Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
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Gobu
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Yoni Wolf
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Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
t'as du velours dans l'existence ben oui
c'est comme ça t'es belle
petite
t'es vraiment belle
tu me rappelles et tu me rappelles
la plus etrange partie d'un rêve
le moment du message
le ton de voix de
l'ange t'as du chien t'as de l'or
dans le regard et du creux
de vague au creux de l'ongle
t'es belle petite
et tu brilles et tu perles et tu t'épands
et t'es aussi je veux dire
on te dirait parfois pareille
à l'eau d'un puits
lorsqu'elle tremble et déforme le ciel
au passage lent et triste des hélicoptères
t'es belles petite et t'es triste aussi
parfois
et tu m'évoques et tu m'évoques et tu m'évoques
et j't'ai dans la peau
comme
une petite respiration
de l'âme et je
souris à ta pensée
pas plus
pas moins
et t'es comme un être plus beau que moi
qui viendrait
le soir
à mon chevet
dans mon plus profond
sommeil et dessinerait
là
sur le dos nu de mes yeux clos
le regard droit d'un homme heureux
c'est comme ça t'es belle
petite
t'es vraiment belle
tu me rappelles et tu me rappelles
la plus etrange partie d'un rêve
le moment du message
le ton de voix de
l'ange t'as du chien t'as de l'or
dans le regard et du creux
de vague au creux de l'ongle
t'es belle petite
et tu brilles et tu perles et tu t'épands
et t'es aussi je veux dire
on te dirait parfois pareille
à l'eau d'un puits
lorsqu'elle tremble et déforme le ciel
au passage lent et triste des hélicoptères
t'es belles petite et t'es triste aussi
parfois
et tu m'évoques et tu m'évoques et tu m'évoques
et j't'ai dans la peau
comme
une petite respiration
de l'âme et je
souris à ta pensée
pas plus
pas moins
et t'es comme un être plus beau que moi
qui viendrait
le soir
à mon chevet
dans mon plus profond
sommeil et dessinerait
là
sur le dos nu de mes yeux clos
le regard droit d'un homme heureux
Re: Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
j'ai adoré le passage des hélicos, terrible
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 51
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
Yoni Wolf a écrit:
à l'eau d'un puits
lorsqu'elle tremble et déforme le ciel
au passage lent et triste des hélicoptères
là
sur le dos nu de mes yeux clos
ça c'est sublime!
Du coup, je vais être plus exigeante pour le reste, et dire que je voudrais cette qualité là partout ;0)
J'aime aussi "la partie la plus étrange d'un rêve".
Le "t'es belle" revient peut-être un peu trop souvent, parce que, je veux dire, le "t'es aussi je veux dire" dit mille fois plus que ça :0)
J'aime beaucoup cette manière là.
Idem pour l'homme heureux, j'aurais aimé une formule hélicoptère! Bon, sans tomber dans un manque de sobriété, non plus.
Enfin, je suis contente d'être passée te lire!
Re: Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
C'est bancal et c'est ça qui me botte ainsi que le velours de l'existence.
Good shot, Yoni.
Good shot, Yoni.
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
C'est bancal et c'est comme des morceaux, c'est comme pas épuré... C'est comme une belle déclaration d'amour. Ne "retaillez" pas pour que ça colle aux standards, le charme de ce poème c'est ce côté allongé, un peu dépassé par les événements, par l'amour.
Re: Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
La beauté d'un poème réside pour beaucoup dans la mystérieuse alchimie des images. Images dont on traque parfois en vain la procédure. Cela tient, pour ainsi dire, de l'évidence déroutante.
Ce poème me touche plus que ce que j'ai pu lire de toi jusque-là. Le superlatif "la plus étrange partie d'un rêve" signale le degré extrême d'intensité de l'évocation. L'écho "rappelles / rappelles", qui fonctionne sur les deux sens d'un même verbe (appeler à nouveau et revivifier le souvenir), est particulièrement enchanteur. La confrontation de degrés différents de réalité, comme on passe du coq à l'âne (" l 'ange " / le "chien" / " l'or ") contribue à troubler agréablement le lecteur. On est aussi charmé par les deux états de l'eau à travers lesquels passe la femme. Elle offre, d'un côté, l'image transparente, le pur miroir d'une eau de mer, d'une "vague" ("tu brilles", "tu perles", "tu t'épands") ; d'un autre côté, elle est l'eau, stagnante, opaque, du puits, celle qui se mue, se livre au jeu des métamorphoses ("tremble", "déforme"), au spectre incertain, mouvant de ses reflets ("le ciel", "les hélicoptères"). Toute la différence, sans doute, entre le "parfois" (évoqué deux fois par le texte) et le souvent que l'on devine présent partout ailleurs. L'amour véritable ne repose jamais sur une sédimentation uniforme, plane, mais sur la représentation d'états complémentaires ("t'es belle" / "t'es triste") qui nourrissent, alimentent la fraîcheur de la relation. L'image de la femme aimée est constamment vivace au point de ne plus trouver à se dire (anaphore de "tu m'évoques"). Dans la dernière partie du poème, on pense à "la fée au chapeau de clarté" de Mallarmé, celle qui fait "neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées" sur le sommeil de son protégé. L' "être plus beau que moi" et l'utilisation du conditionnel ("viendrait", "dessinerait") accrédite une hypothèse de cette sorte, celle d'une figure féminine souveraine, comme une représentation tutélaire. Le "plus profond sommeil" répond, en quelque manière, à "la plus étrange partie d'un rêve" du début. Et puis, il y a cette symbolique de l'ouverture de l'oeil. La paupière suggérée, espace transitoire complexe entre obscurité et lumière, état d'inconscience et de conscience. Cette déconcertante métaphore ("sur le dos nu de mes yeux clos") fait partie de ces terrains un brin obtus que l'on pourrait peler, écaler, écosser, décortiquer à l'infini.
Ce poème me touche plus que ce que j'ai pu lire de toi jusque-là. Le superlatif "la plus étrange partie d'un rêve" signale le degré extrême d'intensité de l'évocation. L'écho "rappelles / rappelles", qui fonctionne sur les deux sens d'un même verbe (appeler à nouveau et revivifier le souvenir), est particulièrement enchanteur. La confrontation de degrés différents de réalité, comme on passe du coq à l'âne (" l 'ange " / le "chien" / " l'or ") contribue à troubler agréablement le lecteur. On est aussi charmé par les deux états de l'eau à travers lesquels passe la femme. Elle offre, d'un côté, l'image transparente, le pur miroir d'une eau de mer, d'une "vague" ("tu brilles", "tu perles", "tu t'épands") ; d'un autre côté, elle est l'eau, stagnante, opaque, du puits, celle qui se mue, se livre au jeu des métamorphoses ("tremble", "déforme"), au spectre incertain, mouvant de ses reflets ("le ciel", "les hélicoptères"). Toute la différence, sans doute, entre le "parfois" (évoqué deux fois par le texte) et le souvent que l'on devine présent partout ailleurs. L'amour véritable ne repose jamais sur une sédimentation uniforme, plane, mais sur la représentation d'états complémentaires ("t'es belle" / "t'es triste") qui nourrissent, alimentent la fraîcheur de la relation. L'image de la femme aimée est constamment vivace au point de ne plus trouver à se dire (anaphore de "tu m'évoques"). Dans la dernière partie du poème, on pense à "la fée au chapeau de clarté" de Mallarmé, celle qui fait "neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées" sur le sommeil de son protégé. L' "être plus beau que moi" et l'utilisation du conditionnel ("viendrait", "dessinerait") accrédite une hypothèse de cette sorte, celle d'une figure féminine souveraine, comme une représentation tutélaire. Le "plus profond sommeil" répond, en quelque manière, à "la plus étrange partie d'un rêve" du début. Et puis, il y a cette symbolique de l'ouverture de l'oeil. La paupière suggérée, espace transitoire complexe entre obscurité et lumière, état d'inconscience et de conscience. Cette déconcertante métaphore ("sur le dos nu de mes yeux clos") fait partie de ces terrains un brin obtus que l'on pourrait peler, écaler, écosser, décortiquer à l'infini.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
Ah oui, "la plus étrange partie d'un rêve", ça ouvre un immense champ d'évocation, d'interrogation. Ce que c'est qu'aimer.
Très beau poème Yoni.
Très beau poème Yoni.
Re: Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
jfmoods a écrit:'.... Cette déconcertante métaphore ("sur le dos nu de mes yeux clos") fait partie de ces terrains un brin obtus que l'on pourrait peler, écaler, écosser, décortiquer à l'infini.
Deux associations sur cette image :
- les contes dans lesquels le héros doit déjouer la surveillance d'un féroce gardien de trésor (dragon ou géant) qui dort les yeux ouverts et est éveillé les yeux fermés. C'est à dire l'ambiguïté du guet et de la supra-lucidité du sommeil, du rêve.
- le livre de photos burlesques des "bricolages du professeur Choron" : pour dormir tranquillement au bureau en trompant son patron, se peindre des yeux sur les paupières mobiles. La photo était assez fascinante, c'est le cas de le dire :-))
Re: Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
Mais qui a parlé de coller aux standards ?Manon Lunalice a écrit:C'est bancal et c'est comme des morceaux, c'est comme pas épuré... C'est comme une belle déclaration d'amour. Ne "retaillez" pas pour que ça colle aux standards, le charme de ce poème c'est ce côté allongé, un peu dépassé par les événements, par l'amour.
Re: Pour Shiny (poème bancal d'un soir léger)
C'est du beau bancal Yoni !
Du bancal qui sent bon les tripes, le sincère et l'amour vrai, celui qu'on a envie de hurler et qui fait mal. Je t'aime bien dans ce registre parce que tu y mets beaucoup de toi et ça se (res)sent, ça fait du bien là où ça pourrait faire mal.
Du bancal qui sent bon les tripes, le sincère et l'amour vrai, celui qu'on a envie de hurler et qui fait mal. Je t'aime bien dans ce registre parce que tu y mets beaucoup de toi et ça se (res)sent, ça fait du bien là où ça pourrait faire mal.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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