Cent : Gerone
+4
mentor
Krystelle
Charles
Orakei
8 participants
Page 1 sur 1
Cent : Gerone
Gerone sous le soleil de Matthieu. Gerone, après Tarragone, Barcelone. Avant Perpignan, Gerone.
Quand au centième kilomètre on avait survolé cette ville sur l'autoroute 135, il était minuit et moi j'avais dit lucioles, toi tu avais dit lumières, voilà le genre de mots qui nous éloignent. Les couleurs d'un tableau de bord et le noir de l'extérieur, le vent des autres véhicules qui nous doublaient, les autobus, les poids lourds et les lucioles de Gerone, en contrebas. Le moteur qui bourdonnait, on ne l'entendait plus et les Chesterfield que l'on grillait lentement dans nos gorges serrées, elles étaient bonnes. A Gerone, dans la nuit catalane, il y a du rouge et du jaune. Il y a cent kilomètres derrière, il y en a cent au devant.
« Non, je ne l'aimais pas. J'avais trop bu et je ne savais pas ce que je faisais. »
Tu ne répondais pas et tu pleurais. Moi je conduisais et tu regardais à droite, les lumières de Gerone.
Avant Perpignan, il y a cent kilomètres et je me demandais comment j'allais m'y prendre. J'avais cent kilomètres pour te dire. Te dire la vérité sur cette fille, sur ce message que tu avais lu : « Super soirée avec toi, j'en rêve encore, mon petit lion. Bonne nuit, Isa qui t'aime.».
De toute façon, je ne t'aimais plus, je ne le savais pas mais je ne t'aimais plus. Toi, tu m'aimais fort, à en pleurer. Au fond c'était drôle que tu pleures, dans ma voiture, à Gerone.
J'allumai une nouvelle cigarette. La première bouffée, au bec, sans les doigts. La clope sur les lèvres, les mains sur le volant, la fumée qui s'échappait, mystique, de ma bouche entrouverte. Mes yeux qui brûlaient, les larmes qui coulaient, toi qui n'avait rien vu, je te regardais mais je ne te voyais pas, je ne voyais rien, je souffrais. Il n'y a rien de pire que la fumée de cigarette dans les pupilles dilatées.
« je ne vois plus rien, tiens le volant. Pour l'amour de Dieu. »
Petite pute, tu ne fis rien, pas plus que la palissade. Au dessus de Gerone, deux tonneaux, quatre vrilles parallèles à la falaise, un choc terrible, ton cou brisé, ma chair partout sous la carrosserie défoncé, la peau du ventre éclatée, mes entrailles à nu, mon coeur mutilé et des morceaux de ta cervelle sur la paroi de mon foie.
Voilà cent jours que je suis mort, je pense à toi. Je pense à tes cheveux blonds ensanglantés. Est-ce que tu penses à moi sur ton fauteuil roulant ? Est-ce que tu regrettes ?
Quand au centième kilomètre on avait survolé cette ville sur l'autoroute 135, il était minuit et moi j'avais dit lucioles, toi tu avais dit lumières, voilà le genre de mots qui nous éloignent. Les couleurs d'un tableau de bord et le noir de l'extérieur, le vent des autres véhicules qui nous doublaient, les autobus, les poids lourds et les lucioles de Gerone, en contrebas. Le moteur qui bourdonnait, on ne l'entendait plus et les Chesterfield que l'on grillait lentement dans nos gorges serrées, elles étaient bonnes. A Gerone, dans la nuit catalane, il y a du rouge et du jaune. Il y a cent kilomètres derrière, il y en a cent au devant.
« Non, je ne l'aimais pas. J'avais trop bu et je ne savais pas ce que je faisais. »
Tu ne répondais pas et tu pleurais. Moi je conduisais et tu regardais à droite, les lumières de Gerone.
Avant Perpignan, il y a cent kilomètres et je me demandais comment j'allais m'y prendre. J'avais cent kilomètres pour te dire. Te dire la vérité sur cette fille, sur ce message que tu avais lu : « Super soirée avec toi, j'en rêve encore, mon petit lion. Bonne nuit, Isa qui t'aime.».
De toute façon, je ne t'aimais plus, je ne le savais pas mais je ne t'aimais plus. Toi, tu m'aimais fort, à en pleurer. Au fond c'était drôle que tu pleures, dans ma voiture, à Gerone.
J'allumai une nouvelle cigarette. La première bouffée, au bec, sans les doigts. La clope sur les lèvres, les mains sur le volant, la fumée qui s'échappait, mystique, de ma bouche entrouverte. Mes yeux qui brûlaient, les larmes qui coulaient, toi qui n'avait rien vu, je te regardais mais je ne te voyais pas, je ne voyais rien, je souffrais. Il n'y a rien de pire que la fumée de cigarette dans les pupilles dilatées.
« je ne vois plus rien, tiens le volant. Pour l'amour de Dieu. »
Petite pute, tu ne fis rien, pas plus que la palissade. Au dessus de Gerone, deux tonneaux, quatre vrilles parallèles à la falaise, un choc terrible, ton cou brisé, ma chair partout sous la carrosserie défoncé, la peau du ventre éclatée, mes entrailles à nu, mon coeur mutilé et des morceaux de ta cervelle sur la paroi de mon foie.
Voilà cent jours que je suis mort, je pense à toi. Je pense à tes cheveux blonds ensanglantés. Est-ce que tu penses à moi sur ton fauteuil roulant ? Est-ce que tu regrettes ?
Re: Cent : Gerone
J'adore beaucoup de choses de ton texte, l'ambiance de ce soir triste, le côté "géographique", l'expression subtile des sentiments.
Ce que j'aime moins :
En tous cas, j'aime ta façon d'écrire et l'ambiance que tu installes.
Ce que j'aime moins :
je préfère sans le "moi" et le "toi" qui alourdit, je crois.il était minuitet moij'avais dit lucioles,toitu avais dit lumières
me semble que le virage est trop cru. Je comprends bien qu'il devient en un éclair cru car accident ... mais je crois que le texte serait meilleur sans le "petite pute" et en remplaçant les quelques images "gores" par une description plus neutre. Le dernier paragraphe suffisant à l'effet désiré, je crois.Petite pute, tu ne fis rien, pas plus que la palissade. Au dessus de Gerone, deux tonneaux, quatre vrilles parallèles à la falaise, un choc terrible, ton cou brisé, ma chair partout sous la carrosserie défoncé, la peau du ventre éclatée, mes entrailles à nu, mon coeur mutilé et des morceaux de ta cervelle sur la paroi de mon foie.
Voilà cent jours que je suis mort, je pense à toi. Je pense à tes cheveux blonds ensanglantés. Est-ce que tu penses à moi sur ton fauteuil roulant ? Est-ce que tu regrettes ?
En tous cas, j'aime ta façon d'écrire et l'ambiance que tu installes.
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Cent : Gerone
J'ai buté sur cette chute, surprenante, qui créée une rupture marquée et qui donne à ton texte une nouvelle dimension qui ne me convainc pas. Cette fin n'est pas utile, l'atmosphère que tu avais su poser jusque là se suffisait à elle-même.
Je regrette d'autant plus la chute que j'ai aimé ce qui précède et particulièrement cette manière dont Gérone revient, comme un refrain. J'ai apprécié ce voyage, à la fois dans le temps et dans l'espace, j'aurais juste aimé qu'il s'arrête à "pour la mort de Dieu".
Je regrette d'autant plus la chute que j'ai aimé ce qui précède et particulièrement cette manière dont Gérone revient, comme un refrain. J'ai apprécié ce voyage, à la fois dans le temps et dans l'espace, j'aurais juste aimé qu'il s'arrête à "pour la mort de Dieu".
Re: Cent : Gerone
"pour la mort de Dieu".
:-))
Vrai, j'ai un peu la même remarque sur le texte qui est superbe jusqu'à ce que survienne (ou du moins on va le supposer) le drame, la sortie de route
la partie gore n'ajoute rien si ce n'est du morbide excessivement décrit
dommage
mais sinon : belle réussite de road movie au climat prenant
:-))
Vrai, j'ai un peu la même remarque sur le texte qui est superbe jusqu'à ce que survienne (ou du moins on va le supposer) le drame, la sortie de route
la partie gore n'ajoute rien si ce n'est du morbide excessivement décrit
dommage
mais sinon : belle réussite de road movie au climat prenant
Re: Cent : Gerone
Tu plantes bien le décor, la voiture, l'odeur du tabac, la fumée. C'est vrai que la chute est brutale. Si tu avais un peu plus développé avant, la fin de ton texte irait peut-être mieux. C'est juste une idée. Parce que pour le coup, moi, je reste un peu sur ma faim. Et j'en redemande. Tu amènes tellement bien le lecteur, c'est dommage de nous abandonner comme ça.
ninananere- Nombre de messages : 1010
Age : 49
Localisation : A droite en haut des marches
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: Cent : Gerone
orakei terrible
Bel exercice.
Ton personnage a en lui cette méchanté dissimulée, qu'il m'en donne des frissons.Est-ce que tu regrettes ?
Bel exercice.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Cent : Gerone
voilà le texte revu et corrigé selon vos dires... lol
Gerone sous le soleil de Matthieu. Gerone, après Tarragone, Barcelone. Avant Perpignan, Gerone.
Quand au centième kilomètre on survolait cette ville sur l'autoroute 135, il était minuit et j'avais dit lucioles, tu avais dit lumières, voilà le genre de mots qui nous éloignent. Les couleurs d'un tableau de bord et le noir de l'extérieur, le vent des autres véhicules qui nous doublaient, les autobus, les poids lourds et les lucioles de Gerone, en contrebas. Le moteur qui bourdonnait, on ne l'entendait plus et les Chesterfield que l'on grillait lentement dans nos gorges serrées, elles étaient bonnes. A Gerone, dans la nuit catalane, il y a du rouge et du jaune. Il y a cent kilomètres derrière, il y en a cent au devant.
« Non, je ne l'aimais pas. J'avais trop bu et je ne savais pas ce que je faisais. »
Tu ne répondais pas et tu pleurais. Moi je conduisais et tu regardais à droite, les lumières de Gerone.
Avant Perpignan, il y a cent kilomètres et je me demandais comment j'allais m'y prendre. J'avais cent kilomètres pour te dire. Te dire la vérité sur cette fille, sur ce message que tu avais lu : « Super soirée avec toi, j'en rêve encore, mon petit lion. Bonne nuit, Isa qui t'aime. ».
De toute façon je ne t'aimais plus, je ne le savais pas mais je ne t'aimais plus. Toi, tu m'aimais fort, à en pleurer. Au fond c'était drôle que tu pleures, dans ma voiture, à Gerone.
J'allumai une nouvelle cigarette. La première bouffée, au bec, sans les doigts. La clope sur les lèvres, les mains sur le volant, la fumée qui s'échappait, mystique, de ma bouche entrouverte. Mes yeux qui brûlaient, les larmes qui coulaient, toi qui n'avais rien vu, je te regardais mais je ne te voyais pas, je ne voyais rien, je souffrais. Il n'y a rien de pire que la fumée de cigarette dans des pupilles dilatées.
« je ne vois plus rien, tiens le volant. Pour l'amour de Dieu. »
Et tu ne fis rien, pas plus que la palissade. Au dessus de Gerone, deux tonneaux, quatre vrilles parallèles à la falaise et nos corps, écrasés sous la taule.
Voilà cent jours que je suis mort, je pense à toi. Je pense à tes cheveux blonds ensanglantés. Est-ce que tu penses à moi sur ton fauteuil roulant ? Est-ce que tu regrettes ?
Gerone sous le soleil de Matthieu. Gerone, après Tarragone, Barcelone. Avant Perpignan, Gerone.
Quand au centième kilomètre on survolait cette ville sur l'autoroute 135, il était minuit et j'avais dit lucioles, tu avais dit lumières, voilà le genre de mots qui nous éloignent. Les couleurs d'un tableau de bord et le noir de l'extérieur, le vent des autres véhicules qui nous doublaient, les autobus, les poids lourds et les lucioles de Gerone, en contrebas. Le moteur qui bourdonnait, on ne l'entendait plus et les Chesterfield que l'on grillait lentement dans nos gorges serrées, elles étaient bonnes. A Gerone, dans la nuit catalane, il y a du rouge et du jaune. Il y a cent kilomètres derrière, il y en a cent au devant.
« Non, je ne l'aimais pas. J'avais trop bu et je ne savais pas ce que je faisais. »
Tu ne répondais pas et tu pleurais. Moi je conduisais et tu regardais à droite, les lumières de Gerone.
Avant Perpignan, il y a cent kilomètres et je me demandais comment j'allais m'y prendre. J'avais cent kilomètres pour te dire. Te dire la vérité sur cette fille, sur ce message que tu avais lu : « Super soirée avec toi, j'en rêve encore, mon petit lion. Bonne nuit, Isa qui t'aime. ».
De toute façon je ne t'aimais plus, je ne le savais pas mais je ne t'aimais plus. Toi, tu m'aimais fort, à en pleurer. Au fond c'était drôle que tu pleures, dans ma voiture, à Gerone.
J'allumai une nouvelle cigarette. La première bouffée, au bec, sans les doigts. La clope sur les lèvres, les mains sur le volant, la fumée qui s'échappait, mystique, de ma bouche entrouverte. Mes yeux qui brûlaient, les larmes qui coulaient, toi qui n'avais rien vu, je te regardais mais je ne te voyais pas, je ne voyais rien, je souffrais. Il n'y a rien de pire que la fumée de cigarette dans des pupilles dilatées.
« je ne vois plus rien, tiens le volant. Pour l'amour de Dieu. »
Et tu ne fis rien, pas plus que la palissade. Au dessus de Gerone, deux tonneaux, quatre vrilles parallèles à la falaise et nos corps, écrasés sous la taule.
Voilà cent jours que je suis mort, je pense à toi. Je pense à tes cheveux blonds ensanglantés. Est-ce que tu penses à moi sur ton fauteuil roulant ? Est-ce que tu regrettes ?
Re: Cent : Gerone
Bonjour,
Moi, j'aurai carrément planté le lecteur à
Chapeau !
PW
Moi, j'aurai carrément planté le lecteur à
même la contrainte est déjà encastrée plus haut."et tu ne fis rien"
Chapeau !
PW
Invité- Invité
Re: Cent : Gerone
La répétition de "Gérone" m'a un peu gênée. Certaines tournures peu fluides également. Sinon une ambiance intéressante mais un traitement un peu superficiel peut-être. J'aurais aimé que tu ailles un peu plus en profondeur dans les sentiments du narrateur déjà.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Cent : Gerone
Je partage l'avis de PW, je me serais arrêté à "tu ne fis rien". La correction apportée à ton texte allège cette chute que je trouvais lourde et inutile, mais ne suffit pas à recréer le charme que tu avais fait naître grâce à cet excellent début. Tu as réussi à poser une belle ambiance, à donner vie à des personnages palpables, même si "elle" n'est présente que par ses mots à "lui. Cela me semble dès lors superflu, vu la qualité de tout le texte qui précède la chute, d'apporter des détails trop réalistes sur comment ça c'est passé et la mention du fauteuil roulant fait presque, à mes yeux, caricature burlesque pas vraiment terrible.
Pour le début, je le répète, c'est du tout bon, je trouve!
Pour le début, je le répète, c'est du tout bon, je trouve!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Sujets similaires
» CENT : Douze pour cent.
» Cent coups
» CENT : Autobiographie d'un Despote
» Le fil de la blague et du calembour
» CENT : Grandeur et des cadences
» Cent coups
» CENT : Autobiographie d'un Despote
» Le fil de la blague et du calembour
» CENT : Grandeur et des cadences
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum