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De l'avantage de n'être pas une mouche

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Message  Invité Sam 24 Nov 2012 - 11:12

< Texte supprimé à la demande de l'auteur.
La Modération. >

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Message  Invité Sam 24 Nov 2012 - 11:46

Ah oui, je veux bien suivre, en savoir plus, ma curiosité est piquée.
Si, je peux me permettre, je trouve l'emploi du "nous" un peu lourd, encombrant, je ne sais pas s'il y a moyen de le rendre moins visible.

"pensant que l’on s ‘est trompées d’adresse." (aussi bizarre que cela puisse paraître , "trompé" car le complément n'est pas le pronom réflexif "se" mais "d'adresse", lequel est indirect et de toute façon placé après le verbe).

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Message  Raoulraoul Sam 24 Nov 2012 - 15:54

Le style classique, presque scolaire, (celui d'un très bon éléve) m'a fait sourire, car insidieusement il nous conduit vers de l'ironie (les avantages corporels) et on pressent que quelque chose d'inattendu va se passer...
Mais quoi ? L'arrivée des mouches est excellente. Le rapport des humains (si réalistes) avec soudain ces deux insectes est intriguant. Le secours est-il à mettre, avec urgence, au même niveau pour les humains que pour les deux malheureux insectes ? Voilà une question que tu soulèves et que je considère d'une grande importance.
Formidable cette nouvelle lucarne de pensée que tu nous tends, ironiquement, et avec ce style qui ne vaut que par cet enjeu que tu installes, subtilement. Merci.
Raoulraoul
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Message  Invité Dim 25 Nov 2012 - 9:52

Voici la seconde mouture, remaniée, du premier épisode. J'ai tenté de tenir compte des remarques qui m'ont été faites.


En route pour les vacances !
Maryse et moi prenons joyeusement place dans la voiture, et cap à l'Ouest, via une autoroute déserte à cette heure matinale. Avec force chansons entonnées à tue-tête, et fous-rire aussi stupides qu'irrépressibles, notre bonne humeur explose, puis laisse place, la chaleur aidant, à une certaine fatigue, qui va croissant au fil de quelques centaines de kilomètres. Une halte s'impose.
J'en profite pour étudier le plan qu’Émilie, a griffonné pour nous. Émilie, c'est une amie qui a préféré abandonner notre inséparable trio pour s'acoquiner avec un certain Serge, rencontré on ne sait trop où.
C'est justement chez cette personne que nous devons nous rendre, Émilie y passant ses vacances. Une visite qui représente pour nous une étape sur la route de notre destination.

Sur l'aire d'autoroute, tombant nez à nez avec notre image reflétée dans un grand miroir, nous sommes catastrophées par notre mine déconfite de voyageuses harassées. Nous avons pas mal transpiré dans la voiture. Le visage rougeaud et luisant accuse notre fatigue, et nos vêtements froissés ne nous mettent guère en valeur. Le temps de nous rafraîchir un peu, et nous reprenons la route.

La petite bourgade que nous devons rejoindre n’est pas très éloignée de l’endroit où nous nous trouvons.
En chemin, une sorte d’angoisse me prend soudain. Qu’avais-je eu besoin de dire à Émilie que nous passions par là ?
Maryse, qui ne connaît pas Serge, s'étonne quand je décrète qu’il serait préférable de déjeuner avant d’aller chez eux. Par la suite, elle me remerciera de mon initiative.

La maison de Serge est une grosse villa bien carrée, entourée sur ses quatre faces d’une plage de graviers blancs qui crissent sous les semelles. A cause du bruit que nous faisons en approchant de l’entrée, nous nous attendons à voir apparaître quelqu’un sur le pas de la porte. Mais rien ne bouge. Malgré la chaleur accablante, les volets sont ouverts, et les vitres fermées.
Nous devons sonner, frapper à la porte et appeler avant qu' Émilie ne se montre, arborant un air ennuyé me faisant tout à coup douter de son invitation.
La pauvre Maryse me suit, incrédule, pensant que l’on s ‘est trompé d’adresse.
Pour la rassurer, et pour réprimer mon immense envie de me sauver, j’adopte illico un ton faussement primesautier et déclare que nous avons trouvé facilement, que la région est belle, et la maison plus encore, et qu’il fait beau, enfin, tout ce que l’on peut débiter comme banalités dans cette situation.
Émilie attend la fin du chapelet pour nous faire entrer, après nous avoir embrassées sèchement.
Déjà congestionnées par la chaleur de la voiture, et il faut bien le dire, par la mauvaise humeur qui monte sournoisement en nous, nous pénétrons dans la cuisine où l’atmosphère est étouffante. Nos deux regards sont simultanément attirés par les vitres fermées et nous nous entendons hurler en silence : «  de l’air ! » 

A l’intérieur, deux mouches affolées essaient en vain de trouver la sortie en bourdonnant rageusement, pendant qu’à l’extérieur, deux ou trois de leurs sœurs paressent, ventre écrasé sur la vitre.

Je reprends mes esprits pour me débarrasser sur la table de notre cadeau, le carton de six bouteilles de vin de notre pays qui menace d’échapper de mes bras engourdis.
C’est alors que Serge apparaît, et déclare d’un air sarcastique que le vin a dû avoir bien chaud dans la voiture.
Je saisis l’occasion au vol pour faire savoir que nous aussi, nous avions bien souffert de la chaleur ! L’esprit revient à Émilie, qui nous invite à nous asseoir sur les chaises en formica et plante devant chacune de nous un verre d’eau du robinet à température ambiante.

Serge ne nous a toujours pas dit bonjour, mais je surprends son regard sur ce que nous appellerons nos avantages, et il finit pas déclarer de façon laconique que je suis « bien ». Je me garde bien de lui demander de préciser sa pensée, et accepte le compliment en silence et un rien dégoûtée, car j’ai vu dans son œil l’appréciation avertie d’un marchand de bestiaux.
Voyant que l’attention de son homme est sur le point d’examiner consciencieusement l’anatomie de Maryse, Émilie sort enfin de son mutisme pour nous proposer une visite guidée de la maison.

A suivre

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Message  Invité Dim 25 Nov 2012 - 10:24

Oui, c'est bien comme ça, tu y es allée à la serpette sinon à la machette, c'est plus court, concis, avec la pratique de l'ellipse (que j'aime parce qu'elle fait confiance au lecteur), le texte va à l'essentiel.
Je peux t'avouer maintenant que dans le passage d'origine, j'avais trouvé assez long le début, les observations sur les compagnons de route, les pauses aire et supermarché qui, quoique bien vues, me semblaient trop envahissantes d'entrée.

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Message  Invité Dim 25 Nov 2012 - 13:54

Le titre est excellent, le style sympatique
ça sent le vécu
on attend la suite
je préfère la seconde mouture qui va à l'essentiel

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Message  Invité Dim 25 Nov 2012 - 19:46

Intéressant. Je lirai la suite avec plaisir. Tu as bien fait de le réécrire, c'est nettement mieux.

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Message  Invité Sam 1 Déc 2012 - 13:42

II

Fleurs artificielles aux couleurs criardes, tableaux représentant des biches figées dans des sous-bois que zèbrent des rayons de soleil, baromètre rond encadré de bois vernis, tentures de velours marron défraîchi, rien ne manque au tableau pour évoquer  La maison de la mère à Titi  telle que la chante Renaud, et telle que je l’imagine.

Mon amie et moi nous regardons, animées du même souci : où se trouve la salle d’eau ? Où sont les petits coins ? Et enfin, où dormirons-nous ?
On nous renseigne enfin. Mais à notre grand désespoir, aucune invitation à nous rafraîchir ne nous est faite, et nous devons également réprimer par politesse nos besoins les plus élémentaires.
On nous annonce finalement que la porte que nous allons ouvrir maintenant est celle de notre chambre.
Elle est équipée d’un seul grand lit.
Pour une nuit, pensé-je, cela suffira.
Consigne nous est donnée de ne pas ouvrir les fenêtres. Et Serge, disparu momentanément, réapparaît dans le couloir étroit pour reprendre la consigne en écho. L’air remué par la fermeture de la porte empeste la naphtaline.
La visite terminée, Émilie nous indique d’un coup de menton les chaises en formica que nous rejoignons docilement, attendant avec agacement la suite des événements.

Les mouches n’ont toujours pas trouvé d’issue, et se cognent contre les vitres en zonzonnant furieusement, reprenant après une seconde d’étourdissement leur vol brouillon dans la pièce.

L’œil d' Émilie s’éclaire enfin. Elle a programmé une foule d’activités passionnantes à nous faire découvrir. Tout d’abord, nous devons aller visiter une serre abritant une plantation de melons. Puis nous devons accompagner Serge à un apéritif offert par le syndicat des gestionnaires des canaux d’arrosage. Serge étant le président de l’association, nous devons exprimer notre admiration et notre fierté d’être introduites dans ce milieu par son personnage le plus important.
Après une discussion que nous avons du mal à suivre, perturbées que nous sommes par les besoins évoqués plus haut, et que la politesse même ne peut plus juguler, je me lève brutalement de ma chaise, et me dirige d’un pas décidé vers les toilettes.
D’autorité, j’ouvre la porte de la salle de bains, et fais couler avec délice et en m'attardant un filet d’eau sur mes poignets. Les yeux fermés, je fais abstraction de tout l’environnement, et ne reviens à moi que pour percevoir la présence de Maryse.
 -  Boudu !!!  s'exclame-t-elle.
Nous armant de courage, et sans autre commentaire, nous regagnons la cuisine.

De la discussion qui bat son plein, il ressort qu’il est un peu tôt pour entreprendre tout notre programme. Décision est donc prise d’attendre l’heure propice.
Ce disant, Émilie disparaît dans une arrière cuisine sombre, et revient avec une quantité incroyable de haricots du jardin, récoltés par Serge. Elle pose le tout sur la table et nous invite à suivre son exemple. Avec résignation nous nous mettons donc à équeuter.
Je m’échappe un instant de ces basses besognes pour rêver : nous étions parties tôt, il faisait beau, nous partions à l’aventure, étions joyeuses, et chantions et riions sans retenue... C’était ce matin...

Une des deux mouches se rappelle à mon souvenir en venant survoler désespérément ma chevelure qu'elle ébouriffe.

Les discussions se sont taries. Serge a disparu, et l’on n’entend plus que les claquements secs des queues de haricots coupés et les plaintes des mouches suivies du bruit qu’elles font en s’écrasant contre les vitres

Ma décision de changer le cours des choses m’apparaît soudain comme vitale. Je me racle la gorge et déclare tout de go : « En fait , ce qu’on aurait voulu faire, c’est visiter le marais Poitevin.»

Un vent de panique dérange soudain la quiétude de la cuisine. Maryse, surprise par la soudaineté de mon initiative, commence par faire naviguer son regard d' Émilie à moi, pour revenir sur Émilie en attendant sa réaction. Elle prend enfin le parti de me considérer avec une lueur de reconnaissance et de soulagement.
Émilie,quant à elle, avale de travers. Elle a prévu mille autres choses passionnantes à nous faire découvrir. Et de nous détailler le programme étalé sur quatre jours, la visite du marais Poitevin devant se faire précisément le quatrième jour.
C'est à mon tour de m’étrangler.
Il n’est pas question de passer quatre jours ici ! nous sommes venues juste pour dire bonjour et nous repartirons le lendemain dès la première heure.

Une mouche hébétée prise de tournis interrompt son vol aveugle et vient atterrir sur les haricots.

Comme par hasard, Serge refait une entrée dans la cuisine. Il décrète que nous devons rester, que c’est ce qui était prévu. Une telle insistance a pour effet de susciter une détermination farouche qui noircit mon œil.
Je déclare que je vais chercher les valises dans la voiture, que je vais les mettre dans la chambre, et que nous partirons sans plus attendre pour le Marais Poitevin.

La deuxième mouche tente de profiter de l'aubaine et me suit jusqu'à la porte, mais elle rate son coup à cause d'un malencontreux télescopage avec la première.

Maryse se lève pour se dégourdir les jambes. Puis elle trottine à mes côtés vers la voiture. Nous n’échangeons aucune parole : l’heure est à l’action.

J'ai livré ici un épisode sans avoir trop élagué. N'hésitez pas à me dire si certaines longueurs vous gênent, et également si ce récit lancinant mérite une suite ou pas :-)
La suite est écrite mais si le contenu vous parait rasoir, je ne la publierai pas.

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Message  Invité Sam 1 Déc 2012 - 14:01

Quelle aventure !
Ça se corse et je ne vois pas trop ce qu'on pourrait élaguer

La suite ! la suite ! la suite ! ...

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Message  Invité Sam 1 Déc 2012 - 14:34

Je trouve peut-être quelque chose de guindé dans l'expression, par exemple "Mon amie et moi" ; ou encore ceci : "aucune invitation à nous rafraîchir ne nous est faite, et nous devons également réprimer par politesse nos besoins les plus élémentaires.
On nous annonce finalement que la porte que nous allons ouvrir maintenant est celle de notre chambre.", avec le recours aux tournures passives et au "On".
Il me semble que si l'écriture se libérait un peu, se laissait aller, à l'aide éventuellement de phrases plus courtes, plus incisives, cela insufflerait d'autant plus de vie, de piquant, à cette histoire déjà bien intrigante.
J'attends quoi qu'il en soit la suite, trop envie de savoir ce qui trame, qui est vraiment ce Serge au-delà d'un grossier personnage, quelle mouche à piqué Emilie, et comment les deux copines vont se sortir de ce mauvais pas.

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Message  Invité Sam 1 Déc 2012 - 16:39

Tout est bon, rien à jeter dans cet épisode.
On est dans une nouvelle bien conduite, avec juste ce qu'il faut de questionnement, de suppositions, dans la tête du lecteur qui ne demande qu'une suite...

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Message  Rebecca Sam 1 Déc 2012 - 18:34

Quelle ambiance ! Sinistre à souhait ! Hâte de savoir comment ça va tourner !
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Message  Invité Sam 8 Déc 2012 - 23:15

Je m'étais promis de ne pas abandonner ce texte en chemin, bien que je doute de son intérêt. :-)
Voici donc la fin. Bon courage aux lecteurs éventuels !


Désemparés, Émilie et Serge discutent. Il y a ce problème d’apéritif auquel Serge craint de ne pouvoir assister. Je nourris le secret espoir qu’il renonce à nous accompagner, mais il nous suit en déclarant simplement qu’il faudrait être de retour de bonne heure.

Les mouches, abruties de fatigue, ne remarquent même pas notre sortie et nous les laissons là, scotchées au croisillon de bois d'une fenêtre.

Dans la voiture, Serge ne peut s’empêcher de préciser que l’église devant laquelle nous passons est une église, que cette grosse bâtisse à gauche est la maison du maire et que juste en face, c’est la maison du neveu de Serge. Nous quittons la bourgade pour nous arrêter quelques kilomètres plus loin, car il y a quelque chose que nous devons absolument voir.
Adossé au mur d’une maison blanche, un banc accueille un mannequin, genre épouvantail grandeur nature, se prélassant au soleil, portant pantalon de velours côtelé, sabots de bois, bretelles et grosse chemise à carreaux. Il a les joues rouges, le sourcil et le cheveu noir, et il tient une pipe à la main. L’intérêt touristique de la chose étant contestable, j’hésite entre la tentation de manier l’humour assassin, et celle d'exprimer ma mauvaise humeur.

C’est alors qu’apparaît une femme d'âge mûr, outrageusement maquillée qui se jette à la tête de Serge en l’embrassant fougueusement. Il lui reste de sa supposée gloire passée, une chevelure noire de jais indéfrisée qui lui tombe sur les épaules. Malgré sa mise modeste, elle arbore quelques bijoux rutilants. La dame, qui a dû travailler dur dans sa jeunesse s’est retirée à la campagne pour y mener une vie honorable.

- Suivez-moi, je vais vous faire visiter mon petit monde, dit-elle, une lueur enfantine dans l’œil.

Nous contournons la maison pour découvrir un univers charmant, peuplé de nains de jardin et de toute une ménagerie sculptée selon l'art des topiaires, à partir de plants de buis.
La dame aux cheveux de jais me parait sympathique, tout d’un coup. C'est à n'en pas douter une artiste. Elle fait naître des êtres éphémères qu’elle aime. Qu’a-t-elle à se soucier du bon goût ?

Dans la voiture , Serge donne quelques précisions sur la vie de la dame, et je n’ai pas envie d’écouter ses détails scabreux.

Maryse se met à me donner des coups de genou complices. Épiée par Serge qui m’observe fréquemment dans le rétroviseur, je ne peux savoir si elle a envie de rire, ou si elle s’impatiente.
Fort heureusement, le trajet s'achève enfin.

Maryse, retrouvant son âme de touriste, sort son appareil photo de son sac.
Je surprends les deux mains d' Émilie crispées sur son porte-monnaie et comprends en un instant la préoccupation de nos hôtes.
Pendant que Maryse, oubliant le reste du monde, immortalise un très beau saule pleureur se mirant dans une eau vert émeraude, je me précipite vers une cabane pour me faire délivrer quatre places dans une de ces barques à fond plat sur laquelle nous devons faire un petit périple.

Émilie et Serge sont assis derrière nous.
Se sentant tout à coup l'âme facétieuse, le beau Serge trempe sa main dans l’eau et l’en ressort pour nous asperger. Cet événement inattendu a pour effet immédiat de réveiller le caractère ombrageux de Maryse qui le foudroie du regard, pendant qu' Émilie affiche sa mine des mauvais jours. Pour détendre l’atmosphère, j’essaie un rire idiot.

Et le marais Poitevin ?
C’est une eau calme et sereine, d’un vert incroyablement envoûtant. Les saules pleureurs forment une voûte ombragée sous laquelle nous glissons paisiblement. Les rives accueillent de jolies petites maisons aux volets peints de couleurs vives.
Quelques poules d’eau pas très farouches sillonnent la surface de l'eau.
En bordure des rives de gigantesques arbres gisent, déracinés par la tempête de l’hiver. Ils offrent à notre vue leurs racines inutiles. Certaines voies d’eau sont barrées et interdites à la circulation des barques par des enchevêtrements de branchages.
Serge reprend son air important pour déclarer que le travail de nettoyage d'après la tempête n'est pas terminé.
Pour se faire pardonner la vivacité de sa réaction à la précédente facétie de Serge, Maryse hoche ostensiblement la tête.
La promenade se termine. On nous tend la main pour quitter la barque qui tangue.

Serge, se rappelant soudain son rendez-vous, cavale vers la voiture.
Je dois prêter une oreille à Maryse qui déclare qu'elle veut partir, et tout de suite

- Récupérons nos valises et partons, je n'en peux plus !

J'ai du mal à reconnaître sa voix, dénaturée par ses mâchoires crispées.

Émilie, quant à elle, a ressorti son porte-monnaie, et fait mine, sans conviction,de vouloir nous rembourser. Ce-disant, elle surveille Serge avec la peur qu’il ne se retourne.
Nous repassons devant l’église, les maisons de notables citées plus haut, et quittons la voiture garée dans l’allée de gravier blanc.
La cuisine nous accueille de nouveau, avec ses chaises en formica.

Vaincues, les mouches ont renoncé à s’enfuir. Elles prennent un repos bien mérité, l’une sur un coin de l'évier, l'autre par terre, et je crois bien qu’elle rend l’âme en silence.

Serge prend au vol sa casquette à carreaux, et il s’éclipse, avec l’air préoccupé d’un personnage important que l’on attend quelque part.
Émilie, hors de l’ombre de son homme, entreprend de nous faire quelques confidences.
Elle ne se sent pas bien, geint-elle, dans cette maison étrangère. Les amis de Serge ne sont pas très folichons. Sa famille ne l’a pas accueillie à bras ouverts .
Dans une sorte de lyrisme touchant, elle signifie que notre visite est pour elle une bouffée d’oxygène.
Nous lui offrons notre compassion avec modération, conscientes du piège qui nous est tendu.

L’heure du repas approche.
Émilie nous fait l’honneur d’ouvrir ses armoires à conserves. Des quantités incroyables de bocaux bien étiquetés et bien rangés garnissent les étagères.
Récolter , cuisiner, stériliser… Voilà à quoi s’emploie notre amie tout le long de l’été.
J’hésite entre le sentiment de ma futilité qui me fait parcourir la France en compagnie d’une copine, et une admiration béate.
C'est le cynisme qui l’emporte.
- Du moins, pensè-je, à la vue des conserves, nous mangerons bien.

Le repas est plus que frugal.
Je comprends bien vite qu’il faudra nous en accommoder lorsque Émilie me tend une assiette de légumes bouillis en m’invitant à me servir.
Espérant un moment que c’est mon assiette je la dépose devant moi. Les yeux écarquillés d' Émilie et les sourcils froncés de Serge me détrompent.
La scène du partage se reproduit avec un ravier garni de quelques tranches de boudin. Les premiers invités à se servir le font avec l’impression d’arracher le pain de la bouche des autres et usent donc de parcimonie. Quant au dernier, l’homme, il récolte sans état d’âme tout le reste. Il va sans dire que les plats ne passent qu’une seule fois.
Pendant le repas, les conversations sont rares, chacun s’appliquant à garder le plus longtemps possible en bouche sa maigre pitance.

Je n'ai pas regardé Maryse depuis un moment. Je lui adresse un regard appuyé et crois déceler en retour de la haine dans le sien.

Avant le dessert, Serge s’empare d’un cure-dents sorti de sa poche. Il se met à le mâchonner en se levant, va dans le jardin en laissant la porte ouverte et se dirige vers une pompe qu’il amorce.
Nous entendons alors le bruit rafraîchissant de l’eau en même temps que nous admirons un spectacle de jets qui partent en hauteur en tournoyant dans toutes les directions. Les gouttelettes d’eau s'élancent joyeusement à la rencontre des derniers rayons de soleil. Émilie précise que c’est pour les haricots.

-Que ne suis-je un légume ! me dis-je en mastiquant nerveusement une croûte de pain.

Il faut rappeler qu’excepté le moment où nous nous étions lavé les mains, nous n’avions pas eu l’occasion de nous rafraîchir depuis notre départ le matin !

- Ce n'est pas pour dire, mais nous sommes un peu fatiguées. Un peu de repos ne nous ferait pas de mal !

Nos hôtes ne nous contredisent pas. Je les connais assez pour savoir que les longues veillées ne sont pas dans leurs habitudes, et cela nous arrange bien.

Nous rejoignons la chambre au lit unique

- De l'air !

Le bruit des volets rabattus contre les murs nous met de bonne humeur, alors que les grognements désapprobateurs de Serge se font entendre.
Le couple s’est retiré dans la chambre. Un grand silence nous laisse deviner que la nuit a commencé chez eux.


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Message  Invité Sam 8 Déc 2012 - 23:16

Oh la la ! Que c'est long !

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Message  Pussicat Sam 8 Déc 2012 - 23:42

Iris a écrit:Oh la la ! Que c'est long !
A qui le dis-tu !
j'ai commencé mais les paupières tombent... je reviens demain,



Le passage a finalement été raccourci à la demande de l'auteure : http://www.vosecrits.com/t11540p640-pour-les-demandes-a-la-moderation-modifications-catalogue-vos-ecrits-c-est-ici#367059
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Message  Invité Dim 9 Déc 2012 - 10:31

Pour être honnête, depuis le début, je me dis qu'il n'y a rien d'étonnant à ce que cette visite soit foireuse parce que le marais poitevin, hein... je ne voudrais pas médire mais ...
Sérieusement, je lis sans changer mon commentaire précédent sur la forme mais aussi sans déplaisir, tu as tort de dénigrer ce texte.
Dans le sens d'une reprise ou d'un retravail, je me disais que certains passages auraient pu être dialogués pour les rendre plus vivants, par exemple quand Emilie confie son malaise à ses copines. Je sais que ça n'est facile à faire, ce n'est qu'une suggestion de lectrice.
Sinon, côté logique pure, déroulement du récit, j'ai trouvé bizarre que "C’est alors qu’apparaît une femme d'âge mûr, outrageusement maquillée qui se jette à la tête de Serge en l’embrassant fougueusement. " puisque le Serge en question est au volant de sa voiture. Il manque une toute petite précision ici, je pense.

Ce-disant (sans tiret)
pensè-je (pensé-je)

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Message  Invité Dim 9 Déc 2012 - 21:34

Le récit de cette escapade chez des amis un peu zarbis ne manque pas d'intérêt. Toutefois, pour le fond, je pensais lire une nouvelle, je m'attendais à un dénouement, à la fin, une chute inattendue, elle n'est pas venue. Mais c'est pas mal comme tranche de vie.

Pour la forme, je trouve que tu pourrais supprimer sans dommage le passage où cette femme apparaît comme un cheveu sur la soupe, depuis C’est alors qu’apparaît une femme d'âge mûr, jusqu'à : je n’ai pas envie d’écouter ses détails scabreux.
Mais là, je me pose une question: et si cette étrange apparition était, en fait, le rendez-vous de Serge et l'apéritif dont il a parlé plus haut un simple alibi ?
Si c'est le cas, il faut garder ce passage, mais ce n'est pas assez explicite à mon avis. Il faut faire confiance au lecteur, mais il n'est pas devin tout de même !

La troisième partie me semble plus longue que les autres. Ce n'est pas tellement la suppression de passages ou de phrases entières qui s'impose mais un élagage à tous les niveaux. Je veux dire un style plus concis, supprimer dans chaque phrase tous les mots inutiles au récit (on ne se rend pas compte, mais si on observe il y en a toujours) de façon à avoir une écriture plus nerveuse.

J'aime beaucoup le clin d'œil aux mouches et j'en aurais bien mis encore un, tout à la fin.
J'apprécie particulièrement ces deux phrases :

Émilie, quant à elle, a ressorti son porte-monnaie, et fait mine, sans conviction,de vouloir nous rembourser. Ce-disant, elle surveille Serge avec la peur qu’il ne se retourne.

Nous lui offrons notre compassion avec modération, conscientes du piège qui nous est tendu.

Pour conclure, je pense que ce texte vaut la peine d'être retravaillé. Plus concis, il sera épatant.

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Message  Invité Dim 9 Déc 2012 - 22:20

J'ai lu avec intérêt ( il y a quelques longueur, mais rien de dramatique !!!) et l'atmosphère me faisait un peu penser à Harry, un ami qui vous veut du bien ou à RoseMary's baby. Du coup je me sens frustrée de cette fin qui n'en est pas une.
Tu tiens là un bon début d'histoire , faut en faire quelque chose !!! J'avais presque envie de dire " faut en faire une fiction" tant on a le sentiment que c'est une histoire vécue.
J'ai beaucoup aimé le second degré : Dans la voiture, Serge ne peut s’empêcher de préciser que l’église devant laquelle nous passons est une église, :-)))que cette grosse bâtisse à gauche est la maison du maire et que juste en face, c’est la maison du neveu de Serge.
Et ça m'a rappelé des trucs vécus aussi... Allez, une suite, steup !

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Message  Invité Lun 10 Déc 2012 - 6:16

Je vous soumets donc la suite/fin de l'histoire, pour solde de tout compte. Je n'ai pas essayé de pimenter le récit, mais c'est vrai que j'aurais pu inventer quelque chose avec la femme aux cheveux noirs. Pour l'heure je suis juste contente de pouvoir écrire le mot FIN. :-)

C'est le roucoulement d’un couple de colombes qui nous réveille de bon matin.
A voir Maryse fouiller fébrilement dans son sac de voyage, je redoute une crise d'impatience.

Quelqu’un bouge dans la maison.
Une odeur de café émane de la cuisine. Il y a un remue-ménage feutré puis une porte s’ouvre et se referme. Un ronflement de moteur, le crissement des pneus sur le gravier puis plus rien.
Serge est parti. Il doit être sept heures et demie.
Naïve, je me plais à penser qu’il est allé acheter des croissants pour notre petit déjeuner.
Quant à Maryse, elle retrouve sa gaieté pour faire remarquer que pas plus qu’au coucher, nous n’avons entendu d’eau couler.

- Ils la gardent pour les haricots !

Nos bagages bouclés et rangés au pied du lit, nous sortons de la chambre sur la pointe des pieds pour ne pas déranger Émilie
Elle nous attend, fantôme blafard dans son peignoir blanc, ses cheveux blonds décolorés pas encore coiffés, les bras croisés sur le ventre, appuyée contre l’évier.
Le café est chaud, prêt à être servi. Deux bols nous attendent eux aussi, flanqués chacun d’une tartine de pain. Émilie nous demande si elle doit sortir le beurre du réfrigérateur.

- Bien, me dis-je sans scrupule, les choses ne se présentent pas si mal que cela !

Émilie s’éclipse un moment et revient avec un melon odorant dans chaque main. Elle les dépose brutalement sur la table de formica en déclarant qu’ils sont pour nous, que nous pouvons les emporter.
Œil noir de Maryse.
Je lis dans les yeux d'Émilie un discours chargé de reproches culpabilisants.

L’idée de la laisser là, dans cette cuisine triste, à faire des conserves en compagnie des mouches, pendant que Serge lit Le Chasseur Français me fait frémir d’effroi.
Mais enfin, me dis-je, ce n’est pas moi qui lui ai trouvé cet homme. Ce n’est pas moi qui l’ai encouragée à s’enterrer ici !

Je sens déjà l’air du large nous appeler, ce bon air de Bretagne que nous étions venues respirer.

L’odeur des melons trop mûrs m’écœure et m’incite à abréger les adieux. Nous faisons une peine supplémentaire à Émilie en laissant les fruits sur la table et nous nous enfuyons sans demander s’il faut attendre le retour de Serge.

Les mouches commencent à s'ébrouer en faisant vibrer, pleines d’espoir nouveau, leurs ailes reposées.

Un dernier regard vers la maison me donne une fugitive idée de la nature humaine, qui sait rendre si injustes, pour peu qu’elle se laisse aveugler par la mauvaise foi.

Les façades de la maison blanche si inhospitalières la veille sont agrémentées de gracieuses roses trémières. L’entrée du potager, au fond de l’allée, est précédée par une tonnelle accueillant une lourde glycine aux généreuses grappes mauves.
Mais enfin, il est trop tard pour en féliciter Émilie qui a écourté la cérémonie des adieux en refermant la porte derrière elle.

Une dernière pensée émue pour les mouches.

Avec l’impression que le monde nous appartient et que nous allons enfin en jouir, nous ouvrons bien grand les fenêtres de la voiture pour humer la fraîcheur du matin.

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Message  Invité Lun 10 Déc 2012 - 7:50


Pardonne-moi, Iris, j'avais cru que l'épisode précédent était la fin de l'histoire. Là,ça va mieux, et on retrouve les mouches à la fin, ce qui me satisfait (ne suis-je pas un peu maniaque ?)
Donc une fin sans surprise mais bonne, logique, où l'auteur laisse entrevoir son empathie pour ses personnages.
Je pense, comme Coline, qu'il y a beaucoup de vécu dans cette histoire, et pour ma part (je l'ai essayé) je trouve difficile de transformer du vécu en fiction. En tout cas j'ai bien aimé ma lecture.
Je pense aussi que cela pourrait être le début d'un roman...

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Message  Janis Lun 10 Déc 2012 - 8:14


Va falloir que je lise tout ça

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