Un mardi comme les autres
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Phoenamandre
Mezkalator
toma4422
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Un mardi comme les autres
Quel jour on est, mardi ?
Bah oui, mardi ! Y a que le mardi que je viens au bar,
Donc je pouvais arriver là qu'un mardi !
Les autres jours, je manque d'aplomb.
Ce bar là, il m'a toujours plu.
J'aimais bien y venir, je m'ennuyais le reste du temps.
Si j'avais pu, j'y serais venu tous les jours !
Mais quand on bosse le lendemain, on vient pas la veille !
C'est ma femme qui disait ça.
Je bossais pas le mercredi.
Ma femme, ça lui disait rien de venir, elle comprenait pas.
Elle trouvait ça vulgaire comme endroit.
Que c'est pour les "ratés", elle disait.
Pour elle, être mélancolique c'était plus digne - c'est comme ça que je le comprenais. -
Elle voyait que je m'ennuyais à la maison ; et elle savait pas que quand je venais ici, j'étais moins triste.
Et elle pouvait pas le savoir puisqu'elle venait pas. C'est pour ça, je lui en veux pas.
Du coup, on se voyait qu'à la maison, là où j'étais malheureux.
Mais on s'entendait pas pour autant : je restais pour elle, ça lui permettait de m'engueuler. C'est toujours ça.
Elle m'en voulait d'être triste avec elle. Ca la rendait folle !
Elle voulait que je sois malheureux uniquement quand j'étais pas avec elle.
Alors elle a trouvé la solution : elle m'a quitté.
Ca a bien marché !
Si on y réfléchit bien, c'est logique. Moi en tous cas, ça m'a fait rire : la petite, c'était rare qu'elle fasse preuve d'esprit.
Même si bon, ça faisait longtemps que je le voyais venir.
Tous les jours, en rentrant du boulot, j'avais peur qu'elle ait fait ses valises et qu'elle soit plus là ; et encore plus quand je rentrais du bar, le mardi.
Elle voulait partir depuis longtemps. J'ai jamais vraiment su pourquoi.
Mais un jour... Elle est partie.
C'était dans l'ordre des choses : on vivait une sale époque. Y avait tout qui filait !
Alors moi je venais ici, pour finir, plus souvent que les mardis.
Je buvais un peu et j'oubliais mes problèmes en parlant avec ces mecs.
Ils sont un peu cons hein ! Oui, j'ai remarqué ça assez vite. Mais je faisais comme eux. Je pensais à rien.
Et tout a filé, comme prévu.
Dès lors, j'avais toute les raisons de venir ici !
J'étais devenu un peu comme eux tous, aussi malheureux et heureux à la fois.
Mais le mardi, j'ai toujours eu plus d'aplomb.
Et un mardi, il a fini par arriver que j'avais plus assez de sous pour venir au bar.
Et je pouvais pas supporter d'être malheureux un mardi. Ca s'était jamais vu.
Alors je suis descendu dans mon garage prendre une corde, et j'ai fait un noeud.
C'était pas un vrai noeud de potence ; ça, j'ai pas réussi à le faire.
Je me trouvais un peu ridicule, ça avait pas ce côté... Je sais pas comment vous dire, mais c'était pas terrible.
Et surtout je me demandais comment je redescendrais si ça marchait pas.
Mais j'avais pas envie d'avoir préparé ça pour rien, donc j'ai voulu essayer un coup.
Et ça a dû marcher vu que je suis arrivé là !
Après coup, je me dis que j'ai pas eu tord :
On est mardi, et comme tous les mardis, je suis de bonne humeur.
Bah oui, mardi ! Y a que le mardi que je viens au bar,
Donc je pouvais arriver là qu'un mardi !
Les autres jours, je manque d'aplomb.
Ce bar là, il m'a toujours plu.
J'aimais bien y venir, je m'ennuyais le reste du temps.
Si j'avais pu, j'y serais venu tous les jours !
Mais quand on bosse le lendemain, on vient pas la veille !
C'est ma femme qui disait ça.
Je bossais pas le mercredi.
Ma femme, ça lui disait rien de venir, elle comprenait pas.
Elle trouvait ça vulgaire comme endroit.
Que c'est pour les "ratés", elle disait.
Pour elle, être mélancolique c'était plus digne - c'est comme ça que je le comprenais. -
Elle voyait que je m'ennuyais à la maison ; et elle savait pas que quand je venais ici, j'étais moins triste.
Et elle pouvait pas le savoir puisqu'elle venait pas. C'est pour ça, je lui en veux pas.
Du coup, on se voyait qu'à la maison, là où j'étais malheureux.
Mais on s'entendait pas pour autant : je restais pour elle, ça lui permettait de m'engueuler. C'est toujours ça.
Elle m'en voulait d'être triste avec elle. Ca la rendait folle !
Elle voulait que je sois malheureux uniquement quand j'étais pas avec elle.
Alors elle a trouvé la solution : elle m'a quitté.
Ca a bien marché !
Si on y réfléchit bien, c'est logique. Moi en tous cas, ça m'a fait rire : la petite, c'était rare qu'elle fasse preuve d'esprit.
Même si bon, ça faisait longtemps que je le voyais venir.
Tous les jours, en rentrant du boulot, j'avais peur qu'elle ait fait ses valises et qu'elle soit plus là ; et encore plus quand je rentrais du bar, le mardi.
Elle voulait partir depuis longtemps. J'ai jamais vraiment su pourquoi.
Mais un jour... Elle est partie.
C'était dans l'ordre des choses : on vivait une sale époque. Y avait tout qui filait !
Alors moi je venais ici, pour finir, plus souvent que les mardis.
Je buvais un peu et j'oubliais mes problèmes en parlant avec ces mecs.
Ils sont un peu cons hein ! Oui, j'ai remarqué ça assez vite. Mais je faisais comme eux. Je pensais à rien.
Et tout a filé, comme prévu.
Dès lors, j'avais toute les raisons de venir ici !
J'étais devenu un peu comme eux tous, aussi malheureux et heureux à la fois.
Mais le mardi, j'ai toujours eu plus d'aplomb.
Et un mardi, il a fini par arriver que j'avais plus assez de sous pour venir au bar.
Et je pouvais pas supporter d'être malheureux un mardi. Ca s'était jamais vu.
Alors je suis descendu dans mon garage prendre une corde, et j'ai fait un noeud.
C'était pas un vrai noeud de potence ; ça, j'ai pas réussi à le faire.
Je me trouvais un peu ridicule, ça avait pas ce côté... Je sais pas comment vous dire, mais c'était pas terrible.
Et surtout je me demandais comment je redescendrais si ça marchait pas.
Mais j'avais pas envie d'avoir préparé ça pour rien, donc j'ai voulu essayer un coup.
Et ça a dû marcher vu que je suis arrivé là !
Après coup, je me dis que j'ai pas eu tord :
On est mardi, et comme tous les mardis, je suis de bonne humeur.
toma4422- Nombre de messages : 8
Age : 35
Date d'inscription : 31/10/2012
Re: Un mardi comme les autres
C'est réussi.
Avec un enchaînement implacable, une logique inéluctable et cela même si à un moment on a l'impression de piétiner.
J'aime bien tout, le fond (le petit récit) mais surtout la manière détachée, sans effusion, comme une évidence.
Un texte bien sympa.
"Après coup, je me dis que j'ai pas eu tord :" ("tort")
et d'autres bricoles typo, comme les tirets et cédilles.
Ceci aussi : "Dès lors, j'avais toute les raisons de venir ici !
J'étais devenu un peu comme eux tous, aussi malheureux et heureux à la fois.
Mais le mardi, j'ai toujours eu plus d'aplomb. (j'enlèverais le "Mais", pas vraiment nécessaire...)
Et un mardi, il a fini par arriver que j'avais plus assez de sous pour venir au bar." (... et le placerais en début de phrase ici, avec saut de ligne, pour bien indiquer la transition, le tournant).
Avec un enchaînement implacable, une logique inéluctable et cela même si à un moment on a l'impression de piétiner.
J'aime bien tout, le fond (le petit récit) mais surtout la manière détachée, sans effusion, comme une évidence.
Un texte bien sympa.
"Après coup, je me dis que j'ai pas eu tord :" ("tort")
et d'autres bricoles typo, comme les tirets et cédilles.
Ceci aussi : "Dès lors, j'avais toute les raisons de venir ici !
J'étais devenu un peu comme eux tous, aussi malheureux et heureux à la fois.
Mais le mardi, j'ai toujours eu plus d'aplomb. (j'enlèverais le "Mais", pas vraiment nécessaire...)
Et un mardi, il a fini par arriver que j'avais plus assez de sous pour venir au bar." (... et le placerais en début de phrase ici, avec saut de ligne, pour bien indiquer la transition, le tournant).
Invité- Invité
Re: Un mardi comme les autres
Voilà. C'est exactement le commentaire que je voulais faire ce matin.
J'ai aimé la logique du récit, et le ton sur lequel il est raconté.
J'ai aimé la logique du récit, et le ton sur lequel il est raconté.
Invité- Invité
Re: Un mardi comme les autres
Une écriture fluide pour un texte bien construit.
Pourquoi faire compliqué quand parfois l’efficacité se cache sous une évidente simplicité.
Merci pour ce moment de lecture.
Pourquoi faire compliqué quand parfois l’efficacité se cache sous une évidente simplicité.
Merci pour ce moment de lecture.
Mezkalator- Nombre de messages : 24
Age : 44
Date d'inscription : 26/10/2012
Re: Un mardi comme les autres
J'ai vraiment apprécié, bien dit, bien ficelé !
Une bonne lecture !
Une bonne lecture !
Phoenamandre- Nombre de messages : 2423
Age : 33
Date d'inscription : 08/03/2009
Re: Un mardi comme les autres
Un ensemble de considérations qui se tiennent, un ton doux-amer que j'aime bien, une conclusion à la fois elliptique et claire, un précipité réussi.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Un mardi comme les autres
Je ne suis très emballé par ce texte qui me gène déjà par sa mise en page. Pourquoi ces retours systématiques à la ligne ?
Ensuite le style n'est pas très recherché, assez fade, avec une mauvaise utilisation des formes négatives : « elle pouvait pas le savoir puisqu'elle venait pas. C'est pour ça, je lui en veux pas. » C'est sans doute volontaire pour se rapprocher du langage parlé mais ça finit par devenir pesant.
J'ai noté aussi beaucoup de répétitions par ci par là.
Le thème enfin n'est pas d'une grande originalité.
Ensuite le style n'est pas très recherché, assez fade, avec une mauvaise utilisation des formes négatives : « elle pouvait pas le savoir puisqu'elle venait pas. C'est pour ça, je lui en veux pas. » C'est sans doute volontaire pour se rapprocher du langage parlé mais ça finit par devenir pesant.
J'ai noté aussi beaucoup de répétitions par ci par là.
Le thème enfin n'est pas d'une grande originalité.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
re : rien de grave finalement
J'aime bien la distanciation bonhomme, masquant le tragique. On dirait un personnage de Tchekhov. Mots simples pour laisser comprendre l'essentiel.Merci pour ce petit moment de grâce jusqu'à la corde. Mais le personnage maintenant où est-il, pendu, mort, fini ? D'où parle-t-il ?
Question péremptoire, peut-être.
Question péremptoire, peut-être.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Un mardi comme les autres
Comme d'habitude, je suis en complet désaccord avec le commentaire de Jano : on n'est pas obligé de mettre un kilo d'amidon pour écrire bien ! Ce style faussement simpliste ( faut lire Carver et Fante et Brautigan au lieu de toujours préférer Roger Martin du Gard !) est très efficace et sert parfaitement l'histoire implacablement déroulée. Evidemment, il s'agit de vie ordinaire, un peu miteuse et non de héros sublimes... mais les héros sublimes ont fini par faire de la chair à canon ( aujourd'hui encore : on leur bourre d'abord bien la tête de choses exaltantes puis on les envoie s'éclater dans un bus...)
Je trouve beaucoup plus intéressants les mélancoliques, les incertains, les fissurés... comme ici.
Je trouve beaucoup plus intéressants les mélancoliques, les incertains, les fissurés... comme ici.
Invité- Invité
Re: Un mardi comme les autres
Mais ils sont tous au bar ou quoi ?
J'ai bien aimé aussi le ton du constat, détaché, le style l'air de rien, la chute, bref, j'ai bien aimé.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
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