J'ai renoncé à descendre chercher le pain

Les distances se butent aux murs sales. Ici, l'horizon n'existe pas.
L'espoir non plus. Il a depuis longtemps enjambé les balcons. Et les types le suivent...
Voilà que naissent les ombres filantes, tombant sur quelques bouts de ciel perdus dans quelques flaques.
Juste un ramassis de reflets furtifs, bougeant la poussière, sur des fenêtres a jamais closes.
Ce matin encore, un homme à sauté.
Un appartement se libère.

Toute l'après-midi, les gosses ont joué à traîner un moteur. Il ne manquait plus qu'un chien à trois pattes,
et je serais descendu prendre une photo.
une photo en noir et blanc; pour faire « quart-monde ».

Il y a deux jours, j'ai renoncé à descendre chercher le pain; l'ascenceur pue la pisse.
C'est peut-être pour ça que les gens se jettent par dessus les rembardes...
De toute façon, l'escalier est une torture, il n'y a plus de rampe et plus d'humanité.
C'est ici que les gamins déchirent leurs cahiers et que les semelles glissent sur des seringues.

« J'ai fait un rêve ».
moi aussi, mais c'était il y a longtemps...

Le soir vint, comme tous les soirs, frottant les couleurs de son large chiffon sale. Et je refusais toujours d'écrire de la poésie.
Je crois d'ailleur qu'elle était morte, hier, dans le dernier coup de poing d'un homme saoul.
La cloison hurle encore. Les yeux se ferment. Le béton est une peau contre-nature.

J’aime l’idée de départ et je partage tout à fait ton horreur de la « vie en cité ». Nous ne sommes vraiment pas faits pour vivre dans des boites !
Je crois que tu peux encore perfectionner ce texte, en l’état encore entaché de quelques maladresses d’écriture…
J’approuve néanmoins tes choix et –même tel quel-, il m’a déjà interessé…

Oui, beaucoup de force, un constat âpre et sobre ! Un bon texte à mon avis.

J'adore :
"Les distances se butent aux murs sales."
"Le soir vint, comme tous les soirs, frottant les couleurs de son large chiffon sale."

Quelques remarques :
"un homme a (et non "à" ; mettez la phrase au pluriel : "des hommes ont sauté" ; le "a" correspond donc au verbe "avoir") sauté."
"l'ascenseur pue la pisse.
C'est peut-être pour ça que les gens se jettent par dessus les rambardes..."
"Je crois d'ailleurs qu'elle était morte"

hé hé...j'ai été plus rapide que vous Socque...
Cela dit, ce n'est pas pour cette déclaration touchante d'infantilisme que je post...
J'avais utililé une police de taille supérieure pour faire ressortir certaines de vos fautes d'otho mais apparemet cela n'a pas marché...défaillance logicielle...je tenais tout de même à m'en excuser (il n'y a pas de mauvais outils...)
Pourtant quand je m'en sers pour faire l'andouille ça marche à chaque fois

à bientôt !
Socque a raison, et j'avais oublié de vous en faire part...
quand j'ai dit que le texte "m'interesait", je n'ai même pas dit pourquoi !
Oui, Socque a raison : parce qu'il a de la force...

Des phrases coup de poing ("un appartement se libère" !!!!!!) mais pas de misérabilisme. Et de la poésie, quoi qu'en dise le narrateur.
J'aime beaucoup tes trop rares incursions Milo.

Et des humains qui se parlent, et des musicos, et des gens qui luttent, par le sport, la danse, le théatre, la peinture, il n'y en a pas dans ta téci? Mais c'est normal, la tienne c'est tous des crevards....

silene82 a écrit:Et des humains qui se parlent, et des musicos, et des gens qui luttent, par le sport, la danse, le théatre, la peinture, il n'y en a pas dans ta téci? Mais c'est normal, la tienne c'est tous des crevards....

Sacré Silène... aussi doux et réservé que l'original...
Pourquoi n'irais-tu pas tel Socrate dans les cités ?

Boc, je te remercie pour ta lecture ( et tes corrections orthographiques !… désolé d’avoir gaspillé de ton temps pour des choses comme ça. Mais aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été un âne… )

Merci socque, c’est gentil.
Du coup je me suis aperçu de la répétition du mot « sale ». en fait je crois que je voulais trop le dire…

Mister Island (oui, là c’est un très mauvais jeu de mot…), ça me fait plaisir que tu aies relevé cette phrase, j’étais content de moi quand je l’ai écrite… (il m’en faut peu pour être heureux )
Quoi qu’il en soit, venant de ta part, le compliment est flatteur.

Silene82, euh… ce texte n’a aucunes prétentions journalistiques. Ca n’est pas un reportage, ni même un état des lieux, c’est juste une histoire lancée en l’air, une histoire parmi tant d’autres.… racontée, ici, par un type sans doutes un peu trop dépressif, je te l’accorde…

En tous cas, merci à vous de m’avoir donné vos impressions.

Amicalement.

j'aime bien l'ambiance, les images fortes de ton texte....

C'est un début choc, très prenant, qui prend aux tripes. Un texte très fort, des phrases qui laissent bouche bée par leur cruauté (un appartement se libère). Un style particulier, un peu angoisant, mais qui a le mérite de plonger le lecteur directement dans l'atmosphère de cette cité ...

En bref, j'ai hâte de lire la suite ^^

Ce texte évoque une chanson du groupe Castafiore Bazooka et puis aussi certains qui ont sauté par la fenêtre et ne sont pas remontés.

Je crains de ne pas être très preneur.


Je trouve le tout presque caricatural. Désincarné quoi. Et sans doute trop court pour ressentir un réel intérêt à lire une somme de lieux-dits télévisés.

Alors, certes, reste un constat dérangeant de la réalité tel qu'on la présage, et qui est sans doute relativement proche de ce que l'on attend, mais mon expérience me laisse voir un cliché que beaucoup essaient de combattre.

Cela me fait penser à la remarque très juste de JeanJean à propos de ma réponse au "couloir de la mort" : intrinsèquement, le texte me parait bon. Mais personnellement, je crois qu'il rate sa cible... en quelques sortes :-)

Malheureusement, les "lieux-dits télévisés" sont bien réels, et ce texte est criant de vérité. Description dure et froide, mais juste. Excellent et sobre.
Aux deux-tiers vient une timide réminiscence des espérances de Martin Luther King : "J'ai fait un rêve..." Et le "moi aussi mais il y a longtemps" résume assez : "Toi au moins as-tu obtenu l'abolition de l'apartheid aux states, mais pour nous, à quand un changement ?"
J'ai apprécié, Milo. Merci.

milo a écrit:Mister Island (oui, là c’est un très mauvais jeu de mot…), ça me fait plaisir que tu aies relevé cette phrase, j’étais content de moi quand je l’ai écrite… (il m’en faut peu pour être heureux )
Quoi qu’il en soit, venant de ta part, le compliment est flatteur.

Measter Island alors ! Qui se revendique féminine quand même !

Ce contraste entre le contenu, triste, presque sordide, et l'écriture poétique est réussi à mes yeux. Non pas que ça allège la gravité du propos mais ça aide à la fluidifier, à lui permettre de pénétrer davantage dans la tête du lecteur, parce qu'on trouve ça beau et rapidement, cette beauté frappe car elle aborde quelque chose qui l'est beaucoup moins.

J'ai tout aimé, surtout ceci:
« J'ai fait un rêve ».
moi aussi, mais c'était il y a longtemps...
emblème de cette résignation qui teinte le texte sans pour autant sombrer dans le misérabilisme.

Réussi à mes yeux, agréable et fort !

Tu as décidément de ces formules qui font mouche…
« L'espoir non plus. Il a depuis longtemps enjambé les balcons. »
« Le béton est une peau contre-nature. »

… et des rapprochements qui tuent :
« Ce matin encore, un homme à sauté.
Un appartement se libère. »

Le titre en revanche me laisse un peu sceptique, je ne l’ai pas trouvé très attirant, mais ça reflète bien ce que tu décris de ce lieu, finalement : pas très attirant (c’est le moins qu’on puisse dire.)

Tu es arrivé à écrire sur le cynisme social avec une réelle force : bravo !

« Ce matin encore, un homme à sauté.
Un appartement se libère. »

C'est très fort tout ça et je ne partage pas l'avis de ??? je sais plus son nom ( zut alors ! ) celui qui trouve que c'est du cliché journalistique .
Bien au contraire ; c'est du condensé d'alertes : super vraiment .