Journal d'une instit' (1)

Mercredi 25 août

Demain, je retourne à l’école.
Très souvent, le jour de la pré-rentrée, il pleut. C’est une espèce de constante irrationnelle.
Les autres années, il m’est arrivé de partir, ce matin là, en tenue d’été, avec des chaussures ouvertes. Il s’est mis à pleuvoir et j’ai traîné l’humidité avec moi toute la journée.
J’ai trouvé un slogan : la pré-rentrée, les pieds mouillés.


Comme la rentrée approchait, j’ai discuté l’autre jour avec des commerçants. Leur fils rentre au CP. La mère a dit : « J’espère qu’il aura une maîtresse à poigne, c’est ce qui lui faut ».
Et aujourd’hui, au marché, je tombe sur un copain de mon fils et sur sa mère. On a parlé de leur maîtresse de l’an dernier. « Avec madame B., ça rigolait pas… » a-t-elle dit. « C’est ce qu’il fallait. L’année prochaine, ils seront peut-être avec Dominique. Elle est trop gentille. »
C’est comme en vacances. Il y avait une mère dont le fils était un peu dur. Un enfant de maternelle. Elle disait qu’il ne lui obéissait jamais. Elle espérait elle aussi, pour la rentrée, une maîtresse sévère.
Ca fait trois personnes. Il faudrait que je trouve un parent qui souhaite un enseignant tout simplement gentil, agréable, que son enfant aimera bien, qui lui donnera l’envie de travailler… Ca ferait un sur quatre.


Pour le temps, on verra demain. De toute façon, cette année, il pleut depuis que je suis rentrée de vacances.




Le 25 août, le soir

Je me suis rappelée qu’il fallait que je rentre la liste des élèves dans l’ordinateur, histoire d’avoir quelque chose de propre. J’ai tout remué. Tout mon bureau. Tous mes papiers. Je suis revenue deux fois aux mêmes endroits. J’ai rangé, trié, classé.
Pas de liste.
Je serai obligée d’aller voir la directrice et de lui demander son exemplaire. J’aurai l’air fine encore… Pourtant, je suis sûre de l’avoir mise de côté début juillet…





Jeudi 26 août

Au réveil, un ciel gris et uniforme.
Inexistant.
Mais il n’a pas plu de la journée. On verra demain, la pré-rentrée officielle en fait. Aujourd’hui, c’était juste pour ranger.


L’école était plutôt déserte. Je n’ai rencontré que cinq ou six personnes.


Dans ma classe, j’ai sorti des affaires, classé, rangé, jeté.
Une journée, avant de partir en vacances, pour tout caser dans les armoires, et une journée au retour, pour tout sortir.


Dans les classes de France et de Marie-Pierre, il y avait encore plus de papiers et de livres éparpillés que dans ma classe.


Je me souviens maintenant : j’ai rencontré ma quatrième personne pour mes statistiques personnelles. C’est Brigitte qui m’a parlé de sa fille. Elle a dit : « Lucie a eu une super maîtresse au CP. Elle a su rassurer tous les élèves. Une main de fer dans un gant de velours. »
Il y a le velours.


Hier soir, juste avant de me coucher, j’ai retrouvé ma liste d’élèves. J’ai imaginé qu’elle pouvait être dans le placard du salon, avec mes classeurs. Je n’y croyais pas mais j’ai essayé quand même. Au cas où… J’ai bien fait.


Maintenant, c’est le coupon pour la cantine de mon fils que je ne retrouve plus. Une toute petite bande bleue. Je ne me souviens même pas l’avoir mise de côté.


Ce soir, j’ai regardé la télévision. Autant en profiter. Après, je n’aurai pas souvent le temps. Il y avait « Tchourmo », avec Alain Delon dans le rôle de Fabio Montale. Le film n’était pas extraordinaire, mais j’avais envie de retrouver ma lecture de cet été.
C’est comme pour les livres. Ca ne va plus être pareil. Quelques pages le soir et puis je vais m’endormir sur les mots. C’est fini les lectures sans fin sur la plage ou ailleurs.
Ne pourrait-il pas y avoir un juste milieu entre ces grandes vacances sans contrainte et le reste de l’année où le temps manque toujours ?


Cette après-midi, j’ai discuté avec France. D’habitude, on ne partage pas grand chose. Aujourd’hui, on était sur la même longueur d’ondes.
- En fin d’année, ça me fait toujours drôle de me retrouver en vacances… je suis un peu désemparée pendant quelques jours…
- C’est comme moi…
- Et puis, quand il faut revenir, ça me fait bizarre aussi…
- C’est comme moi…





Vendredi 27 août

Aujourd’hui, la pré-rentrée officielle, avec tous les enseignants de l’école.


Dès le matin, du soleil. Pas partout, mais suffisamment. A huit heures, dans la rue, des visages éclairés.


Dans la matinée, Martine a dit :
- Il fait beau aujourd’hui. C’est rare pour une pré-rentrée. D’habitude, il pleut.
J’étais contente. Quelqu’un d’autre avait la même théorie que moi. Martine a de l’expérience. Elle enseigne depuis au moins trente ans.


Sur le parking de l’école, j’ai rencontré Corinne. On a garé nos vélos ensemble. On a parlé des vacances. Par hasard, on était allées sur la même île bretonne, à des moments différents. Ca été presque tout concernant le sujet « vacances ». On est arrivées en salle des maîtres, tout le monde s’est dit bonjour, on a échangé quelques mots et la réunion a démarré. Elle s’est terminée à deux heures de l’après-midi.


On ne devait pas recevoir les fournitures scolaires avant septembre.
Pas simple pour commencer la classe. On avait déjà connu ça.
Laure, une nouvelle collègue, était particulièrement embêtée. Elle n’avait pas un seul cahier dans sa classe. Elle cherchait partout qui pouvait lui en prêter. Et puis, vers 11 heures, la gardienne est arrivée en salle des maîtres avec une bonne nouvelle : les fournitures étaient là.
Il nous manque maintenant les livres.


Je me suis renseignée pour le coupon bleu de cantine. Cette année, la mairie les envoie directement dans les écoles.

Ce texte m'intéressait vu que je suis fille d'instit'^^

Mais malheureusement ça ne m'a pas trop emballée. Tu racontes une suite d'événements comme si tu tenais un journal de bord. L'idée était bonne mais il aurait fallu plus de style, d'humour ou de je ne sais quoi^^ Ici c'est plat, ça a l'air de l'embêter à mort de faire ça, on ne sait pas trop ce qu'elle ressent au final. Engage-toi plus dans une voie, que ce soit la critique, ou la nostalgie ou ce que tu veux !

Quant à :

Elle espérait elle aussi, pour la rentrée, une maîtresse sévère.
Ca fait trois personnes. Il faudrait que je trouve un parent qui souhaite un enseignant tout simplement gentil, agréable, que son enfant aimera bien, qui lui donnera l’envie de travailler… Ca ferait un sur quatre.

Les deux ne sont pas incompatibles ! Les deux sont bien souvent nécessaires !

Tout dépend à quoi tu destines ton texte, Anne. C'est un texte qui un intérêt personnel, en tant que journal, mais si le présentes ici, c'est que tu le considères comme un texte littéraire... alors, il manque peut-être, comme le souligne Faustine, un petit quelque chose pour lui donner cette dimension.

j'ai particulièrement aimé le premier paragraphe... la suite manquait un peu de tonus, un je-ne-sais-quoi qui m'aurait d'avantage embarquée.
Mais c'est bien écrit, et même sans être emballée je me suis laissée porter par les mots et l'histoire, ai eu du plaisir jusqu'à la fin... J'ai beaucoup aimé tous tes autres textes, celui-ci n'est pas mon préféré mais je retrouve cette même douceur, ce même amour des petites choses, des petits moments. Ils sont un peu moins sublimés cette fois, mais merci pour ces très jolis moments.

Anne

Je l'ai lu agréablement . C'est comme une tranche de vie avec des petites miettes de sentiments éparpillés.Et c'est bien écrit.
C'est vrai qu'il manque une histoire avec des personnages , des endroits à décrire ........
Pourquoi ne pas projeter tout cela dans une fiction dont tu aurais le rôle principal ?

Manu

Ton " Journal... " me rappelle un autre " Journal... " lu cet été. Il s'agit d'un outil didactique qui est mis à la disposition des personnes travaillant dans le domaine de la francisation. J'y ai retrouvé certaines petites routines et inquiétudes propres à la Rentrée, de celles qui mettent enseignants et élèves sur un pied d'égalité.
Merci pour ce petit moment vécu en marge de l'école ( la salle de classe, proprement dite, avec ses élèves ! ) et qui donnent à voir une autre image des enseignants, profs et autres " maîtresses " pour les nostalgiques !

Moi aussi j'ai bien aimé le ton factuel, détaché sans être froid et qui n'empêche pas les interrogations personnelles de la narratrice ; ça me plaît beaucoup, j'aimerais la suite.
Confusion sur les classes de France et de Marie-Pierre, ce n'est qu' la seconde mention de France que j'ai compris qu'il s'agissait d'un personnage et non pas du pays ! La phrase comme je la comprenais semblait bizarre mais il en faut plus pour m'étonner !

pris seul sans suite ou préalable, ton texte me semble manquer de quelque chose d'essentiel : une intrigue, une histoire, bref quelque chose à dire, à raconter.

Le style est assez neutre, le propos aussi, il manque quelque chose.

Mais si une suite est prévue, ça pourrait tout à fait tenir lieu de "préambule", du style : voilà le quotidien, le train train de l'existence d'instit et puis dans un 2ème temps, par petite touche, la découverte par le lecteur d'une félure chez cette instit ou une envie de changement ou une histoire qui se profile dans ce ronron ... Bref, si s'agit d'installer une ambiance tranquille, paisible et lisse, ça peut marcher, s'il s'agit juste de reporter, raconter un quotidien sans envisager de dévellopement particulier, ça me semble manquer soit d'un style original, soit d'un véritable point de vue pour accompagner le récit de ses actions, somme toute assez banale.

Voilà, ce n'est que mon avis ... à voir ...

Et petit point perso, pour mes enfants, je rêverai plutôt d'un/e instituteur/trice qui serait leur communiquer le plaisir de la découverte, la curiosité et l'envie d'apprendre ... la poigne de fer, berk, berk, berk ...

Charles a écrit:pris seul sans suite ou préalable, ton texte me semble manquer de quelque chose d'essentiel : une intrigue, une histoire, bref quelque chose à dire, à raconter.

Le style est assez neutre, le propos aussi, il manque quelque chose.

Mais si une suite est prévue, ça pourrait tout à fait tenir lieu de "préambule", du style : voilà le quotidien, le train train de l'existence d'instit et puis dans un 2ème temps, par petite touche, la découverte par le lecteur d'une félure chez cette instit ou une envie de changement ou une histoire qui se profile dans ce ronron ... Bref, si s'agit d'installer une ambiance tranquille, paisible et lisse, ça peut marcher, s'il s'agit juste de reporter, raconter un quotidien sans envisager de dévellopement particulier, ça me semble manquer soit d'un style original, soit d'un véritable point de vue pour accompagner le récit de ses actions, somme toute assez banale.

Voilà, ce n'est que mon avis ... à voir ...

Et petit point perso, pour mes enfants, je rêverai plutôt d'un/e instituteur/trice qui serait leur communiquer le plaisir de la découverte, la curiosité et l'envie d'apprendre ... la poigne de fer, berk, berk, berk ...

ouh la la ... je me relis et je m'aperçois que j'ai tapé bien trop vite, pas assez relu et que mon message est truffé de fautes, parfois énormes ... Pardon Mme l'institutrice ;-)

J'aime beaucoup ce genre de texte(s).

C'est léger et en même temps parfois grave, bien senti, bien vu.

Je pense aussi apprécier le ton détaché mais in fine "faussement détaché".

Du Rohmer ? ;-)

Merci à tous pour vos commentaires.

Eh bien non, Charles, je n’ai pas fait attention à tes « erreurs » en orthographe. Je me suis juste intéressée au contenu de ton message.

Merci Island. J’ai changé France en Isabelle. C’est vrai que des petits détails comme ça, on ne les « voit » pas quand on écrit et ils peuvent freiner la lecture. C’est pour cela que c’est bien d’avoir des relecteurs. C’est chouette quand même que « vos écrits » existe…

J’ai bien « entendu » tout ce que vous m’avez dit, tous. Je n’ai pas envie de changer la forme, d’en faire un roman ou une fiction. Je voudrais que ça reste un journal. Mais grâce à vous, j’ai retravaillé ce début. J’ai enlevé, enlevé, enlevé. (C’est quelque chose que j’ai beaucoup de mal à faire. C’est une terrible contrainte pour moi. Je ne sais pas si vous êtes comme moi ?).
Du coup, cette pré-rentrée est plus rapide et le texte passe plus rapidement à la rentrée. Du coup, il y a des enfants qui arrivent. Une école sans enfant, c’est peut-être triste…

Moi Anne c'est l'inverse, toujours des difficultés à allonger la sauce ;-)

Des "instants" d'une vie "ordinaire"... Dans lesquels nous pouvons tous nous reconnaître, je crois. Le ton est léger, détaché juste ce qu'il faut, et l'humour en filigrane.

J'aime bien, c'est comme si tu nous ouvrais une petite fenêtre.

J'ai lu cet extrait de journal avec plus d'intérêt que d'émotion. Je trouve ça plaisant de découvrir les petits morceaux de quotidien des autres et la manière dont ils les vivent.
Néanmoins, je crois que pour pouvoir continuer à accrocher sur la longueur, il me faudrait sans doute quelque chose d'autre, quelque chose qui donnerait plus de mordant à ce récit...

j'ai entendu « scènes de la vie ordinaire » C'est juste.
Ce quotidien est le tien. C'est bien.
Je m'en vais voyager vers d'autres destinations. C'est mieux.

Désolée de commenter tardivement...

J'ai très moyennement accroché à ce journal. Pourtant, je suis fan du genre, en général, à condition que les fragments contiennent du mordant, du piquant, bref un truc qui rend les personnages attachants d'une manière ou d'une autre, quelque chose qui mène une action sur plusieurs jours (autre que chaque jour "c'est la pré-rentrée officielle...) tout en entrecoupant le récit de littérature anodine... bref d'âme et de passion. Or ici, je n'en ai pas vu et la naïveté de la narratrice m'a par moments ennuyée.
Avis perso qui n'engage que moi; une autre fois sans doute. Cette instit' n'a rien dégagé qui me donne envie de faire un bout de chemin avec elle ou de suivre ses cours; je la trouve un peu insipide en fait, sorry de le dire.