AVENT: Une rencontre magique

Emma a les yeux verts. Elle a des taches de rousseur et une bouche en forme de cœur, de longs cheveux et une frange coupée court qui laisse voir son front bombé. Mais voilà ! même si elle est jolie, elle ressemble aussi à un petit clown, et le problème, c'est qu'elle n'est pas clown, mais jongleuse, et qu'elle n'aime pas du tout faire rire. Elle déteste faire rire ! C'est une malédiction.
Emma travaille dans un cirque et, comme elle a plus de succès qu'eux, les clowns la détestent.
Elle n'a jamais connu ses parents. Ils ont disparu, un beau jour, un sale jour plutôt, dans la forêt. Personne n'a jamais su ce qui leur était arrivé.
Pourtant, tout le temps, tout le monde lui rappelait à quel point ils étaient « extraordinaires ».
À chaque bêtise, elle entendait :
- Ah ! si ta mère voyait ça !
- Ah ! Si ton père était là !
Et pour chaque exploit :
- C'est bien la fille de…

Emma en avait marre. D'un côté elle faisait rire à chaque apparition, de l'autre, aucune de ses actions, bonnes ou mauvaises, ne lui appartenaient. Elle en avait vraiment marre.
Emma avait l'habitude de se promener dans la forêt, seule, pour penser à ses parents. Chaque fois qu'elle y entrait, elle rencontrait un grand cerf qui était devenu son ami. Elle lui parlait de ses problèmes. Quand elle pleurait, il posait sa joue contre la sienne et la consolait.
Un jour, elle se promenait avec son ami le cerf, elle s'aventura beaucoup plus loin que d'habitude. Au bout d'un moment, elle eut faim, très faim. Elle voulait rentrer chez elle. Le cerf avait l'air d'accord. Mais quand elle regarda autour d'elle, elle ne reconnut aucun arbre.
- On est perdu !

Emma avait peur et elle pensa tout de suite à ses parents. Le cerf s'approcha d'elle. Elle entendit derrière elle, un léger « cric, crac » et se retourna. Elle vit des ombres glisser derrière les arbres. En regardant attentivement, elle aperçut les clowns, ses ennemis, qui faisaient les clowns un peu plus loin. Elle s'approcha d'eux.
- Qu'est-ce que vous faites là ? Vous aussi vous êtes perdus ?
- On t'a suivi, répondirent les clowns, on voulait te donner une petite leçon !

Ils rirent tous et Emma s'enfuit, vite, très vite. Sous un arbre, elle aperçut un grand trou où elle pourrait se cacher. Elle se jeta dedans et disparut au plus profond d'un long couloir. Trois portes étaient devant elle.


****


On entend de la musique, on entend boum boum boum… Ehhhh ! macarena.
Les hommes de la tribu dansent après leur victoire sur celle d'à côté.

- Mmm ! Miam ! Quel festin ! dit le père de Victor.
- ça manque de sel ! dit son frère.

Les hommes dansent et mangent. Ils mangent les ennemis qu'ils ont vaincus. Victor regarde son père et son frère qui se partagent une fesse d'homme.

- Tiens ! Victor, c'est trop bon !
- Non, ça va, pas très faim. »

C'est un peu stupide d'être né dans une tribu de cannibales quand on n'aime pas manger d'homme. Victor n'aime pas ça. Lui, il adore les fruits, il aime tous les fruits. Il aime sa famille aussi, mais pas la chair humaine, vraiment pas. Alors les fesses d'homme, haaaarg, vous pouvez imaginer ! Pourquoi pas une fesse à la crème de prout ?
Quelle horrreuurr !

Le lendemain, au petit matin, alors que tout le monde dormait encore, Victor fut réveillé par son père qui ronflait au fond de la hutte. C'en était trop. Les murs de la hutte tremblaient et Victor, encore assommé par le sommeil, se rua à l'extérieur.

- j'en peux plus ! J'en peux plus ! C'est tous les jours pareil !

Il décida d'aller chercher Cocorico, son perroquet et de partir. Il savait qu'il pourrait regretter ses parents, regretter son frère et ses amis, mais voilà, il fallait qu'il échappe à tout ça.

Si vous aviez vu Victor sautiller, gambader et siffler, vous auriez pu penser qu'il était content. En fait, il cachait sa tristesse.

Cocorico lui répétait sans arrêt :
- Mais tu devrais pas partir ! Mais tu devrais pas partir !
- Tais-toi, Cocorico, on va se faire remarquer.
- Mais…
- Mais, tu te tais !
- Ok !

Et Victor continuait son chemin.

Soudain, il eut une idée :
- Cocorico, j'ai une idée ! Si on allait à l'arbre magique du gardien à mille têtes !
- Mais, Victor peut pas faire ça !
- Et pourquoi ?
- Mais, gardien méchant !
- Qu'est-ce qu'il a ce gardien ?
- Mais gardien botte les fesses si Victor touche cocotier magique !
- Qu'il essaye !

Ah ! ce Victor quand il avait une idée en tête.

Après une longue marche, ils arrivèrent devant l'arbre en question, le gardien dormait. On pouvait apercevoir une petite porte derrière lui. Il avança sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller le monstre, mais Cocorico se mit à crier:
- Il a bougé ! Il a bougé !
- Chut ! Cocorico.
- Pardon, toi m'excuser mais Cocorico a peur.
- Pas grave !

Mais, c'était plus grave qu'il ne le pensait. Le monstre souleva une paupière, se mit à grogner et à foncer sur eux. En approchant de l'arbre, Victor hurla:
- C'est fini !
- Prendre porte ! Prendre porte !
- On y vaaaaa !
Ils coururent et Victor ouvrit la porte et la referma précipitamment derrière lui. Il entendit des grognements sinistres et un gros boum. Il attendit que le monstre se calme pour partir tranquillement dans le couloir qui se présentait devant eux. Au bout de quelques minutes, il vit trois portes dont deux étaient scellées. Il prit la porte ouverte. Il l'ouvrit lentement par précaution et sentit un courant d'air glacial. Le froid lui piqua les yeux, il les ferma et attendit que ça passe. Plus ils attendaient et plus ils avaient froid.


****


Quand il ouvrit de nouveau les yeux, il vit du blanc partout et des flocons de neige tombaient. Il aperçut au loin une petite fille qui avait l'air aussi gelée que lui. Il s'approcha et fit de grands signes.
Emma, voyant quelqu'un faisant des signes, courut vers lui. Cocorico, effrayé, s 'envola et retomba tant il avait froid. Emma vit la petite bête tomber et la ramassa en la blottissant très fort contre elle. Elle s'approcha de Victor et lui tendit l'oiseau. Ils discutèrent longtemps ensemble, se racontèrent leur vie et finirent par vraiment se peler de froid.
Ils aperçurent au loin un gros bonhomme qui avait l'air vieux et fatigué. Le Monsieur s'avança et leur demanda ce qu'ils faisaient là. Emma et Victor se regardèrent un moment et hochèrent ensemble la tête avant de se retourner vers le bonhomme et de lui demander :
- Et vous ! Vous êtes qui vous ?
- Le père Noël !

Les deux enfants écarquillèrent les yeux et crièrent ensemble : « LE PÈRE NOËL ?!!! ». Ils se ruèrent vers lui et lui demandèrent, chacun leur tour, s'il pouvait exaucer leurs vœux. Victor demanda s'il pouvait changer ses parents et Emma le pria de changer son apparence pour ne plus ressembler à un clown. Le Père Noël les regarda étonné et leur dit : « Vous croyez au Père Noël, vous ! Tout ce que je peux vous donner, c'est mon manteau ! ». Il le leur donna et s'en alla. Les enfants se demandèrent s'ils n'avaient pas rêvé. Et puis, il n'y avait qu'un seul manteau. Mais le manteau était assez grand pour deux en se serrant un peu. Réchauffés, ils continuèrent à parler des heures de leurs problèmes et de leur entourage.
En fin de compte, Victor se dit que valait mieux avoir des parents, même cannibales, que pas de parents du tout et Emma que ça ne devait pas être marrant d'avoir une famille cannibale mais que c'était déjà mieux que d'avoir des clowns jaloux à sa poursuite. Ils parlèrent, parlèrent, jusqu'au moment où, Emma dit : « Tu crois que si on a des enfants… » Victor reprit: «… Ils nous verront comme des enquiquineurs de première ? ». Ils se mirent à rire et finirent par se dire qu'ils n'auraient pas dû partir. Emma décida :
- Et si nous rentrions !
- Oh oui ! et si tu venais avec moi ?
- Non ! mes amis vont s'inquiéter !
- On ne se reverra plus ? reprit Victor
- Je ne pense pas, mais, mais si on se donnait rendez-vous chez toi ?
- Euh ! Chez moi j'ai peur que mes parents ne te prennent pour un repas !
- Non merci ! On dit chez moi alors, tous les samedis ; moi à 8h00, toi à 18h00, merci le décalage horaire !
- À samedi
- À samedi

Ils se quittèrent. Victor avait l'impression d'avoir oublié quelque chose. Mais quoi ?
« COCORICO !!!! »

Que dire, que dire... tout d'abord, que ça me fait bien plaisir de lire les filles de Kill dans un exo!
Beaucoup d'idées dans leurs deux têtes et on devine qu'il y en avait sans doute plus encore. Etonnant conte de Noël (on se demande d'ailleurs à un moment quand il deviendra vraiment "de Noël") avec deux destins qui se croisent d'une manière étrange et inattendue. Si je garde en tête l'âge des filles (10 et 12, c'est ça?), je me dis qu'elles se débrouillent plutôt bien! Il y a bien certaines hésitations dans l'écriture, mais c'est tout à fait légitime. Et puis moi, il y a un truc qui m'a suprise en bien et qui me plaît beaucoup: leur vision d'un conte de Noël. Pas de vert sapin, de musique Coca-Cola, de flonflons et de Ho-Ho-Ho. Rien de tout ça et naïvement, j'aurais eut-être cru que chez des plus jeunes, ça serait venu en premier. Pas du tout! Un peu de tristesse, un peu de noirceur, pas mal d'humour l'air de rien et puis de la lucidité à travers les portraits de ces deux mômes en mal de vivre. De la maturité, quoi. Et il si il y en a dans le conte, c'est qu'il y en a dans la tête de leur auteurs.
Bravo les filles! J'espère que vous reviendrez de temps en temps (ou souvent) par ici, c'est chouette de vous lire!

Si la mémoire de Sahkti ne défaille pas quant aux âges des puces, c'est vachement bien écrit mais surtout imaginé. Je me demandais si l'une avait écrit l'histoire d'Emma et l'autre celle de Victor ou si les plumes s'étaient complètement fusionnées ? C'est bien un conte, la magie de la rencontre. De Noël de surcroit avec le "Père Noël" qui apporte la chaleur et il y a une morale qui pourrait être "Finalement, on est pas s imal chez soi, même si on chosit pas sa famille et son entourage" Et puis surtout la richesse des échanges. Bravo vraiment, un vent de fraîcheur soufflait ce matin tout autour de mon écran. Bravo les filles !

Très très joli, frais, agréable à lire. Le style est trépidant,, phrases courtes, vivacité du récit, pas de temps mort.
Juste un peu de mal avec la transition entre la fillette qui se trouve devant 3 portes et la description de la famille cannibale. J'ai cru qu'il y aurait plusieurs contes de Noël à la suite! ;-)
Et puis non, les enchaînements se font ensuite parfaitement.
Les personnages sont attachants, touchants.
Même si le Père Noël ne joue pas, en apparence, un grand rôle (puisqu'il ne croit même pas en lui-même...), c'est une touche de chaleur supplémentaire ajoutée aux liens d'amitié entre la fille et le cerf et entre le garçon et le perroquet.
Les filles, vous seriez douées pour rédiger des livres de contes pour enfants car on sent une imagination débordante qui ne demande qu'à sortir.
Bravo!
Oui, revenez, individuellement ou ensemble!

Ah oui pour le coup c'est un conte, un vrai! Un temps, je me serais cru revenu sur les genous de mon grand-père quand il me racontait des histoires. C'est tendre, léger, plein de fraïcheur. J'ai apprécié les récits en parallèle et puis la rencontre. Bien construit. De l'humour aussi : "Ce sont bien les filles de....". J'ai apprécié aussi le fait que Noël ne soit qu'évoqué un petit peu et ne prenne pas toute la place.
Bref vous l'aurez compris, les filles, un grand bravo!!! Et à la prochaine, j'espère ? -)

Bravo les filles !
C’est un joli conte raconté avec beaucoup d’imagination.
Il y a plein de belles choses et vous avez réussi à écrire une histoire vraiment originale. Une héroïne avec une tête de clown, un grand cerf amical, une famille cannibale, un perroquet avec un nom de coq, c’est pas si fréquent ! C’est très drôle en tout cas. La crème de prout et la Macarena aussi !
Et puis la rencontre de ces deux enfants au hasard d’une porte est écrite avec beaucoup de tendresse. Vous avez su mélanger habilement l’humour et l’émotion et ça, ce n’est pas rien.
Je devine que vous avez pris du plaisir à écrire ce conte, en tout cas moi j’en ai pris à le lire.
Merci les Guimauves

Un vrai joli conte plein d’humour de pirouettes et de trouvailles. C’est très rafraîchissant et ça se lit avec bonheur. Merci les Guimauves !

merci à tous pour les critiques vous êtes tous très sympas
pour répondre à une des questions: oui, chacune a écrit son personnage
encore merci :0)

(et Marielle, grâce à toi on est riche, on a de belles maisons (et des toilettes :0)) ))

guimauves a écrit:(et Marielle, grâce à toi on est riche, on a de belles maisons (et des toilettes :0)) ))

Haaaaaaaa!! ;))

Quelle imagination les Guimauves, pour inventer un conte pareil !
C'est très drôle et plein de finesses de bout en bout ! C'est très bien raconté (vous êtes à l'école du père Kill ?)
Et puis c'est plein de magie et de mystère.
On prend beaucoup de plaisir à lire, et puis à la fin, ma foi, on retombe un peu vite sur terre !
Mais c'est normal, les meilleurs contes ont une fin, donc…

Je lis les critiques des autres après avoir envoyé la mienne, alors maintenant, je vois que vous avez 10 et 12 ans ?
Décidément, "La valeur n'attend pas le nombre des années" dans la famille de papa Kill ! ;-))

Retrouver l'innocence et tout le plaisir à dire, ça t'as un de ces parfums qui fleure bon.
Suis pas doué Kill, mais dis à tes filles qu’épaté je suis :-)

Yali a écrit:Retrouver l'innocence et tout le plaisir à dire, ça t'as un de ces parfums qui fleure bon.
Suis pas doué Kill, mais dis à tes filles qu’épaté je suis :-)

Sans les fautes stp :-)

Je trouve ce conte drôlement bien écrit ! Vous avez de l'avenir pour prendre la relève de Kill :0)

Beaucoup d'imagination dans ce conte, et c'est vraiment bien construit, surtout qu'un quatre mains avec deux histoires qui se répondent jusqu'à la rencontre, ce n'est pas le plus simple à réaliser !!! Moi aussi j'ai pris du plaisir à le lire, trés original, cohérent, la rencontre est bien amenée, les dialogues vifs avec une touche d'humour, en un mot, bravo !

(j'espère qu'il y'aura d'autres textes :0)

10 et 12 ans vous dites? Mazette ! Que d'imagination ! Quelques expressions vraiment bien trouvées (le "beau jour" etc...) et pas de rupture de style. Vous avez même réussi à différentier les dialogues du perroquet de ceux de son maître. Seul minuscule regret pour moi, j'aurais bien aimé savoir ce qu'étaient devenu les parents de la jongleuse : y avait-il un rapport avec le cerf? Au plaisir de vous relire.

Je teste le commentaire sur les vieux textes, en l'occurrence celui-ci est le premier texte posté sur VE.

Ah bah, du coup, Salut à Grieg.

Heu, vraiment, les filles de Kill ???
Mais il sait tout faire bien, c'thomme-là !

coline Dé a écrit:Heu, vraiment, les filles de Kill ???
Mais il sait tout faire bien, c'thomme-là !

:0)))))))

Merci panda de faire remonter cette histoire d'enfants !