Maître Oriental : Histoire du Guerrier

- Salut, Maître. La nuit te fut-elle profitable ?

- Elle l’eût été bien plus encore si tu ne t’étais mis dans ta tête de serin de me tirer du sommeil avant même que le jour ne daigne montrer sa face de lumière. Quelle mouche t’a donc piqué ? Je te connaissais plus enclin à paresser sur ta natte qu’à venir perturber le sommeil de l’honnête ermite !

- C’est que je me suis senti d’une telle fougue à mon éveil, Maître, que je n’ai pu résister à l’impulsion de bondir hors de ma couche, d’empoigner mon sabre de bois et de me livrer aux exercices de base du grand Maître Musachi.

- Je t’ai déjà conté que je l’ai connu du temps où je poursuivais ma quête du savoir au Japon avec l’idée de gagner ma vie comme guerrier. Oserai-je te dire que je l’ai même provoqué en combat singulier ?

- J’en suis béant, Maître, provoquer le terrible Musachi. Quelle bravoure ! Et qui remporta le combat ?

- Il n’y eut point combat.  Sinon je ne serais pas là à te le raconter. Nul n’a jamais affronté Musachi sans y laisser la vie.

- Qu’advint-il donc ?

- Lorsque je voulus dégainer mon katana, j’ai lu à l’instant même la certitude de ma mort dans son regard. Je l’ai donc salué selon le protocole pour reconnaître ma défaite. Il me dit les mots suivants.

- Tu es un grand escrimeur, mais si tu avais été meilleur que moi, je ne serais déjà plus de ce monde. Alors va en paix, et suis ta voie, qui est celle de la sagesse.

- Je le remerciai de son conseil et c’est ainsi que je me fis moine.

GOBU