Vos deux meilleurs bouquins !

Sahkti a écrit:Il y avait déjà un fil à ce sujet, faudrait que je cherche

Celui-ci ? Lancé par l'ami Kazar ?
https://vosecrits.1fr1.net/conversations-atelier-f4/vos-deux-meilleurs-bouquins-t2770.htm?highlight=deux+livres+pr%e9f%e9r%e9s

Oui !! Super easter, merci !

J'ai fusionné les deux sujets

Charles a écrit:J'ai fusionné les deux sujets

merci Charles !

Oups, excusez-moi, je n'avais même pas pensé à chercher un autre sujet du même genre. Merci pour la fusion, alors!

Pour moi, les deux livres sont :

- La mort est mon métier, de Robert Merle
- Le roi de l'hiver, de Bernard Cornwell

Et en bonus, une nouvelle formidable (et bien plus):

- Bartleby, de Herman Melville

Oh que oui Balzac ! et son pote syphilitique Maupassant, tout des deux !
Et les autres, les autres, deux titres ? Impossible.

Tristan a écrit:Je ne connais pas les Cavaliers de Kessel. C'est quel genre ?
Et, Barjavel, j'avais lu "la nuit des temps", et je m'étais ennuyé durant la seconde moitié du bouquin

Pour les Cavaliers, je plussoie, c'est un bouquin qui ne prend pas de rides, qui explore des mythes éternels, comme tous les mythes. Et Kessel est une belle plume, un baroudeur inspiré, cultivé, et visionnaire. Tu devrais te régaler (si tu ne veux pas être tutoyé, n'hésite pas à le signaler)

Je te conseillerai volontiers la Superbe de Chamson, dans le style roman historique. Excellemment documenté et écrit.

Et n'importe quel Cohen, en commençant par Solal.

Moi je repasse ma période Kerouac avec les Clochards Célestes, les Souterrains, et Big Sur ! Incontournables, de mon point de vue, et pour ceux qui n'ont jamais lu.
Je me surprends aussi à aimer de plus en plus l'Automne à Pékin de Vian ainsi que Tendre est la nuit de Fitzgerald.
Quant à Salammbô de Flaubert, il ne perdra donc jamais de sa grandeur, et je me régale en me replongeant dans les critiques de Sainte-Beuve, toujours pertinentes et bien écrites, mais où je ressens à chaque fois un soupçon de jalousie ; les réponses de Flaubert, d'ailleurs, se permettant de défendre son oeuvre sur Carthage, sont très intéressantes également.

Oui, Kerouac, et Fante, Brautigan.... en voilà des classiques pas classiques !!!!!
Et le grand, l'immense "Le bruit et la fureur" de Faulkner. Je radote, tant pis.
Et puis, classiques : "Wuthering heights", "Jane Eyre".

Hemingway.

silene82 a écrit:

Tristan a écrit:Je ne connais pas les Cavaliers de Kessel. C'est quel genre ?
Et, Barjavel, j'avais lu "la nuit des temps", et je m'étais ennuyé durant la seconde moitié du bouquin

Pour les Cavaliers, je plussoie, c'est un bouquin qui ne prend pas de rides, qui explore des mythes éternels, comme tous les mythes. Et Kessel est une belle plume, un baroudeur inspiré, cultivé, et visionnaire. Tu devrais te régaler (si tu ne veux pas être tutoyé, n'hésite pas à le signaler)

Je te conseillerai volontiers la Superbe de Chamson, dans le style roman historique. Excellemment documenté et écrit.

Et n'importe quel Cohen, en commençant par Solal.

aucun soucis pour le tutoiement. Kessel, je pense que je vais m'y mettre. Par contre, les romans historiques, c'est pas trop ma tasse de thé, mais j'essaierai quand même.

Easter : ce Faulkner, je me le garde pour l'Italie :-)

lu-k a écrit: mais où je ressens à chaque fois un soupçon de jalousie

Quel pertinence! Quel esprit d'observation! Soyons sérieux, Sainte-Beuve est l'archétype même du critique, qu'il soit de presse écrite ou autre: impuissant ou peu doté, et par son impuissance même tout à fait apte à ressentir très puissamment et finement, parfois, ce que les autres ont, et pas lui. On pourrait dériver la même règle pour évoquer certains homosexuels, comme Proust, qui analysent les ressorts et les mécanismes psychiques des hétéros avec une clairvoyance non obscurcie par ses propres affects- Un amour de Swann-.
Pour revenir à Sainte-Beuve, il est souvent mielleux, d'une parfaite hypocrisie, et parfois carrément immonde, notamment à l'égard de Stendhal, un des maîtres les plus incontestables. Avec Hugo, il rampe, car qui aurait pu se mesurer même à la cheville de ce géant, mais son fiel lui fait avoir de sordides rapports avec sa femme. A mon sens, un cancrelat.

"Le Château" de Kafka.

"Poèmes, un" d'Alain Bosquet.

......
"Je suis en appétit; servez-moi l'univers.
Cette comète, à pleines dents, je la déchire.
J'embrasse un continent; je le donne à mes vers,
Car c'est en vous, mes vers, qu'il viendra se relire.

J'ai soif; apportez-moi ce fleuve obéissant
Comme un basset. Ma fable, il faut être plus ivre !
Je bois à ma santé ce verre de mon sang,
Car c'est à toi, mon sang, que je dicte mon livre.

Au fond de moi s'est installé mon horizon;
Il se délasse, il songe; envoyez-lui des îles.
Par le verbe l'espace échappe à sa prison,
Et la rose a le droit de se croire un reptile."

Alain Bosquet

Dans "Contre Sainte Beuve" Proust s'en prend au grand critique. Il est vrai que SB a porté aux nues des écrivains aujourd'hui tombés dans l'oubli. Peut-être a-t-il méconnu certains qui valaient beaucoup mieux.Le meilleur critique du XIX ème, ce ne fut pas lui - mais Baudelaire.
Sainte-Beuve est l'auteur de poésies : "Les Rayons Jaunes", il me semble; des vers y ressemblant à ceux de Baudelaire, c'est curieux - mais chez Boileau aussi de nombreux vers semblent "annoncer" Baudelaire et tout spécialement ses "Tableaux Parisiens"...

Bonjour à tous, voilà ma contribution à ce fil :

Peter Pan de James Matthew Barrie

Niels Lyhne de Jens Peter Jacobsen

Oui je sais, dans les deux cas y'a des Peter et alors ! :-)

[La perfection du tir de Mathias Enard ( roman )

Femme seules retirées loin des villes - 15 destins singuliers de Françoise Lapeyre ( témoignages )

Ce dernier m'a passionné et le premier j'aurai aimé l'écrire !

Peter Pan a écrit:Bonjour à tous, voilà ma contribution à ce fil :

Peter Pan de James Matthew Barrie

Niels Lyhne de Jens Peter Jacobsen

Oui je sais, dans les deux cas y'a des Peter et alors ! :-)

c'est pas comme si c'était un prénom courant ... :-)

Easter(Island) a écrit:

Peter Pan a écrit:Bonjour à tous, voilà ma contribution à ce fil :

Peter Pan de James Matthew Barrie

Niels Lyhne de Jens Peter Jacobsen

Oui je sais, dans les deux cas y'a des Peter et alors ! :-)

c'est pas comme si c'était un prénom courant ... :-)

:-)

Madeline a écrit:"Le Château" de Kafka.

"Poèmes, un" d'Alain Bosquet.

......
"Je suis en appétit; servez-moi l'univers.
Cette comète, à pleines dents, je la déchire.
J'embrasse un continent; je le donne à mes vers,
Car c'est en vous, mes vers, qu'il viendra se relire.

J'ai soif; apportez-moi ce fleuve obéissant
Comme un basset. Ma fable, il faut être plus ivre !
Je bois à ma santé ce verre de mon sang,
Car c'est à toi, mon sang, que je dicte mon livre.

Au fond de moi s'est installé mon horizon;
Il se délasse, il songe; envoyez-lui des îles.
Par le verbe l'espace échappe à sa prison,
Et la rose a le droit de se croire un reptile."

Alain Bosquet

Superbe! Vous avez de bien belles lectures, Lady Madeline. Cela fait-il partie d'un recueil? Je n'avais jamais entendu parler de ce poète, mais c'est excellent. Le reste est-il de ce tonneau?

Madeline a écrit:Dans "Contre Sainte Beuve" Proust s'en prend au grand critique. Il est vrai que SB a porté aux nues des écrivains aujourd'hui tombés dans l'oubli. Peut-être a-t-il méconnu certains qui valaient beaucoup mieux.Le meilleur critique du XIX ème, ce ne fut pas lui - mais Baudelaire.
Sainte-Beuve est l'auteur de poésies : "Les Rayons Jaunes", il me semble; des vers y ressemblant à ceux de Baudelaire, c'est curieux - mais chez Boileau aussi de nombreux vers semblent "annoncer" Baudelaire et tout spécialement ses "Tableaux Parisiens"...

Ce n'est pas que SB ait encensé des écrivains mineurs qui me gêne, c'est qu'il n'ait pas rendu justice à de grands artistes tels que Stendhal, qu'il traite du bout de la plume, comme s'ils étaient quantité négligeable. Ma conviction est que c'était un médiocre empli de fiel, qui distinguait parfaitement le génie des créateurs de son temps, mais se gardait bien de lui rendre justice. Dans l'Ame sensible, livre d'amoureux que Dutourd a consacré à Stendhal, il dit que les notes de SB réunies sous le nom de Mes poisons salissent le lecteur, de la bassesse qu'elles dévoilent dans une totale impudeur. Je n'irai pas jusqu'à les lire, parce qu'il y a trop de maîtres pour gaspiller son temps avec des nains, mais je ne doute pas que leur lecture ne corrobore ce que je dis.

silene82 a écrit:Je n'avais jamais entendu parler de ce poète, mais c'est excellent. Le reste est-il de ce tonneau?

Un poète que j'aime bien, j'ai eu l'occasion d'en glisser quelques extraits dans l'almanach poétique de Zazieweb. Du beau (et bon) travail ce qu'il écrit !

Mon premier livre non scolaire et qui marque pourtant ma scolarité si courte, La brute de Guy des Cars. Sublime et se passant de commentaire car il serait biaisé, ce livre prend aux tripes de façon individuelle.

Et du grand classique et pourtant assez peu connu je crois, Jocelyn de Alphonse De Lamartine. En train de le relire... j'ai l'âme poétique en ce moment.
A l'instar de Madeline, je vous donne un petit extrait :

...
Et plus tard, quand l'archet, le fifre, le hautbois
Commençaient à languir comme épuisés de voix,
Quand les cheveux mouillés, que la sueur dénoue,
Tombaient en tresse lisse et collaient à la joue,
Et que sur les gazons, les groupes indolents
S'en allaient en causant à voix basse, à pas lents,
De quels bruits enchanteurs l'oreille était frappée !
Adieux, regrets, baisers, parole entrecoupée,
Murmure que la nuit peut à peine assoupir,
D'un beau jour qui s'éteint tendre et dernier soupir :
Mon âme s'en troublait, mon oreille ravie
Buvait languissamment ces prémices de vie ;
Je suivais des regards, et des pas, et du cœur,
Les danseuses passant l'oeil chargé de langueur ;
Je rêvais aux doux bruits de leurs robes de soie ;
Chacune en s'en allant m'emportait une joie.
...

Mure a écrit:Mon premier livre non scolaire et qui marque pourtant ma scolarité si courte, La brute de Guy des Cars.

Bonjour Mure, vous ne confondriez pas avec Guy des Bus ?
Je dis ça parce que je prends le sien tous les matins pour me rendre à l'école et c'est une vraie brute lui aussi, en plus d'être un danger public ; l'expression chauffard du dimanche se prolonge pour lui tout le reste de la semaine.
Sinon je connais aussi un Guy mentor qui écrit très bien ;-)
Je ne lui ai jamais dit mais j'ai lu un jour un de ses écrits parlant de l'un de ses copains qui l'avait emmené à une partie de pêche un peu particulière puisque ce jour là, nos deux compères n'avaient rien pêché... une histoire que je vous recommande chaudement, ce jour là, je me suis dit en mon for intérieur : Y doit être sympa ce Guy, ce serait dommage de ne pas être copain avec lui à cause d'un malentendu...

Peter Pan a écrit:

Mure a écrit:Mon premier livre non scolaire et qui marque pourtant ma scolarité si courte, La brute de Guy des Cars.

Bonjour Mure, vous ne confondriez pas avec Guy des Bus ?

Non, c'est bien des Cars en sac... celui de Harry dit Beau. :-)))

Peter Pan a écrit:Sinon je connais aussi un Guy mentor qui écrit très bien ;-)
Je ne lui ai jamais dit mais j'ai lu un jour un de ses écrits parlant de l'un de ses copains qui l'avait emmené à une partie de pêche un peu particulière puisque ce jour là, nos deux compères n'avaient rien pêché... une histoire que je vous recommande chaudement, ce jour là, je me suis dit en mon for intérieur : Y doit être sympa ce Guy, ce serait dommage de ne pas être copain avec lui à cause d'un malentendu...

mais ça y est, Pete, on s'entend bien maintenant !
vieille histoire !
;-)

La vie devant soi de émile jaja et "l'insoutenable légèreté de paître"
de Kundera. Bizarre il me semblait avoir participé à ce fil. Je perds la boule.

Dernièrement : Pourquoi j'ai mangé mon père de Roy Lewis & Moon Palace de Paul Auster. (j'ajouterais bien L'élégance du hérisson de Muriel Barbery aussi mais je vais m'attirer quelques foudres je crois puis certains passages sont trop...disons..."gentils" pour moi).

"Pour en finir avec le jugement de dieu", une émission radiophonique d'Arthaud publiée chez Gallimard avec "Le théâtre de la cruauté".
Poignant !

Redécouvre Nadja et ses yeux de fougère qui s'ouvrent sur le matin du monde, encore et toujours.

Les 2 livres qui m'ont titillé récemment sont :

"La plus grande civilisation de tous les temps"Jean-Luc Caizergues

et

"Les particules élémentaires"Michel Houellebecq

-Le premier me fait frissonner.
-Le second pour son personnage original et son style d'écriture simplifié qui cache quelque chose...

un livre léger pour les vacances traité comme un triller .... mais bien plus profond en réalité..
"colère" de Marquet (me souviens plus son prénom )
colère, ou la révolte de la terre-mère contre l'utilisation que l'homme en fait. Les plantes, les animaux, la terre, l'eau, tous se revoltent contre l'homme et il faut à l'homme retrouver ses origines d'homme de la terre

j'ai vraiment aimé ce livre


Colère
(Le Livre De Poche, 2003, 604 pages)
C'est plus qu'un livre, c'est un message. Pour moi, tout y sonne juste, les personnages, les dialogues, les chemins de vie proposés. Une mise en garde implacable sur l'attitude stupide et suicidaire que nos sociétés ont adoptée vis-à-vis de l'homme et de la planète et un merveilleux message d'espoir pour ceux qui ont envie d'autre chose.

Mais pour aimer ce livre et comprendre le message, il faut croire à autre chose qu'au rationnalisme de la science et de la société de consommation!

"En face du peuple qui fait manger à ses chevaux, à ses bœufs et à ses ânes les dernières tonnes de morphine vraie qui peuvent lui rester pour la remplacer par des ersatz de fumée,
j’aime mieux le peuple qui mange à même la terre le délire d’où il est né,
je parle des Tarahumaras
mangeant le Peyotl à même le sol
pendant qu’il naît,
et qui tue le soleil pour installer le royaume de la nuit noire,
et qui crève la croix afin que les espaces de l’espace ne puissent plus jamais se rencontrer ni se croiser.

C’est ainsi que vous allez entendre la danse du
TUTUGURI"

Pour en finir avec le jugement de Dieu, Antonin Arthaud

lu-k a écrit:"En face du peuple qui fait manger à ses chevaux, à ses bœufs et à ses ânes les dernières tonnes de morphine vraie qui peuvent lui rester pour la remplacer par des ersatz de fumée,
j’aime mieux le peuple qui mange à même la terre le délire d’où il est né,
je parle des Tarahumaras
mangeant le Peyotl à même le sol
pendant qu’il naît,
et qui tue le soleil pour installer le royaume de la nuit noire,
et qui crève la croix afin que les espaces de l’espace ne puissent plus jamais se rencontrer ni se croiser.

C’est ainsi que vous allez entendre la danse du
TUTUGURI"

Pour en finir avec le jugement de Dieu, Antonin Arthaud

J'ai bien remarqué depuis longtemps que tu y fais allusion ta dilection pour Arthaud; j'avoue avoir été saisi jeune par sa transe visionnaire, mais au fil des années la folie allant progressivement vers l'incommunicabilité qui jaillit de ses textes m'a progressivement rebuté, peut-être parce que je suis fréquemment au contact de patients habités de la même manière, et que cela résonne sans doute trop fort en moi.

Arthaud avec un H est il voulu ou avez vous confondu avec Florence ?

Puisque vous parlez de "Pour en finir avec le jugement de Dieu d'Artaud (désolé si je fais une faute) je vous propose un autre texte à entendre, dans le genre : si vous aimez Artaud vous aimerez peut-être Gurdjieff (ça existe en vrai livre aussi !)
Et vous ne devinerez jamais comment s'appelle le narrateur ! Didier Artault !
Des choses comme ça ne s'inventent pas, ah ça non alors !

http://zone-7.net/edlt---recits_de_belzebuth_a_son_petit-fils/

Peter, t'es top: constate le machiavélique enchaînement, qui ouvre des perspectives intéressantes sur le fonctionnement cérébral.
Quand je vois Artaud orthographié Arthaud, j'ai un sursaut, mais, créditant lu-k, qui le lit manifestement plus que moi, de par ses antécédents, d'une graphie conforme, je ne vérifie pas par paresse: la paresse est toujours punie, et c'est fort bien ainsi.

Silene et Peter, excusez-moi ! Je suis confus. Cela s'écrit bien évidemment Artaud mais, étrangement, j'ai toujours eu du mal avec les noms d'auteurs... ainsi, il m'arrive d'orthographier "Rimbeaud" ! C'est mal, je sais.

Sinon, oui Silene, peut-être que plus tard moi aussi serai-je insensible à la poésie de la danse des corps d'Arthaud, à cette poésie de folie et au final assez hermétique, prétendant atteindre les "vérités métaphysiques les plus élevées". Néanmoins, je ne suis pas sûr que cela ait véritablement avoir avec l'âge.
Mais cultiver les contrastes est une chose que j'ai toujours trouvée très intéressante : ainsi, lire les vers très écorchés d'Artaud me donne des émotions brutes, à fleur de peau, tandis que l'Idiot de Dostoïevski, que je dévore parallèlement, me pousse à un processus de réflexion et de lecture tout autre. C'est toujours drôle de mêler deux genres de littérature très différents... pour moi, en ce moment, c'est donc une poésie "folle" (pour réutiliser ton terme), défiant toute conception conventionnelle dans la disposition et la portée des mots, et une prose ample, réfléchie, indéniablement romanesque et mettant un scène un ballet psychologique intense, toujours avec cette perception remarquable de l'âme humaine chez Dostoïevski.

Voilà, c'était aussi histoire de prôner un certain éclectisme dans les lectures, primordial au lecteur mais surtout à l'écrivain, je crois.

lu-k a écrit:Sinon, oui Silene, peut-être que plus tard moi aussi serai-je insensible à la poésie de la danse des corps d'Arthaud, à cette poésie de folie et au final assez hermétique, prétendant atteindre les "vérités métaphysiques les plus élevées". Néanmoins, je ne suis pas sûr que cela ait véritablement avoir avec l'âge.

Voilà, c'était aussi histoire de prôner un certain éclectisme dans les lectures, primordial au lecteur mais surtout à l'écrivain, je crois.

J'ai plaisir à constater une belle constance sur la graphie D'Artaud: il est évident qu'à convoquer Baal-Zeboub, le seigneur des ordures, on ne peut que tomber dans le célèbre perseverare diabolicum.
Notre bon maître en gauloiserie moustachue le clamait assez, "le temps ne fait rien à l'affaire". Mon âge n'a rien à voir là-dedans, mais le fait que je travaille depuis pas mal de temps avec des schizophrènes, et que je retrouve certaines ressemblances avec des énoncés d'Artaud.
Anecdote: je bosse dans un foyer de vie où des êtres advenus à la vie attendent d'être suffisamment mûrs pour pouvoir mourir. Et renaître, peut-être.
Beaucoup peinturent, pas mal sur les murs, certains sur toile. Nous décidons d'envoyer une oeuvre au Concours Régional. Elle remporte le 1er Prix, avec des commentaires dithyrambiques. Les officiels sont un peu surpris, euphémisme, de l'allure du lauréat: c'est, en plutôt pire, l'Enfant Sauvage de Truffaut. Il bave et grogne. Ils lui donnent l'accolade, il les mord.
Ses toiles sont sublimes.
Pas de morale.

silene82 a écrit:Anecdote: je bosse dans un foyer de vie où des êtres advenus à la vie attendent d'être suffisamment mûrs pour pouvoir mourir. Et renaître, peut-être.
Beaucoup peinturent, pas mal sur les murs, certains sur toile. Nous décidons d'envoyer une oeuvre au Concours Régional. Elle remporte le 1er Prix, avec des commentaires dithyrambiques. Les officiels sont un peu surpris, euphémisme, de l'allure du lauréat: c'est, en plutôt pire, l'Enfant Sauvage de Truffaut. Il bave et grogne. Ils lui donnent l'accolade, il les mord.
Ses toiles sont sublimes.
Pas de morale.

Elle est vraie de vraie Silène cette anecdote ?

comme l'Art brut ?

boc21fr a écrit:

silene82 a écrit:
Anecdote: je bosse dans un foyer de vie où des êtres advenus à la vie attendent d'être suffisamment mûrs pour pouvoir mourir. Et renaître, peut-être.
Beaucoup peinturent, pas mal sur les murs, certains sur toile. Nous décidons d'envoyer une oeuvre au Concours Régional. Elle remporte le 1er Prix, avec des commentaires dithyrambiques. Les officiels sont un peu surpris, euphémisme, de l'allure du lauréat: c'est, en plutôt pire, l'Enfant Sauvage de Truffaut. Il bave et grogne. Ils lui donnent l'accolade, il les mord.
Ses toiles sont sublimes.
Pas de morale.

Elle est vraie de vraie Silène cette anecdote ?

Pur jus, la vie de ma mère. Ca remonte à une dizaine d'années, quand je finissais de revêtir mon costard d'éducateur lacano-déconnant. Foyer de vie de l'ASEI, près d'Albi. C'est Quilès, le pote à tonton, qui s'y était collé. Il eut l'air interloqué.

Sahkti a écrit:comme l'Art brut ?

Certes; serais-je caustique et persifleur que je rappellerai Marcel Duchamp, qui avec le pinceau fort opportunément fixé à la queue d'un âne, "peignit" des toiles qui firent se pâmer la critique.
Le côté à la fois instinctif et aléatoire du travail de Pollock illustre bien qu'en peinture l'intelligence cognitive n'a strictement aucune utilité, particulièrement sur de l'abstraction. Il va de soi que dans l'anecdote, le gaillard n'a pas peint un portrait.