FRAGMENTS : Le fil de vos textes courts

Pourquoi faut-il que nos élans soient ridicules ?
J'ai dit, à genoux,
Amour, osé Nous.
Elle a ri de bon cœur devant mes renoncules.

J'ai dit, à genoux,
Partons ensemble, aimée, ma frêle libellule !
Elle a ri de bon cœur devant mes renoncules,
Ma branche de houx.

Partons ensemble, aimée ? Ma frêle libellule !
— Remets-toi debout !
Ma branche de houx
Ne l'a pas incitée à changer ses calculs.

— Remets-toi debout !
S'est-elle écriée, gaie : Enfin, tu affabules !
Ne l'a pas incitée à changer ses calculs
Un sentiment fou...

S'est-elle, écriée, gaie, Enfin, tu affabules ?
L'amour entre nous,
Un sentiment fou ?
Pourquoi faut-il que nos élans soient ridicules ?

Contraintes parfaitement respectées. Un brin d'humour et de gaîté, un chouïa de tendresse, une pointe de mélancolie ... Rafraîchissant !

Entends que je t'aime à jamais
D'un amour parfait,
Abracadabrant,
De noble chevalier errant.

Tu es si lointaine,
Belle comme les vertes plaines
Que je parcours au grand galop
Après les salauds !

En poursuivant ces malandrins
Enfants de putains,
Je pense à toi, douce,
Tendre, adorable jeune pousse.

La nuit, les étoiles
Scintillent dans la nuit sans voile.
Leur œil clignotant me perturbe
Quand je me masturbe.

Les montagnes nous considèrent,
Immenses de sérénité.
Leurs rocs gris ou couleur de thé
Planent sur nos têtes légères.

Malgré l'apparence sévère
De ces portraits d'éternité,
L'abrupte, brutale bonté
Transparaît lorsque dans l'air clair

Leur front se révèle. Nuages,
Vous êtes les rides volages
Qui rendent flous des traits grandioses,

Proclament que les monts vieillissent,
Étonnamment. Qu'ils dépérissent,
Meurent aussi, comme les roses.

Sahkti a écrit:

manisa06 a écrit:tu peux me tutoyer !!

figure-toi que j'avais inclus PH dans ma reponse mais ai posté avant de me souvenir qu'il en savait autant, voire plus que moi, sur le sujet!
Donc, oui, à toi :-)

Sans doute pas, non, le désamour m'a éloigné, depuis belle lurette, de la philosophie.
Mais Aurore fut pour moi un grand moment de bonheur.

Sinon, mon chien, un boxer, je l'ai appelé "Nitch"...
- "et mon chagrin, je l'appelle chien."(citation guillemetteuse mais approximative)

vieato fumare
e péricolo sporgersi:

Cyprès

loic a écrit:vieato fumare
e péricolo sporgersi:

Cyprès

Toscane !

(è pericolo)

vietato ?

è pericoloso ?

Tristan a écrit:è pericoloso ?

esatto ! ;-)

Le baiser de la lampe
Tient la nuit entrouverte
Et la musique vêt
De laines cristallines
Le temps qui s’alanguit
Comme une fille offerte,
Une fille s’offrant,
Fugace et clandestine,
Un doigt d’éternité
Sous la lampe opaline.

si escusate: è péricoloso

banquetes en skaî
compartiments en formica
odeurs des wagons fumeurs

loic a écrit:si escusate: è péricoloso

scusate ;-)

Arielle a écrit:Le baiser de la lampe
Tient la nuit entrouverte
Et la musique vêt
De laines cristallines
Le temps qui s’alanguit
Comme une fille offerte,
Une fille s’offrant,
Fugace et clandestine,
Un doigt d’éternité
Sous la lampe opaline.

joli et suggestif !

Arielle a écrit:Contraintes parfaitement respectées.

Quelles contraintes?

Sahkti a écrit:

Arielle a écrit:Contraintes parfaitement respectées.

Quelles contraintes?

Celles du pantoum : quatrains à rimes croisées dont le deuxième et le quatrième vers deviennent respectivement le premier et le troisième du quatrain suivant; le premier vers du poème entier étant répété comme dernier vers(M. Aquiem)

Ha ok! Merci de l'explication, Arielle :-)

Arielle a écrit:

Sahkti a écrit:

Arielle a écrit:Contraintes parfaitement respectées.

Quelles contraintes?

Celles du pantoum : quatrains à rimes croisées dont le deuxième et le quatrième vers deviennent respectivement le premier et le troisième du quatrain suivant; le premier vers du poème entier étant répété comme dernier vers(M. Aquiem)

Ah, ben alors ce n'est pas respecté puisque les rimes sont embrassées (d'une manière générale, je n'utilise pas les rimes croisées)...

Arielle a écrit:Et la musique vêt
De laines cristallines

oh la la que c'est bellement trouvé !

Honnête, Socque remarque :

Ah, ben alors ce n'est pas respecté puisque les rimes sont embrassées (d'une manière générale, je n'utilise pas les rimes croisées)...

Il existe ce qu'on appelle des "pantoums négligés" (jolie formule!) mais je ne crois pas que cela concerne l'alternance des vers. Vous avez cependant un prédécesseur, et non des moindres : Baudelaire dans "Harmonie du soir" utilise, lui aussi, les rimes embrassées.

Oui, j'adore ce poème Harmonie du soir. On parle d'un "faux pantoum" pour lui, déjà parce qu'il s'agit d'alexandrins et non d'octosyllabes.

Ben en voilà un autre, j'ai une envie de rimer en ce moment.

J'entends chuchoter dans le noir
Un grand mystère épouvantable,
À peine ouï. Des sons de sable
Glissant vers le fond. C'est le soir.

Un grand mystère épouvantable
Accompagne mon désespoir
Glissant vers le fond. C'est le soir
Sinistre. Désolante fable.

Accompagne mon désespoir
De ton déhanché remarquable,
Sinistre, désolante fable !
Je geins toujours sur mes déboires.

De ton déhanché remarquable
J'ai tant soif. J'aimerais te boire !
Je geins toujours sur mes déboires,
Empoisonné de toi, ma diable.

J'ai tant soif, j'aimerais te boire...
Je me sens mou, comme du sable
Empoisonné de toi. Ma diable,
J'entends chuchoter dans le noir.

Wahou ... Je parlais de vampires sur un autre fil et c'est là qu'il sévissait! Bravo Socque, c'est un air qui vous va bien (celui du pantoum, évidemment!) Rimez, rimez, ne nous en privez pas!

Socque a la rime élégante!

le pantoum (vrai ou faux) est la forme de poésie qui pour moi est là plus touchante et la plus aboutie

et ici c'est la cas, il m'évoque la régularité d'un diesel lent qui équipe ces vieux cargos, rassurant sur la mer calme en route vers l'Afrique ..

Deltas

C'est la que s'évapore le fleuve
Dans d'indolentes planéités
C'est là que les amants s'abreuvent
Le doux le sel cristallisés

Dans d'indolentes planéités
Mangés d'arroyos amphibiens
C'est là qu'aux minutes brisées
Le jusant et le flot sont miens

Mangés d'arroyos amphibiens
Dans le chant ténu des moustiques
Encore à mille lieues des matins
Le soleil pour la nuit abdique

Dans le chant ténu des moustiques
Les enfants glissent dans l'onde jaune
Tant qu'au loin les voiles auriques
Hilares… démolissent la métrique..

J'aime beaucoup ce poème "indolent", doux, expressif, et regrette que vous ayez choisi de finir sur une pirouette pour escamoter la métrique... Je trouve sincèrement que l'idée et le texte lui-même méritaient mieux.

Il va falloir que je me penche sur cette forme car cela m'a l'air intéressant à faire (mais pas simple!)

loic a écrit:Mangés d'arroyos amphibiens
Dans le chant ténu des moustiques
Encore à mille lieues des matins
Le soleil pour la nuit abdique

J'aime beaucoup ce passage

la pirouette n'en n'est pas une....c'est mon côté iconoclaste^^

Petite question sans importance, simple intérêt : a-t-on le droit (je parle comme les enfants...) de changer la ponctuation d'un vers dans le pantoum ? Par exemple, dans celui de socque :

Un grand mystère épouvantable
Accompagne mon désespoir
Glissant vers le fond. C'est le soir
Sinistre. Désolante fable.

Accompagne mon désespoir
De ton déhanché remarquable,
Sinistre, désolante fable !
Je geins toujours sur mes déboires.

Pour répondre : je ne sais pas. De toute manière je considère ce que j'écris comme de faux pantoums ou faux sonnets, parce que je ne cherche pas à respecter la rège d'alternance des rimes masculines et féminines ou éviter de faire rimer un singulier avec un pluriel, par exemple. Je rime à l'oreille, alors que la rime française s'appuie beaucoup sur l'aspect écrit...

Du coup mes textes rimés ne sont pas si classiques qu'ils en ont l'air et ne peuvent s'arroger le titre de quatrains, sonnets ou pantoums. En revanche ils respectent les règles classiques de décompte des syllabes.

Le sol de la dîme

Arpenter au passé la démesure de l’âme
Pour aller tête basse au déchant du matin
S’acquitter de la dîme des frêles amitiés
Sous l’œil goguenard d’infants mal éduqués

Lavaudieu

Et ton ombre chinoise
Silhouette infinie
Au seuil de cette église
Où sommeille un clavecin
Sur un ciel d’étiages

Marsanges

Et ce long travers banc
Qui cingle les houillers
Oxyde mes souvenirs
En veines fluorées

Pour Marsanges, je trouve les vers trop courts pour ce qu'ils disent, ces fréquents passages à la ligne m'empêchent de bien voir les choses... J'ai aimé Lavaudieu.

J'aimerais avoir inventé le "ciel d'étiages" dans cette France profondément terrienne.

Enfouir le clair avec l'obscur
Sous le linceul des illusions.
Au fil du baume des saisons
Etouffer le feu des blessures.
Perdre le sel de ses désirs
Oublier jusqu’au goût de l’eau.
Sentir sur la nuque du rire
La lame froide du bourreau.
Vieillir !

Arielle a écrit:Enfouir le clair avec l'obscur
Sous le linceul des illusions. (...) Vieillir !

Brrrr!

pour lavaudieu, petite rectification:

Lavaudieu

Et ton ombre chinoise
Silhouette infinie
Au seuil de cette église
Y sommeille un clavecin
Sur un ciel d’étiages


conaissez vous ces endroits?

loic a écrit:Lavaudieu

Oui! Très bien même, pour le boulot et pour le plaisir, un lieu assez magique. C'est comme la Chaise-Dieu, une impression étrange et envoûtante.

sentir sur la nuque du rire ?

Arielle a écrit:Enfouir le clair avec l'obscur
Sous le linceul des illusions.
Au fil du baume des saisons
Etouffer le feu des blessures.
Perdre le sel de ses désirs
Oublier jusqu’au goût de l’eau.
Sentir sur la nuque du rire
La lame froide du bourreau.
Vieillir !

Ouah ! La grande classe...