Le vent
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Kali Lorca
Arielle
Evanescent
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Le vent
Le vent
Le soleil brille et on le voit. Le regarder nous éblouit. La pluie nous mouille, et on la sent. Nous pouvons même la recueillir. Alors le vent – lui qu’on ne voit ni ne peut capturer – veut à tout prix se révéler.
Dans la nuit opaline, il habille la lune de blancs jupons effilochés ; c’est sa façon de poétiser. Quand le jour est trop beau, il plombe le soleil de gros nuages gris ; nous voilà menacés d’innombrables déluges. Il soupire si fort quelquefois que la mer, subitement vieillie, se ride en profondeur ; les bateaux qu’elle porte en sont tout retournés. Pour mieux nous intriguer, il se sert d’accessoires : sifflote sous les tuiles comme Pan dans sa flûte, hurle dans les coursives et imite le loup, fait claquer nos volets, nous faisant sursauter.
Pendant notre sommeil, il influe sur nos rêves. Si la brise est frivole et le feuillage frissonnant, nos rêves sont légers, auréolés pastel. Si l’air tumultueux secoue les peupliers, beuglant comme olifant de sinistres présages, notre esprit inconscient, saisi par la terreur, se prend à cauchemarder.
Tous les gens du Midi connaissent bien ce phénomène : le vent aime à se faire remarquer.
Aujourd’hui, de la fenêtre de ma chambre je vois deux géants touffus enivrés par l’autan noir. Dès que le vent mollit les longs bras pointus s’alanguissent. C’est le temps des secrets et des chuchotements. Mais quand vient la rafale la voix monte et se gonfle, les bras s’agitent en signes brusques, provocateurs. Les deux arbres, face à face, s’invectivent, s’affrontent, se répondent par de lugubres murmures accompagnés de courbettes profondes et menaçantes. Chaque brindille d’une même branche, suivant le mouvement, participe à l’acquiescement ou à la dénégation, car il y a beaucoup de « oui » et il y a beaucoup de « non » dans cette conversation.
Durant les instants d’accalmie les rameaux vibrent à l’horizontale en de légers frémissements. Il semble qu’un accord soit trouvé entre les belligérants, mais c’est de courte durée. Les voici à nouveau subitement irrités, cimes échevelées, doigts levés au ciel puis rabattus vers le sol en de grands gestes impératifs et hurlements courroucés. Les corps ploient du même côté, comme pour fuir, s’élancer à la poursuite l’un de l’autre… Les pieds, hélas, profondément enfouis, rendent la poursuite illusoire.
De ces gestes et de ces bruits se dégage une telle violence que l’on se dit alors : « la tempête fait rage. »
Mais non, voyons, ce n’est qu’une querelle de voisinage entre un Cèdre et un Epicéa !
embellie
Le soleil brille et on le voit. Le regarder nous éblouit. La pluie nous mouille, et on la sent. Nous pouvons même la recueillir. Alors le vent – lui qu’on ne voit ni ne peut capturer – veut à tout prix se révéler.
Dans la nuit opaline, il habille la lune de blancs jupons effilochés ; c’est sa façon de poétiser. Quand le jour est trop beau, il plombe le soleil de gros nuages gris ; nous voilà menacés d’innombrables déluges. Il soupire si fort quelquefois que la mer, subitement vieillie, se ride en profondeur ; les bateaux qu’elle porte en sont tout retournés. Pour mieux nous intriguer, il se sert d’accessoires : sifflote sous les tuiles comme Pan dans sa flûte, hurle dans les coursives et imite le loup, fait claquer nos volets, nous faisant sursauter.
Pendant notre sommeil, il influe sur nos rêves. Si la brise est frivole et le feuillage frissonnant, nos rêves sont légers, auréolés pastel. Si l’air tumultueux secoue les peupliers, beuglant comme olifant de sinistres présages, notre esprit inconscient, saisi par la terreur, se prend à cauchemarder.
Tous les gens du Midi connaissent bien ce phénomène : le vent aime à se faire remarquer.
Aujourd’hui, de la fenêtre de ma chambre je vois deux géants touffus enivrés par l’autan noir. Dès que le vent mollit les longs bras pointus s’alanguissent. C’est le temps des secrets et des chuchotements. Mais quand vient la rafale la voix monte et se gonfle, les bras s’agitent en signes brusques, provocateurs. Les deux arbres, face à face, s’invectivent, s’affrontent, se répondent par de lugubres murmures accompagnés de courbettes profondes et menaçantes. Chaque brindille d’une même branche, suivant le mouvement, participe à l’acquiescement ou à la dénégation, car il y a beaucoup de « oui » et il y a beaucoup de « non » dans cette conversation.
Durant les instants d’accalmie les rameaux vibrent à l’horizontale en de légers frémissements. Il semble qu’un accord soit trouvé entre les belligérants, mais c’est de courte durée. Les voici à nouveau subitement irrités, cimes échevelées, doigts levés au ciel puis rabattus vers le sol en de grands gestes impératifs et hurlements courroucés. Les corps ploient du même côté, comme pour fuir, s’élancer à la poursuite l’un de l’autre… Les pieds, hélas, profondément enfouis, rendent la poursuite illusoire.
De ces gestes et de ces bruits se dégage une telle violence que l’on se dit alors : « la tempête fait rage. »
Mais non, voyons, ce n’est qu’une querelle de voisinage entre un Cèdre et un Epicéa !
embellie
Invité- Invité
Re: Le vent
Une écriture très soignée qui gêne peut-être un peu l'expressivité... Cela dit, j'ai trouvé le texte plaisant à lire, et je me représentais bien les arbres battus par le vent. Dans l'ensemble, j'ai aimé vous lire malgré ce côté juste un peu "léché" qui ne convient peut-être pas tout à fait au sujet.
Bienvenue en tout cas sur Vos Ecrits, à vous relire bientôt !
Bienvenue en tout cas sur Vos Ecrits, à vous relire bientôt !
Invité- Invité
Re: Le vent
De même que Socque.
J'aime beaucoup l'idée, certaines images.
Plus que l'écriture en elle-même, y'a quelques phrases trop évidemment recherchées qui m'ont dérangées.
D'autant plus qu'on peut quand même apercevoir la sensibilité de ton ton (zut, c'est pas trop joli comme répétition ^^) dans quelques phrases qui ont échappées au coup de langue correcteur (bon, comme personne comprend mes allusions foireuses et que j'avais envie de sortir ce jeu de mot tout aussi foireux, je précise qu'il se réfère au "trop léché" de Socque ;-)).
N'empêche que c'est agréable à lire, un peu "trop" mais pas trop "trop" pour rendre ton texte moins sympathique. :-)
pf... il est tard, je suis plus capable de faire une phrase compréhensible.^^
J'aime beaucoup l'idée, certaines images.
Plus que l'écriture en elle-même, y'a quelques phrases trop évidemment recherchées qui m'ont dérangées.
D'autant plus qu'on peut quand même apercevoir la sensibilité de ton ton (zut, c'est pas trop joli comme répétition ^^) dans quelques phrases qui ont échappées au coup de langue correcteur (bon, comme personne comprend mes allusions foireuses et que j'avais envie de sortir ce jeu de mot tout aussi foireux, je précise qu'il se réfère au "trop léché" de Socque ;-)).
N'empêche que c'est agréable à lire, un peu "trop" mais pas trop "trop" pour rendre ton texte moins sympathique. :-)
pf... il est tard, je suis plus capable de faire une phrase compréhensible.^^
Re: Le vent
C'est très bien écrit, très appliqué. Et, en ce qui me concerne, c'est là que le bât blesse : je ressens trop la recherche de l'expression au détriment de l'émotion. Peut-être que des ruptures dans le style auraient été utiles pour casser cette impression "appliquée ?
Ce n'est pas désagréable, oh non, mais il manque un petit quelque chose, un grain de fantaisie (qui paraît possible d'ailleurs, si j'en crois la dernière phrase)
Ce n'est pas désagréable, oh non, mais il manque un petit quelque chose, un grain de fantaisie (qui paraît possible d'ailleurs, si j'en crois la dernière phrase)
Invité- Invité
Re: Le vent
Le vent dans tous ses états ! Dommage que ta plume reste si sage et si bien coiffée pour le suivre.
En attendant la prochaine embellie je te souhaite la bienvenue dans ce moulin ... à poivre ;-)
En attendant la prochaine embellie je te souhaite la bienvenue dans ce moulin ... à poivre ;-)
Re: Le vent
J'ai trouvé ça beau !
A la première lecture, je trouve que tes mots empêchent ce vent de décoler. Peut être quelques phrases trop longues qui retiennent ?
A la première lecture, je trouve que tes mots empêchent ce vent de décoler. Peut être quelques phrases trop longues qui retiennent ?
Kali Lorca- Nombre de messages : 188
Age : 34
Date d'inscription : 29/11/2008
Re: Le vent
C'est agréable à lire. Cependant j'ai trouvé que ce n'était pas assez sauvage. Parle-t-on bien du même vent ? Celui qui ne semble que jouer, celui qui influent nos instincts ? Celui qui nous bercent pour mieux nous terrifier. Le vent qui voyage n'a ici pas su me faire décoller, dommage pour moi. L'émotion n'a su me prendre. Le problème vient peut être le personnification du vent que je n'ai pas ressenti. Quelques mots forts pour remplacer le "il" auraient peut être su donner des couleurs à cet ange/démon qui donne la vie et la reprend sans répondre de rien. Enfin, ça c'est moi qui le dit
Nechez- Nombre de messages : 318
Age : 35
Date d'inscription : 19/12/2007
Re: Le vent
Il y a de beaux passages, un sujet qui laisse rêveur mais une écriture un peu trop appliquée et bridée à mon coup. Tu tentes de faire ressentir bruits et mouvements du vent mais pour ce faire, tu dois utiliser trop de termes, trop d'explications et ça casse un peu la magie, c'est dommage.
Quoi qu'il en soit, ça reste un texte agréable qui mériterait largement d'être retravaillé.
Quoi qu'il en soit, ça reste un texte agréable qui mériterait largement d'être retravaillé.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: LE VENT
je l'avais beaucoup aimé ce vent, la premiére fois que je l'avais lu, mais je ne me souvenais plus de la justesse des mots pour le ressenti lugubre de cet affrontement entre deux arbres dans la nuit.
j'adore ton style si agréable à lire.
Merci chère EMBELLIE.
j'adore ton style si agréable à lire.
Merci chère EMBELLIE.
Jeangeo- Nombre de messages : 54
Age : 74
Localisation : Isère
Date d'inscription : 21/05/2012
Re : Le vent
Arielle a écrit:Le vent dans tous ses états ! Dommage que ta plume reste si sage et si bien coiffée pour le suivre.
En attendant la prochaine embellie je te souhaite la bienvenue dans ce moulin ... à poivre ;-)
Je pense au contraire que le coté frippon du vent est bien ressenti et il me fait penser à la chanson de Georges Brassens, quand elle écrit " le vent aime se faire remarquer"
Je suis peut être un inconditionnel de "Embellie" Je n'y peux rien...
Si, par hasard
Sur l´Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon
Prudenc´, prends garde à ton jupon
Si, par hasard
Sur l´Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud
Prudent, prends garde à ton chapeau
Les jean-foutre et les gens probes
Médis´nt du vent furibond
Qui rebrouss´ les bois, détrouss´ les toits, retrouss´ les robes
Des jean-foutre et des gens probes
Le vent, je vous en réponds
S´en soucie, et c´est justic´, comm´ de colin-tampon
Jeangeo- Nombre de messages : 54
Age : 74
Localisation : Isère
Date d'inscription : 21/05/2012
Re: Le vent
Un texte que j’ai lu avec plaisir, comme j’écoute le vent. Un peu trop léché peut-être (quoique, avec le vent d’autan !).
Invité- Invité
Re: Le vent
super assertif. on dirait une leçon de chose, une dictée au collège.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
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