Numéro 11

As-tu déjà pensé à Dieu après avoir honteusement débandé?
Tu sais, quand tu fixes le plafond en ressassant ta défaite ; quand tu t'allumes une cigarette et que tu lui en proposes une et qu'elle te dit non, je n'ai pas joui. Eh bien moi aussi. Et c'est là que ton personnage part en lambeaux. Tu lui promets d'y arriver la prochaine fois. Ou bien tu t'obstines à te taire ; tu boudes ; tu penses à Dieu qui t'a laissé tomber ; tu fais comme cet enfant qui voudrait être un homme, et qui se jette pourtant sur le premier toboggan venu. Et le pire tu vois, c'est que la plupart du temps elle trouve ça simplement touchant.
Elle a posé sa tête sur ton torse.
Elle trace des dessins sur ta peau.
Elle écoute les battements de ton cœur, si lointains, si profondément ancrés dans la terre.
Pierre.
Je me fous pas mal de ces histoires de débandade.
Range ta fierté et recommençons.
Tu es tellement con quand tu es beau.
Allez.
Embrasse-moi derrière l'oreille.
Pose tes mains sur mon dos, promène-toi, descends jusqu'à mes fesses.
Je m'offre à toi comme un sourire.
Je veux t'accueillir en moi, te sentir en moi, vivant, je veux te prendre dans mes bras et te guérir un peu, je veux que tu arrêtes de te torturer, que tu me vois telle que je suis, je ne suis pas le fantôme de ton premier amour, je ne te juge pas, je t'aime tel que tu es.
Alors oublie toutes ces conneries.
Oublie Dieu.
Oublie ta mère.
Et baise-moi.

poétiquement parlant je comprends pas tout

J'aime ton impudeur Yoni Wolf, tu n'hésites jamais à puiser au fond de toi pour balancer tes émotions les plus intimes. Je suis bien incapable d'en faire autant, ou alors je prends soin d'enrober mes sentiments sous le vernis de la prose. Se mettre à nu comme tu le fais n'est pas donné à tout le monde.
Ce n'est pas la technique le plus frappant dans tes textes mais avant tout ta sincérité. Tu écris avec tes tripes sans tricher, sans faux-semblant, ce qui rend ton oeuvre assez touchante.

Bien d'accord avec Jano.

Bonjour
Baudelaire, Rimbaud, Hugo et quelques autres vont sûrement débander s'ils passent par là! lol
D'autres prendront leurs jambes à leur cou, ( Non pas pour une partie de jambes en l'air) faute d'avoir pas pu prendre leur pied (oups...syllabes).
Votre écriture a le mérite de la fraicheur, mais je rejoins plutôt l'avis de Frédéric quant à sa teneur poétique.

Amicalement

Philippe

J'aime bien
Je le mettrais dans Prose, plutôt, ou dans "Autre"
J'aime le passage du Tu, au Elle, au Je
la douceur mélancolique, et tout l'implicite derrière la crudité des mots (on dit crudité ?), et aussi :"je ne suis pas le fantôme de ton premier amour"

Merci à vous. Alors comme d'habitude, la grande question: est-ce de la poésie?
Je pense que oui. Je pense que c'est UNE forme de poésie.
Maintenant, effectivement, certains peuvent ne pas se sentir concernés du tout, ce que je comprends.
Mais c'est ma poésie à moi.
Encore merci !

Un texte qui m'a beaucoup émue parce que vraiment, là, c'est du vécu pour moi. Premier poème qui traite (explicitement) de ce sujet, écrit, en plus, par un garçon, moi je dis : respect. Comme diraient certains : on s'en fout de ce que c'est, poésie ou autre, pourvu que ça touche au coeur, que ça sonne vrai ! Ça parle humain, ça parle de nous. C'est ce que j'attends de la littérature, quelque soit sa forme.

c'est vrai, prose ou poésie au fond on s'en fout : prose poétique, voilà.
C'est drôle parce que là, les lecteurs rechignent et les lectrices aiment !

Merci à toi, Loreena, car c'est bien la première fois qu'on me fait un commentaire du genre. Je suis content de savoir que ce poème parle aux femmes, je veux dire: qu'elles s'y retrouvent.
parce que, vu mon écriture et mon ton, c'est pas forcément gagné !

J'ai apprécié ton texte, beau et généreux.

Je ne vois pas ce texte en poésie mais en prose...une prose intimiste sur un sujet donné. Moi j'aime bien l'authenticité chez un auteur et le fait de démystifier certains tabous me ravit.
Je suis contente quand un texte m'amène à une réflexion.

Ne me remercie pas Yoni ! Bien sûr que ça me parle, tu as retranscrit quelque chose de vraiment vrai, tant du côté du garçon que de la fille qui, dans ce texte ci est vraiment présente, en parole, en acte, pas seulement comme un personnage flou à côté du mec. Après, tu as une façon a toi d'exprimer les choses, mais au fond, ça traduit une émotion que bcp on ressentit et des gestes que bcp on fait (du coté garçon comme du côté fille).

J'ai toujours apprécié vos textes Yoni Wolf. Il en va de même pour celui-ci.

Ne change rien à ton écriture ni à ton ton (heu non pas tonton...). j'ai tellement aimé "variations sur un même thème", alors prose ou poésie, je m'en fiche un peu.

Le sujet a le mérite d'être abordé.
Le style a la puissance d'un uppercut suivi d'une douleur qui se diffuse.

N. B : J'aurais plutôt vu ce texte dans prose

Yoni Wolf a écrit:Merci à vous. Alors comme d'habitude, la grande question: est-ce de la poésie?
Je pense que oui. Je pense que c'est UNE forme de poésie.
Maintenant, effectivement, certains peuvent ne pas se sentir concernés du tout, ce que je comprends.
Mais c'est ma poésie à moi.
Encore merci !

Dans le pire des cas, si ce n'est pas une poésie, est-ce grave ?
Les mots sont là,
les émotions aussi,
le message est clair.

Ceci dit, j'ai trouvé les phrases courtes plus poignantes/saisissantes, comme si on allait directement à ce qui touche vraiment.

"Elle a posé sa tête sur ton torse.
Elle trace des dessins sur ta peau.
Elle écoute les battements de ton cœur, si lointains, si profondément ancrés dans la terre.
Pierre.
Je me fous pas mal de ces histoires de débandade.
Range ta fierté et recommençons.
Tu es tellement con quand tu es beau.
Allez.
Embrasse-moi derrière l'oreille.
Pose tes mains sur mon dos, promène-toi, descends jusqu'à mes fesses.
Je m'offre à toi comme un sourire."

A bientôt, Ji.

Encore une fois: merci.
Message à la modération: vous pouvez l'appeler "Numéro 11", ou encore "le onzième poème". Je ne vois pas d'autres titres.

Content de retrouver ta poésie Yoni, je l'aime.
Même si sur ce texte précis je trouve aussi que c'est vraiment le contenu qui est intéressant et non la forme. Cela n'enlève rien.

Cela m'a fait penser à un texte d'Auster dans L'Invention de la solitude dans lequel le narrateur pense à la monade de Leibniz en éjaculant dans la bouche d'une femme

Rêvelin :')
Dans les textes j'aime les images ; le propos ne m'intéresse pas trop sauf quand l'image est là pour rendre l'idée intelligible. Mais c'était sympa : il y a quelque chose de "bien fait".
"Elle écoute les battements de ton cœur, si lointains, si profondément ancrés dans la terre." ça c'est cool

La poésie, c'est pas ce qui dort dans un joli recueil, c'est ce qui vit...

C'est comme une blessure fraîche qu'on embrasse pour la (pas) guérir, et c'est ton écriture, et j'aime ça.

Yoni, Yoni, décidemment, je te retrouve. Tu avais raison, c'est très bien.
J'aime ces non-dits que l'on a sur le bout du cœur.
C'est osé, en effet, d'écrire sur le sujet.
On balaye cela d'un haussement d'épaule, d'une cigarette allumée dans la nuit qui se pose, d'un verre d'eau, d'une tête calée sur un torse humide, on balaye cela pour ne pas en parler.
Et toi tu l'écris, le décris, le pardonne, j'aime le bruit de tes mots.
Oui, j'aime cette poésie en prose qui me file un regain de tendresse.

Je crains - hélas - qu'il y ait maldonne : il s'agit d'un autre Yoni (Wolf). (Ce qui n'empêchera personne d'aimer son poème)

tout dans la pudeur, la simplicité, la dérision tendre

Quelle manie étrange de mettre les autres dans des tiroirs avec des étiquettes : poésie - prose - riens du tout - petits trucs - rigolo, etc...

Moije - comme l'écrit certain - te dit bravo d'aborder ce sujet avec autant de sincérité et d'intelligence.
Et oui, tu fais partie de mes "chouchous" donc je ne suis pas objective... mais, moije m'en fous !

Et bien Yoni, je l’aime ta poésie, parce qu’elle est ancrée dans le quotidien des hommes, qu’elle apporte un regard personnel, qu’elle est bourrée d’émotions et surtout qu’elle sonne vrai. Rien de forcé dans ce texte, ça coule naturellement et c’est bon.

Cimer, z'êtes ben sympa, n'est-ce pas?

J'ai comme une érection, est-ce Dieu ou ton texte ? Qu'importe, les deux sont divins.