Mademoiselle Victorine (les enragées)
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Mademoiselle Victorine (les enragées)
Mademoiselle Victorine
.....Le front collé contre le carreau de sa fenêtre d’hôpital, mademoiselle Victorine rivait ses yeux sur la pelouse givrée du parc. Son souffle chaud dessinait deux cônes de buée opaque sous son bout de nez. Debout, les mains posées contre la croisée, elle restait ainsi immobile. Le temps de prendre mal aux jambes et de s’asseoir, Victorine attendait son animation favorite : la projection dominicale.
.....Le film se déroulait sur grand écran imaginaire, colorisé suivant les pigments de saison. Aujourd'hui séance en noir et blanc. Victorine connaissait par cœur le scénario.
.....Première scène : arrivée des voitures des visiteurs. Ainsi postée, la spectatrice pouvait en dénombrer le nombre exact. Certains conducteurs osaient garer leur véhicule sur les emplacements réservés aux médecins, cadres et hauts dignitaires de l'établissement. « Quel toupet ! »
.....Seconde scène : Entrée des artistes. Victorine se moquait tour à tour, des nouveaux venus. Les débrouillards qui tentaient de se repérer grâce aux flèches directionnelles étrangement mobiles sur leur axe pivotant. Elle avait un faible pour les bénévoles qui promenaient courageusement les esquintés en claudiquant entre les bancs.
Victorine rigolait de sa voisine chariotée sur le chemin chaotique, tant sécouée qu' elle avait du mal à conserver le trop-plein de choux à la crème et d'éclair au café arrosés d'un pétillant bien mousseux, apporté pour fêter la naissance du treizième petit enfant.
Comment pouvait-elle garder son sérieux lorsque, ridicules, les gones empaquetés d’habits propres s’ingéniaient à braver les interdits. Pelouse, cris, course et bruits. « Qu'est-ce qui ya encore ? — Ici c'est mort ! — Tais-toi voyou ! » Question drames, Victorine avait ses favoris.
.....Dans la série des grands brûlés, elle se souvenait des retrouvailles de ce jeune père de famille qui, serrant sa femme entre le reste de ses membres attelés ne put s'empêcher de mourir sous le regard de sa fille qui lui affirma : « D'abord, toi t'es pas mon papa. Le mien il a des cheveux longs comme ça. » Où ses yeux sans cils pourraient-ils déverser des larmes ailleurs que dans la cachette de son lit ce soir ? Oui, je le confirme, Victorine afficha un mauvais rictus au cours de cette scène.
.....Dans la série des grands accidentés de la route, elle ressassait méticuleusement l'épisode où, son voisin de chambre, adolescent, amputé d'un bras et d'une jambe recevait sa fiancée, charmante au cœur tendre. Elle, encore pré pubère, habillée très soft pour l'occasion, se précipita sur la chaise roulante, en l'étreignant avec de grands « Oh ! mon Amour ! et des Je t'aimerai toujours.» Pauvre fille disait Victorine, tu ne tiendras ton serment guère plus longtemps que le chant du coucou.
.....Dans la série histoires naturelles, certains petits malins échangeaient en cachette les bouteilles de vin vieux contre des bouteilles vides. Le manège prenait une allure de film comique dès lors que les deux guetteurs surveillaient les alentours en se postant aux angles de murs de la bâtisse. Malgré un échange discret de sacs, les verres entrechoqués résonnaient plus forts qu'un mégaphone ouvert en pleine puissance. MademoiselleVictorine photographiait sans flash, histoire de les faire chanter avant de les dénoncer.
.....La joie de Victorine s'exaltait au son de la douleur des autres survivants de l'hôpital, qui, solitaires comme elle, prenaient part aux visites familiales en écoutant les bribes de conversations, emplir les allées du parc.
.....Une après-midi à déguster la prestation d'un jour différent, animé. Et passait ainsi le temps creux, vidé de ses trajets quotidiens de la salle de Kiné à celle d'ergothérapie. Une après-midi à oublier d'être là, sous-vivante.
.....Victorine vérifiait le générique jusqu'au bout. Devant elle, se déroulait la liste des acteurs. Certains figurants portaient sur leur visage, les traits caractéristiques des personnes en résidence prolongée. Leur doublure peut-être ?
***
.....Mademoiselle Victorine fermait elle-même ses persiennes, transformées pour l'occasion, en rideau de fin de spectacle. Elle se rapprochait du téléphone. Avec ses doigts écartés, elle aérait sa permanente du début de mois. Victorine vérifiait la propreté de sa robe. D’un revers de main, elle chassait les poussières déposées sur sa taie d’oreiller. La sonnerie du téléphone retentissait enfin, au moment même où la cloche de la chapelle carillonnait six fois, elle aussi. Il lui plaisait de prendre le ton de la surprise feinte entre deux respirations haletantes. « Non, non ! J’étais avec la voisine, j’ai failli te louper. » La correspondante, sa sœur, s’enquérait de sa santé, énonçait les nouvelles du frère toujours dans les îles, de leur cousine décidément mal mariée. Dix minutes suffisaient à la conversation hebdomadaire. Victorine conservait tout de même, le combiné à son oreille pour le raccrocher avec de grands soupirs devant l’aide soignante, lui apportant son pilulier. « C’était votre sœur ? — Oui, je lui manque. Que voulez-vous, elle ne sait pas se débrouiller seule. Vous savez, elle perd la tête, à son âge.» Trois mots courtois contre deux politesses exiguës, l’intermède s’achevait par un faux semblant de sourire esquissé.
.....Victorine poussait sa chaise auprès de la table à roulettes, pour y attendre son plateau-repas. Alertée par les bruits de couloir, elle se plongeait dans une lecture passionnée du roman de Cohen : belle du seigneur. Les habituelles questions de la femme de service, semblaient littéralement la déranger de son livre, ouvert toujours à la même page depuis des semaines. « Je ne bois pas aujourd'hui ? » aboyait-elle. Confuse, la remplaçante intérimaire s'empressait de lui apporter un verre. « Mon eau est chaude. D'habitude, vous passez à 5 heures pour la changer ! » Le pot en main, la femme de service sortait pour faire le plein d'eau fraîche à la fontaine située dans le couloir. Une infirmière découvrant le manège habituel de la pensionnaire de la chambre 103. « Ola, ma fille ! Doucement. Laisse-la braire un peu. Occupe-toi des autres patients. Cette vieille chouette risque de te faire tourner bourrique avant que tu ne finisses ton service. »
La sonnerie grésillait longtemps dans le local vitré, appelé communément aquarium, clignotant de concert avec la veilleuse située au dessus de la porte, numéro 103.
Le dimanche, le personnel en effectif réduit assurait le service minimum auprès des résidents. Sans plus.
.....Le poste de télévision, silencieux comme un trou noir, diffusait son programme de nuit aussi plat qu'était résolument vide la pièce. Mademoiselle Victorine sortait du glacé de ses draps pour se poster face au reflet de sa fenêtre devenu miroir. Crue, la lumière du néon lui confirmait la mise en abîme de cette pauvre femme installée dans sa chambre qui regardait devant elle le spectre d'autres pauvres femmes installées dans leurs chambres identiques pour la nuit entière, pour la semaine à venir. Toutes les figurantes ici présentes affichaient la même impression de tristesse déjà rencontrée autrefois lors d'un précédent réveillon tout aussi emmuré.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Victorine... je croyais au début que ça avait un lien avec l'époque Victorienne.
Le sujet est tout autre, et pas des plus faciles à traiter.
On avance dans l'histoire avec une ambiance très calme, au rythme de la gériatrie. La distance du personnage avec la réalité de la vie des autres est souvent caustique, jamais méchante, juste due à l'expérience de l'âge, du moins je crois.
La réalité de l'hopital et la vie des personnages, vu la longueur du texte, est bien rendue.
Le face à face du personnage avec lui-même à la fin est saisissant. Ils sont dans une prison, désabusés, distants, avec le seul loisir de regarder la vie des autres tels des spectateurs... le dernier mot du texte -"emmuré"- est frappant.
Le sujet est tout autre, et pas des plus faciles à traiter.
On avance dans l'histoire avec une ambiance très calme, au rythme de la gériatrie. La distance du personnage avec la réalité de la vie des autres est souvent caustique, jamais méchante, juste due à l'expérience de l'âge, du moins je crois.
La réalité de l'hopital et la vie des personnages, vu la longueur du texte, est bien rendue.
Le face à face du personnage avec lui-même à la fin est saisissant. Ils sont dans une prison, désabusés, distants, avec le seul loisir de regarder la vie des autres tels des spectateurs... le dernier mot du texte -"emmuré"- est frappant.
Ezdan- Nombre de messages : 21
Age : 43
Date d'inscription : 02/08/2008
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Pas aussi enragé que d'habitude ce texte, B-Mô, mais on sent malgré tout une violence contenue, comme un besoin de réagir contre un avenir inéluctable
c'est assez fort, je trouve
et au final, bien dans la ligne
c'est assez fort, je trouve
et au final, bien dans la ligne
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
J'aime la première partie et ta manière de croquer cette femme, ce qui l'entoure; j'aime les images et les souvenirs qui ponctuent le quotidien que tu évoques.
La seconde partie est plus amère et ton personnage est dépeint avec un trait peut-être un peu plus "grossier". J'aurais préféré, je crois, que tu conserves la tonalité initiale.
La seconde partie est plus amère et ton personnage est dépeint avec un trait peut-être un peu plus "grossier". J'aurais préféré, je crois, que tu conserves la tonalité initiale.
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Bon texte qui ressemble, à s'y méprendre, au portrait d'une dame que je connais bien. Sa prison, à elle, est la solitude dont on a bien du mal à la tirer. Quand c'est chose faite, elle ne peut s'empêcher d'être méchante et de vous faire tourner en bourrique jusqu'à ce que vous la raccompagniez dans son appartement.
La solitude est une fichue prison dont on ne veut pas sortir. On est à la fois son propre compagnon et son propre bourreau.
Merci pour cette " Mademoiselle Victorine ".
La solitude est une fichue prison dont on ne veut pas sortir. On est à la fois son propre compagnon et son propre bourreau.
Merci pour cette " Mademoiselle Victorine ".
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Le texte est agréable, et l'ambiance particulièrement bien retranscrite je trouve. J'espère avoir l'occasion de lire d'autres portraits de ces fameux enragés.
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
Age : 36
Date d'inscription : 29/06/2008
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Ah cette enragée-là me tord le coeur, Bertrand!
L'amertume de sa douleur, ses aigreurs de solitaire qui se reflettent à l'infini dans les miroirs ... tu as su les rendre avec une férocité poignante qui réveille en moi, pour des raisons personnelles, de bien pénibles souvenirs. Touchée!
Roses des sables
Raides dans leurs douleurs les habillant de pierre
Elles sont engluées dans des gestes ridés
Alignant leur ennui, résignées à se taire,
Au désert des hospices, les roses ensablées.
Dans leurs yeux délavés on voit passer des songes
Des miettes de désirs, des chagrins périmés.
Au bras de leur fauteuil elles grattent de l’ongle
La croûte d’un espoir chaque jour repoussé:
Fuir les néons barbares, enfer aseptisé
De la mort mise en scène parmi des étagères!
Elles voudraient s’éteindre hors des mains étrangères
Entre deux plis de sable au creux de leur passé,
S’arracher au carcan ignoble des vitrines
Où, sanglées côte à côte, elles sont exposées.
Elles rêvent d'envol vers un lit familier
Les roses pétrifiées que l’attente assassine.
L'amertume de sa douleur, ses aigreurs de solitaire qui se reflettent à l'infini dans les miroirs ... tu as su les rendre avec une férocité poignante qui réveille en moi, pour des raisons personnelles, de bien pénibles souvenirs. Touchée!
Roses des sables
Raides dans leurs douleurs les habillant de pierre
Elles sont engluées dans des gestes ridés
Alignant leur ennui, résignées à se taire,
Au désert des hospices, les roses ensablées.
Dans leurs yeux délavés on voit passer des songes
Des miettes de désirs, des chagrins périmés.
Au bras de leur fauteuil elles grattent de l’ongle
La croûte d’un espoir chaque jour repoussé:
Fuir les néons barbares, enfer aseptisé
De la mort mise en scène parmi des étagères!
Elles voudraient s’éteindre hors des mains étrangères
Entre deux plis de sable au creux de leur passé,
S’arracher au carcan ignoble des vitrines
Où, sanglées côte à côte, elles sont exposées.
Elles rêvent d'envol vers un lit familier
Les roses pétrifiées que l’attente assassine.
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
facile, va voir ici :EmilSinclair a écrit:Le texte est agréable, et l'ambiance particulièrement bien retranscrite je trouve. J'espère avoir l'occasion de lire d'autres portraits de ces fameux enragés.
http://rollotomasi.free.fr/VE_cat
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
mentor a écrit:facile, va voir ici :EmilSinclair a écrit:Le texte est agréable, et l'ambiance particulièrement bien retranscrite je trouve. J'espère avoir l'occasion de lire d'autres portraits de ces fameux enragés.
http://rollotomasi.free.fr/VE_cat
merci mentor
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
Age : 36
Date d'inscription : 29/06/2008
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Je suis sidéré! D'abord par "Victorine"; c'est l'exact reflet de ce que je ressens quand je rends visite à une très proche parente hospitalisée;c'est très visuel aussi , très fort pouvoir d'évocation;ensuite par le poème d'Arielle: Roses des sables;c'est d'une justesse magnifiée par la qualité des mots, la musique des syllabes et surtout la criante vérité. Que d'émotion!"La vieillesse est un naufrage.."(je ne sais plus qui l'a dit)
muzzo- Nombre de messages : 618
Age : 90
Localisation : Va savoir...!
Date d'inscription : 13/07/2008
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
P.S:Juste un petit "truc" qui a dû t'échapper, au début...."dénombrait le nombre de voitures...."
muzzo- Nombre de messages : 618
Age : 90
Localisation : Va savoir...!
Date d'inscription : 13/07/2008
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Merci à tous pour vos lectures commentées.
Ezdan :
mentor :
Krystelle :
Lucy :
Emile Sinclair n'hésite pas. Je reste particulièrement demandeur de critiques sévères.
Arielle : Si de toucher une âme sensible provoque de telles effusions de langage poétique, je souhaite à l'avenir ma plume atteindre d'autres mains créatrices.
muzzo : tu fais bien de relever cette faute. Cela m'a permis d'en trouver d'autres.
Ezdan :
Si tu éprouves cette sensation, j'ai gagné en partie, un de mes objectifs.On avance dans l'histoire avec une ambiance très calme
mentor :
en tant que lecteur assidu tu sais pointer le petit moins dans le texte. Tu as raison et pourtant cette Victorine l'est particulièrement "enragée". Je retourne à mon ouvrage, corriger le fil de chaîne qui cloche.Pas aussi enragé que d'habitude ce texte
Krystelle :
effectivement, la cassure n'est pas assez nette, entre le spectacle vu à l'extérieur la journée et celui plus introspectif la nuit venue.ton personnage est dépeint avec un trait peut-être un peu plus "grossier".
Lucy :
Surement parce que cette habituelle compagne est jalouse de la compagnie d'autres personnes qui risquent de s'accaparer de ses meilleurs sujets.La solitude est une fichue prison dont on ne veut pas sortir
Emile Sinclair n'hésite pas. Je reste particulièrement demandeur de critiques sévères.
Arielle : Si de toucher une âme sensible provoque de telles effusions de langage poétique, je souhaite à l'avenir ma plume atteindre d'autres mains créatrices.
muzzo : tu fais bien de relever cette faute. Cela m'a permis d'en trouver d'autres.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
je te suis, B-Mô, j'ai bien parlé du texte qui me semblait moins enragé, son écriture, pas le personnage lui-même qu'on sent, effectivement, bouillonnant de l'intérieurbertrand-môgendre a écrit:mentor :en tant que lecteur assidu tu sais pointer le petit moins dans le texte. Tu as raison et pourtant cette Victorine l'est particulièrement "enragée". Je retourne à mon ouvrage, corriger le fil de chaîne qui cloche.Pas aussi enragé que d'habitude ce texte
;-)
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
J’ai aimé ce portrait. Mon préféré dans ta série des Enragés. Le personnage est intéressant et observé avec finesse.
Beaucoup de non-dits passent entre les images et j’adore ça.
Sinon
Je trouve que tu compliques parfois ta formulation, j’essayerais de simplifier.
Parfois tu veux trop en dire dans une seule phrase et cela alourdit ton propos.
« Ainsi postée, la spectatrice pouvait en dénombrer le nombre exact » :
ici la répétition très proche me gêne, je reformulerais.
gones : je ne connaissais pas le mot. C’est dans la région de Lyon qu’on l’emploie ? Il me plait.
« Avec ses doigts écartés, elle aérait sa permanente du début de mois. » :
L’image est belle mais perso, j’aurais mis : De ses doigts écartés, elle…
« Il lui plaisait de prendre le ton de la surprise feinte entre deux respirations haletantes. » :
J’aurai mis pour plus de compréhension : le ton feint de la surprise
Ou plus simplement : Elle s’amusait à feindre la surprise…
« Les habituelles questions de la femme de service, semblaient littéralement la déranger de son livre, ouvert toujours à la même page depuis des semaines. » :
Qu’apporte l’adverbe « littéralement » ici ?
Mais je le répète, j'ai apprécié ce texte.
Beaucoup de non-dits passent entre les images et j’adore ça.
Sinon
Je trouve que tu compliques parfois ta formulation, j’essayerais de simplifier.
Parfois tu veux trop en dire dans une seule phrase et cela alourdit ton propos.
« Ainsi postée, la spectatrice pouvait en dénombrer le nombre exact » :
ici la répétition très proche me gêne, je reformulerais.
gones : je ne connaissais pas le mot. C’est dans la région de Lyon qu’on l’emploie ? Il me plait.
« Avec ses doigts écartés, elle aérait sa permanente du début de mois. » :
L’image est belle mais perso, j’aurais mis : De ses doigts écartés, elle…
« Il lui plaisait de prendre le ton de la surprise feinte entre deux respirations haletantes. » :
J’aurai mis pour plus de compréhension : le ton feint de la surprise
Ou plus simplement : Elle s’amusait à feindre la surprise…
« Les habituelles questions de la femme de service, semblaient littéralement la déranger de son livre, ouvert toujours à la même page depuis des semaines. » :
Qu’apporte l’adverbe « littéralement » ici ?
Mais je le répète, j'ai apprécié ce texte.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
J'ai trouvé ce texte très beau... Je n'ai pas lu les autres "enragés" mais la rage de celui ci est du moins la plus désespérée.
Comme presque tout le monde j'ai en tête ma petite connaissance personnelle pour venir animer ce portrait...
En résumé, je trouve ce texte d'une infinie tristesse... peut être la pire
Comme presque tout le monde j'ai en tête ma petite connaissance personnelle pour venir animer ce portrait...
En résumé, je trouve ce texte d'une infinie tristesse... peut être la pire
desaparecer- Nombre de messages : 45
Age : 39
Localisation : Paris
Date d'inscription : 04/12/2007
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Lu Vanessa, Estébàn et Mahir : textes magnifiques. Dès que j’aurais un peu plus de temps, je t’assure me risquer à des critiques plus virulentes, mais la tâche ne sera pas aisée.^^
EmilSinclair- Nombre de messages : 68
Age : 36
Date d'inscription : 29/06/2008
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Un texte émouvant, qui sonne vrai, qui fait mal.
Quelques réticences, parfois, comme s'il y avait un peu trop de mots.
Là, une virgule de trop- ou de "trop peu"- me semble-t-il, entre le verbe et son cod: "certains figurants portaient sur leur visage, les traits caractéristiques"...
Quelques réticences, parfois, comme s'il y avait un peu trop de mots.
Là, une virgule de trop- ou de "trop peu"- me semble-t-il, entre le verbe et son cod: "certains figurants portaient sur leur visage, les traits caractéristiques"...
pierre-henri- Nombre de messages : 699
Age : 66
Localisation : Raiatea
Date d'inscription : 17/02/2008
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Portrait touchant et ô combien réaliste... Des tas de petits détails insignifiants qui prennent toute leur importance quand, comme pour Victorine, ils aident à se sentir encore un tant soit peu vivant.
Mention spéciale pour
Et merci à Arielle pour ce très très beau, triste poème.
Mention spéciale pour
à la fois en clin d'oeil aux gones et pour souligner la maladrese du verbe ("engoncés" peut-être)les gones empaquetés d’habits propres
Et merci à Arielle pour ce très très beau, triste poème.
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Marrant, je trouve un charme apaisant à ce texte.
Je suis passé à coté du drame qui se joue?
Ou ai-je bien aimé la rédaction ? Mystère.
Merci Bm pour ce texte bien balancé au niveau de l'écriture.
C'est une certitude.
Je suis passé à coté du drame qui se joue?
Ou ai-je bien aimé la rédaction ? Mystère.
Merci Bm pour ce texte bien balancé au niveau de l'écriture.
C'est une certitude.
Invité- Invité
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
J’ai lu toute la série Bertrand, en ai commenté peu pour ne pas — si la chose est possible — influencer le travail en cours. La langue est belle, maniée souvent avec saveur et avec cette pudeur si touchante. Mais, s’il faut un « Mais » et si je m’éloigne pour considérer cet ensemble, je m’interroge : est-ce un recueil ? Sont-ce les fragments d’un roman ? Autre chose ? Est-ce une question idiote que je pose là ? D’autant plus idiote que si ça se trouve, aucune finalité formatée ?
Bref, des qualités et pas qu’un peu, mais la destination du beau navire m’échappe :-)
Bref, des qualités et pas qu’un peu, mais la destination du beau navire m’échappe :-)
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Pili service poids et mesure
desaparecer, il ne manque que la photo. Je dois trouver un autre modèle, car la personne est morte depuis. Victorine m'a marqué sans jamais la connaître vraiment.
pierre-henri, je prends note.
Oui Island, en plus j'ai oublié l'accent des gônes. (môgendre va m'en vouloir).
Toi pandaWorks le fougueux, bercé par cette mémé ?
Ça aurait pu se passer comme ça, pour Victorine.
Bonnes questions Yali. Les premiers enragés vont enfin paraître sous forme de recueil regroupant des portraits avant la fin de l'année. Aucun lien ne les unit. Seules les photos serviront de fil rouge.
Les suivants seront insérés dans les voyages de Yoshitérù et Agapatou en cours d'écriture.
Bien vu, et c'est là un gros défaut : ne pas savoir écrire simple. Grâce à vous tous je progresse, mais lentement. Continue à souligner, je corrige de rang.je trouve que tu compliques parfois ta formulation, j’essayerais de simplifier.
Parfois tu veux trop en dire dans une seule phrase et cela alourdit ton propos.
desaparecer, il ne manque que la photo. Je dois trouver un autre modèle, car la personne est morte depuis. Victorine m'a marqué sans jamais la connaître vraiment.
pierre-henri, je prends note.
Oui Island, en plus j'ai oublié l'accent des gônes. (môgendre va m'en vouloir).
Toi pandaWorks le fougueux, bercé par cette mémé ?
Ça aurait pu se passer comme ça, pour Victorine.
Bonnes questions Yali. Les premiers enragés vont enfin paraître sous forme de recueil regroupant des portraits avant la fin de l'année. Aucun lien ne les unit. Seules les photos serviront de fil rouge.
Les suivants seront insérés dans les voyages de Yoshitérù et Agapatou en cours d'écriture.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Dans un premier temps, j'aurais bien vu le texte s'arrêter à "leur doublure", cela me paraissait suffisant et percutant.
La suite n'est pas inutile, mais différente, elle remet une couche là où il n'y en avait pas forcément besoin, apportant des précisions sur une Victorine que j'aurais préféré imaginer plutôt que la voir ainsi exposée, mais soit.
Il se dégage de tout cela une amertume et une colère, contenue ou non, qui rend le propos encore plus dramatique et troublant. C'est d'ailleurs souvent un des traits de la série Les enragés et c'est ce que j'aime, cette fausse sobriété pourtant si violente.
La suite n'est pas inutile, mais différente, elle remet une couche là où il n'y en avait pas forcément besoin, apportant des précisions sur une Victorine que j'aurais préféré imaginer plutôt que la voir ainsi exposée, mais soit.
Il se dégage de tout cela une amertume et une colère, contenue ou non, qui rend le propos encore plus dramatique et troublant. C'est d'ailleurs souvent un des traits de la série Les enragés et c'est ce que j'aime, cette fausse sobriété pourtant si violente.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Je ne dois pas être très différent de pas mal de monde, hormis socque, dont j'ai l'impression qu'elle lit tout, à telle enseigne que je m'en demande quand elle arrive à écrire.
Resté sur une impression moyenne sur Cathy et quelques autres écrits, j'avais mis de côté la lecture de tes textes. N'étant pas lecteur de maison d'édition, je peux me permettre de lire ce qui m'attire d'abord.
J'aurais loupé quelque chose. Je ne vais pas voler au secours de la victoire, l'accueil enthousiaste que tu as eu parlant suffisamment. Je vais lire le reste de tes envois.
En tous cas, bravo. Acéré, délicat, allégorique. Super boulot.
Resté sur une impression moyenne sur Cathy et quelques autres écrits, j'avais mis de côté la lecture de tes textes. N'étant pas lecteur de maison d'édition, je peux me permettre de lire ce qui m'attire d'abord.
J'aurais loupé quelque chose. Je ne vais pas voler au secours de la victoire, l'accueil enthousiaste que tu as eu parlant suffisamment. Je vais lire le reste de tes envois.
En tous cas, bravo. Acéré, délicat, allégorique. Super boulot.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Mademoiselle Victorine (les enragées)
Quant au poème d'Arielle, c'est un bijou d'une justesse et d'une économie rare, plein d'images vraies. Je ne sais s'il faut se réjouir de la justesse du texte ou ravaler un sanglot.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
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