on ne peut arrêter.
Le titre, terrible, peut paraître excessif. Pourtant, chacun sait que ce désenchantement poussé à l'excès peut conduire au suicide.
Pas gai tout ça de bon matin. Bonne journée.

Ma première réaction a été de penser "je n'aime pas !". Je ne dirai pas cependant que c'est mauvais, c'est juste que ce texte réunit deux choses que je n'aime pas du tout : la transmission d'une impression par sa description et le côté très introspectif de la recherche effrénée du moi... qui est somme toute le cas de beaucoup de texte mais ici ça ne se cache pas.

M'enfin je réalise que mon commentaire ne t'apporte rien tu sais très bien les choix que tu as fait^^...

Dans son style donc je pense que c'est réussi, joli et bien imagé. La phrase qu'Intemporelle a cité m'a aussi beaucoup gênée.

Bonne suite !

Etrangement, j'ai trouvé à la fois de la lourdeur et de la justesse à ce texte - tout comme les autres lecteurs avant moi, il me semble. J'aime et je n'aime pas; je n'aime pas certaines expressions attendues ou un peu lourdes, c'est-à-dire qui complexifient le réel plutôt que de le dévoiler; j'aime le côté "introspectif assumé", les trois décalages de mots dans la structure globale.
C'est rare, mais même si je reste réservé, je ne vois pas comment améliorer le texte - et c'est sans doute un signe d'achèvement; un bravo donc, même si j'aurais voulu plus de légèreté ;-)

Au plaisir!

Merci Drayanao, Intemporelle, Embellie, Croisic, Lifewithwords, L'effarouchée.
Vos commentaires sont très appréciés...