L’île du diable

Lune est rousse.

Elle dénude ses épaules lentement,
entre ses seins s’écoule le sang du soleil satané.

La marée d’équinoxe déploie le miroir de ses rais
dont l’attrait
frise l’onde de bancs
qui fuient les mâchoires acérées.

La mer dépose sur ses cils
les corps tout haletants qui bientôt connaîtront
l’armée de coquillages qui rampent vers les îles
et de leurs pinces patientes les écailles de ciel arracheront.

L’autre est noire.

Elle coud les lèvres de l’océan.
Vers qui tends- tu tes tentaculaires laves
qui sondent les profondeurs intimes ?
Serait- ce vers ces vigiles,
victimes suspendues, entre le firmament
et son reflet vidé d’étoiles ?
Quel sortilège
quelle déraison
vous priva d’émotion
pour contempler le temps
et vous nourrir du vent.