La vie en morceaux
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Janis
Anne Veillac
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La vie en morceaux
Chapitre 1
En ce début d’année 2013, Florence Forimon, 48 ans, ne se sentait ni heureuse ni malheureuse. Elle qualifiait sa vie de plate. C’était le mot qu’elle avait trouvé. Il lui convenait. Dans sa liste de vocabulaire, elle cherchait souvent les termes exacts et ressentait une frustration lorsqu’elle n’y arrivait pas. Il lui fallait nommer les choses précisément. Peut-être un travers de mathématicienne.
Il n’en avait pas toujours été ainsi. Florence avait connu, quelques temps auparavant, une passion amoureuse. C’était une chose à connaître une fois dans son existence, mais une fois seulement. Les douleurs avaient été trop fortes.
Maintenant, elle se partageait entre sa mère qui débutait une maladie d’Alzheimer, ses filles jumelles qui étaient parties faire leurs études à Rouen et qui revenaient de temps en temps, et son métier d’enseignante pour lequel elle ressentait une grande lassitude. En plus de cela, elle avait parfois un amant. Comme elle le disait pudiquement lorsqu’elle voulait faire une confidence :
— J’ai besoin de la tendresse d’un homme.
Bien sûr, sa vie était faite de mille autres choses. Elle était comme tout le monde. Elle avait des amis, rencontrait des gens, allait faire ses courses, voyait des films, sortait, regardait la télévision, lisait, se promenait, craquait pour des vêtements ou des chaussures, avait des moments de cafard, trainait les matins où elle ne travaillait pas, prenait les transports en commun, s’occupait du chat de la voisine partie en vacances…
C’était comme un patchwork dont les carrés se répétaient à l’envie, toujours les mêmes. Un patchwork tout plat.
Chapitre 2
Parfois, elle se souvenait des rencontres qu’elle avait faites via Internet.
La première fois…
Il faisait nuit. Elle vit une silhouette s’avancer et ressentit une contraction très forte. Comme si elle avait fait une bêtise. Elle n’eut qu’une envie : fuir. Mais elle ne le pouvait pas, c’était trop tard. Ce n’était pas l’homme qui provoquait cela, elle n’en distinguait encore aucun détail. C’était la situation. A la fois surréaliste, absurde, ridicule.
Plus tard, assise dans un café en face de Pierre, elle se détendit. Elle regarda ses yeux bleus et y vit la Méditerranée. Elle pensa que c’était un cliché, mais ne souhaitait pas voir autre chose. La mer et c’est tout. L’attirance se contrefiche des clichés. Elle s’en nourrit même.
Florence avait connu une liaison rapide avec lui. Ils avaient fait l’amour trois fois. Une expérience étrange, sans sensualité ni tendresse. L’amour sans les mains. Juste le sexe et mots. Quand il était en elle, il lui disait des grossièretés. Une nouveauté. Cela lui procura beaucoup de plaisir.
Pierre la quitta rapidement. Ce ne fut pas une tragédie.
Après, il y avait eu Alessandro, Halim, Michel, Alessandro encore et Lionel.
Alessandro…
Premiers regards, premières paroles, de nuit encore, et elle se sentit bien, comme si la rencontre était parfaitement naturelle. Après avoir passé deux heures dans un café, elle repartit chez elle amoureuse. Il l’avait pourtant prévenue, il ne fallait pas s’attacher à lui. Ses histoires avec les femmes ne duraient pas plus de six mois. Par la suite, les choses n’allèrent pas en s’arrangeant. C’était avec Alessandro qu’elle connut la passion et son lot de souffrances.
Il resta pourtant un an avec elle, la quitta, la retrouva et cela dura cette fois les six mois annoncés. Pendant la séparation, elle fit l’expérience du vide. Pourtant, elle mit toute son énergie à se battre contre l’anéantissement. Elle eut deux autres amants. Halim d’abord. Une sensualité chaude, débordante, communicative. Il ne fut pas question d’amour. Il était marié et elle décida, depuis le début, que leur relation ne serait que sexuelle. Peut-être à cause de cette décision, son plaisir fut immense. Un feu d’artifice. Mais, à leur deuxième rencontre, allongés sur un lit d’hôtel, elle se fit peur. Elle ressentit un étrange malaise. Quel sens cela avait-il de faire l’amour sans amour ?
Elle le quitta.
Elle voulait un amoureux.
Florence crut le trouver en Michel. Il était sérieux, cherchait une relation stable, peut-être même un mariage. Ce fut un fiasco. Contrairement aux autres amants, elle n’avait jamais envie de se souvenir de lui.
Alessandro revint et ce fut une période plus facile que la première. La passion était retombée. Elle n’était plus dans la dépendance. Elle pouvait profiter de lui. Mais cela ne lui suffit pas. Elle commença à trouver sa vie plate.
Quand il partit de nouveau, elle accusa le coup. Il lui manqua, lui manquait encore, mais elle savait éloigner la souffrance.
Elle rencontra Lionel, professeur de mathématiques, comme elle. Ils s’entendirent bien, il y avait de l’amitié entre eux, mais le désir m’émoussa vite. Ils restèrent amis.
Elle en était là en ce début d’année 2013.
En ce début d’année 2013, Florence Forimon, 48 ans, ne se sentait ni heureuse ni malheureuse. Elle qualifiait sa vie de plate. C’était le mot qu’elle avait trouvé. Il lui convenait. Dans sa liste de vocabulaire, elle cherchait souvent les termes exacts et ressentait une frustration lorsqu’elle n’y arrivait pas. Il lui fallait nommer les choses précisément. Peut-être un travers de mathématicienne.
Il n’en avait pas toujours été ainsi. Florence avait connu, quelques temps auparavant, une passion amoureuse. C’était une chose à connaître une fois dans son existence, mais une fois seulement. Les douleurs avaient été trop fortes.
Maintenant, elle se partageait entre sa mère qui débutait une maladie d’Alzheimer, ses filles jumelles qui étaient parties faire leurs études à Rouen et qui revenaient de temps en temps, et son métier d’enseignante pour lequel elle ressentait une grande lassitude. En plus de cela, elle avait parfois un amant. Comme elle le disait pudiquement lorsqu’elle voulait faire une confidence :
— J’ai besoin de la tendresse d’un homme.
Bien sûr, sa vie était faite de mille autres choses. Elle était comme tout le monde. Elle avait des amis, rencontrait des gens, allait faire ses courses, voyait des films, sortait, regardait la télévision, lisait, se promenait, craquait pour des vêtements ou des chaussures, avait des moments de cafard, trainait les matins où elle ne travaillait pas, prenait les transports en commun, s’occupait du chat de la voisine partie en vacances…
C’était comme un patchwork dont les carrés se répétaient à l’envie, toujours les mêmes. Un patchwork tout plat.
Chapitre 2
Parfois, elle se souvenait des rencontres qu’elle avait faites via Internet.
La première fois…
Il faisait nuit. Elle vit une silhouette s’avancer et ressentit une contraction très forte. Comme si elle avait fait une bêtise. Elle n’eut qu’une envie : fuir. Mais elle ne le pouvait pas, c’était trop tard. Ce n’était pas l’homme qui provoquait cela, elle n’en distinguait encore aucun détail. C’était la situation. A la fois surréaliste, absurde, ridicule.
Plus tard, assise dans un café en face de Pierre, elle se détendit. Elle regarda ses yeux bleus et y vit la Méditerranée. Elle pensa que c’était un cliché, mais ne souhaitait pas voir autre chose. La mer et c’est tout. L’attirance se contrefiche des clichés. Elle s’en nourrit même.
Florence avait connu une liaison rapide avec lui. Ils avaient fait l’amour trois fois. Une expérience étrange, sans sensualité ni tendresse. L’amour sans les mains. Juste le sexe et mots. Quand il était en elle, il lui disait des grossièretés. Une nouveauté. Cela lui procura beaucoup de plaisir.
Pierre la quitta rapidement. Ce ne fut pas une tragédie.
Après, il y avait eu Alessandro, Halim, Michel, Alessandro encore et Lionel.
Alessandro…
Premiers regards, premières paroles, de nuit encore, et elle se sentit bien, comme si la rencontre était parfaitement naturelle. Après avoir passé deux heures dans un café, elle repartit chez elle amoureuse. Il l’avait pourtant prévenue, il ne fallait pas s’attacher à lui. Ses histoires avec les femmes ne duraient pas plus de six mois. Par la suite, les choses n’allèrent pas en s’arrangeant. C’était avec Alessandro qu’elle connut la passion et son lot de souffrances.
Il resta pourtant un an avec elle, la quitta, la retrouva et cela dura cette fois les six mois annoncés. Pendant la séparation, elle fit l’expérience du vide. Pourtant, elle mit toute son énergie à se battre contre l’anéantissement. Elle eut deux autres amants. Halim d’abord. Une sensualité chaude, débordante, communicative. Il ne fut pas question d’amour. Il était marié et elle décida, depuis le début, que leur relation ne serait que sexuelle. Peut-être à cause de cette décision, son plaisir fut immense. Un feu d’artifice. Mais, à leur deuxième rencontre, allongés sur un lit d’hôtel, elle se fit peur. Elle ressentit un étrange malaise. Quel sens cela avait-il de faire l’amour sans amour ?
Elle le quitta.
Elle voulait un amoureux.
Florence crut le trouver en Michel. Il était sérieux, cherchait une relation stable, peut-être même un mariage. Ce fut un fiasco. Contrairement aux autres amants, elle n’avait jamais envie de se souvenir de lui.
Alessandro revint et ce fut une période plus facile que la première. La passion était retombée. Elle n’était plus dans la dépendance. Elle pouvait profiter de lui. Mais cela ne lui suffit pas. Elle commença à trouver sa vie plate.
Quand il partit de nouveau, elle accusa le coup. Il lui manqua, lui manquait encore, mais elle savait éloigner la souffrance.
Elle rencontra Lionel, professeur de mathématiques, comme elle. Ils s’entendirent bien, il y avait de l’amitié entre eux, mais le désir m’émoussa vite. Ils restèrent amis.
Elle en était là en ce début d’année 2013.
Re: La vie en morceaux
Bon, j'ai lu mais admets pour le moment ne pas avoir été emballée, ni par la longue narration à l'imparfait du chapitre 1, ni par le catalogue des amants dans le 2.
Je dirais que, curieusement, cela manque de piment pour moi, ce qui n'est peut-être pas un hasard, puisque le texte décrit la vie plate de Florence Forimon - forme et fond en adéquation donc.
Je reste de toute façon ouverte à la suite, assez curieuse de voir comment ça va évoluer.
La dernière phrase laisse supposer un certain tournant possible.
"quelques temps auparavant"
"à l'envie"
"Juste le sexe et mots." (ici, il me semble soit qu'il manque un article soit que celui utilisé est superflu)
Je dirais que, curieusement, cela manque de piment pour moi, ce qui n'est peut-être pas un hasard, puisque le texte décrit la vie plate de Florence Forimon - forme et fond en adéquation donc.
Je reste de toute façon ouverte à la suite, assez curieuse de voir comment ça va évoluer.
La dernière phrase laisse supposer un certain tournant possible.
"quelque
"à l'envi
"Juste le sexe et mots." (ici, il me semble soit qu'il manque un article soit que celui utilisé est superflu)
Invité- Invité
Re: La vie en morceaux
J'aime bien quant à moi cette écriture étale
mais il est vrai que tout étant décliné sur le même registre, il finit par manquer un petit quelque chose.
Peut-être juste ajouter des détails, un peu de concret ?
Je ne sais pas trop dire ce qui manque.
Cependant, je suis aussi curieuse de la suite, et preneuse de ce style "plat", très singulier, assez doux.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: La vie en morceaux
Bonjour. J'ai trouvé l'énumération un peu longuette, comme désincarnée mais je suppose que c'est voulu. J'attends la suite.
Invité- Invité
Re: La vie en morceaux
Je survole vos productions et constate que vous abordez souvent le même thème : une femme un peu perdue qui rêve d'amour. J'imagine que vous êtes une grande romantique, personnellement ce genre là m'ennuie.
L'écriture est tout à fait correcte.
L'écriture est tout à fait correcte.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
La vie en morceaux
Mon texte est en 4ème position. Comme je ne sais pas si je peux répondre directement sur son fil, je préfère répondre ici.
Merci d'avoir pris le temps de me lire et de me commenter.
En fait, ce texte est un autre début pour "Florence". Je suis encore dans l'expérimentation et je voulais voir quel commencement fonctionnait le mieux. Hi Wen trouvait qu'avec "Florence", j'étais trop dans le factuel et j'ai voulu essayer complètement autre chose.
Je vais peut-être essayer encore autre chose...
Merci d'avoir pris le temps de me lire et de me commenter.
En fait, ce texte est un autre début pour "Florence". Je suis encore dans l'expérimentation et je voulais voir quel commencement fonctionnait le mieux. Hi Wen trouvait qu'avec "Florence", j'étais trop dans le factuel et j'ai voulu essayer complètement autre chose.
Je vais peut-être essayer encore autre chose...
Re: La vie en morceaux
Il est possible désormais de répondre sur le fil de son texte sans attendre 3 commentaires ou plus.
Pour info : http://www.vosecrits.com/t13200-modification-du-fonctionnement-des-forums
Pour info : http://www.vosecrits.com/t13200-modification-du-fonctionnement-des-forums
Modération- Nombre de messages : 1362
Age : 18
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: La vie en morceaux
Bonsoir,
Une écriture que j'aime beaucoup, pleine, ample et calme.
Une sorte de mode d'emploi que je lis aujourd'hui justement, par hasard !
... et je tiens à continuer à m'instruire ...
Amicalement,
midnightrambler
Une écriture que j'aime beaucoup, pleine, ample et calme.
Une sorte de mode d'emploi que je lis aujourd'hui justement, par hasard !
... et je tiens à continuer à m'instruire ...
Amicalement,
midnightrambler
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Re: La vie en morceaux
Je me demande si la numérotation en chapitres apporte vraiment quelque chose. Un blanc, une aération, quelques signes permettraient peut-être de ne pas ressentir cette cassure créée par le mot chapitre, mais ce n'est qu'un avis très perso.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La vie en morceaux
Pour ce qui est du texte, je le trouve un brin conventionnel mais ce n'est peut-être qu'un début, une introduction. La première partie permet de faire connaissance avec le personnage qui ne dégage alors rien de vraiment particulier, mais ça va peut-être venir.
La seconde me laisse davantage sur le côté, la liste des amants ne m'intéressant pas vraiment et apportant peu, trop de détails à mon goût.
La seconde me laisse davantage sur le côté, la liste des amants ne m'intéressant pas vraiment et apportant peu, trop de détails à mon goût.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La vie en morceaux
(Maintenant, en repensant à Florence qui juge sa vie si plate, c'est peut-être une volonté, quelque part, de suivre un tel fil, une linéarité si égale. A voir avec la suite !)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La vie en morceaux
J'aime bien cette "linéarité" dans l'écriture. Certes, la de Florence n'a rien de palpitant… quoi que, étant en morceaux, cela vaut peut-être mieux qu'une vie linéaire (et forcément ennuyeuse). Un texte qui démarre doucement.
Juste un point qui m'a chiffonné :
Juste un point qui m'a chiffonné :
un peu comme on débute la lecture d'un roman. C'est ennuyeux parce qu'avec cette maladie, impossible de se souvenir du début (prenez ça comme de l'humour de très mauvais goût. Qsss Qssss ! c'est pour éloigner le mauvais sort). :-) (timide sourire).sa mère qui débutait une maladie d’Alzheimer
Invité- Invité
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