Fragments
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Fragments
la mer a changé de cap ; il n'est plus l'heure d'ironiser, d'enfoncer les vagues de l'abîme ouvert par cent autres avec le sourire railleur des poètes ; plus l'heure de solder son âme au démon, de postuler l'idée de cul – comme cause finale – pour remuer ses fesses en public
donc, assez de la mécanique de rêve, du tapage de ces paquebots à métaphore, de l'amour raffiné qui se targue de bucolique, qui loue le goût de cerise des lèvres de l'amante en se moquant du raffinement, de la cerise et des lèvres de l'aimée
assez aussi de l'innocence prétendue, imbécile et tyrannique, qui prétend jouir, souveraine et doublement imbécile pour cela, de l'existence
assez de cet art bon chic bon genre de la cigarette consumée et de l'entendement parodié ; assez des poétesses mignonnes et de leur arbitraire médiocre
et pour finir assez de moi-même, de ma lassitude absolue, de mon inexistence maladive
que les eaux me brûlent et m'éventent ; qu'on me cloue à mille autres époques que la mienne ; qu'on me scelle dans le diamant du corps le bonheur incorruptible ; à la rage infinie qui meut le monde ; qu'on extirpe mes nerfs hors de ce ghetto boueux et qu'on les plante, avec la barbarie qu'il faut, dans la clarté absolue.
nocturne éternel du désir tu ouvres mes paupières bleues : la mer est envahie de musiques visuelles, de comédies absentes, de matelots métaphysiciens ; le vent est une caresse superficielle qui me brise le cœur ; j'ai peut-être le frisson trop sérieux, la sainteté risible, je m'assure en tout cas d'une certaine hygiène de l'âme ; je ne sais plus mépriser ; j'ai jeté aux ordures ce qui appartient aux ordures
pour ton aptitude à courber la transcendance dans mon cœur et à en épouser, pour l'élever à l'aube, la tragique confusion, j'ai beaucoup d'amitié
tu as cousue, en cette marée de minuit, la plage en laquelle je me couche et love ma joie d'ombre, mes ténèbres assoiffées, ma plénitude
tu as laissé, pour moi, cette douceur invincible, cette salve d'aurore éclatante, que je ne peux exprimer tout haut, faute d'en avoir précisément la voix
tu as eu la courtoisie de ne pas me promettre moins de désespoir, mais d'aérer ma résignation jusqu'à l'euphorie
et dans ma solitude, je me suis senti moins seul, moins amer
lames aiguisées des yeux, soyez souples, accueillez les chaleurs lumineuses, les vapeurs de sel et d'océans, les liqueurs rocailleuses, comme de tendres naufragés ; je ne veux plus de cette tranchante lucidité, qui opère le réel comme une chirurgienne plastique, qui le chante comme une sirène, avant d'ouvrir ses serres du fond du rêve et de les refermer cruellement sur l'existence. je veux arborer l'altitude géniale du crépuscule qui avale le jour et d'où la nuit dévale ; la profondeur furieuse, mais taquine, de l'horizon où les métamorphoses prennent des airs d'éternité ; je veux m'accorder tous les prétextes pour engager mon regard dans l'immense chrysalide qui surplombe la mer ; la mer ce promontoire du mystère d'où l'Atlantide et quelque divinité semblent prêtes à surgir
donc, assez de la mécanique de rêve, du tapage de ces paquebots à métaphore, de l'amour raffiné qui se targue de bucolique, qui loue le goût de cerise des lèvres de l'amante en se moquant du raffinement, de la cerise et des lèvres de l'aimée
assez aussi de l'innocence prétendue, imbécile et tyrannique, qui prétend jouir, souveraine et doublement imbécile pour cela, de l'existence
assez de cet art bon chic bon genre de la cigarette consumée et de l'entendement parodié ; assez des poétesses mignonnes et de leur arbitraire médiocre
et pour finir assez de moi-même, de ma lassitude absolue, de mon inexistence maladive
que les eaux me brûlent et m'éventent ; qu'on me cloue à mille autres époques que la mienne ; qu'on me scelle dans le diamant du corps le bonheur incorruptible ; à la rage infinie qui meut le monde ; qu'on extirpe mes nerfs hors de ce ghetto boueux et qu'on les plante, avec la barbarie qu'il faut, dans la clarté absolue.
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nocturne éternel du désir tu ouvres mes paupières bleues : la mer est envahie de musiques visuelles, de comédies absentes, de matelots métaphysiciens ; le vent est une caresse superficielle qui me brise le cœur ; j'ai peut-être le frisson trop sérieux, la sainteté risible, je m'assure en tout cas d'une certaine hygiène de l'âme ; je ne sais plus mépriser ; j'ai jeté aux ordures ce qui appartient aux ordures
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pour ton aptitude à courber la transcendance dans mon cœur et à en épouser, pour l'élever à l'aube, la tragique confusion, j'ai beaucoup d'amitié
tu as cousue, en cette marée de minuit, la plage en laquelle je me couche et love ma joie d'ombre, mes ténèbres assoiffées, ma plénitude
tu as laissé, pour moi, cette douceur invincible, cette salve d'aurore éclatante, que je ne peux exprimer tout haut, faute d'en avoir précisément la voix
tu as eu la courtoisie de ne pas me promettre moins de désespoir, mais d'aérer ma résignation jusqu'à l'euphorie
et dans ma solitude, je me suis senti moins seul, moins amer
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lames aiguisées des yeux, soyez souples, accueillez les chaleurs lumineuses, les vapeurs de sel et d'océans, les liqueurs rocailleuses, comme de tendres naufragés ; je ne veux plus de cette tranchante lucidité, qui opère le réel comme une chirurgienne plastique, qui le chante comme une sirène, avant d'ouvrir ses serres du fond du rêve et de les refermer cruellement sur l'existence. je veux arborer l'altitude géniale du crépuscule qui avale le jour et d'où la nuit dévale ; la profondeur furieuse, mais taquine, de l'horizon où les métamorphoses prennent des airs d'éternité ; je veux m'accorder tous les prétextes pour engager mon regard dans l'immense chrysalide qui surplombe la mer ; la mer ce promontoire du mystère d'où l'Atlantide et quelque divinité semblent prêtes à surgir
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
Re: Fragments
pour ton aptitude à courber la transcendance dans mon cœur et à en épouser, pour l'élever à l'aube, la tragique confusion, j'ai beaucoup d'amitié
tu as cousue, en cette marée de minuit, la plage en laquelle je me couche et love ma joie d'ombre, mes ténèbres assoiffées, ma plénitude
tu as laissé, pour moi, cette douceur invincible, cette salve d'aurore éclatante, que je ne peux exprimer tout haut, faute d'en avoir précisément la voix
tu as eu la courtoisie de ne pas me promettre moins de désespoir, mais d'aérer ma résignation jusqu'à l'euphorie
et dans ma solitude, je me suis senti moins seul, moins amer
Mon passage préféré de cette poés-isobathe de l'âme (de fond naturellement)
tu as cousu
tu as laissé, pour moi, cette douceur invincible, cette salve d'aurore éclatante, que je ne peux exprimer tout haut, faute d'en avoir précisément la voix
tu as eu la courtoisie de ne pas me promettre moins de désespoir, mais d'aérer ma résignation jusqu'à l'euphorie
et dans ma solitude, je me suis senti moins seul, moins amer
Mon passage préféré de cette poés-isobathe de l'âme (de fond naturellement)
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
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